François Falcon
De façon récurrente ces derniers mois, dans
ses conférences ou ses débats, Michel Onfray affirme que la civilisation
occidentale « est effondrée », qu’il s’agit là d’une fatalité et que
tenter de la sauver est aussi vain que d’essayer « d’arrêter la chute
d’une falaise ». Il oppose cette civilisation moribonde à la vitalité
présumée de l’islam ou des civilisations indienne et chinoise, et achève
sa démonstration en conseillant à ses auditeurs de s’en tenir à une
digne résignation : « Je prends souvent l’exemple du Titanic –
répète-t-il à l’envi -, grand sourire, soyons élégants, buvons des bons
vins avec des gens qu’on aime, le bateau coule et ça ne sert à rien de
vouloir mettre des rustines. » « Le bateau coule, restez élégants,
mourez debout », confirme-t-il dans son débat avec François-Xavier
Bellamy publié récemment sur le site du Figaro.
Avec tout le respect que l’on doit à un homme qui a su rester honnête intellectuellement alors que cette qualité a quasiment disparu au sein de la gauche culturelle, il faut affirmer que Michel Onfray rend là un bien mauvais service à ses contemporains, dès lors que notre pathologie la plus manifeste est précisément le manque de combativité et la surévaluation des forces de nos adversaires.
Passons sur la prétendue bonne santé de l’Inde que stérilise le fatalisme hindouiste ou sur celle de la Chine rongée par les contradictions internes d’un État dirigé par un Parti communiste dont les dirigeants milliardaires encouragent le capitalisme sauvage et venons-en à la question de l’islam : comment peut-on sérieusement dire que la civilisation musulmane se porte bien et qu’elle a l’avenir devant elle, en Europe notamment ?
Michel Onfray s’en explique en affirmant que toutes les civilisations tirent leur puissance « d’une religion qui utilise la force », et l’on comprend que le dynamisme démographique, le prosélytisme conquérant et l’impérialisme brutal de certaines franges de l’islam puissent impressionner. Mais en vérité, si l’idéologie politico-religieuse musulmane montre aujourd’hui son visage le plus effrayant, c’est précisément parce qu’elle ne tient plus que par la violence, à commencer par la violence exercée contre ses propres adeptes. Cette violence leur interdit non seulement d’abjurer la foi que leurs ancêtres furent contraints d’embrasser mais également de mener la moindre réflexion sur leur texte sacré qu’une exégèse même ébauchée suffit à invalider en tant que révélation divine. Une civilisation divisée en autant de mouvements antagonistes – songeons que l’État islamique s’est fixé comme priorité l’extermination physique ou idéologique des 150 millions de musulmans chiites – et reposant sur une base aussi fragile ne devrait guère impressionner que des malades et des impotents.
Et c’est là, précisément, que le discours de Michel Onfray devient coupable et le transforme en complice de cette oligarchie qu’il combat par ailleurs. En effet, si nous sommes menacés de disparition, ce n’est pas en raison de la force de nos adversaires mais uniquement en raison de notre manque de vitalité ; si nous sommes menacés de disparition, c’est uniquement parce que nous sommes détruits de l’intérieur par une idéologie dominante nihiliste et désespérante qui agit sur les sociétés occidentales comme le virus du SIDA sur les corps qu’il contamine, en les rendant incapables de se défendre contre les attaques extérieures ; si nous sommes menacés de disparition, c’est uniquement parce que nos maîtres nous serinent jour après jour que nous sommes bien au fond de notre lit, que nous n’aurons jamais la force d’en sortir … et que de toute façon ce lit est situé dans une des cabines du Titanic.
Levons-nous, sortons de notre chambre, constatons que nous sommes sur la terre ferme et armons-nous pour le combat : la crainte de l’effondrement ou du naufrage disparaîtra aussitôt.
Avec tout le respect que l’on doit à un homme qui a su rester honnête intellectuellement alors que cette qualité a quasiment disparu au sein de la gauche culturelle, il faut affirmer que Michel Onfray rend là un bien mauvais service à ses contemporains, dès lors que notre pathologie la plus manifeste est précisément le manque de combativité et la surévaluation des forces de nos adversaires.
Passons sur la prétendue bonne santé de l’Inde que stérilise le fatalisme hindouiste ou sur celle de la Chine rongée par les contradictions internes d’un État dirigé par un Parti communiste dont les dirigeants milliardaires encouragent le capitalisme sauvage et venons-en à la question de l’islam : comment peut-on sérieusement dire que la civilisation musulmane se porte bien et qu’elle a l’avenir devant elle, en Europe notamment ?
Michel Onfray s’en explique en affirmant que toutes les civilisations tirent leur puissance « d’une religion qui utilise la force », et l’on comprend que le dynamisme démographique, le prosélytisme conquérant et l’impérialisme brutal de certaines franges de l’islam puissent impressionner. Mais en vérité, si l’idéologie politico-religieuse musulmane montre aujourd’hui son visage le plus effrayant, c’est précisément parce qu’elle ne tient plus que par la violence, à commencer par la violence exercée contre ses propres adeptes. Cette violence leur interdit non seulement d’abjurer la foi que leurs ancêtres furent contraints d’embrasser mais également de mener la moindre réflexion sur leur texte sacré qu’une exégèse même ébauchée suffit à invalider en tant que révélation divine. Une civilisation divisée en autant de mouvements antagonistes – songeons que l’État islamique s’est fixé comme priorité l’extermination physique ou idéologique des 150 millions de musulmans chiites – et reposant sur une base aussi fragile ne devrait guère impressionner que des malades et des impotents.
Et c’est là, précisément, que le discours de Michel Onfray devient coupable et le transforme en complice de cette oligarchie qu’il combat par ailleurs. En effet, si nous sommes menacés de disparition, ce n’est pas en raison de la force de nos adversaires mais uniquement en raison de notre manque de vitalité ; si nous sommes menacés de disparition, c’est uniquement parce que nous sommes détruits de l’intérieur par une idéologie dominante nihiliste et désespérante qui agit sur les sociétés occidentales comme le virus du SIDA sur les corps qu’il contamine, en les rendant incapables de se défendre contre les attaques extérieures ; si nous sommes menacés de disparition, c’est uniquement parce que nos maîtres nous serinent jour après jour que nous sommes bien au fond de notre lit, que nous n’aurons jamais la force d’en sortir … et que de toute façon ce lit est situé dans une des cabines du Titanic.
Levons-nous, sortons de notre chambre, constatons que nous sommes sur la terre ferme et armons-nous pour le combat : la crainte de l’effondrement ou du naufrage disparaîtra aussitôt.