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jeudi 18 juillet 2013

Réflexions sur les gens bien élevés. Contribution à une problématique développée par Alain de Benoist. (1)

Philippe Delbauvre  
Réflexions sur les gens bien élevés. Contribution à une problématique développée par Alain de Benoist. (1)
 
 
Alain de Benoist poursuit son chemin, entamé voici plus d'un demi-siècle. Il n' a pas eu les honneurs officiels dont vient de bénéficier Caroline Fourest (2) et ne les aura très probablement jamais. Ainsi en est-il aussi pour d'autres penseurs, situés cette fois ci à l'autre extrémité du segment politique. C'est ainsi que se voit confirmée la thèse justement posée par Alain de Benoist, opérant une distinction entre centre et périphérie, nouveau référentiel de la sphère politique française: dès lors où l'on est de la périphérie, on se trouve confronté au Système qui agit, comme il est intelligent de le faire, en imposant le silence: d'Alain de Benoist, il n'est jamais question alors que de Bhl presque toujours. J'en viens donc tout naturellement à remercier Frédéric Taddéi pour avoir, à de multiples reprises, dans son émission de télévision, invité Alain de Benoist, penseur malheureusement méconnu de la plupart des Français.

C'est une certaine peur qui me conduit à écrire cet article. Peur que la pensée d'Alain de Benoist puisse faire l'objet d'un contresens, comme cela fut aussi le cas pour Nietzsche (3) , les deux hommes ayant d'ailleurs, de très nombreux points communs.

Nietzsche fut au demeurant bien conscient du danger, lui qui écrivit que c'était bien dommage que ce qui était fort était bien souvent aussi, ce qui était bête et méchant, ce qu'il regrettait. Nul autre qu'Alain de Benoist n'a autant insisté sur le fait que les militants se devaient d'être particulièrement instruits. Les livres de ce penseur ont constitué et constituent encore, un nécessaire réarmement intellectuel pour la mouvance. Il est une revue connue, qui mérite lecture régulière, ayant pour nom Réfléchir et Agir (4). Et non Agir puis Réfléchir. Ce que beaucoup n'ont toujours pas compris... On sait depuis fort longtemps que le pouvoir tombe toujours dans les mains de ceux qui disposent du savoir et de l'information. Et si depuis de nombreuses décennies, nous n'avons toujours pas le pouvoir, ce n'est pas faute de ne pas avoir de mains...

Quant aux gens bien élevés, n'en doutons pas, Alain de Benoist en fait partie. Moi aussi d'ailleurs, le label «Vieille France» m'ayant dès le plus jeune âge été transmis. Ce n'est pas cette fois avec Nietzsche que la comparaison se doit d'être faite mais plutôt aux nationaux-révolutionnaires allemands des années 20. C'est ainsi que Stefan Breuer, dans un très bon livre intitulé, Anatomie de la révolution conservatrice (5), leur consacre un chapitre en étudiant leurs origines sociales: « Des bourgeois en peau de lion ». Et Ernst Jünger d'être le premier d'entre eux et peut être bien le plus représentatif. Thomas Mann (6) lui même, très réservé quant à la république de Weimar, écrira dans le cadre de ses « considérations d'un apolitique » un chapitre intitulé « bourgeoisisme et antibourgeoisisme ».

Prendre le bourgeois comme ennemi public numéro un, pourquoi pas ? Mais encore faudrait-il commencer par le définir. Dans un registre similaire, Wittgenstein faisait remarquer que les discussions entre athées et croyants ne pouvaient être que stériles tant qu'au préalable, on eût commencé par définir le terme de Dieu.

 
 
 
La seule erreur qu'a commise Alain de Benoist à mon très humble avis – quittons absolument le monde égalitaire des bisounours, facette majeure du Système, postulant l'égalité des hommes, Alain de Benoist étant objectivement très supérieur à moi – c'est d'avoir utilisé le terme de contre-révolutionnaire pour qualifier le manifestant standard de la manif pour tous. Le terme idoine à mon goût, étant celui de conservateur, dont Thierry Maulnier a écrit que c'était un mot qui commençait bien mal... Ce fut surtout le monde de la France des « gras du bide et lourds du cul », nullement descendants des frères De la Rochejaquelein.

D'ailleurs, la manif pour tous fut, surtout de par ses conséquences, une gigantesque courroie de transmission de l'Ump.
 
notes

(1) http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFZFllpFlFfNfDZNqL.shtml
(2) promu(e ?) chevalier des arts et des lettres: m'a donné l'envie de faire un c.a.p de chaudronnerie...
(3) Dossier à venir concernant le penseur suisse, j'y travaille depuis plusieurs semaines.
(4) http://www.reflechiretagir.com/ Disponible aussi sur Librad: http://www.librad.com/libfr/RVRA/Reflechir+&+Agir.html
(5) Broché: 260 pages, Editeur : Maison des Sciences de l'Homme.
(6) Broché: 480 pages, Editeur : Grasset; Édition : Nouv. éd (18 septembre 2002)