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mercredi 19 août 2015

Le discours sur la reprise économique est une gigantesque farce



 Christophe Servan
 
Il faut rendre justice à François Hollande et à ses sbires : leur discours sur la reprise économique (Michel Sapin : « Gardons le cap, la reprise est bel et bien engagée en France », 14/8/2015), ils ne sont pas les seuls à le tenir. Au Japon comme aux États-Unis, on n’entend que ça, les premiers pour justifier le bien-fondé de leur politique monétaire expansionniste (Abenomics), les seconds, à l’inverse, pour justifier une prochaine hausse des taux d’intérêt. Le fait est que cette reprise est un mirage, elle n’existe pas ; pire : c’est tout le contraire, une lente glissade vers la récession, partout, dans tous les pays, bref une panne systémique de l’économie de marché.

Erreur


Appelez-ça comme vous voulez (erreurs de jugement ou mensonges), appelez-les comme vous voulez (incompétents bornés ou vrais salopards) ! Si le diagnostic d’une crise de civilisation est juste, cela n’a guère d’importance, la catastrophe est devant nous, la vraie.

L’idée avancée par quelques observateurs au lendemain de la crise de 2008, et qui se vérifie année après année depuis, est que l’humanité aurait franchi un pic historique de consommation. Pour simplifier, disons que la croissance des pays riches butte sur le mur de la dette publique et celle des pays émergents sur l’insolvabilité des classes moyennes. Deux phénomènes qui sont la conséquence, pour les premiers, d’économies tirées par la dépense publique pendant plus de vingt ans et, pour les seconds, d’un décollage économique profondément inégalitaire en termes de répartition des fruits de la croissance : les riches sont rassasiés et les pauvres ne peuvent pas payer. Si la France est l’exemple parfait des pays de la première catégorie, la Chine à elle seule incarne la seconde.

Excès de pessimisme ? Pas du tout, et ce ne sont pas les démographes qui diront le contraire, eux qui depuis des lustres tirent la sonnette d’alarme sur le vieillissement de la population. Car au sentiment de satiété des riches et à l’insolvabilité des pauvres vient s’ajouter, chez les classes intermédiaires, la perte de confiance dans l’avenir, je veux parler ici des retraites, que ce soit par capitalisation (crainte d’un krach boursier) ou par répartition (crainte que les caisses de retraite fassent faillite), une défiance qui nous incite à épargner le plus possible au détriment de notre consommation.

Si, donc, ce diagnostic est juste, nous serions à l’aube d’une longue période de croissance économique nulle. Disons-le franchement, ce serait encore le moindre mal, car c’est là que les choses se compliquent. Dans un monde sans dettes, une croissance nulle et durable est possible, mais dans un monde perclus de dettes (privées et publiques), non, et pour une raison simple. À l’instar d’un proverbe arabe bien connu, le banquier dit- le débiteur se plaint, les intérêts courent -. Une croissance nulle, cela signifie donc des créances non remboursées et, par effet de domino, crise financière et récession.

Alors, que faire ?

C’est là qu’apparaît toute la perversité de l’économie de marché qui n’est rien d’autre qu’une fuite en avant. Ce qu’il convient de faire au niveau de chaque individu – ne pas s’endetter, au contraire épargner le plus possible -, c’est justement ce qui va précipiter le système vers l’abîme. Vae victis et Dieu reconnaîtra les siens !

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