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dimanche 16 août 2015

Pourquoi les régionales ne seront pas simples pour le FN



 
 Gabriel Nedelec
 
Le Front national espère emporter les élections dans au moins deux régions.
Abstention, mode de scrutin, listes dissidentes pourraient entraver sa route.

Erreur


Le FN le répète en boucle : après ses succès aux municipales, aux européennes et, plus récemment aux départementales, les élections régionales de décembre marqueront une nouvelle étape dans sa stratégie de conquête. Le FN se voit bien gagner au moins deux régions, Nord - Pas-de-Calais - Picardie et Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Du coup, le message s’installe : la stratégie d’implantation locale du FN fonctionne à plein et s’il n’y avait pas cette crise familiale, l’euphorie serait totale. Sauf que les régionales risquent de ne pas être aussi simples que veut le faire croire le parti d’extrême droite. Une étude de l’Ifop, qui atteste effectivement de la progression du FN, fait apparaître plusieurs points sur lesquels le Front pourrait buter.

L’abstention ne lui bénéficie plus

Selon l’étude, le FN ne se nourrit plus de l’abstention lors de ce type de scrutin local. Il existe aujourd’hui une déconnexion entre l’intensité du vote FN et le niveau d’abstention. Ainsi, dans les départements où le FN a obtenu 40 % des voix, l’abstention n’a pas reculé, contrairement aux européennes où «  la dynamique frontiste avait permis de faire refluer l’abstention », note l’étude. C’est notamment dû au fait que les niveaux d’abstention sont aujourd’hui équivalents parmi l’électorat des trois principaux partis (44 % pour les électeurs de François Hollande, 39 % pour ceux de Nicolas Sarkozy et 41 % pour les partisans de Marine Le Pen, lors des départementales). Ce qui veut dire aussi que nationaliser le scrutin, comme l’a fait Manuel Valls, ne fera pas baisser mécaniquement le FN.

La concurrence de listes identitaires ou régionalistes


Dans la crise qui l’oppose à sa fille , c’est une menace à laquelle Jean-Marie Le Pen a assuré « réfléchir », Florian Philippot a, lui, balayé l’idée , affirmant qu’à «  chaque scrutin ce type de liste était présent ». A priori, l’étude de l’Ifop lui donne raison : une liste identitaire ne mord pas forcément sur les résultats frontistes. En Alsace par exemple, dans les 23 cantons où la liste identitaire Unser Land s’est présentée, le FN a obtenu 29,5 % des voix, contre 28,2 % dans les 17 où elle n’était pas présente. «  Les électeurs alsaciens attachés à la défense de leur petite patrie ne sont pas les mêmes que ceux qui votent pour le FN par attachement à la grande patrie, la France », précise l’étude. Sauf que la donne pourrait être différente lors des régionales : si une liste menée par un proche de Jean-Marie Le Pen, voire par ce dernier, devait voir le jour, elle pourrait coûter cher au FN. Et notamment, à Marion Maréchal-Le Pen en Paca, fief du « menhir ».

Des triangulaires peu favorables

Si elles lui sont bénéfiques en termes d’exposition médiatique car elles obligent les deux autres partis à se positionner clairement, elles ne lui sont pas bénéfiques en termes de voix. D’une part, le front républicain, même s’il ne s’est produit que dans 28 cas sur 282 triangulaires, reste un bouclier très efficace. D’autre part, même en cas de maintien des trois, en l’absence d’allié, le Front national ne parvient pas à sortir vainqueur. Ses chances de victoire sont plus élevées en duel. Or, les triangulaire devraient se multiplier lors des régionales du fait d’un taux de maintien de 10 % (contre 12,5 % aux départementales). En revanche, dans le cas où le FN se hisserait en tête, il n’y aura pas la possibilité pour la gauche et la droite de l’empêcher de présider en s’alliant lors d’un troisième tour du fait de la prime de 25 % allouée au parti en tête.

Le parti bloqué par son manque d’élus locaux

La pêche aux élus, si elle sera importante pour le FN, devrait être limitée par son manque d’implantation locale et par l’existence d’une « prime au notable » visible lors de ce type d’élections. Autrement dit, un maire ou un conseiller régional bien implanté, s’il s’engage dans la bataille électorale, influera fortement sur le résultat du FN. Lors des départementales, «  dans les cantons ruraux ne comptant aucun sortant se représentant, le FN progresse en moyenne de 0,7 point par rapport aux européennes. Dans ceux comptant un sortant, il est stable. Il recule ensuite de 1,9 point dans les cantons comptant deux sortants et de 3,5 points dans ceux en dénombrant trois », constate l’étude. Le FN compte 120 conseillers régionaux sur les 1.800 actuels.

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