.

.

vendredi 29 juin 2007

Marxisme et mouvance nationale

Jeudi, 28 Juin 2007


Marxisme et mouvance nationale

Philippe Delbauvre

Politique
Marxisme et mouvance nationale
Afin d’exprimer la nature du problème à l’aide d’un euphémisme, on peut énoncer que le marxisme est particulièrement mal perçu dans nos milieux. Il existe toute une généalogie de ce sentiment qui n’est pas récent et que l’on peut résumer de manière succincte.

Dans un premier temps, la défense exclusive des intérêts d’une classe est apparue comme un facteur de fractionnement de la communauté nationale.

Ensuite le choix des communistes suite au congrès de Tours de s’aligner sur Moscou capitale de l’union soviétique, pays considéré par eux comme leur véritable patrie, a fait naître chez nous l’idée du parti de l’étranger assez bien résumée par la formule explicite qui est celle de Pc«f ».

L’histoire continua de se dérouler et presque toujours nationalistes et communistes Français furent dans des camps opposés tant en politique intérieure qu’en politique étrangère.

C’est ainsi que l’on retient de cette idéologie - et pour ne citer que quelques exemples - les grèves à répétition, l’opposition au 6 février 1934 et la naissance du front populaire, les tentatives de déstabilisations durant les quatrième et cinquième république.

C’est ainsi également que l’on retient durant la seconde guerre mondiale une collaboration suivie d’une résistance qui coïncidèrent avec l’attitude de Moscou, le choix de la défense des « viets » durant la guerre d’Indochine et des « fells » durant celles d’Algérie. On se souvient aussi de l’approbation des répressions de Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne ainsi que de toutes les guerres menées par la défunte Urss.

Parce que je commence à avoir de la bouteille dans nos milieux, je peux cependant assurer que Karl Marx chez nous n’a pas été lu si ce n’est par une infime minorité. Cela ne serait pas inquiétant si historiquement le marxisme n’avait pas été un courant de pensée majeur. En effet, si le communisme est un phénomène dérisoire, il est inutile d’en parler autant ; et s’il est d’importance, il mérite alors toute notre attention.

Rappelons une évidence : ne parler que de ce que l’on connaît, ce qui je le rappelle, n’est ici pour la majorité pas le cas.

On a par trop tendance à assimiler communisme et marxisme. Et à fortiori parti communisme et marxisme. Marx n’a jamais eu pour compagnon de jeu Lénine et pour cause. Et encore moins Marie Georges Buffet. Il décède un tiers de siècle avant la révolution d’octobre. On sait aujourd’hui que Jules Guesde avait du penseur allemand une connaissance lacunaire mais aussi erratique.

Il ne s’agit pas pour moi de revenir à l’idée bien peu originale d’un Karl Marx dont la pensée aurait été pervertie par de piteux continuateurs mais de revenir aux sources de ce courant idéologique.

Reprocher à Karl Marx de ne pas avoir élaborer le modèle de la société communiste à venir comme on le fait souvent, c’est ne rien avoir compris à ses écrits. Karl Marx insistait lourdement sur le fait que sa pensée était un économisme. En réalité un économisme anti-économique puisque presque exclusivement fondé sur la critique du capitalisme. Je n’adhère pas au principe central qui est le sien consistant à considérer les rapports d’argent comme moteur de l’histoire. On a d’ailleurs découvert depuis, des charniers indiquant de rudes combats et cela à une période où la partition en classes n’existait pas encore.

En revanche, sa critique du capitalisme – idéologie mondialiste – est plus que jamais d’actualité. A condition d’adapter la pensée de l’auteur à la situation présente. Déjà, dans «La décomposition du Marxisme », Georges Sorel faisait remarquer que le capitalisme anglais avait en l’espace d’une trentaine d’années tellement évolué que certaines analyses du penseur allemand n’étaient déjà plus valables. L’erreur de beaucoup de communistes est de n’avoir pas tenu compte de la remarque et d’avoir formolisé les écrits de base.

Karl Marx lu, et bien lu, reste un auteur essentiel pour notre époque. Cela suppose, outre la connaissance des textes, leur adaptation au jour le jour en fonction de l’évolution du capitalisme. Celui ci change très rapidement suite à sa fluidité et celui d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a trente ans. La notion de capitalisme national est obsolète. Elle n’a d’ailleurs jamais existé chez ceux qui connaissait le sujet. A commencer par Adam Smith dont la lecture du livre V de son ouvrage majeur est éclairante.

Toutes les fusions, acquisitions et Opa justifient la concentration du capital prévue par Marx. Si les actionnaires imposent la délocalisation des entreprises Françaises, ce n’est pas pour créer du chômage ici – ils ne nous veulent ni bien, ni mal - , mais pour augmenter la plus value. Marx toujours ! Lorsque l’économiste allemand énonçait que la tutelle du seigneur était bien moindre que celle du bourgeois cosmopolite, il se référait aux conditions de vie de la seconde partie du XIX ème siècle vers lesquelles progressivement nous revenons comme en témoignent ceux qui n’ont plus ni emploi, ni logement.

Il ne s’agit pas, bien évidemment, de devenir communiste (faut-il nécessairement être royaliste pour apprécier Maurras ?) mais de manière logique de s’opposer frontalement à la mondialisation qui se fait de plus en plus mondialisme. Quoi de plus cohérent pour ceux qui se revendiquent du national ? Pour se faire, il ne faut pas à utiliser toutes les armes disponibles.

Marx est l’une d’entre elles.



mardi 26 juin 2007

De la TVA sociale

Lundi, 25 Juin 2007
imprimer
mail
De la TVA sociale

Philippe Delbauvre

Éditorial
De la TVA sociale
Il n’aura pas fallu que le nouveau gouvernement connaisse l’usure du pouvoir pour se trouver confronté à la première grogne populaire traduite dans les faits par une sanction lors du second tour des élections législatives entraînant de facto un recul qui n’est peut être que tactique.

Alors qu’à l’origine la tva sociale semblait bénéficier d’un consensus dans les rangs de la majorité, des voix discordantes se sont depuis faites entendre dont certaines n’étaient que l’écho d’arrières pensées non désintéressées, au point que l’on ait jugé opportun de freiner une cadence que l’on aurait aimée plus soutenue tant à Matignon qu’à l’Elysée.

Le qualificatif utilisé afin de caractériser cette taxe n’est évidemment pas le fait du hasard dans un monde où les techniques de communication sont primordiales et utilisées au quotidien par les politiques comme par les marchands. Dans un cas comme dans l’autre, l’essentiel est que le produit proposé soit accepté ce qui nécessite le recours à une image valorisante. On comprend dès lors l’intérêt de présenter un impôt comme ayant une vocation sociale au même titre que nous fut imposée une taxe dite écologique. Dans un cas comme dans l’autre, il apparaît difficile d’imaginer qu’un quidam puisse intuitivement s’y opposer.

Au même titre que pour les grandes affiches publicitaires où l’on ne peut que voir les énormes slogans suivis d’une petite étoile renvoyant à de toutes petites et très longues explications, la prudence est de circonstance et l’intitulé du produit ne doit pas masquer le contenu de la tva sociale qui n’est, elle aussi, qu’un slogan. On verra d’ailleurs par la suite que la création de cette nouvelle ponction obéit en effet à des impératifs qui sont liés à la sphère sociale mais certainement pas dans le sens espéré.

Paradoxalement donc, les argumentations employées pour ou contre, tant par la droite que par son jumeau de gauche, furent d’ordre économique : équilibre budgétaire, balance commerciale, stratégie gestionnaire. Pratiquement personne n’a abordé le volet spécifiquement social qui existe bien et qui aurait mérité un éclairage important puisqu’il concerne l’ensemble des Français et leur avenir : on ne passe pas une telle information sous silence sans raison valable.

Commençons par l’analyse économique puisque le problème est assez simple à exposer et à régler.

Si ce nouvel impôt était la solution miracle à nos problèmes on peut légitimement se demander pourquoi on n’y avait pas songer avant – elle existe dans d’autres pays - et pourquoi le gouvernement serait prêt à abandonner si vite à un remède disposant de vertus si curatrices.

Etudions donc la potion :

Une augmentation du prix des produits français comme étrangers suite à l’application d’un même pourcentage de taxe (de l’ordre de 5 %) aurait deux avantages selon ses initiateurs.

1/ Remplir les caisses de l’Etat.

2/ Rendre plus compétitifs les produits français si on pratique en même temps une baisse des charges sociales pour les entreprises françaises.

Le point 1/ ne fait aucun doute. Nous avons la chance de vivre dans un système économique où l’insécurité sociale se double de prélèvements toujours plus importants. On remarquera que l’on n'a guère insisté sur ce point dans la polémique.

Le second point est beaucoup plus inquiétant.

- « si on pratique » : le si est déjà de trop et il en dit long.

- La marge de manœuvre des entreprises étrangères est beaucoup plus importante que celle des entreprises françaises où les coûts sont beaucoup plus importants. Les premières diminueront leurs marges bénéficiaires, ce que ne pourront faire les secondes.

- On peut déjà pronostiquer une répercussion sur les prix qui fera du simple consommateur un double perdant chargé d’assumer et la nouvelle taxe, et la hausse des prix.

Le tableau n’est pas réjouissant mais il y a plus grave.

La baisse des charges sociales est en effet un objectif prioritaire et cette tva permet d’y contribuer. Les entreprises contribuent aux systèmes sociaux qui permettent d’assurer aux Français des protections en terme de chômage, de maladie, de retraite. Or, chacun sait que ces régimes sont déficitaires. Qu’adviendra t-il lorsque les entreprises cotiseront moins, et par la suite très probablement encore moins ? Les régimes s’affaisseront progressivement et la nécessité pour chacun de recourir aux assurances privées se fera jour.

C’est ainsi que les Français en acquittant cette tva dite sociale financeront l’entreprise de démolition de leur propre sécurité sociale. On comprend mieux le silence sur cet aspect du problème. Afin d’imager, lorsque Ségolène Royal déclare comme elle vient de le faire récemment que ni le smic, ni les 35 h ne sont des mesures raisonnables dans le cadre du système économique actuel, elle passe sous les fourches caudines des cadres « socialistes » qui en réalité partagent son analyse. C’est la raison pour laquelle, sachant que dans le système actuel le régime social qui est le nôtre n’a plus sa place et se trouve condamné à être remplacé par des assurances privées, tous les libéraux de gauche comme de droite taisent l’évolution à venir.

Il est de notre devoir de dire ce qui est tu.



mercredi 13 juin 2007

Une activité intense mais mal orientée

Mardi, 12 Juin 2007


Une activité intense mais mal orientée

Alain Rebours

Politique
Probablement le lecteur a t-il entendu parler mais sans s'y intéresser de près à un rapport dont on a dit qu'il montrait une césure entre la police et la population. Ce rapport est issu de l'Institut national des hautes études de sécurité (Inhes), organisme dépendant du ministère de l'intérieur, n'a été publié qu'en date du 2 juin alors qu'il aurait du l'être bien plus tôt si des consignes en vue de retarder sa publication n'avaient été données. Il s'agit donc d'une étude localisée puisque limitée au département de Seine Saint Denis (dit 9-3) concernant et les différentes formes de délinquance ainsi que leurs évolutions, et les rapports entre la police et la population.

Il s'agit donc du bilan de l'activité du ministère de l'intérieur au cours de ces cinq dernières années dans un département. Force est de constater qu'il s'agit d'une catastrophe et si l'on comprend le pourquoi à sa lecture de la rétention de cette information, on peut s'interroger sur le silence des différents partis politiques dits d'opposition à cette publication sachant ce qu'est devenu depuis l'ancien ministre de l'intérieur.

Conformément à ce que les esprits lucides avaient annoncé depuis fort longtemps, les formes de violence sont diverses, le nombre va crescendo et les quelques agressions de policiers dont on nous avait fini par avouer l'existence étaient en fait légion.

Stricto sensu et contrairement à ce qui n'avait cessé d'être annoncé, il ne s'agit pas dans certains cas de zones de non-droit mais de zones où le droit n'est plus celui de la nation mais de celui de groupes imposant un diktat à la quasi totalité de la population. Cette dernière se refuse désormais à aller déposer plainte sous peine de subir par la suite des sévices en guise de représailles puisque les auteurs de délits souvent très jeunes sont le plus souvent relâchés et sans qu'il y ait de suites.

Patrick Devedjian disposerait d'une explication à laquelle personne n'avait songé : les maires souvent communistes auraient laissé la population dans le désespoir social de manière à rester en place. En oubliant qu'un maire négligeant n'est pas réélu, que la délinquance prospère en zone pauvre et non dans les quartiers huppés et qu'enfin s'il existe autant de maires communistes c'est souvent et ce indépendamment de leur orientation politique à une bonne gestion municipale : depuis la chute du Pc, on ne devrait plus avoir de maires de cette mouvance dans une telle proportion.

Paradoxalement, l'étude montre une activité intense de la police mais qui trouve mal orientée. Ainsi, alors que les agressions à l'encontre des personnes devraient être une priorité afin que la sécurité de tous soit garantie, il n'en est rien dans la réalité. Peut être parce que ce type d'activité rapporte peu ou plus exactement n'est pas la plus flatteuse. Peut être également parce que l'interpellation d'un meneur violent peut déclencher des vagues, suite à des émeutes, qui constituent la grande peur de l'administration. Une police que l'on a bien souvent omis de former convenablement et qui forcément commet des bourdes dans ses contacts avec les jeunes. Ces derniers ne constituent pas un tout homogène et évidemment la suspicion dont ils font l'objet, alors qu'ils n'ont pour beaucoup rien à se reprocher, ne fait que les marginaliser davantage.

Voilà le bilan à l'échelle départementale d'un ministre de l'intérieur.

dimanche 10 juin 2007

Il ne doit pas y avoir de désistement national

Samedi, 9 Juin 2007


Il ne doit pas y avoir de désistement national

Philippe Delbauvre

Politique
Le Front National ne manque pas d'atouts mais il les utilise mal. Dans le cadre d'une confrontation sportive individuelle, on joue en fonction de ce que l'on est, mais aussi en prenant en considération les forces et les faiblesses de l'adversaire. Puisque l'époque est au tennis, on peut considérer que deux joueurs pratiquant le même jeu - celui de fond de court par exemple - dont un est nettement inférieur à l'autre dans ce domaine, a toute chance d'être condamné avant le début de la confrontation s'il ne se décide pas à modifier son jeu habituel : le renversement ne s'effectuera au filet.

La donne n'est plus la même et Nicolas Sarkozy n'est pas Jacques Chirac. S'il n'est pas certain que celui là soit de droite, on peut admettre qu'il a été durant ses expériences ministérielles particulièrement décomplexé. Il a plaidé et il compte bien appliquer les recettes du libéralisme économique quant bien même la faillite de ce système est évidente sur le long terme. Il a repris la thématique du tout sécuritaire sans pour autant parvenir à obtenir des résultats probants si ce n'est une image positive dans ce secteur aux yeux de l'opinion.

Si Nicolas Sarkozy venait à apparaître comme l'homme de l'échec à l'issu de cinq années, ce serait alors vers la gauche que ce tournerait l'électorat déçu parce que celle ci n'aurait eu de cesse de dénoncer une politique libérale qui fatalement va engendrer l'exclusion sociale. C'est donc dès maintenant que le Front National doit emprunter ce discours afin d'être une alternative au vote à gauche dans les prochaines années. Si en revanche, il venait à entonner le credo libéral, toute défaite de l'Ump l'entraînerait dans sa perte sachant alors que le Front National puisque jouant dans le même registre en étant de surcroît plus radical ne pourrait que faire pire aux yeux de l'opinion.

Si au contraire Nicolas Sarkozy venait à réussir comme il vient de le faire, alors le Front National y compris en reprenant le thème du libéralisme ne servirait plus à rien tout comme les dernières élections viennent de le montrer : toute victoire de la droite ou définie comme telle est une catastrophe pour le Front. En revanche, en reprenant la thématique sociale, il pourrait concurrencer la gauche pour le titre de première force d'opposition.

Voilà pourquoi l'heure de l'offensive à l'encontre de l'actuel gouvernement a sonné. Voilà pourquoi la thématique principale de l'angle d'attaque doit être l'opposition au libéralisme sous toutes ces formes. Voilà pourquoi les élections législatives ne doivent pas être l'occasion d'une compromission.

Il ne doit donc pas y avoir de désistement national surtout au profit de candidats dont les chefs n'ont cessé d'être présentés comme non-nationaux. L'électorat ne comprendrait pas. En quoi l'Ump dont tous les sondages indiquent qu'elle va disposer de la majorité absolue peut-elle être intéressée par quelques alliances ponctuelles ? Sincèrement en rien. L'effet d'annonce aura pour simples conséquences d'une part l'injure que le refus de l'alliance constituera et d'autre part la légitimation de l'idée que le Front National n'est que la réserve d'essence de la voiture de droite que l'on utilise que lorsque le conducteur a fait preuve de négligence en attendant simplement. la prochaine pompe.

S'agit-il de faire barrage à la gauche et surtout aux communistes ? La première est laminée y compris dans sa version socialiste et les seconds sont politiquement morts. Où se trouve donc le péril alors que l'on sait qu'il n'y a nul danger de ce côté ?Serait-ce pour espérer obtenir quatre ou cinq députés de plus qui fondamentalement n'apporteront rien et qui passeront peut être par la suite au Mpf voire à l'Ump ?

Puisque la bande des quatre n'a cessé d'être dénoncée depuis si longtemps, tout en tenant compte de la disparition des communistes depuis, la ligne se doit d'être maintenue. Indépendance vis à vis des autres formations et désistement si cela présente un intérêt.

Aujourd'hui le désistement national pour des mouvements non nationaux dits de droite est contre-productif.

mercredi 6 juin 2007

Les cents jours

Mardi, 5 Juin 2007
imprimer
mail
Les cents jours

Philippe Delbauvre

Politique
Les cents jours
C'est ainsi que l'on qualifie une période qui nous est présentée comme glorieuse et qui commence avec le départ de l'île d'Elbe pour se terminer piteusement à Waterloo. Peut être n'est ce là qu'un effet du hasard, et non d'un rapport de cause à conséquence, mais on utilise aussi cette expression afin de caractériser un phénomène récurrent qui suit invariablement chaque élection majeure et dont bénéficie chaque nouveau gouvernement: celui de la survenue d'un état de grâce qui n'a jamais correspondu à la grâce de l'Etat.

A chaque fois, le nouvel élu nous est présenté comme exceptionnel au point que chacun se sente le devoir d'être ébahi devant les incontestables qualités du nouvel arrivant. Après tout, Giscard est arrivé au pouvoir avant d'être quinquagénaire. Après tout, s'il ne portait pas la veste sur l'épaule, il n'en avait pas moins déjà, signe d'une évolution entamée, supprimé l'usage de la jacquette. Et François Fillon n'est qu'un vieux par rapport au jeune premier ministre de l'époque nommé à l'âge de . 41 ans.

« Rien de nouveau sous le soleil » mais aussi et toujours « vanitas vanitatum ».

On peut également remarquer que les ralliements de la part de personnages censés appartenir à l'autre rivage que l'on nous dit opposé ne sont pas non plus faits nouveaux.

Ainsi, plus Giscard montait dans les sondages et plus certaines personnalités se découvraient un profil que l'on qualifiera par pudeur de libéral. Ainsi, peu avant le scrutin de 1988, Dominique Jamet, grand pourfendeur du régime précédent appela à réélire le président en place. François Mitterand fut réélu et Dominique Jamet prit la tête de la bibliothèque nationale de France. Jean Edern Hallier, ancien compagnon de Sartre, soutien tardif de Jacques Chirac, devînt après le scrutin, présentateur d'une émission littéraire. Si mes renseignements sont exacts, Max Gallo vient de devenir immortel.

Au sujet des partis, je n'exprimerai rien.

« Toute ressemblance ou assimilation avec le comportement d'une certaine frange du paysage politique connu pour sa détestation des extrêmes ne serait que fortuite et par là indépendante de la volonté de l'auteur. »

Après tout, nombre de cadres en 1815 durent agir de manière similaire. Napoléon au recto et Louis XVIII au verso du tableau réglementairement attaché au mur. Henri Amouroux n'a t-il pas écrit voici quelques années « 40 millions de pétainistes », ouvrage consacré à une époque où la démographie n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui ?

Il ne s'agit pas de contester l'existence authentique d'Asterix sincères mais de noter qu'à chaque époque de l'histoire, ils ne furent que minoritaires.

Dans toutes ces parties de poker politiciennes élaborées dans la magnificence des châteaux (on nomme ainsi le lieu où on y joue le plus) la scène finale se caractérise toujours par un effondrement de l'ensemble des cartes. Tristes images que furent celles du Giscardisme, du Mitterandisme ou du Chiraquisme finissants.

Ce qui est vrai pour le grand chef l'est également pour ses subordonnés. Ceux ci n'apparaissent sympathiques que dans la mesure où aucune décision n'est prise et où évidemment se sachant filmés, ils se font sympathiques. A titre d'exemple, il paraîtrait (comme je la comprends !) que Ségolène Royal n'aimerait guère se plier au supplice du serrage intempestif des mains, corollaire obligatoire du léchage de pieds que constitue l'élection démocratique. On peut très bien l'imaginer dans sa voiture très privée s'exclamer qu'elle en a marre d'être au milieu de tous ces cons. Pourtant, il semblerait, à la voir faire, qu'elle ait beaucoup de plaisirs à s'y adonner.

Dans la même veine, l'analyse sémantique des propos ministériels qui suivent n'est pas sans intérêts.

Rachida Dati veut une justice qui protège. Alain Juppé veut inventer une autre croissance. Brice Hortefeux veut fermeté et humanisme. Et tant d'autres...

Si l'on prend simplement en considération ce dernier exemple, il va de soi que c'est mission impossible à réaliser - même s'il y aura toujours des naïfs pour croire que la perfection dans l'équité, attribuée à Saint Louis, puisse revivre aujourd'hui - et que la mariée est par trop belle. C'est ainsi que certains la trouveront trop ferme et d'autres trop humaniste. C'est ainsi que se poseront demain des problèmes qui s'ajouteront à ceux qui expliquent la gravité de la situation actuelle, rendant dès lors caduque l'invocation de toute formule, aussi consensuelle soit-elle. Il n'y aura nulle Hélène pour toute la nuit durant, remettre en l'état une tapisserie qui symbolisait un état de faillite. De même, ces nouveaux visages que l'on cherche à voir aujourd'hui, ces voix que l'on souhaite entendre, déclencheront progressivement la lassitude puis à terme le zapping.

Le gouvernement en a conscience et c'est ce qui explique sa volonté d'aller au plus vite avec des mesures prises au zénith d'une popularité aussi habituelle que factice: ce n'est que plus tard que les Français comprendront, et la manouvre, et l'erreur. Comme il faut s'attendre à une majorité absolue dans la prochaine assemblée, conséquence d'un esprit embrumé par la même facticité, le gouvernement disposera d'un chèque en blanc pour cinq ans qu'on ne pourra lui reprendre.

Après, la bataille pourra, tel l'éternel retour, comme à l'accoutumé, se reproduire.

Blücher est déjà prêt. Beaucoup de Français l'ignorent.



mardi 5 juin 2007

Sortez les sortants !

Mardi, 5 Juin 2007


Sortez les sortants !

Alain Rebours

Politique
Sortez les sortants !
Avez vous constaté que l'intérêt pour la présidentielle immédiatement rebaptisé, et à tort comme l'avenir nous le montrera, réconciliation des Français avec la politique s'est considérablement amoindri avec les élections législatives ? Je veux bien concéder que la première est plus essentielle que la seconde, mais si comme tant d'experts, un engouement sérieux voire une nouvelle passion s'étaient faite jour, ils se seraient au moins maintenus l'espace de quelques semaines.

Or force est de contater que les Français s'en foutent au point que pour certains d'entre eux le nom de leur actuel représentant à l'assemblée, leur est inconnu.

Ce phénomène n'est surprenant que pour ceux qui n'ont pas eu la chance de pouvoir lire certains des articles publiés ici même et qui montrèrent bien que c'est la forme de la campagne plutôt que le fond qui les a séduits.

On ne voyait guère auparavant des candidats s'exprimer devant un parterre de Français dits représentatifs tout comme on n'avait guère la possibilité d'assister aux turbulences affectives dans lesquels étaient plongés aussi bien les couples Sarkozy et Royal. Voilà qui ne correspondait pas avec l'image que l'on peut se faire des grands tels qu'ils apparaissent dans les séries américaines dont les premières arrivées en France furent celles de « Dallas » et de « Dynastie ». C'est maintenant chose faite.

Evidemment ces séries sont erronées mais à force de les contempler, on finit par y croire. Evidemment la mise en scène durant les présidentielles furent travesties mais on pouvait néanmoins effectuer le parallèle.

Le mise en scène est beaucoup plus difficile à réaliser à l'échelle locale même ci on constate ça et là, l'émergence d'attitudes et non de pensée, visant à attirer à soi des électeurs. Il n'empêche, le décor n'est pas aussi beau et la mayonnaise ne semble pas prendre.

Les seules formes de passion que j'ai pu noter étaient celles qui opposaient deux candidats du même parti souhaitant acquérir le même siège. Il me semble que c'est révélateur de l'état d'esprit politicien de l'ensemble.

Si les présidentielles ne furent pas un débat d'idées mais disposa de décors flatteurs, les législatives n'ont pas même le droit au même packaging.

Il n'y a donc eu nul intérêt pour les idées développées durant la présidentielle (il eut fallu les chercher) mais pour une forme importée d'outre atlantique qui justement empêche le débat d'idées, surtout contradictoire.

Voilà pourquoi le résultat des législatives ne représentera probablement rien et les interprétations données par les uns comme par les autres, d'ailleurs prévisibles une fois les résultas connus, ne nous enchantera guère.

Voilà aussi pourquoi, face à des pseudo élites soucieuses de conserver leur rentes et indignes d'exercer leurs fonctions, il ne serait pas mauvais de ressortir le slogan très populaire à l'usage des candidats de l'Ump (nouveau ou anciens) : « Sortez les sortants ! »