.

.

dimanche 16 août 2015

Grèce: l'Eurogroupe donne son feu vert à un plan d'aide de 86 milliards d'euros


 
 
 Céline Loubette
 
Les ministres des Finances de la zone euro ont donné vendredi leur feu vert à un troisième plan d'aide à la Grèce, d'un montant de 86 milliards d'euros maximum, qui va donner à ce pays l'oxygène financier dont il a besoin, mais devra être rapidement suivi de mesures pour régler le problème de la dette grecque.

Erreur


L'accord obtenu au terme de six heures de discussions à Bruxelles est intervenu quelques heures seulement après l'approbation par le Parlement grec du plan auquel sont parvenus mardi la Grèce et ses créanciers (UE, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Fonds monétaire international).

Il prévoit de nouveaux prêts pouvant aller jusqu'à 86 milliards d'euros, qui seront accordés à ce pays au cours des trois prochaines années.

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a salué dans une conférence de presse un accord qui "permettra à l'économie grecque de retrouver le chemin d'une croissance durable, si le pays respecte les étapes" prévues pour la mise en oeuvre des réformes et des mesures budgétaires qui lui sont demandées.

C'est "un aboutissement pour la Grèce qui a fait les efforts attendus" et "une preuve que l'Europe est capable d'avancer sur la base des principes de solidarité et de responsabilité", a réagi le président français François Hollande dans un communiqué.

La première tranche d'aide s'élèvera à 26 milliards d'euros, dont un versement "immédiat" de dix milliards placés sur un compte distinct destiné à la recapitalisation des banques grecques, précise l'Eurogroupe dans un communiqué.

La deuxième "sous-tranche", de 16 milliards d'euros, commencera par un versement de 13 milliards d'euros d'ici au 20 août, suivi d'un ou plusieurs autres à l'automne, en fonction de la mise en oeuvre des réformes.

La Grèce n'aura donc pas besoin d'un prêt relais pour rembourser le 20 août 3,4 milliards d'euros à la Banque centrale européenne, contrairement à ce qui avait été à un moment envisagé, notamment par l'Allemagne qui voulait davantage de temps pour négocier l'accord.

Avant que cette aide soit déboursée, plusieurs Parlements nationaux, dont le Bundestag allemand, doivent maintenant approuver l'accord.

- 25 milliards pour les banques -


Une deuxième tranche de 15 milliards, entièrement consacrée à la recapitalisation des banques, pourra être mise à la disposition de la Grèce si besoin est, et si elle remplit les conditions pour cela, d'ici au 15 novembre. Cela porte donc au total à 25 milliards d'euros le montant de ce plan d'aide réservée aux banques grecques.

L'accord "est essentiel pour lever les incertitudes qui ont pesé sur la Grèce pendant six mois et pour retrouver la confiance", a commenté le vice-président de la Commission chargé de l'Euro, Valdis Dombrovskis, insistant sur le fait que "ce qui est important désormais, c'est la mise en oeuvre complète" du programme.

"Les six derniers mois ont été difficiles. Ils ont mis à l'épreuve la patience des décideurs politiques et encore plus celle de nos citoyens. Ensemble, nous avons côtoyé l'abîme", a commenté dans un communiqué le président de la Commission européenne, jean-Claude Juncker. "Mais aujourd'hui je suis heureux d'annoncer que toutes les parties ont respecté leurs engagements" et "le message de cet Eurogroupe est clair : sur cette base, la Grèce est et restera de manière irréversible un membre de la zone euro", a-t-il poursuivi.

Le communiqué diffusé par l'Eurogroupe mentionne plusieurs des sujets d'inquiétude soulevés au cours des discussions, en particulier par l'Allemagne. Il précise ainsi que le futur fonds de privatisation devra être "opérationnel d'ici à la fin de l'année" et collecter à terme 50 milliards d'euros.

Par ailleurs, la trajectoire budgétaire demandée à Athènes est confirmée : la Grèce devra revenir à un excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette) de 0,50% du PIB l'an prochain (après un déficit primaire de 0,25% cette année), puis un excédent de 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018.

- La question de la dette étudiée "en octobre" -

Autre sujet sensible des discussions, la question de la soutenabilité de la dette grecque, qui "reste un point de préoccupation majeure, en particulier pour le FMI", avait reconnu M. Dijsselbloem avant la réunion. Ce nouveau programme la fera grimper à 200% du PIB grec, un niveau jugé non viable par le FMI qui a menacé de ne pas continuer à participer au financement des prêts sans des mesures de réduction de la dette.

Le communiqué final affirme que "la soutenabilité de la dette peut être assurée grâce à un programme de réformes crédibles et complet, et à des mesures supplémentaires sans effacement nominal" de dettes. Ces mesures pourront consister en "un allongement des périodes de grâce et de remboursement", précise le texte. Le débat sur la question "reviendra sur la table en octobre", a déclaré M. Dijsselbloem.

Cet engagement ne semble cependant toujours pas suffisant aux yeux du FMI, qui doit justement décider en octobre de sa participation financière au plan d'aide. L'accord sur la Grèce est une "étape importante", mais la dette est toujours trop lourde, a insisté la directrice générale de l'institution, Christine Lagarde, dans un communiqué.

D'autre part, les partenaires d'Athènes sont préoccupés par ce qui risque de se passer dans les prochains mois en Grèce, certains évoquant un "risque d'instabilité politique".

Car le vote vendredi par le Parlement grec du plan d'aide et des 400 pages de mesures budgétaires et structurelles qui l'accompagnent a révélé les fractures au sein du Syriza, le parti de gauche radicale du Premier ministre Alexis Tsipras. L'adoption de ces textes n'a été possible que grâce à quelque 120 voix apportées par l'opposition et par le parti de droite souverainiste allié au Syriza.