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mardi 30 juillet 2013

Le Hamas reconsidère ses alliances après la chute de Morsi

Al-Akhbar
Le Hamas reconsidère ses alliances après la chute de Morsi


Il est désormais clair que le Hamas est en train de reconsidérer ses alliances, après s'être éloigné aussi bien de l'Iran que du Hezbollah, suite au déclenchement de la crise syrienne.

Responsable du Hamas, Ahmad Youssef a révélé à la presse que son mouvement a eu des entretiens avec le Hezbollah et l'Iran pour abonnir leur relation. Youssef a déclaré que deux dirigeants du Hamas de premier plan ont rencontré des responsables iraniens à Beyrouth en présence de représentants du Hezbollah, et évoqué les relations stratégiques entre le mouvement et l'Iran.

Ces nouvelles ont suscité beaucoup de supputations.

"Les deux parties ont reconnu que leur ennemi commun n'est autre qu'Israël, sachant que chaque partie comprend les différences de position de l'autre", "en particulier quand il s'agit de la situation en Syrie." Il a nié que l'amélioration des relations entre Hamas et de l'Iran était de quelque façon liée à l'évolution récente de l'Egypte.

Un témoin attentif de ces discussions a expliqué que les premières tentatives de réconciliation - après la fois la montée en puissance des Frères musulmans en Egypte comme en Tunisie et l'émergence de fortes divergences sur la crise syrienne - avaient échoué, en raison des vues d'une faction importante au sein du Hamas qui faisait un autre choix en matière d'assistance, à la fois politique et financier.

La même source a ajouté que, pendant un très court laps de temps, il était devenu clair que les nouvelles sources d'aide se situaient en deçà des attentes. Plus grave, l'Iran avait simplement à l'époque diversifié son aide pour désunir différentes factions de la résistance à Gaza, comme le Jihad islamique, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), et un groupe armé affilié au Fatah.

Des sources ont aussi souligné que tandis que le Hamas a insisté sur leurs divergences sur la crise syrienne, de l'autre côté il a été fait part des préoccupations au sujet de l'implication croissante du mouvement palestinien dans la montée de la Fraternité, entraînant donc une relâchement du groupe quant à son activité de résistance, ce de façon à aider les mouvements islamistes à consolider leur pouvoir.

Il y a quelques semaines - après que l'aile militaire du Hamas ait averti des pénuries d'approvisionnement - une délégation du mouvement dirigée par Moussa Abou Marzouq venue au Liban, a participé à des réunions privées à l'ambassade d'Iran avec les responsables du Hezbollah.

Les réunions ont donné les résultats suivants qui sont largement positifs:

1) Reprise de l'aide financière iranienne au Hamas, même si le montant est moindre moins que celui d'avant la crise.

2) Ouverture de canaux directs de communication entre le Hamas et le Hezbollah, en particulier sur la question de préserver les camps de réfugiés palestiniens de l'opposition entre sunnites et chiites, facteur de tensions au Liban

3) Préparation d'une réunion entre dirigeants du Hezbollah et du Hamas, suite à la plainte de ce dernier que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah n'avait pas reçu une délégation du Hamas de haut niveau pendant un certain temps.


Traduit de l'anglais par la rédaction de Voxnr.

dimanche 28 juillet 2013

Le devoir d'inventaire (4) L'écran de fumée

                               
  Philippe Delbauvre

Le devoir d'inventaire (4) L'écran de fumée




Une des techniques militaire visant à passer inaperçu aux yeux de l'adversaire a pour nom «écran de fumée». Ce brouillard artificiel peut s'obtenir de multiples façons notamment par l'intermédiaire de bombes ou de grenades. La technique que l'on peut qualifier d'opposée est celle qui permet de voir dans des circonstances où cela n'est que peu possible. C'est bien sur le cas pour la nuit où les défenseurs, s'ils pensent que des ennemis s'approchent de la position gardée, envoient des grenades éclairantes, faisant ainsi toute la lumière.

La notion « d'écran de fumée » est aussi utilisée au sens figuré afin de définir le choix effectué consistant à masquer une information dont on ne veut pas qu'elle soit connue, par une autre censée occulter la première. C'est donc bien de désinformation dont il s'agit.

Conscient des difficultés réelles qu'il éprouve, un gouvernement – c'est justement le cas aujourd'hui – peut donc détourner l'attention des Français vers une autre information qui va donc ainsi constituer une information factice. Tel fut le cas assez récemment pour l'idée du « mariage pour tous » qui ne concernait pas grand monde, à commencer par les homosexuels, ceux ci considérant que la notion de « mariage » est une caractéristique du monde hétéro. Le combat engagé dura des mois pendant lesquels le gouvernement pu respirer.

La dissolution, aussi bien du mouvement « Troisième voie » que de « l'oeuvre française » procède de la même logique. En aucun cas, ces deux structures ne constituaient un danger pour le modèle politico-économique en place. Il va de soi que la procédure de dissolution, parce que fait rarissime, fait ouvrir les yeux et les oreilles de beaucoup. Pendant ce temps, les Français sont détournés des problèmes majeurs que connaît notre pays.

En matière d'occultation, l'idéal restera toujours la guerre parce qu'elle se traduit presque toujours par l'union sacrée. Aussi parce qu'elle permet, même pour une démocratie, l'usage de la censure. Staline ne s'est pas trompé en se lançant à corps perdu dans la grande guerre patriotique, jouant le fait national contre l'agresseur allemand. Si d'aventure, il avait mobilisé au nom du communisme, le résultat eut pu être tout à fait différent.

Croire comme le font beaucoup de Français, qu'au motif que nous vivons dans une démocratie, tout ce qui est annoncé est vrai et que rien n'est occulté, est totalement faux. A la limite même, c'est surtout dans la démocratie, puisque celle-ci dépend du corps électoral, que les gouvernements ont le plus intérêt à manipuler les masses.

Ce qu'ils font très bien, avouons le.

mardi 23 juillet 2013

Analyse: contre le monde moderne - la Nouvelle Droite et la "Tradition"






Ecole de pensée importante de la droite radicale française, la Nouvelle Droite a connu des évolutions. L'une d'entre elles a été l'influence des thèses "traditionalistes" exprimées dans les œuvres d'auteurs tels que René Guénon ou Julius Evola.

Julius Evola.
La Nouvelle Droite, à partir du début des années 1980, a consacré une imposante littérature à la notion de Tradition. En outre, il se créa au sein de la Nouvelle Droite une tendance «traditionaliste».


Le traditionalisme a été d'abord utilisé par la Nouvelle Droite pour construire ou reconstruire un paganisme indo-européen, ou une spiritualité typiquement européenne. Les néo-droitiers ont toujours eu un faible pour les traditionalistes non chrétiens. En conséquence, ils ont privilégié Julius Evola. Evola voyait dans l'Orient, un monde encore ouvert à la transcendance en opposition à l'Occident fermé à celle-ci.

Le traditionalisme a été aussi utilisé pour élaborer un discours antimoderne faisant de la modernité une aliénation polymorphe absolue. C'est là l'un des aspects les plus intéressants du discours traditionaliste néo-droitier.

Pour lire le texte complet de l'étude de Stéphane François (12 pages, 208 Ko), veuillez télécharger le fichier PDF en cliquant ici:
http://religion.info/pdf/2009_07_nd_tradition.pdf

Stéphane François est historien des idées. Docteur en science politique et post-doctorant rattaché au Groupe Sociétés Religions Laïcité (CNRS/EPHE). Auteur de plusieurs articles sur les rapports entre l'ésotérisme, les idéologies radicales et les subcultures. Derniers ouvrages parus : Le nazisme revisité: L'occultisme contre l'histoire, Paris, Berg International, 2008 et Les Néo-Paganismes et la Nouvelle Droite (1980-2006): Pour une autre approche, Milan, Archè, 2008.

Nous rappelons à nos lecteurs que Religioscope avait publié en 2005 le mémoire d'Olivier Moos sur les intellectuels de la nouvelle droite et la religion - histoire et idéologie d'un antichristianisme de droite.

lundi 22 juillet 2013

"Merde in France" (1)

Philippe Delbauvre


Chacun sait que durant les vingt-trois premières années de la cinquième république la gôche resta dans l'opposition. Fortement empreinte de marxisme dès lors où il était question de critiquer la structure en place, la Sfio et ses descendants incarnèrent, contrairement à d'autres pays européens, l'ancrage politiquement excentré. La critique du capitalisme, notamment durant la première décennie de la cinquième république fut tellement peu fondée, que même Albin Chalandon, ministre de l'industrie sous Pompidou, finit par reconnaître que l'économie française ressemblait à cette époque davantage à l'économie soviétique qu'à celle des Etats-Unis. Depuis 1981, soit 32 ans, la gôche exerça le pouvoir 18 ans. En conséquence, même si c'est de peu, elle eut durant cette période davantage les rênes en ses mains que la droate.

Le bilan si on prend en compte le dernier tiers de siècle, droate et gôche confondues, apparaît aujourd'hui comme particulièrement désastreux. Il me semble nécessaire d'ajouter à cette période, l'intégralité du septennat de Valéry Giscard d'Estaing, tant il augure les décennies qui suivirent, avec la furieuse envie d'y inclure aussi le quinquennat de Georges Pompidou, responsable par exemple de la détestable loi Pompidou-Giscard de 1973.

En revanche, tout à fait différente, fut la décennie précédente lorsque le général de Gaulle fut au pouvoir. Le général donna à la France une nouvelle république, autrement plus musclée que les précédentes, gage de stabilité politique. Concernant l'économie, le gaullisme fut le choix d'un juste milieu entre capitalisme et communisme, que l'on peut qualifier d'économie mixte voire planifiée. Dernier volet, cette fois ci concernant la géostratégie et le diplomatie, le choix du général, peut être bien marqué par son attirance originelle pour l'Action Française, fut celui du renvoi dos à dos de l'Urss et des Usa. Cette option courageuse était à l'époque d'autant plus risquée que le pacte de Varsovie attendait son heure à nos portes.

Alors que, pour l'instant, Valéry Giscard d'Estaing passe pour être le président le moins aimé de cette république, il me semble que sur le long terme, c'est lui qui a gagné. La société dans laquelle nous vivons aujourd'hui n'est autre que la sienne. Jamais Vge ne fut républicain, même s'il appartint à un parti du même qualificatif, thuriféraire de la démocratie libérale qu'il fut. La société dans laquelle nous sommes aujourd'hui contraints de vivre est la sienne et nullement celle du général de Gaulle le jacobin ou de François Mitterrand son lettré opposant. Souvenons nous justement du gouvernement Mauroy, celui-là même qui maintint les magnétoscopes japonais bloqués dans les ports français. Souvenons nous aussi du plan de nationalisations opéré par le ce gouvernement, même si la nationalisation à 100% était à l'évidence abusive, permettant de conserver dans le giron français de très nombreuses entreprises qui eurent été avalées sinon...

Le grand vent libéral, initié par Reagan et Thatcher voici plus de trente ans , a dévasté le monde et occasionné bien des naufrages. L'Europe de Bruxelles qui n'est autre que celle qui s'inspire de la pensée anglo-saxonne, est peut être satisfaisante pour l'Angleterre, mais nullement pour les colbertiens que nous sommes par tradition. La diminution de nos avantages, inhérents au fait français, vient de cet absurde choix d'une société qui n'est pas conforme à notre génie national. L'erreur serait de croire que les Français aient tous à pâtir de ce choix. On vient d'apprendre ainsi que les 500 Français les plus riches, avaient vu le montant de leur fortune augmenter de 25% en l'espace d'un an. 25% ! Dans le même temps, les Français que l'on peut qualifier de normaux ou de représentatifs, viennent de voir les intérêts - déjà faibles - de leur compte épargne, encore une fois diminuer. Voilà qui ne surprendra pas les marxistes, dont le modèle sociétal de référence en matière de capitalisme est pyramidal. Si l'extrême pauvreté ne touche pas, en terme de pourcentage, beaucoup de Français, force est de constater, qu'ils sont très nombreux à surveiller de très près leur compte courant par peur de passer dans le rouge. C'est ainsi que la formulation naguère erronée et propagandiste, d'une France de riches toujours plus riches et de pauvres toujours plus pauvres, est aujourd'hui devenue valide. A titre d'exemple et de justification, l'exécutif a déjà autorisé pas moins de 10 milliards de hausse de prélèvements pour l'année 2014. La TVA par exemple, augmentera de 6 milliards. Rappelons que la Tva est payée par tous , et que les différents taux vont grimper. Rappelons aussi que ce sont les plus pauvres – merci la gôche, l'autre façon d'être libéral – qui sont les premières victimes de cet impôt indirect. Bien évidemment, une diminution majeure de l'impôt sur les sociétés – entendez les grandes – est aussi prévue.

Le phénomène est général et engendre des conséquences sociales. A titre d'exemple, au début des années 60, c'est 22% des élèves des grandes écoles d'ingénieurs qui étaient issus de milieu populaire; aujourd'hui ils ne sont plus que 9%. Rappelons aussi que le fait "Sdf" n'était pas voici 35 ans. C'est un aspect désormais banal de la société contemporaine.

Les Etats-Unis, Bruxelles, et nos gouvernements successifs et complices, descellent progressivement les différentes briques du mur français. L'idée même d'immigration, ridicule en période de crise économique intense à fort taux de chômage – qui peut contester ? - continue d'être portée aux nues malgré les évidences. Il n'est d'ailleurs pas impossible que cette immigration avec ce qu'elle implique de communautarisme et d'affaiblissement de la nation, ne satisfasse les «élites» au motif que notre société ressemble de plus en plus à celle existant outre-atlantique, contribuant ainsi à souder les deux entités.

Je pense sincèrement que tout ce processus a été élaboré et pensé. Et en ce sens, il y a préméditation. Voilà qui justifie au motif des évidences, quitte à choquer les donneurs de leçons qui pousseront les hauts cris, le terme bien connu de «complot».
 
Notes:

(1) Jacques Dutronc, bien sur.


Article publié sur Voxnr

dimanche 21 juillet 2013

Hurlement ! (1)

Philippe DELBAUVRE

Hurlement ! (1)

 
On sait maintenant les développements de ce qu'il faut bien appeler le paradigme de Trappes, consécutifs à un banal contrôle d'identité. Pour rappel, c'est ainsi qu'une femme portant voile intégral s'est normalement vue abordée par trois policiers à des fins de vérification d'identité comme la loi l'impose. Le copain de la femme s'est interposé puis a fait appel à des « relations ». Les trois policiers furent alors roués de coups et plusieurs interpellations s'ensuivirent. Le soir même et les soirs suivants se déclenchèrent des explosions de violence par l'intermédiaire d'émeutes de type ethnique.

Le fait est d'autant plus grave que la même semaine eurent lieu plusieurs déraillements de train commis par des jeunes du même acabit. On sait aussi que certaines des victimes ainsi que sauveteurs furent détroussés et volés sur place.

Bien loin désormais de se limiter au seul fait de délinquance, c'est maintenant de terrorisme dont il s'agit. Voire même d'actes de guerre: «Une cinquantaine d'individus ont causé des troubles avec notamment des tirs de mortiers et de fusées sur la police».

On prendra bien note d'effectuer un parallèle qui est aussi un distinguo entre l'extrême célérité avec laquelle le gouvernement s'est attaqué aussi bien à Troisième voie qu' Kristian Vikernes, dans les deux cas à tort, et la volonté de baisser le pantalon devant la canaille, pourtant facile à mâter.

Amusant de constater que le personnage situé à la tête du parti socialiste n'est autre qu'Harlem Désir, fondateur de sos racisme. Et le clochard décérébré de postuler à l'époque qu'une société, c'est comme une mobylette, devant tourner au mélange. Jean Marie le Pen de lui répondre à l'époque que le mélange ne devait être que partiel sous peine de briser le moteur.

Sur la voie du capitalisme, aussi bien les Etats-Unis que l'Angleterre sont «en  avance » sur nous. Et le fait ethnique d'avoir donc encore plus d'importance là bas qu'ici. Dans ces contrées américanisées, l'immigration constitue une des clés de voûte du système. Qui méconnaît d'ailleurs le rapport privilégié qu'entretiennent ces deux pays avec la variable immigration ? Fatalement, dès lors où les gouvernements français – de droite comme de gauche – décidèrent de mettre les pas de la France dans ceux de ces deux pays, ils choisirent aussi d'accepter toutes les tares consécutives à ce choix. C'est donc la politique menée depuis plusieurs décennies dont les Français ont à souffrir aujourd'hui.

Je sais ce qu'est l'islamophobie si présente dans nos milieux, islamophobie que j'ai toujours contestée et avec un argument imparable: si l'islam était le problème, alors toutes les communautés ethniques liées à l'islam auraient des comportements similaires. Je constate que tel n'est pas le cas. Ainsi, par exemple, je constate que la communauté turque qui est musulmane, ne pose pas de problèmes majeurs dans notre pays. Tel n'est pas le cas, d'une autre communauté, elle aussi musulmane, dont nous avons à souffrir au quotidien les actes de barbarie. Bien sur, je sais les pesanteurs de la loi qui s'applique à tous, interdisant de poser certains problèmes et de les verbaliser. Soyons clairs – sourire - sur le sujet: quand bien même interdirait-on le théorème de Pythagore, qu'il resterait toujours opérationnel et utilisable. C'est ainsi que les actes de barbarie, de terrorisme – quand bien même certains le qualifient pour le problème qui nous concerne de « bas » - ne sont majoritairement pas d'essence musulmane.

Encore une fois – sachant que j'ai déjà verbalisé le fait sur d'autres supports – ce n'est pas vous cher lecteur, ou moi, qui serions les premières victimes de l'application de la Charia conduisant à l'amputation de la main du voleur...

Je ne crois toujours pas que ces phénomènes puissent déboucher sur une guerre ethnique ou qu'ils puissent aller plus loin. Aux Etats-Unis comme en Angleterre, le fait ethnique n'a jamais débouché sur rien de sérieux. En revanche ma crainte majeure, c'est que la communauté dont il est ici question, s'organise dans le cadre français, lors des prochaines consultations électorales, à commencer par celles de 2014. Si la constitution d'une liste postulant l'ethnicisme est prohibée par la loi, rien n'empêche des candidats de se présenter avec leur photo sur une affiche électorale, avec un visage et un nom très révélateurs, induisant ainsi un réflexe grégaire.

Aujourd'hui déjà, mais demain ce grand danger...
 
Notes:

(1) «S'il me fallait renoncer à mon dilettantisme, c'est dans le hurlement que je me spécialiserais.» Cioran


Article publié sur Voxnr

Mort aux cons !

Philippe DELBAUVRE



« En lisant «Pour une critique positive», nous avons compris qu'un nouveau combat commençait et nous nous sommes remobilisés. Dans ce texte Dominique descendait en flammes, sans concessions et même avec alacrité, les dinosaures du camp dit «national », qui n'avaient rien compris et, à l'évidence, ne comprendraient jamais rien. Ce sont ces gens qui, cinquante ans plus tard, ont déversé leur haine sur Dominique Venner, car ils ne lui ont jamais pardonné d'avoir raison. La plus grande des ignominies est de cracher sur un mort. Ils ont montré ce qu'ils sont: des cloportes ignobles et, pour beaucoup d'entre eux, des malades mentaux. Profitant de la tribune que leur offrait Rivarol, ces culs-bénits, sentant le rance, le moisi et la vieille bigote qui se néglige, ont déversé, ont vomi leur fiel. » (1)

Je crains fort que le message majeur émis par Dominique Venner voici désormais plus d'un demi-siècle n'ait toujours pas été compris à ce jour. Il en est malheureusement de même pour le travail quelque peu similaire effectué pendant les cinq dernières décennies par Alain de Benoist. Le «Pour une critique positive» a été la conséquence de la prise de conscience par son auteur de deux échecs. D'une part celui de la France qui perdit successivement l'Indochine puis l'Algérie, malgré une lutte moralement justifiée au motif justement de l'immoralité aussi bien des viets que du Fln, immoralité dont la preuve fut donnée dès que ces deux factions commencèrent à exercer le pouvoir. L'autre échec fut celui de la mouvance, incapable de se donner des objectifs consensuels et de parvenir au succès. La mécompréhension de «Pour une critique positive» peut d'ailleurs expliquer l'échec de la candidature de Tixier lors des élections présidentielles de 1965.

Plus de cinquante années donc après l'avertissement de Dominique Venner, il semblerait que pour beaucoup, rien n'ait été compris. Ils sont si nombreux à croire faire de la politique alors que c'est l'idéologie qu'ils pratiquent. On sait le signe d'implication mis entre les deux termes d'idéologie et de pathologie: la peur du monde réel est telle pour certains que nécessité existe de le transformer sous forme kitsch en un modèle beaucoup plus rassurant (2). Voilà qui me rappelle les problèmes de mécanique analytique, pour lesquels il n'existe aucun frottements, rendant ainsi la résolution du problème beaucoup plus aisée. Il va de soi que les résultats théoriques ainsi obtenus, ne seront jamais applicables dans le cas du problème réel, où justement il y a frottements. Et le naïf de ne pas comprendre. Ce mode de pensée, la mouvance, ou plus exactement la partie de la mouvance concernée, n'en a nullement le monopole. Les communistes, idéologues par nature, tombent eux aussi dans le panneau. Et bien sur leur système idéologique de fonctionner tant qu'il n'existe que sur le papier. Et ces braves gens de s'interroger sur le pourquoi de la non réussite du plan quinquennal par exemple. Et les mêmes de ne pas comprendre que la nouvelle génétique, communiste bien sur, ait pu donner des résultats catastrophiques lorsqu'elle fut appliquée sur le terrain en agronomie. Ne riez pas des communistes et de leur bêtise puisque chez nous même, on trouve les mêmes tarés qui ne se rendent pas même compte qu'ils sont les zélateurs d'une pensée dont le terroir n'est autre que celui de la gauche. Par « gauche », entendez justement ceux qui croient par exemple qu'un système peut à lui seul changer l'homme. Que la nature du triste bipède puisse être modifiée. C'est justement à gauche que l'on trouve tant de système si parfaits sur le papier et aussi catastrophiques lorsqu'ils sont mis en application. On connaît par exemple l'adage: la droite croit l'homme coupable et non responsable là où la gauche pense l'inverse. Ce qui manque à cette partie de la mouvance, ce sont des connaissances majeures en éthologie, neurologie et psychologie appliquée. Des disciplines qui nous montrent en profondeur ce qu'est l'homme réel et non celui dont on aimerait qu'il soit.

Dominique Venner, mais aussi Alain de Benoist, ont mis en garde contre les adeptes du rétroviseur qui ont décennies voire siècles de retard. Ce que fait toute une partie de la mouvance c'est ce qu'en américain on nomme reenactmant: ces fins de semaines où des américains d'aujourd'hui, souvent bedonnants d'ailleurs, parce qu'habillés en waffen, se croient les descendants des membres de troupes militairement élitistes. Et ils sont combien dans la mouvance à jouer les warriors alors qu'ils n'ont absolument pas la formation requise pour l'être. C'est ainsi qu'internet fonctionne comme un gigantesque jeu de rôle dans lequel ils s'inventent une personnalité remarquable et d'exception, certainement parce que dans le réel ils sont en situation de profond échec. Ont-ils seulement une seule fois, en simple temps de paix, dormi la nuit sans tente dans la neige par – 15 degrés ? Pas difficile lorsqu'on est protégé via mutuelle et sécu dans un monde très sécurisé de se proclamer descendants d'hommes supérieurs alors qu'on a un quotidien tout ce qu'il y a de plus pépère. Pas difficile non plus d'avoir dans le monde virtuel qu'est internet des déclarations fracassantes. C'est dans le réel qu'il faut agir et je me pose sincèrement la question de savoir si internet fut au final bonne chose pour la mouvance. Rappelons que l'utilisation d'internet, quand bien même on utilise ses doigts pour écrire, n'est nullement une activité manuelle. C'est au contraire un support à destination des intellos. Mais alors que viennent-ils tous faire tous ces Français lambda à venir jouer les penseurs alors que leur place compte tenu du niveau qui est le leur, se situe dans la rue à distribuer des tracts et coller des affiches ? Pour 10 heures passées à écrire sur internet, ce qu'il faut bien appeler le plus souvent des bêtises, combien de temps à effectuer du prosélytisme justement sur le terrain ? Quelle proportion ?

Il s'agit tout simplement de se faire plaisir et de célébrer son moi, ainsi que le veut justement l'esprit du Système qui joue justement sur l'exacerbation des ego. Comment expliquer à ceux qui s'habillent entièrement en noir avec crane rasé et rangers au pieds que leur uniforme est contre-productif. Bien sur, et encore une fois, on se fait plaisir mais au final on colle exactement à la caricature que font de la mouvance les antifas, lui rendant ainsi un très grand service. Le prosélytisme que les commerciaux connaissent très bien, passe par une ressemblance entre celui qui transmet le message et celui qui le reçoit. Contre-productif donc d'aller distribuer des tracts lorsqu'on est habillé de façon radicalement différente des passants. L'adaptation, la finesse d'esprit, dont justement Dominique Venner a fait l'apologie, est une obligation en matière de propagande. On peut au demeurant noter que les communistes, presque partout où ils ont gagné, et ils ont souvent gagné, étaient pourtant très minoritaires. C'est là la conséquence de tacticiens remarquables dont Dominique Venner fut un des représentants. S'il n'y avait eu que des Dominique Venner, la mouvance eut parvenu au pouvoir depuis bien longtemps. Il n'est d'ailleurs pas impossible que toute la vie d'engagement politique d'Alain de Benoist, je ne prends pas en considération la philosophie, n'ait eu pour seule objet que de faire la chasse et de traquer l'extrême droite que je qualifie volontiers de rantanplan. Faut-il rappeler encore une fois la proximité entre Alain de Benoist et Dominique Venner ?

Que l'étude de l'histoire puisse être utile d'un point de vue politique, on n'en doutera pas. Mais encore faudrait-il que ce soit de l'histoire et non de la mythologie. Ils sont si nombreux dans la mouvance à réécrire l'histoire et à considérer que lorsque les leurs étaient au pouvoir, c'était la grande merveille. Pour information, les communistes ne pratiquent pas autrement. Et à mes yeux, c'est une tare que d'avoir un point commun majeur avec les communistes. Les problèmes du passé sont au moins en grande partie aujourd'hui dépassés. Et l'ère des grands rassemblements des années 20 et 30 est obsolète. Là encore, je suis convaincu que le défaut de savoir livresque – j'évoque bien entendu des ouvrages sérieux, alors que la plupart de ceux qui sont lus sont ceux qui font plaisir (toujours le culte du moi propre au système) – se traduit par une méconnaissance des conséquences de la postmodernité qui est rupture totale d'avec le passé. Je crains d'ailleurs que par son acte, Dominique Venner s'est trompé et j'avais mis en garde (3). A l'époque de Français zappeurs, fatalement, l'honorable et grandiose suicide de Dominique Venner, ne pouvait que très rapidement sombrer dans l'oubli. Très majoritairement et je m'en étais douté, la mouvance a célébré le passé de Dominique Venner alors qu'il eut fallu utiliser son suicide – il le voulait surement ainsi – comme tremplin vers l'avenir.

«Morts aux cons !» (4)

On comprendra donc le justifié coup de gueule de Pierre Vial, émis dans le cadre de l'éditorial de la revue qu'il dirige. Et on applaudira.
Notes:

(1) Pierre Vial: http://www.terreetpeuple.com/terre-et-peuple-magazine/terre-et-peuple-magazine-n56-ete-2013/editorial-tp-mag-n56.html?2d4883b0bf7db295e9826020acb22e07=b6f4cf3d3118812a8fea2de3ad3c5ba8

(2) Sur le kitsch et l'idéologisme, lire de Milan Kundera, l'insoutenable légèreté de l'être.

(3) http://www.voxnr.com/cc/politique/EFyAkuukkVEYCtqRPd.shtml

(4) Slogan connu, y compris par Gogol 1er...


Article publié sur Voxnr

jeudi 18 juillet 2013

Pharmaciennes et pharmaciens désormais visés. L'alternative est pourtant possible.

Philippe DELBAUVRE

Pharmaciennes et pharmaciens désormais visés. L'alternative est pourtant possible.
 
 
Cet éditorial peut être considéré – malheureusement - comme la suite d'autres articles publiés récemment sur Voxnr. Ainsi, "Récession" (1), "L'été sera chaud" (2), "Les retraités, eux aussi, vont être plumés" (3) ainsi que, pour prendre un dernier exemple, très récent "Et ça continue, encore et encore …" (4).

J'avais développé un point de vue dans le cadre du dernier article rédigé:

"On a, et bien à tort, l'idée qu'une révolution est nécessairement ponctuelle et soudaine. Un autre type de révolution, dans la quiétude cette fois ci, donc plus insidieuse, passe par la succession de réformes minimes, qui permettent de parvenir au même résultat qu'une révolution brutale."

L'article que j'ai lu dans la version papier du journal Les échos confirme mon analyse.

Avant de développer mon point de vue, je souhaiterais à titre d'introduction, revenir à un article bien antérieur intitulé "Souhaitez vous vraiment que la France connaisse le miracle économique allemand ?" (5) et publié sur Voxnr le 1er février 2013. J'y montrais alors que ce pseudo-miracle entraînait une catastrophe sociale majeure en Allemagne. Mais aussi que ces lois imposant un deficit social, n'étaient pas le fait d'un gouvernement de droite mais bien du gouvernement Schröder labellisé Spd.

Sachant la période estivale et donc la quiétude dont il peut bénéficier, le gouvernement Ayrault détricote progressivement et rapidement le tissu social français. C'est désormais le monopole des pharmacies qui est menacé en matière de distribution de médicaments. Rappelons que nos pharmaciens sont des petits et les hypermarchés, des multinationales. Les petits commerçants sont d'autant plus importants qu'ils contribuent à structurer les quartiers mais aussi à humaniser les échanges. Si on ne dialogue pas lorsqu'on prend sa viande sous cellophane au supermarché, on peut très facilement papoter avec les autres clients dans une boucherie. Voilà qui favorise le terroir et construit le tissu social.

Dans les faits, l'autorité de la concurrence a publié mercredi 10 juillet un rapport concernant les prix pratiqués par les pharmaciens sur les produits d'automédication. Bien entendu, les Français risquent d'approuver la démarche au motif de paiements moins onéreux. Mais n'avons nous pas fait la même erreur avec nos différentes industries en raison de l'apologie de la concurrence. C'est ainsi que nous avons perdu textile, chantier naval, électroménager, ameublement, sidérurgie... En conséquence, si la baisse des prix est, de prime abord séduisante, elle se montre aussi catastrophique pour nous tous à long terme. On ne viendra pas me répondre que les politiciens libéraux ne savaient pas les conséquences à long terme en initiant des politiques libérales, durant les années 70, qui acceptent la concurrence avec des pays que l'on ne peut économiquement combattre, au motif de leurs faibles prestations sociales et salaires.

L'automédication via des renseignements cueillis sur internet va faire des ravages: on ne s'improvise ni médecin, ni pharmacien... De même, les médicaments, en France prescrits uniquement sur ordonnance, sont disponibles désormais sur internet, notamment sur des sites asiatiques.

Les libéraux, appelons donc les ainsi puisqu'ils ne sont ni de droite, ni de gauche, jouent la carte des individualités et des petits groupes contre l'intérêt général et le Peuple dans sa totalité. Si nous avions continué à acheter au même prix notre textile plutôt que de s'en aller quérir des produits asiatiques moins onéreux, nous aurions encore toute notre industrie textile. Et c'est bien sur vrai pour toute les industries.

Il n'est pas trop tard pour prôner un protectionnisme intelligent pratiqué à l'échelle européenne face à une guerre économique que nous sommes en train de perdre.

Engageons nous !
 
notes

(1) Récession ! http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZFpluAulZZcdqjck.shtml

(2) L'été sera chaud http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZFFukkAytyEKtdIw.shtml

(3) Les retraités, eux aussi, vont être plumés http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZkElZVEpJswTeDJk.shtml

(4) "Et ça continue, encore et encore ..." http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZFZFVAyuRfMvlHEr.shtml

(5) Souhaitez vous vraiment que la France connaisse le miracle économique allemand ? http://www.voxnr.com/cc/politique/EFVAZuVuEuPiEsKCLl.shtml

"Et ça continue, encore et encore ..." (1)

Philippe DELBAUVRE

 
 
C'est mardi 9 juillet que l'assurance maladie a fait ses propositions au gouvernement, ce afin de réaliser des économies en 2014 à hauteur d'environ 2,5 milliards d'euros dans les dépenses de santé. Il est facile de comprendre en raison de la baisse de la masse salariale, que les recettes dans les caisses de la sécurité sociale ne peuvent que diminuer. Si on prend en compte la prévision de la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS), le déficit de la Sécu se situera à 14,3 milliards en 2013 alors qu'il n'était que de 11,4 milliards l'année dernière. Quant au déficit de la branche maladie il devrait atteindre 7,9 milliards contre 5,1 en 2012.

Si ce voit préconisé fort justement la chasse au gaspillage, force est de constater que celle-ci n'est qu'écran de fumée dont l'objectif n'est que de masquer la diminution du remboursement des médicaments. Le fait n'est au demeurant pas nouveau.

C'est ainsi que l'insee a consacré une étude concernant l'évolution des prix des médicaments entre 2000 et 2010. Elle distingue le prix « brut », qui est le prix de marché et le prix « net » qui est celui effectivement payé par le consommateur après la prise en charge de la sécurité sociale. Entre 2000 et 2010, le prix « brut » de l’ensemble des médicaments remboursables et non remboursables a baissé de 1,8 % par an. Durant la même période, le prix « net » de ces médicaments a augmenté de 0,6 % par an. Ce distinguo s’explique par le déremboursement mais aussi par la forte progression du prix des médicaments non remboursables.

On a, et bien à tort, l'idée qu'une révolution est nécessairement ponctuelle et soudaine. Un autre type de révolution, dans la quiétude cette fois ci, donc plus insidieuse, passe par la succession de réformes minimes, qui permettent de parvenir au même résultat qu'une révolution brutale. A titre d'exemple, si l'augmentation du prix du tabac visait à en diminuer la consommation, il eut été facile de faire passer le prix du paquet de cigarettes de 1 à 5 euros brutalement. A contrario, en pratiquant des hausses successives à hauteur de 50 centimes par étapes, on est parvenu à révolutionner le prix du paquet, sans déclencher une prise de conscience.

A titre d'exemple, le 20 mai 2003, le taux de remboursement de 617 médicaments courants est passé de 65 à 35 %, selon un arrêté du ministère de la Santé (JO du 21.4.03). De même, déjà en octobre 1999, un décret prévoyait de ne plus rembourser les médicaments au SMR (service médical rendu) modéré ou faible qu'à 35 % . De façon similaire, Le taux de remboursement des 1.219 médicaments à vignette bleue est passé de 35% à 30% le 2 mai 2011.

Les différents gouvernements successifs se gardent bien d'aller embarrasser les grandes multinationales que sont les laboratoires et les mesures prises se doivent de les satisfaire. On sait très bien au demeurant qu'il existe sur le marché des médicaments factices qui n'apportent rien de plus que leurs prédécesseurs. Ces laboratoires ne veulent pas accepter que leurs produits rentrent dans le domaine public une fois leur brevet expiré. D'où l'élaboration de médicaments similaires mais qui sont payés par les Français au prix fort.
 
notes

(1) ... C'est que le début, d'accord, d'accord" Francis Cabrel.

Réflexions sur les gens bien élevés. Contribution à une problématique développée par Alain de Benoist. (1)

Philippe Delbauvre  
Réflexions sur les gens bien élevés. Contribution à une problématique développée par Alain de Benoist. (1)
 
 
Alain de Benoist poursuit son chemin, entamé voici plus d'un demi-siècle. Il n' a pas eu les honneurs officiels dont vient de bénéficier Caroline Fourest (2) et ne les aura très probablement jamais. Ainsi en est-il aussi pour d'autres penseurs, situés cette fois ci à l'autre extrémité du segment politique. C'est ainsi que se voit confirmée la thèse justement posée par Alain de Benoist, opérant une distinction entre centre et périphérie, nouveau référentiel de la sphère politique française: dès lors où l'on est de la périphérie, on se trouve confronté au Système qui agit, comme il est intelligent de le faire, en imposant le silence: d'Alain de Benoist, il n'est jamais question alors que de Bhl presque toujours. J'en viens donc tout naturellement à remercier Frédéric Taddéi pour avoir, à de multiples reprises, dans son émission de télévision, invité Alain de Benoist, penseur malheureusement méconnu de la plupart des Français.

C'est une certaine peur qui me conduit à écrire cet article. Peur que la pensée d'Alain de Benoist puisse faire l'objet d'un contresens, comme cela fut aussi le cas pour Nietzsche (3) , les deux hommes ayant d'ailleurs, de très nombreux points communs.

Nietzsche fut au demeurant bien conscient du danger, lui qui écrivit que c'était bien dommage que ce qui était fort était bien souvent aussi, ce qui était bête et méchant, ce qu'il regrettait. Nul autre qu'Alain de Benoist n'a autant insisté sur le fait que les militants se devaient d'être particulièrement instruits. Les livres de ce penseur ont constitué et constituent encore, un nécessaire réarmement intellectuel pour la mouvance. Il est une revue connue, qui mérite lecture régulière, ayant pour nom Réfléchir et Agir (4). Et non Agir puis Réfléchir. Ce que beaucoup n'ont toujours pas compris... On sait depuis fort longtemps que le pouvoir tombe toujours dans les mains de ceux qui disposent du savoir et de l'information. Et si depuis de nombreuses décennies, nous n'avons toujours pas le pouvoir, ce n'est pas faute de ne pas avoir de mains...

Quant aux gens bien élevés, n'en doutons pas, Alain de Benoist en fait partie. Moi aussi d'ailleurs, le label «Vieille France» m'ayant dès le plus jeune âge été transmis. Ce n'est pas cette fois avec Nietzsche que la comparaison se doit d'être faite mais plutôt aux nationaux-révolutionnaires allemands des années 20. C'est ainsi que Stefan Breuer, dans un très bon livre intitulé, Anatomie de la révolution conservatrice (5), leur consacre un chapitre en étudiant leurs origines sociales: « Des bourgeois en peau de lion ». Et Ernst Jünger d'être le premier d'entre eux et peut être bien le plus représentatif. Thomas Mann (6) lui même, très réservé quant à la république de Weimar, écrira dans le cadre de ses « considérations d'un apolitique » un chapitre intitulé « bourgeoisisme et antibourgeoisisme ».

Prendre le bourgeois comme ennemi public numéro un, pourquoi pas ? Mais encore faudrait-il commencer par le définir. Dans un registre similaire, Wittgenstein faisait remarquer que les discussions entre athées et croyants ne pouvaient être que stériles tant qu'au préalable, on eût commencé par définir le terme de Dieu.

 
 
 
La seule erreur qu'a commise Alain de Benoist à mon très humble avis – quittons absolument le monde égalitaire des bisounours, facette majeure du Système, postulant l'égalité des hommes, Alain de Benoist étant objectivement très supérieur à moi – c'est d'avoir utilisé le terme de contre-révolutionnaire pour qualifier le manifestant standard de la manif pour tous. Le terme idoine à mon goût, étant celui de conservateur, dont Thierry Maulnier a écrit que c'était un mot qui commençait bien mal... Ce fut surtout le monde de la France des « gras du bide et lourds du cul », nullement descendants des frères De la Rochejaquelein.

D'ailleurs, la manif pour tous fut, surtout de par ses conséquences, une gigantesque courroie de transmission de l'Ump.
 
notes

(1) http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFZFllpFlFfNfDZNqL.shtml
(2) promu(e ?) chevalier des arts et des lettres: m'a donné l'envie de faire un c.a.p de chaudronnerie...
(3) Dossier à venir concernant le penseur suisse, j'y travaille depuis plusieurs semaines.
(4) http://www.reflechiretagir.com/ Disponible aussi sur Librad: http://www.librad.com/libfr/RVRA/Reflechir+&+Agir.html
(5) Broché: 260 pages, Editeur : Maison des Sciences de l'Homme.
(6) Broché: 480 pages, Editeur : Grasset; Édition : Nouv. éd (18 septembre 2002)

mercredi 10 juillet 2013

Elections municipales et européennes de 2014 : la branlée qu'on va leur mettre...

Philippe DELBAUVRE

Elections municipales et européennes de 2014 : la branlée qu'on va leur mettre...
 
 
( L'ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Fillon s'est inquiété des élections européennes de juin 2014, où les partis anti-européens «vont faire campagne de manière virulente» et pourraient faire un bon score. «Aujourd'hui, l'Europe est menacée de dislocation et pour moi c'est un enjeu essentiel», a-t-il dit, en estimant qu'il fallait «absolument se mobiliser» )(1).

Et bien sur, l'ancien premier ministre, au demeurant intellectuellement brillant, de ne pas se tromper.

A moins d'un an des échéances électorales, on peut déjà dresser un tableau de la situation telle qu'elle se présente aujourd'hui, mais aussi en extrapolant la conjoncture actuelle, en déduire ce que sera demain.

Tour d'horizon

L'extrême gauche: alors qu'elle avait le vent en poupe en 2002, ce au point d'obtenir 10% des suffrages lors du premier tour des élections présidentielles, elle a aujourd'hui presque disparu. Pourtant, ces marxistes de vocation, sont dans une situation optimale puisque justement le capitalisme est en crise. Paradoxalement, ils ont donc disparu des écrans radars et ce pour plusieurs raisons: la fin de la personnalisation du vote extrême gauche qui passait principalement par la sympathie naturelle qu'enfantaient les personnalités originales de Besancenot et Laguiller sont la conséquence de la disparition de ces deux acteurs politiques majeurs voici une dizaine d'années. On peut aussi ajouter à des fins d'explication de la quasi disparition de l'extrême gauche, la bêtise proverbiale des militants, par trop férus d'idéologie, ce qui répugne aux Français soucieux de résultats concrets. Lorsque à l'époque, la Lcr avait le vent en poupe, se transformant en Npa, ils furent nombreux et de bonne foi à le rejoindre, espérant la naissance d'un monde meilleur. Décontenancés par les discussions idéologiques et stériles des anciens de la Lcr, ils partirent...

La vraie gauche: Melenchon, qu'on l'aime ou pas, la représente. L'ancrage à gauche, avec toutes les caricatures idéologiques que cela présuppose, est ici marqué. Le problème du front de gauche, c'est qu'il repose uniquement sur la personnalité de son chef qui apparaît, malheureusement pour lui même s'il a sa part de responsabilité, comme fantasque aux yeux des Français. Plus grave, les études de sociologie politique montre que son électorat n'est nullement populaire alors que c'est justement celui-ci qui était de prime abord visé. Cela ne signifie nullement qu'il faille voir l'avenir de la structure en noir. Il faudra bien que l'électorat qui a porté François Hollande au pouvoir, suite aux désillusions qu'il est en train de connaître, se trouve une nouvelle auberge. Il ne faut pas sous-estimer un fait essentiel: bien des électeurs de gauche préfèrent voter pour le Front National plutôt que pour l'Ump. De même, et c'est évidemment encore plus flagrant, bien des électeurs Ump préfèrent voter pour le Front National plutôt que pour la gauche. Le Front National recueille ici les bénéfices de son refus de choisir entre droite et gauche, se déclarant français. Alors, cet électorat hollandiste, logiquement déçu ira ailleurs, dont une partie vers le front de gauche. C'est ainsi que François Hollande va être atteint du syndrome Jospin: à faire une politique considérée comme pas assez à gauche, son électorat va se déporter vers le front de gauche, les écolos et l'extrême gauche. L'idée que François Hollande, de nouveau candidat en 2017 puisse être absent du second tour est à prendre en considération.

« Nos amis les bêtes »: Parce que bêtes ils le sont vraiment... La candidature et la campagne d'Eva Joly sont ici éclairantes. Ce qu'eurent du faire les écologistes, c'est prôner le courant environnementaliste qui n'est ni de droite et de gauche, et ainsi ratisser très large. A titre d'exemple, c'est Nicolas Hulot qui eut du être choisi en 2012, parce que personnage humainement aimé par les Français, qui eut alors réalisé très probablement un bon score. Las, ce sont les idéologues qui ont triomphé, assez facilement d'ailleurs, idéologues dont les Français ne veulent justement plus, ce, quelle que soit leur tendance. A moins donc, d'une prise réelle de conscience, les écolos vont dans l'avenir végéter.

Le centre: il représente, et c'est là une constante en France, environ 15% de l'électorat. On comprend donc très bien pourquoi que depuis le début de la cinquième république, aucun candidat centriste n'ait été élu à la présidentielle. Comme de surcroît, il se partage désormais entre deux hommes, Bayrou et Borloo, l'avenir est assez sombre pour eux. Pour autant, l'élection européenne est pour eux majeure, européistes qu'ils sont. Encore faudrait-il savoir combien de listes seront constituées, ce que nous ne savons toujours pas à ce jour. Bayrou ne recueille nullement les bénéfices de son positionnement atypique préférant le Ps à l'Ump, démocrate chrétien d'origine qu'il est: je crains pour lui qu'il ne soit désormais politiquement fini, ne serait-ce qu'en raison de son trop important nombre de candidatures, vieux qu'il apparaît donc aujourd'hui...

L'Ump : elle n'est à l'évidence pas en joie actuellement. Les difficultés qu'elle connaît, aussi bien en matière de recrutement de candidats que de d'équilibre financier, sont à ce titre emblématiques. Le désamour des militants parisiens, ne renouvelant pas leur adhésion, aussi. La guerre entre Fillon et Copé semble avoir disqualifié les deux hommes, Sarkozy et Nkm tirant les marrons du feu. Et le choix viscéralement européen de l'Ump, comme du centre d'ailleurs, ne va pas les gratifier aux yeux des Français, de plus en plus opposés à Bruxelles, la dernière déclaration provocatrice de Barroso ne les ayant pas aidé.

Le Front: parti de 10% en 1984, il a désormais franchi la barre, à l'échelle nationale, des 20%. Par voie de conséquence, sa présence au second tour est désormais, bien davantage qu'une simple probabilité. Les derniers scrutins le montrent d'ailleurs. Le slogan de Coluche, « un pour tous, tous pourris » fait maintenant des ravages, de plus en plus de Français l'ayant adopté. A force de voir alterner des gouvernements de droite et de gauche pratiquant la même politique, les Français sont écoeurés. Et fatalement, le Front National, tant insulté et diffamé par la gauche comme par la droite, se trouve aujourd'hui de facto valorisé par réaction. A titre d'exemple la dernière élection de Villeneuve-sur-Lot est assez révélatrice. Les voix qui se sont reportées au second tour sur le candidat du Front National sont issues aussi bien des terroirs de droite et de gauche. Là encore, la stratégie «ni droite, ni gauche» du Front paie. Au sujet des européennes à venir par exemple, ils ne sont vraiment pas nombreux les partis à être viscéralement anti-européens et il y a matière à en déduire puisqu'il s'agit d'Europe, que le Front devienne la bouée de secours et le refuge de tous les eurosceptiques. Au sujet des municipales, le sujet est plus complexe, au motif des deux tours qui implique un report des voix. Si l'idée du splendide isolement est théoriquement séduisante, elle risque de différer la victoire du Front National, dont il faut bien admettre au motif de la situation catastrophique dans laquelle se trouve notre pays – les problèmes majeurs sont en plus devant nous – qu'elle est désormais vitale pour notre pays. A titre d'exemple, le Front pourrait de facto sanctionner les candidats de droite comme de gauche, qui ont fait preuve d'une haine marquante à son encontre. A titre d'exemple, Nkm candidate à Paris, qui par haine du Front National, n'a pas hésité à commettre un livre, mensonger d'ailleurs, se doit à mon avis, d'être sanctionnée. Réciproquement, des alliances locales ponctuelles peuvent être nouées dans le cadre d'un second tour, aussi bien avec des candidats de gauche que de droite, à condition que ceux-ci aient fait preuve de respect envers le Front National et qu'ils aient de la gestion des villes une approche positive. D'ailleurs, ces alliances locales ponctuelles, dans la mesure où elles s'opéreront avec droite et gauche, renforceront chez les Français que le Front est honnête quant à son refus de la bipolarisation. Quant au candidats battus en raison du positionnement du Front, ils comprendront très vite la leçon.

L'essentiel n'est-il pas que cela soit la France qui gagne ?

notes

(1) http://www.20minutes.fr/politique/1183589-20130703-juppe-candidat-ump-a-presidentielle-on-verra#xtor=EPR-182-[welcomemedia]--[article_politique]--

L'été sera chaud


Philippe DELBAUVRE

L'été sera chaud
 
 
L'actuel gouvernement qui aime à se qualifier de gauche ne fait nullement consensus – litote pudique dans son propre camp. A titre d'exemple, la réforme à venir concernant les retraites mobilise les acteurs sociaux, hommes ou syndicats. En première ligne et on n'en sera pas surpris, la Cgt, soucieuse de montrer aux salariés français, sa pugnacité.

Le phénomène est d'ailleurs général puisqu'il n'est pas du tout de l'intérêt des syndicats que de s'aplatir devant un gouvernement, quelle que soit son étiquette. C'est ainsi que même la Cfdt, syndicat modéré et d'une certaine façon allié à l'actuel gouvernement, ne peut laisser passer la réforme sans protester, sous peine de passer aux yeux des Français comme politiquement corrompu. Pour autant, cette structure syndicale progressiste joue sur les deux tableaux puisqu'il se veut l'interlocuteur privilégié du gouvernement, prônant le dialogue et la bienveillance. Soucieuse cependant de montrer, elle aussi, sa volonté de défendre les salariés, elle a par l'intermédiaire de son chef Laurent Berger, fait savoir au chef de l'État, François Hollande, que deux principes mis en cause constitueraient un casus belli: « Le report de l'âge de départ à la retraite » et « Une baisse des pensions ». On sait aussi que la Cfdt fait l'apologie d'une retraite à la carte, les modalités de celles-ci étant choisies par chacun des salariés. Autre différence d'avec la Cgt, la Cfdt officie surtout dans les petites structures d'entreprises, là où la centrale de Montreuil opère dans les grandes entreprises, à commencer par l'Etat.

Il existe donc une lutte entre Cgt et Cfdt afin d'être la première centrale en France, les deux organisations se situant au coude à coude à hauteur de 26%. Les syndicats, au même titre que la plupart des partis politiques, pratiquent des coups fourrés et glissent des peaux de banane sous les pieds de leurs concurrents. On peut donc prévoir que la Cgt fera tout pour montrer aux salariés la collusion entre la Cfdt et le gouvernement et de la même façon, la Cfdt tentera d'expliquer aux Français la non crédibilité de la Cgt sachant ses revendications par trop extrémistes. Quoiqu'il en soit, les deux centrales syndicales montreront leur opposition à toute forme de réforme par trop poussée du régime des retraites. Le fait est d'autant plus grave pour l'actuel gouvernement que les deux organisations sont de gauche. La critique majeure donc, est issue du propre terroir idéologique de la majorité.

En pointe de la contestation, la Cgt a déjà indiqué qu'une journée d'action ainsi que quatre meetings se dérouleraient en septembre. Elle a aussi indiqué et prôné l'unité syndicale, se voulant le fer de lance de l'opposition à la réforme du gouvernement. Ce dernier est d'autant plus en danger qu'aussi bien la Fsu que solidaires ont déjà donné leur approbation. Ne reste plus qu'à fixer la date de la manifestation. Au sujet de Force ouvrière, son secrétaire confédéral Yves Veyrier, a fait savoir sa volonté de rentrer en contact avec les autres centrales. Il a aussi fait savoir qu'il s'opposait à l'allongement de l'augmentation de la durée de cotisation alors que justement, et c'est inquiétant pour lui, c'est une des initiatives phares du gouvernement. Même la CFTC et la CFE-CGC, pourtant modérées, semblent désormais prêtes à rentrer dans la danse puisqu'en date du 5 septembre, elles rencontreront les autres syndicats.

Le mois de septembre sera donc particulièrement important puisque c'est celui où on pourra tester le rapport réel entre acteurs sociaux de gauche et gouvernement de même orientation. Le plus souvent, les syndicats ne se mobilisent vraiment que lorsqu'ils sont confrontés à un gouvernement de droite. Rien n'indique que cela va durer....

samedi 6 juillet 2013

Récession !


Philippe Delbauvre   



Par l'intermédiaire d'une des toutes dernières publications de l'insee, on sait désormais ce que l'on ne faisait que sentir auparavant:La France est dorénavant en récession, ce depuis les deux derniers trimestres (fin 2012 et début 2013). C'est ainsi que le produit intérieur but a chuté de 0,2% aussi bien fin 2012 que début 2013. Si d'aventure le phénomène venait à perdurer lors des prochains trimestres, on pourrait alors évoquer une tendance lourde.

Déjà sur l'ensemble de l'année 2012, les résultats n'avaient pas été bons puisque la croissance l'année dernière fut nulle. On sait la volonté des gouvernements de ne surtout pas «désespérer Billancourt» et d'annoncer presque toujours des prévisions bien plus favorables que ce que l'avenir finit par nous apprendre. L'effet boule de neige est assez facile à comprendre: de mauvaises prévisions annoncées par un gouvernement se traduisent par la morosité des Français qui, par réaction, diffèrent leurs achats en épargnant. On ne s'étonnera donc pas que les Français aient de nouveau augmenté leur épargne, celle ci se situant désormais à 16%. D'où la spirale... Le gouvernement a donc décidé de tabler sur une hausse du produit intérieur brut à hauteur de 0,1% pour 2013. Outre que c'est là bien peu, l'insee affirme elle, une diminution de 0,1% du produit intérieur brut.Or, on sait par expérience, qu'il vaut beaucoup mieux croire l'insee parce que bien plus neutre, que les gouvernements nécessairement politisés.

Si la consommation des ménages est en berne, l'investissement des entreprises ne l'est pas moins. On peut comprendre que la grande aventure ainsi que la prise de risque ne constituent pas la priorité dès lors où l'activité est en panne. Dans les entreprises, comme c'est aussi le cas chez les Français, la tendance est donc à l'attente en espérant des jours meilleurs. Ce n'est bien sur pas ce type de comportement économique qui va sortir le pays de l'ornière dans lequel il se trouve. Si le climat économique actuel ne favorise pas l'activisme des entreprises, il faut bien admettre aussi que la faiblesse de leurs marges, conséquence de la concurrence sauvage choisie par les différents gouvernements, ne leur facilite pas la tâche.

Autre voyant au rouge, le commerce extérieur, n'obtient pas de résultats meilleurs, lui qui a souffert d'une baisse des importations dans certains pays comme le Royaume Uni ou l'Allemagne. Pour noircir davantage le tableau, les importations ont augmenté dans le même temps, creusant la balance.

Les prévisions transmises par l'insee sont d'autant plus inquiétantes qu'elles sont corrélées, aussi bien par le Fmi que par la commission européenne.

On ne peut dans de telles conditions qu'admettre que lorsque François Hollande a fait preuve d'optimisme le jeudi 20 juin au palais d'Iéna, lors de son discours d'inauguration de la deuxième conférence sociale de son quinquennat, il s'est moqué du monde. Le chômage n'est-il pas censé d'ailleurs, selon les prévisionnistes, dépasser bientôt le seuil de 11% ?

mercredi 3 juillet 2013

Mensonge et désinformation sont les deux mamelles du Pouvoir...


Photo 009.jpgPieter Kerstens
Plus précisément, désinformation, intoxication, subterfuge, mensonge, tromperie ou machination sont les outils de la ruse, une très vieille histoire. Souvenons-nous du cheval de Troie.
Plus près de nous, on se rappellera que le 3 avril 1943, à Katyn, les militaires allemands exhument les corps d’officiers polonais exécutés en 1940 par le NKVD sur ordre de Staline et du Politburo du Comité Central du Parti Communiste d’Union Soviétique, daté du 5 mars 1940. Trois commissions d’enquête et un film tourné entre le 10 avril et le 3 juin 1943 attestent de ce crime communiste. La désinformation anglo-américano-franco-soviétique tourne à plein régime et ce crime imprescriptible, selon la convention sur le génocide adopté par l’ONU en 1948, ne sera largement publié et porté à la connaissance du grand public qu’à  la fin des années 90.
Intox encore, fin mai 1944 : opération FORTITUDE dans le Kent avec faux camions, faux chars, faux canons et des milliers de tentes et de réchauds de cuisine, destinés à tromper les armées allemandes vers un faux débarquement dans le Pas-de-Calais (juste en face).  Bingo, Hitler tombe dans le panneau !
Désinformation permanente toujours, organisée et mise en œuvre par le Parti Communiste Chinois du 1er Octobre 1949 à aujourd’hui, mais plus particulièrement durant le règne de Mao-Tsé-Toung : « La longue marche » en 1934-35, la campagne des « Cent Fleurs » en 1956, le « Grand Bond en avant » en 1958, la « Révolution Culturelle » en 1966, avec la promotion du petit Livre Rouge, sont autant d’épisodes sanglants, vantés hier à la gloire du « Grand Timonier » avec la complicité des intellectuels collaborateurs-bourgeois de la caste politico-médiatique européenne. Aujourd’hui, les LAOGAIS (1.447 camps dans 33 provinces chinoises) continuent à être utiles au régime pour y parquer les « déviationnistes » et les « brigands ». RIEN n’a changé dans l’Empire du Milieu et à lui tout seul, le P.C.C est coupable de plus de 60 millions de victimes !
En décembre 1989, après la destitution de Nicolas Ceausescu, le monde entier sanglote en voyant les images du « charnier de Timisoara » et le chiffre de 4.632 victimes est avancé : grossier mensonge ! En vérité, il n’y en a pas une cinquantaine. Plus fort, on nous a montré les images d’un homme et les cadavres d’un nourrisson et d’une femme : l’homme qui pleure sur le corps du bébé, n’est pas son père et l’enfant est décédé de mort subite ; la femme mise en scène n’est pas l’épouse de l’homme, ni la mère du bébé et elle est morte d’une cirrhose du foie ! ! !  MANIPULATION et MYSTIFICATION ! !
Quelques mois plus tard, l’armée irakienne envahi le Koweït, le 2 août 1990 (territoire libéré en Février 1991). Le 10 octobre, une prétendue Nayirah déclare devant le Congrès américain qu’elle a vu les soldats irakiens entrer dans la maternité, arracher les bébés des couveuses et leur écraser la tête contre les murs… En réalité, le témoin est la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington et RIEN n’est vrai dans tout ce qu’elle raconte pour une campagne de désinformation qui a coûté 10 millions de dollars et destiné à tout mettre en œuvre pour une future intervention militaire américaine.
Durant la 2ème guerre du Golf, la tromperie s’est encore surpassée. Le 5 février 2003, le show devant le Conseil de Sécurité de l’ONU est assuré par Colin Powell, secrétaire d’Etat  américain et ancien chef d’état-major de l’US Army. Tout y passe : les arguments « irréfutables » fondés sur des informations « sûres et fiables » et aussi des renseignements  de « première main ». Et le clou de la représentation est un tube d’anthrax utilisé par les terroristes, brandit par Colin Powell, avant la projection de l’image d’un tube d’aluminium prouvant que les Irakiens enrichissent de l’uranium en vue de fabriquer un jour une bombe atomique…Les honorables représentants au Conseil de Sécurité en restent bouche bée. Mais ne croient pas un mot de ce qu’ils viennent d’entendre : l’Amérique n’arrivera jamais à rassembler les 9 voix nécessaires pour une résolution sous chapitre 7 autorisant à utiliser la force.
Car l’exposé de Colin Powell est un pur montage de bric et de broc. TOUT EST BIDON, les « preuves » en carton-pâte. Les fameux camions labos « bactériologiques » ne sont que des véhicules logistiques de ballons-sondes météos. Les bases « d’armes chimiques » ne sont que des déchetteries. Et le comble est que le fameux rapport « accablant » de 19 pages, distribué aux parlementaires 2 jours auparavant, n’est qu’une thèse de 3ème cycle publiée en 1991 par un irako-américain Ibrahim Al-Marashi, mais présentée comme un rapport britannique « irréfutable ». Le pot aux roses est dévoilé dès le 7 février et Tony Blair a dû  s’en excuser.  Précisons que  Colin Powell avait déjà lu quelques jours avant son intervention devant le Conseil de l’ONU, le rapport rédigé par Lewis Libby, (directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney) et avait conclu : « c’est de la merde » ; c’est pourquoi il a exigé que George Tenet -patron de la CIA- soit à ses côtés, pour ne pas porter seul le chapeau…TOUT EST FAUX ! Car ces va-en-guerre mentent, cyniquement, délibérément ; ils estiment que la fin justifie les moyens. Et après les attentats du 11 septembre 2001, Paul Wolfowitz, numéro 2 du département de la Défense, avait déjà créé une officine chargée de recueillir toutes les dépêches d’agences pour ne retenir et diffuser que celles qui pouvaient amener les naïfs à croire que l’IRAK possédait des armes de destructions massives, malgré les centaines d’inspections de l’ONU qui prouvaient le contraire.
Paul Wolfowitz a d’ailleurs reconnu, bien plus tard : « ce thème des armes de destruction massive a été retenu, parce que c’était le seul sur lequel nous pouvions tous tomber d’accord » ! ! !
Alors, méfiez-vous du poids des mots et du choc des photos ! TOUT se manipule, se travestit et se transforme…selon les intérêts en jeu.
Avec le « Printemps arabe », la « Révolution de Jasmin », les manifestations  en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen, à Bahreïn, la guerre au Mali, et maintenant la rébellion en Syrie, la « propaganda-staffel » américano-sioniste déverse ses mensonges grâce à la complicité des medias aux ordres.
En France, au mois de  juin, l’Assemblée Nationale a observé une minute de silence à la mémoire de Clément Méric, « tué par le fââââchisme »…alors même que la réalité des faits oblige aujourd’hui la classe politique, médiatique et culturelle a reconnaître que ce militant gauchiste était l’agresseur et qu’il est mort accidentellement. En état de légitime défense, Estéban, la cible de Meric, croupit injustement dans les geôles de la gueuse. Une fois encore, le Pouvoir a utilisé la désinformation pour tromper le public.
Comme l’écrivait Paul VALERY : « Le mensonge et la crédulité s’accouplent pour former l’opinion »

Panorama du Moyen-Orient


George Corm et Sixtine de Thé 

Panorama du Moyen-Orient

George Corm, économiste libanais, est un des éminents spécialistes du Moyen-Orient et de la Méditerranée. Outre son statut de consultant économique et financier international, il est professeur depuis 2001 à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, dans le cursus des sciences politiques. Ses ouvrages les plus célèbres sont L’Europe et l’Orient (La Découverte) ; Orient-Occident, la fracture imaginaire (La Découverte) ; La question religieuse au XXIè siècle (La Découverte) ; Le nouveau gouvernement du monde, idéologie, structures, contre-pouvoirs (La Découverte) ; Pour une lecture profane des conflits (La Découverte) ; Le Proche-Orient éclaté 1956-2012, 2 volumes (Folio/histoire). Ils sont traduits en plusieurs langues.

Le Moyen-Orient est en pleine recomposition. Comment expliquez-vous cette évolution ? Etait-elle en germe, et depuis quand ?

Il y a beaucoup d’observateurs qui pensent en effet que nous sommes dans l’ère de la fin des accords franco-britanniques dits Sykes-Picot (1916) qui ont balkanisé ce qu’on appelait, au début du siècle passé, les provinces arabes de l’Empire ottoman. Ou d’autres qui parlent de période de transition de régimes autoritaires vers des régimes de type démocratique. Je pense que dans les deux cas, nous sommes loin de tels scénarios. En effet, la remise en cause des Etats existants paraît quand même assez difficile, sauf à généraliser des situations de chaos partout. Si nous prenons le modèle syrien, ou éventuellement le modèle libyen où il y a emploi massif d’armes venues de l’extérieur, à la limite on peut dire qu’il y a des zones d’influences qui se mettent en place sous l’égide des grands acteurs régionaux et internationaux. Mais enfin je ne vois pas d’Etats disparaître de la carte et de nouveaux Etats être créés et reconnus, comme cela a pu être le cas avec l’ex-Yougoslavie. Probablement si nous étions en contact géographique direct avec l’Europe, ceci aurait pu arriver, mais sur l’autre rive de la Méditerranée cela paraît quand même nettement plus difficile. D’un autre côté, pour ce qui est de la transition vers la démocratie, le problème qui se pose aujourd’hui est essentiellement celui de la nature des mouvances islamiques sur lesquelles les milieux européens et américains ont misé depuis bien des années. Ces mouvances, trop souvent idéalisées, ont désormais montré leur vrai visage, celui d’un autoritarisme et d’un désir de contrôle des libertés individuelles.

Nous avons donc un problème aigu, important, qui va déterminer l’avenir : est-ce que les mouvances de type modernistes, laïques ou attachées aux libertés individuelles et qui refusent le référent religieux dans le fonctionnement d’un système politique vont pouvoir s’affirmer face aux mouvances islamiques ? On peut être inquiet si l’on prend en compte le fait que ces dernières jouissent jusqu’ici de l’appui total de l’Occident et qu’elles bénéficient en outre de très importants financements en pétrodollars, en provenance des royautés et émirats pétroliers alliés des Etats-Unis et de l’Europe. Ce sera donc une très longue bataille, très intéressante. C’est cette bataille qui va décider du sort du monde arabe et de la possibilité pour ces pays arabes d’établir non seulement de véritables règles démocratiques, mais aussi une véritable indépendance par rapport aux forces régionales et internationales.

Concernant la crise syrienne, de nombreux acteurs sont impliqués (Qatar, Arabie Saoudite, Turquie, Israël). Pourquoi ?

Mais vous avez oublié dans cette liste la France, l’Angleterre, les Etats-Unis ! J’ai eu l’occasion d’expliquer dans diverses interviews que dès le départ, il y a une différence fondamentale entre la révolte syrienne et ce qui s’est passé en Tunisie, en Egypte et au Yémen. En Syrie, vous aviez un malaise rural important depuis 2007, du fait d’une série d’années de sècheresse, puis du fait que le gouvernement a voulu faire plaisir au Fonds Monétaire International et aux pays occidentaux, et qui s’est mis à supprimer pas mal des subventions dont jouissait l’agriculture. Les observateurs de terrain en Syrie savaient que le monde rural, autrefois très privilégié par le régime et qui avait longtemps constitué sa base essentielle, commençait vraiment à connaître un état de mécontentement grandissant.

Quand vous regardez où ont eu lieu les manifestations en Syrie, quelle était la composition sociale des manifestants et quel était leur nombre, on voit bien qu’ils étaient des ruraux pauvres dans des régions rurales pauvres périphériques, situées aux frontières avec la Jordanie et la Turquie. Les images parlaient d’ailleurs d’elles-mêmes. Elles contrastaient avec les grandioses manifestations de masse, tunisiennes, yéménites ou égyptiennes, où tous les groupes sociaux et toutes les classes d’âge étaient au rendez-vous. On a très vite assisté à l’arrivée d’armes aux mains des groupes d’opposants qui se sont constitués sur le terrain. De plus, il y a eu le déchaînement d’une guerre médiatique absolument spectaculaire contre le régime syrien. Or, les manifestations de masse en Syrie ont eu lieu en faveur du régime et contre l’opposition armée ; dans ces manifestations on a vu toutes les classes sociales, tous les groupes d’âge et de très nombreuses femmes…

C’est donc une différence absolument fondamentale par rapport aux autres situations de révoltes dans le monde arabe. Par ailleurs, l’armée ne s’est nullement effondrée et elle a fait face avec de plus en plus de détermination et de violence à l’arrivée, de l’international, de combattants qu’on appelle à tort Djihadistes, parce que lorsque des musulmans tuent d’autres musulmans, cela n’est pas un djihad. On a donc eu en Syrie un scénario qui s’est mis en place qui est en train d’aboutir à une destruction systématique de la société syrienne et de sa richesse matérielle (infrastructures, habitations, potentiel industriel). C’est une répétition de ce que la communauté internationale a fait subir à l’Irak et demain nous verrons – comme cela s’est passé en Irak ou auparavant au Liban – que sous prétexte de reconstruction, le pays sera pillé par des grosses entreprises de BTP arabes ou turques ou internationales. On a déjà vu cela au Liban où, au sortir des quinze ans de violence entre 1975 et 1990, le pays a été enfoncé dans une dette invraisemblable et où après vingt-deux ans de reconstruction il n’y a toujours pas d’eau ou d’électricité courantes ! Et en Irak, malgré son énorme richesse pétrolière, les grandes infrastructures d’eau et d’électricité ne sont toujours pas complètement reconstruites. Il faut donc s’attendre à un même scénario en Syrie.

Par ailleurs, il faut bien voir que les données internes syriennes sont tout à fait secondaires dans le conflit, car la Syrie est devenue un champ d’affrontement colossal entre, d’un côté les deux grandes puissances montantes, la Chine et la Russie, ainsi que l’Iran, et de l’autre les pays occidentaux, l’OTAN… dont le but est très clairement de faire sauter les derniers verrous anti-israéliens de la région, ces derniers verrous étant essentiellement constitués de l’axe Iran-Syrie-Hezbollah qu’on appelle, pour le dénigrer et pour donner dans le sensationnel, « l’arc chiite ». Beaucoup d’analyses se font à base de sensationnel communautaire qui est instrumentalisé pour faire croire que le conflit est entre chiites et sunnites à l’échelle régionale, alors qu’il s’agit d’un problème de géopolitique très profane. Il y a aussi des considérations pétrolières et gazières qui entrent en jeu.

Pensez-vous qu’un embrasement régional pourrait avoir lieu dans le contexte de la crise syrienne, notamment au Liban ?

Déjà en 2007, dans la revue Futurible, j’avais évoqué un scénario de troisième guerre mondiale éventuelle, déclenchée autour la question du développement de la capacité nucléaire iranienne. Car les passions anti-iraniennes étaient déjà d’une virulence peu commune qui n’a pas baissé de registre. Le reproche fait à l’Iran étant sa rhétorique anti-israélienne et surtout son aide au Hezbollah libanais passant par la Syrie. Aussi, l’axe Iran, Syrie, Hezbollah est-il considéré depuis des années comme à abattre dans les milieux de l’OTAN. Or, il faut bien voir que même si cet axe est réduit ou affaibli ou disparaît, il rebondira ou sera reconstitué différemment, et ceci tant que l’Etat israélien continuera de se comporter comme il se comporte vis-à-vis des Palestiniens qui continuent d’être dépossédés de ce qu’il leur reste de terre, mais aussi vis-à-vis des Libanais qu’ils ont énormément fait souffrir entre 1968 (date du premier bombardement contre le pays) et 2000, lorsque l’armée israélienne est forcée de se retirer du pays après 22 ans d’occupation, puis tente en 2006 de supprimer le Hezbollah par une série de bombardements massifs qui durent 33 jours.

On a déjà assisté, à plusieurs reprises, à l’espoir d’avoir « débarrassé » le Moyen-Orient des forces hostiles à la domination israélo-américaine de la région. Ils ont tous été déçus. Cela a été le cas lors de la seconde invasion du Liban par Israël en 1982, qui a abouti à l’exil de l’OLP en Tunisie et dans d’autres pays loin des frontières israéliennes. Puis, cela a été le cas avec la conférence de Madrid et les accords israélo-palestiniens d’Oslo en 1993. Enfin cela a recommencé avec l’invasion de l’Irak en 2003 qui a fait penser que le Moyen-Orient serait en paix grâce à l’élimination de Saddam Hussein. C’est pour cela que je parle des « passions » américaines et européennes en faveur d’Israël, qui empêchent toute possibilité raisonnable de rendre aux Palestiniens leurs droits. Tant que cette situation n’est pas réglée conformément aux lois internationales, et non pas par la force, le Moyen-Orient va rester en ébullition avec tous ces risques d’affrontements dont nous parlons, et qui peuvent effectivement s’embraser.

Ceci dit, il faut bien voir que dans ces passions, la folie n’est pas totale, c’est-à-dire que les Etats-Unis, après des déploiements militaires qui leur ont coûté énormément (Afghanistan et Irak) et où curieusement ils ne sont pas venus à bout de Al Qaïda, n’ont plus envie d’aventures militaires extérieures. Ce qui est une bonne chose. Maintenant, ils ont trouvé des relais régionaux qui sont notamment la Turquie, qui avait l’air prête à se battre jusqu’au bout contre la Syrie, quatre ans seulement après avoir signé des accords de coopérations, d’amitiés, de fraternité, de libre échange avec ce pays. Ils ont trouvé également les pétrodollars qui financent les armées de combattants venus de l’extérieur.

L’on s’attendait, dans ces Etats intervenants extérieurs, à ce que l’armée syrienne s’effondre rapidement et tout le régime avec. Mais cela n’est pas arrivé, à la surprise générale de tous ceux qui connaissaient très mal le contexte syrien. Et aujourd’hui, l’armée semble reprendre le dessus militairement. Toutefois, tant que le gouvernement syrien ne pourra pas contrôler ses frontières, qui sont très longues avec la Turquie, l’Irak, la Jordanie et le Liban, les combats et la destruction de la Syrie vont continuer. Quant à ce projet de conférence à Genève, ce n’est qu’un mauvais théâtre. Il me rappelle celui d’il y a quarante ans, lorsque les soviétiques réclamaient une conférence internationale sur la Palestine à laquelle ils se seraient associés. Or, il n’y a eu qu’une seule séance orpheline d’apparat, les Américains et les Israéliens ne souhaitant pas accorder de l’influence à l’URSS dans ce conflit. Donc je suis très sceptique face à ce projet de conférence. Jusqu’ici, nous voyons des rencontres américano-russes sur la Syrie pour organiser une conférence entre les parties au conflit, mais sitôt la réunion terminée, les déclarations des parties au conflit contredisent la volonté d’apaisement.

Concernant les retombées sur le Liban, elles sont très intéressantes. Le gouvernement libanais a prétendu sagement vouloir rester neutre dans le conflit syrien. Ceci en application du slogan qui existe depuis des années : « le Liban d’abord ». Il s’agit d’ailleurs d’un slogan que même l’OLP avait adopté après sa sortie de Beyrouth en 1982 en vertu duquel « la Palestine d’abord ». On le trouve aussi en Irak après l’invasion américaine et on l’entend dans les milieux de l’opposition syrienne. Or, l’on a vu combien ce slogan a abouti à affaiblir les dirigeants de l’OLP qui sont impuissants devant la colonisation, mais à affaiblir aussi l’Irak.

Au Liban, ceux qui ont porté ce slogan ne l’appliquent pas, puisqu’ils sont les premiers à s’impliquer militairement par l’envoi de combattants dans la situation syrienne, de même que le Hezbollah le fait, l’arrivée de son armement dépendant largement de la survie du régime syrien, et donc aussi à terme sa propre survie. C’est pourquoi je pense que l’insécurité va demeurer sur toutes les zones géographiques libanaises limitrophes à la Syrie, puisque les combattants vont et viennent. Tout cela alors que l’armée israélienne est toujours surpuissante et a vraisemblablement des velléités d’intervenir à nouveau au Liban dans l’espoir de réussir à faire disparaître le Hezbollah. Cependant, je ne pense pas que l’insécurité va se propager sur tout le territoire. Certes, il y a à Saïda ce cheikh salafiste, radical et anti-Hezbollah qui veut faire le coup de feu contre ce parti. Il est brusquement apparu sur la scène libanaise depuis un an, vraisemblablement financé par les pétrodollars saoudien ou Qatari. La ville de Saïda connaît donc une période troublée, mais dans l’ensemble, la population de la ville est calme, à l’inverse de la ville de Tripoli, qui peut se laisser gagner par le radicalisme islamique. Par contre, plus inquiétant est le délitement des institutions de l’Etat. Mais le Liban sait s’autogérer.

Que pensez-vous de la situation du pouvoir hachémite en Jordanie ?

Je crois que les Israéliens doivent continuer à se gratter la tête : faut-il essayer de faire un Etat palestinien en Transjordanie, ce qui est un vieille idée d’Ariel Sharon pour régler le problème palestinien, et ce qui permettrait du même coup d’expulser les Palestiniens restés dans ce qui est devenu le territoire d’Israël. Ou bien faut-il mieux conserver cet allié fidèle des Etats-Unis qu’est la monarchie jordanienne, qui garantit la sécurité de la frontière avec Israël. Mais comme je ne suis pas dans le secret de la pensée stratégique israélienne, je n’ai pas de réponse.

Après le deuxième mandat de Barack Obama, voit-on un repositionnement de la politique américaine concernant le Moyen-Orient ?

Non, quand on regarde les Etats-Unis et qu’on cherche à déterminer leurs objectifs principaux, on constate ceci : un, la sécurité d’Israël, et donc qu’Israël puisse continuer de coloniser comme elle le fait depuis 1967. Deux, empêcher l’Iran d’avoir l’armement nucléaire. Dans le sillage évidemment, démanteler l’axe Iran-Syrie-Hezbollah, et ce toujours pour la sécurité d’Israël. Et puis, le contrôle des routes d’approvisionnement pétrolier, et le maintien de l’hégémonie que l’Europe a eu puis que les Etats-Unis ont de concert avec l’Europe sur toute cette zone hautement stratégique pour l’économie et la géopolitique mondiales. C’est très simple à décrypter. Quand Barack Obama a fait son célèbre discours au Caire en 2009, il était dans la droite ligne de la politique américaine traditionnelle, il n’en a pas bougé d’un iota. Ce n’est pas le fait d’inclure la citation de deux versets du Coran dans le texte du discours qui exprime un changement de politique, ce que peut être certains ont naïvement pensé ! Mais simplement les Etats-Unis, comme je disais, sont aujourd’hui beaucoup plus prudents, et cet Etat n’a pas envie de nouvelles aventures militaires extérieures, ce qui est le facteur qui calme le jeu. En tous cas, entre la politique du président George W. Bush et celle de Barack Obama, les mêmes constantes sont affirmées. Lors de son récent voyage en Israël, ce dernier a prononcé des paroles inconditionnellement favorables à l’Etat d’Israël et à sa politique, comme l’ont fait tous les présidents successifs, à l’exception d’Eisenhower et plus accessoirement George Bush père et son ministre des Affaires étrangères, James Baker, qui a protesté énergiquement contre la continuation de la colonisation et a même annulé des aides américaines à l’Etat d’Israël.