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lundi 25 février 2013

dimanche 24 février 2013

Mon rapport avec NKM.


 Ce que je sais nie ce que je sens.








Ensauvagement et décivilisation.






Par Philippe DELBAUVRE

Il n’est peut être pas impossible que mon lecteur se souvienne de la polémique déclenchée par Jean-Pierre Chevènement en 1998 suite à sa déclaration effectuée dans le cadre de l’assemblée nationale. Evoquant les délinquants de l’époque, il les avait alors qualifiés de sauvageons, entrainant de facto un tollé quasi général au sein de la classe politique. Le souvenir de cet incident m’est revenu en mémoire suite à la publication récente de l’ouvrage à succès de Laurent Obertone intitulé « La France orange mécanique ».

Le terme de sauvageon évoque bien évidemment la sauvagerie et donc l’absence de civilisation. Il est d’ailleurs une distinction effectuée en zoologie entre animaux domestiques ou familiers et animaux sauvages. Le problème est d’actualité puisque très récemment Marine le Pen a évoqué l’ensauvagement croissant de toute une partie de la société française. Je ne sais si le terme a fait écho pour mon lecteur, raison pour laquelle je rappelle que la notion est issue des recherches effectuées par l’historien George Mosse (1918,1999) caractérisant une mue dans l’état d’esprit des combattants ayant connu l’enfer des tranchées. Que l’on qualifie cette mue de brutalisation (brutalization) ou d’ensauvagement, la notion reste approximativement la même puisque dans les deux cas, c’est un processus que nous pouvons qualifier de décivilisation dont il est question.

Cette décivilisation d’une partie de la société française appert durant la second partie des années soixante dix et coïncide avec l’avènement de la postmodernité. Le fait est qu’à l’époque, aussi bien Michel Poniatowski que Christian Bonnet, chacun successivement ministre de l’intérieur, malgré leur réputation de durs, ne sont pas parvenus à enrayer la montée en puissance du processus. Il est peut être utile de rappeler qu’à cette époque, c’est à  dire voilà plus de trente ans, le  fait migratoire n’était pas encore, loin s’en faut, devenu ce qu’il est aujourd’hui. Le processus d’involution caractérisant la modification des comportements, aussi bien des délinquants que de l’homme de la rue, ne sont bien sur pas la conséquence de décisions rationnelles issues des uns et des autres : c’est l’évolution de la société française voulue par les dirigeants politiques de l’époque, avec pour chef de file Valery Giscard d’Estaing, qui déclencha progressivement un autre rapport au monde et à autrui chez les Français. Bien évidemment, à lui seul, le chef de l’exécutif de l’époque n’eut pu faire autant de mal: le processus est à replacer dans le cadre de la postmodernité naissante mais aussi dans celui du grand vent libéral initié aussi bien par Margarett Thatcher que Ronald Reagan. C’est ainsi que nous sommes passés de l’influence majeure du marxo-stalinisme où l’Etat était tout (« le zéro et l’infini ») au libéralisme éhonté où l’individu quelconque est devenu roi. On peut remarquer d’ailleurs que l’histoire est souvent faite de grands mouvements de balancier, oscillant d’un extrême à un autre.

Revenons maintenant à nos sauvageons et analysons sans préjugés le terme. Il est une spécialité intellectuelle étudiant le parallèle entre comportements animal et humain: l’éthologie, puisque c’est son nom, a eu pour fondateur majeur Konrad Lorenz (1903,1989) même si cette discipline est déjà latente chez un penseur comme Schopenhauer (1788,1860). Je constate :

-       Les jeunes dont il est question qui vivent au sein de ce que l’on appelle désormais et de façon très péjorative « cités », vivent en bandes : pour caractériser cet aspect dans le cadre animal, on évoque le terme de « meute ». Dans les deux cas d’ailleurs, la structure est très hiérarchisée et toute modification de l’édifice se fait par grande violence. Qui ignore l’exécution de temps à autres de certains chefs de bande ?

-       Ces jeunes, on le sait, disposent d’un vocabulaire particulièrement restreint. Or, on sait justement que l’un des modes de différenciation entre homme et animal, est justement le langage. En cela, nos jeunes sont très proches de l’animalité.

-       Les jeunes dont il est question ont un sens aigu du territoire au point que tout individu non identifié comme membre de la cité se voit abordé, voire agressé. Ce sens très particulier du territoire renvoie directement à la notion de niche environnementale qui est essentielle chez les animaux, y compris chez les moins évolués comme c’est le cas des reptiles. On sait que les animaux défendent avec beaucoup de détermination leur territoire : malheur à l’intrus.

-       Le rapport qu’entretiennent ces jeunes de sexe le plus souvent masculin avec les femmes est lui aussi emblématique ; ou la femme est perçue comme instrument de plaisir et l’on voit poindre le principe des tournantes, viols collectifs effectués par la bande. Ou la femme est réduite à la maternité ; l’idée par exemple d’une autonomie intellectuelle ou sociale féminine disparait donc, la femme n’ayant pour seule vocation que l’enfantement : bien évidemment, ce n’est certainement au sein du monde animal qu’un statut favorable serait octroyé puisqu’il n’est alors question que de mâles et de femelles, principalement préoccupés par les besoins primaires.

Bien évidemment cet article pourrait être une propédeutique à l’élaboration d’un ouvrage traitant du phénomène de désociabilisation (décivilisation) ou d’un livre explorant plus en détail l’animalité croissante dans certains segments sociétaux de la France contemporaine. Je ne pense pas qu’en 1998, Jean-Pierre Chevènement avait réfléchi en détail à la problématique qu’il a initiée en utilisant le terme de « sauvageon ». Pour autant, au vu des arguments précités, difficile de ne pas lui octroyer un satisfecit.










samedi 23 février 2013

Musique pour les temps présents...




"Our god weeps", extrait de l'album "Dark side of reason"

Et en effet, notre Dieu aujourd'hui, ne peut que pleurer.

dimanche 17 février 2013

“Misère, misère !”

 (1)
par Philippe Delbauvre


“Misère, misère !” (1)
Dans le cadre de sa déclaration de politique générale du 3 juillet 2012, Jean-Marc Ayrault avait annoncé un plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. Ce dernier a été officiellement adopté le 21 janvier 2013 lors de la réunion du Comité interministériel de lutte contre les exclusions (CILE) qui s’est tenu à Matignon. Ce plan rédigé sur cinquante quatre pages (2) a pour objectif de faire reculer la pauvreté qui se développe de plus en plus au sein des sociétés occidentales et en particulier en France. Je ne cherche pas dans le cadre de cet article à effectuer une critique objective des mesures annoncées mais plutôt à mettre à la connaissance de tous l’état des lieux quant à certaines réalités de la société française contemporaine. Pour autant, il m’a semblé à la lecture de ce dossier que les mesures préconisées n’étaient pas capables de résorber ce que l’on a appelé voici une petite vingtaine d’années, la fracture sociale, qui depuis s’est développée. Ainsi par exemple, la modification de la loi relative à la mobilisation du foncier public en faveur du logement et au renforcement des obligations de production de logement social, ne semble être que de pure forme: s’il est positif de prévoir une augmentation dans les villes de 20 à 25% des logements sociaux avec multiplication des amendes par cinq en cas de non respect de cette exigence, on peut légitimement s’interroger s’il ne s’agit pas là d’un voeu pieux. L’amende initiale étant assez faible, sa multiplication, même par cinq, ne suffira pas à changer la donne. Quant à la construction de nouveaux logements, encore faudrait-il qu’il y ait suffisamment de terrain...

Les constats effectués sont alarmants. En 2010 c’est 14.1% de la population qui se trouve en situation de pauvreté : c’est donc, un Français sur sept. Le mal logement, selon la fondation abbé Pierre, touche 3.6 millions de personnes. La conférence nationale contre la pauvreté et l’exclusion qui s’est réunie le 10 décembre 2012 a permis de tracer un portrait peu réjouissant de l’actuelle situation. C’est environ un quart des 18/25 ans qui vit sous le seuil de pauvreté ; c’est un tiers des femmes seules avec enfants qui sont dans la même situation. Quant au Rmi/Rsa, il est utile de savoir que depuis 1996 son niveau a augmenté de 3% alors que le le niveau de vie médian augmentait lui durant la même période de 12%. Si l’on effectue une comparaison entre Rmi/Rsa et Smic depuis 1990, le rapport est passé de 49% à 43%. Très récemment, c’est à dire entre 2009 et 2011, le Rsa a perdu 1% de pouvoir d’achat. Le rapport de l’Unicef publié en juin 2012 consacré à la pauvreté des enfants (3) est lui aussi inquiétant. La pauvreté concerne désormais 32.2% des familles monoparentales et 22.7% des familles nombreuses avec au moins trois enfants. Ainsi que l’on peut le constater, les chiffres n’indiquent pas une situation marginale : la France pauvre est désormais une réalité incontournable aujourd’hui. Sans même évoquer la pauvreté, même si bien entendu il y a corellation, ils ont été 46% les Français à ne pas être allés en vacance en 2011. Autre signe majeur, il n’est pas inintéressant de savoir que le taux de non recours au Rsa activité se situe aujourd’hui à 68%. Par voie de conséquence l’idée souvent véhiculée de Français assistés cherchant à profiter au mieux des subventions, même si elle n’est pas totalement erronée, ne tient pas vraiment la route.

On peut donc constater que la dénationalisation, que le désengagement progressif de l’Etat, opérés depuis près d’une trentaine d’années a des conséquences catastrophiques pour beaucoup de nos contemporains ; si encore, le fait était marginal, on pourrait alors accepter la libéralisation au motif qu’elle profiterait à la presque totalité de la nation : tel n’est pas le cas. Le capitalisme est devenu aujourd’hui la plaie majeure dont souffre notre pays. Rappelons aussi que ce modèle économique n’est pas seulement facteur de paupérisation : il est aussi grand pourvoyeur devant l’Eternel d’immigration massive avec pour corollaire une délinquance de plus en plus violente.

Qui oserait encore se dire libéral ?

« Qui veut être riche ne sera pas bon ; qui veut être bon ne sera pas riche. » Mencius, philosophe chinois.
notes
(1) chanson bien connue de Coluche : « C'est toujours sur les pauvres gens / Que tu t'acharnes obstinément ». On peut très bien imaginer ce qu’il penserait de la gauche d’aujourd’hui s’il était encore vivant.

(2) http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/dossier_de_presses/dp-pauvrete_0.pdf

(3) Ce problème de la pauvreté infantile sera probablement étudié dans le cadre d’un prochain article.

Article publié sur Voxnr

dimanche 10 février 2013

Le pourquoi de la chute célère de François Hollande




                           par Philippe Delbauvre
Le pourquoi de la chute célère de François Hollande


Il ne serait pas bienséant de porter un jugement sur le quinquennat de François Hollande alors que seulement neuf mois se sont écoulés. Je ne rentrerai donc pas dans l’analyse des différentes mesures prises par le gouvernement Ayrault ou des prises de position en matière de diplomatie du président en exercice. Je ne souhaite aujourd’hui qu’à identifier les différents segments de la sociologie électorale sachant qu’ils sont désormais presque deux sur trois, les Français à être mécontents du président de la république et de son gouvernement.

Il faut savoir que l’impopularité actuelle du chef de l’exécutif constitue un record dans l’histoire de la Vème république. Même François Mitterrand qui fut particulièrement rejeté durant son premier mandat, avant la phase de cohabitation, n’était tombé si bas. Ce qui frappe au sujet de François Hollande, c’est la rapidité avec laquelle la chute s’est opérée. Certes, on connait la particularité de la campagne présidentielle de 2012, marquée par une remontée progressive de Nicolas Sarkozy, crédité à l’origine de 40% des voix par les instituts de sondage et finissant à 49%. Par voie de conséquence, on peut en déduire que le désamour des Français pour François Hollande n’est pas tant la conséquence de l’exercice du pouvoir, usure et actions, que la connaissance qu’ont eue progressivement les Français de lui, ce dès la campagne électorale. Bien sur, il serait inutile de nier les qualités de Nicolas Sarkozy en tant que compétiteur, même si c’est le même homme qui connut la disgrâce au point de ne bénéficier que de 40% en début de campagne. Sa remontée fut d’ailleurs telle qu’en extrapolant la courbe des intentions de vote, quelques jours supplémentaires de confrontation, eurent suffi à inverser la tendance. On peut présumer que si François Hollande disposait à l’origine d’un capital de voix aussi important, c’est parce qu’il s’était positionné comme l’opposant majeur à l’ancien président ; nul vote d’adhésion donc puisque plus les Français le connurent, et plus ils le rejetèrent : le processus se poursuit...

Bien sur, le gouvernement influe sur la côte du président de la république. Et on ne peut pas affirmer que la cohérence est toujours été au rendez-vous. Dès lors où deux ministres se contredisent, cela ne peut que donner aux Français, l’impression d’amateurisme, d’incohérence, qui ne siéent pas à ce que l’on peut attendre de la part de dirigeants. Or, et à plusieurs reprises, le fait est advenu. De la même façon, si entre socialistes l’harmonie n’a pas toujours la règle, le parlement et tout particulièrement le Sénat, connaît une fronde interne à la gauche, menée aussi bien par le parti communiste que par le parti de gauche : là encore, l’idée que peuvent se faire les Français d’une majorité quelquefois minoritaire, ne peut être favorable à l’actuel chef de l’Etat.

Si tourmente il existe au sein des caciques de la gauche, il en est de même, et c’est probablement plus grave, en ce qui concerne l’électorat naturel de la gauche. C’est ainsi que parmi les personnes n’ayant pas effectué beaucoup d’études et je songe principalement aux ouvriers, le désaveu est flagrant; les ouvriers ne sont que 34% à avoir une image positive du parti socialiste. On en est donc presque au rapport deux tiers, un tiers. Similairement, même si le désamour est moins prononcé (39%), les plus de 65 ans qui furent les jeunes quadragénaires responsables en partie de la victoire en 1981, font grise mine ; on ne peut pourtant pas dire qu’ils sont à la fête en matière de rémunération, surtout pour ceux qui ont oeuvré dans le secteur privé (900 euros en moyenne de retraite mensuelle). On peut d’ailleurs remarquer qu’ils ne sont aussi que 39% les salariés du privé à avoir une bonne opinion du partie socialiste. Il semblerait donc que de manière générale, on est d’autant plus éloigné du parti socialiste que l’on est en difficulté ou en passe de l’être : contrepied de ce qui était traditionnellement l’électorat de gauche...

Ce contrepied, cette métamorphose, trouve son équivalent puisque c’est au sein du segment non populaire que le parti socialiste conserve une certaine notoriété. Ainsi, les membres des professions intermédiaires ont une bonne image du parti socialiste à 52% ; A proportion à peu près égale (53% ) se situent les diplômés des second et troisième cycles de l’enseignement supérieur. Enfin, et ce n’est pas une surprise, les salariés du secteur public, à hauteur de 53% aussi, sont positifs quant à leur jugement au sujet du parti socialiste.

On comprend donc le pourquoi du choix socialiste des électeurs des grandes villes comme Paris ou Lille sachant que l’opposition entre François Hollande et Nicolas Sarkozy fut aussi celui des villes et des campagnes : l’embourgeoisement progressif de toute une partie de la gauche que l’on peut qualifier de gouvernement. L’augmentation de la pression fiscale municipale ainsi que du montant des loyers a fait fuir des centre-villes un électorat qui constituait naguère l’ancienne gauche, rejeté depuis en banlieue.

On assiste donc à une mue, pas si récente mais désormais flagrante, en matière de sociologie politique puisque ce sont ceux qui, à des degrés divers, subissent moins les affres de la société contemporaine, qui sont maintenant proches d’un parti socialiste devenu au fil du temps, conservateur. Quoi de plus emblématique au demeurant que l’augmentation du Smic limitée à 0.6% après presque vingt cinq ans d’attente pour l’électorat de gauche de l’arrivée au pouvoir d’un président socialiste ?

La conclusion de cette analyse pourrait être l’avenir radieux dont peuvent bénéficier aussi bien le Front National que le Front de gauche. Dans les deux cas, ces deux mouvements peuvent devenir deux pôles majeurs, au point éventuellement que l’Ump et/ou le parti socialiste soient devancés dans le cadre d’échéances électorales à venir. Rappelons que Nicolas Sarkozy n’était crédité que de 40% au début de la campagne, ce qui témoigne pour un président de la république en exercice, d’un net désaveu. Qu’il soit remonté à 49% est probablement imputable à l’irrationalité que génèrent les campagnes ainsi qu’à la fadeur de la candidature Hollande.

Il y a désormais bien longtemps qu’Alain de Benoist avait annoncé que le référentiel centre/périphérie devait être substitué au repère droite/gauche: je crois que nous commençons à assister au vrai changement.


Article publié sur Voxnr

jeudi 7 février 2013

Miracle économique allemand ?


Par Philippe DELBAUVRE


Souhaitez vous vraiment que la France connaisse le miracle économique allemand ?
La mémoire me fait défaut quant à savoir qui a déclaré que lorsqu’un homme avait la tête dans la glace et les pieds dans le feu, son corps était alors à une température statistiquement moyenne. Ce qu’il faut en retenir, c’est que les chiffres qui constituent une quantité, ne sont pas toujours appropriés pour décrire une situation donnée, surtout lorsqu’elle est qualitative.

Que n’a t-on dit et ne dit-on au sujet de ce que l’on a désormais coutume d’appeler le miracle économique allemand ? Cela à tel point que beaucoup envient les données allemandes au point de vouloir appliquer la recette germanique à notre pays, la France. Il est vrai que les chiffres énoncés par les thuriféraires de l’intégrisme économiques plaident, en apparence, pour eux. C’est ainsi que le budget outre-Rhin est presque à l’équilibre, le chômage n’atteint que 6.8% de la population active et que la balance commerciale est excédentaire, à hauteur d’environ 5% du Pib.

Il faut savoir que ces résultats ont un coût : en détail...

Environ un cinquième des salariés touchent moins de 10 euros de l’heure et deux millions d’employés se situent au dessous de six euros. Encore ne s’agit-il aussi que de la partie occidentale (ex-Rfa) de l’Allemagne. La situation dans l’ex-Rda est encore plus catastrophique puisque là bas, un temps complet n’est rémunéré qu’à hauteur de 720 euros par mois. La particularité de l’Allemagne en Europe est de ne pas disposer de salaire minimum imposé par l’Etat. Les avantages sociaux ne sont octroyés que branche par branche, c’est à dire dans le cadre d’entreprises importantes où les négociations entre syndicats et patronat ont pu avoir lieu.

Depuis l’an 2000, c’est à dire une douzaine d’années, le nombre de travailleurs pauvres a augmenté de 2 millions. N’oublions pas l’impact de ce que l’on appelle les 1eurojob, travaux payés...1 euro de l’heure. Dans les faits, les Allemands, sont obligés d’accepter des emplois très peu payés et sous-qualifiés sous peine de perdre leur couverture sociale. Dans certains secteurs, les bas salaires représentent 75% des salariés et de façon générale, ils ne sont que 25%, les Allemands à disposer d’un Cdi. Quant à notre Rsa, qu’ils appellent Hartz IV (374 euros), il existe bien là bas mais touche 5 fois plus de bénéficiaires : représentatif de la détresse nationale en matière sociale. Même l’ascenseur culturel fait défaut puisque seulement 20% des jeunes ont un diplôme plus élevé que leurs parents : résignation ou coût par trop important des études ?

Le plan Hartz IV, élaboré en 2004, a considérablement fait évoluer le marché du travail. Selon le rapport de la conférence sur la pauvreté (Allemagne), 70% des chômeurs allemands disposent d’un revenu inférieur à 952 euros. Or, en dessous de 60% du revenu médian, un individu est dit en risque de pauvreté, et donc en 2010, 70 % des chômeurs allemands étaient en risque de pauvreté. Rappelons qu’ils ne sont que 45% dans l’union européenne et 33% en France.

Quant aux lois Hartz, elles ne peuvent être explicitées dans le cadre d’un seul article, méritant d’ailleurs la constitution d’un dossier. Pour autant, elles ont radicalement changé les codes au sein du monde du travail. A titre d’exemple, les chômeurs de plus d’un an bénéficient de ce qui est appelé « Social Hilfe » qui correspond à notre Rsa. Les chômeurs ont l’obligation d’accepter un travail moins bien rémunéré et en dessous de leur qualification. Existent aussi ce que l’on appelle minijob qui correspond à un temps partiel rémunéré à hauteur de 400 euros par mois mais qui ne permet l’accès ni à l’assurance maladie, ni au droits de retraite et bien évidemment ne permettent l’accès aux allocations chômage. C’est ainsi qu’entre 1999 et 2009, les formes de travail atypiques en Allemagne ont crû de 20%, les minijob de 47%, et l’interim de 134%.

Tous les catégories sont touchées puisque 660 000 retraités allient pension à minijob. On doit savoir que 4 millions de retraités allemands sont menacés de pauvreté. A titre d’exemple et de prospective, en 2030 un travailleur ayant effectué 35 années avec une moyenne de 2500 euros bruts ne touchera pas plus que le minimum vieillesse soit 688 euros par mois. Si on prend en considération le salarié ayant cotisé 40 ans avec un salaire brut de 2200 euros, il percevra lui aussi le minimum vieillesse. On ne doit ignorer que l’obtention de ce minimum vieillesse présuppose impérativement de ne pas être propriétaire ainsi que de ne pas avoir d’épargne. Il ne faut donc pas s’étonner que depuis l’an 2000 les minijobs ont augmenté de plus de 60% chez les plus de 65 ans. On en serait aujourd’hui à 761 000 retraités effectuant un minijob dont 120 000 ont plus de 75 ans. On s’en doutera, ce dispositif ne nuit pas à tout le monde, puisque les entreprises proposant des minijobs ne payent pas de charges...

Le processus est d’autant plus enclenché qu’en 2018, tout salarié devra au moins cotiser une année pour une retraite privée... Il est bon de rappeler que la nouvelle donne sociale est principalement l’oeuvre du chancelier socialiste Gerhard Schröder, qui sera probablement imité par ses homologues socialistes français. Quant à la droite, la dérégulation économique est son rêve avoué ; à l’extrême droite, bien souvent aussi...

Article publié sur Voxnr

dimanche 3 février 2013

Confiteor







Par Philippe Delbauvre





















































































































Confiteor
Voici un peu plus de deux ans que Marine le Pen se trouve au commande du Front national suite à une campagne qui s’écoula durant le dernier trimestre de l’année 2010. En matière de pourcentage, elle obtint un résultat similaire, pour les signatures des secrétaires départementaux ainsi que pour les suffrages des militants. A l’époque, c’est un euphémisme, je n’approuvais pas l’appui qu’apporta à Marine la structure à laquelle j’appartenais, à savoir Voxnr. Je le fis savoir à Christian Bouchet par l’intermédiaire d’un courriel qui fut probablement celui que j’ai le plus travaillé dans mon existence.

La campagne fut l’objet de nombreux dérapages et la mauvaise foi s’est par trop souvent manifestée. Justement pas par les deux protagonistes principaux mais plutôt par des individus soucieux d’envenimer les débats en faisant souvent preuve de méchanceté : la passion, au sens où la définissent les philosophes, pris l’ascendant sur la raison. Avec cette idée d’un comique surréaliste qu’une victoire des tenants de l’autre camp deviendrait de facto une catastrophe nationale.

Deux ans ont donc passé et l’on en trouve encore, peu certes, pour critiquer encore de façon systématique et caricaturale, l’actuelle direction du Front national. En ce qui me concerne, de manière quelque peu infantile, j’ai boudé, considérant que la structure à laquelle j’appartenais, se devait de maintenir ce que l’on a coutume d’appeler, un splendide isolement. Bien évidemment, et contrairement à d’autres, je me suis bien gardé de salir ce que j’avais auparavant célébré. Comme un enfant donc, confronté à des adultes qui ignorent ce qu’il faut bien appeler un caprice, je revins progressivement sur la scène politique, qu’au demeurant, je n’avais jamais réellement quittée : je n’allais tout de même pas stopper un engagement de plus de trente ans. Les communistes ne m’ayant pas fait reculer naguère, je n’allais pas fuir aujourd’hui devant les tradesmen.

La difficulté qu’éprouvent les Français à voter Front national est probablement la conséquence de la diabolisation connue de tous. Il suffit à cet égard d’observer et d’écouter le journaliste pour savoir que son attitude diffère selon qu’il interroge un invité labellisé Front national ou un autre. Au delà des chiffres qui doivent être interprétés, on constate que les électeurs du Front national ne sont pas toujours les mêmes et que le mouvement ratisse de plus en plus large. A titre d’exemple, les fonctionnaires issus de la catégorie C, sont désormais électeurs du Front. Or, ce qui me semble essentiel, c’est que le pas soit franchi, que le tabou soit levé : dès lors où un Français a voté, ne serait-ce qu’une fois pour le Front, il n’hésitera plus à recommencer.

Il y a, pour les tenants du Système, vocation à s’inquiéter encore davantage :

1/ Le traditionnel état de grâce n’a pas eu vraiment lieu et c’est donc toute une partie de l’électorat de gauche qui manifeste sa colère, y compris par l’intermédiaire de sénateurs qui n’hésitent plus désormais à faire obstruction : fracture au sein de la majorité qui se concrétisera probablement dans les urnes lors des prochaines élections.

2/ De part son positionnement « ni droite, ni gauche », le Front national déstabilise et la gauche et la droite. La gauche, parce qu’une grande partie de son électorat se définit avant tout par son opposition à la droite, le Front national leur apparaissant différent de l’Ump : un électorat de gauche donc, susceptible de rejoindre la mouvance nationale. La droite, quant à elle, malgré ses tentatives de séduction afin d’obtenir du Front qu’il lui assure les victoires lors des seconds tours à venir, n’est pas dans une situation plus réjouissante. A titre d’exemple, en refusant de s’aligner sur les positions de l’Ump en matière de mariage pour tous, Marine le Pen a montré, une fois de plus, que le Front et la droite, ce n’était nullement la même chose. Les Français l’ont compris.

3/ Ainsi que l’écrivait Alain de Benoist, l’ancien repère droite/gauche doit maintenant être remplacé par le référentiel centre/périphérie. Par centre, il faut bien sur comprendre les différents partis qui pratiquent la même politique, comme l’Ump, le parti socialiste ou le centre stricto sensu. Et des électeurs déçus, issus de la gauche comme de la droite, il y en a de plus en plus. Fatalement, on peut donc s’attendre lors de prochaines échéances à une poussée des deux fronts, celui qui se qualifie de gauche, et celui qui est national.

4/ Marx faisait remarquer que pour connaître l’avenir d’un pays capitaliste, il suffisait d’en considérer un autre à un stade plus avancé. Doux euphémisme, les perspectives ne sont pas bonnes (1). Par voie de conséquence, les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, susciteront l’impopularité, sachant que c’est la structure même du Système qui impose la mise au pas : il faudra donc, et nous allons les y aider, que les Français comprennent que le problème n’est pas le fait du chauffeur mais du véhicule.

Je pense aujourd’hui que l’ennemi majeur n’est pas le segment qui s’autoqualifie de gauche mais bien la structure qui s’affuble du terme de droite. Longtemps le danger fut communiste, idéologie que l’on est bien obligé de classer à gauche. Aujourd’hui, c’est le capitalisme qui est principalement destructeur, y compris dans le cadre de son versant politique que l’on peut appeler individualisme. Même s’il est aussi propagé par des mouvements de gauche, le capitalisme ne peut donc être estampillé qu’à droite. Les soviets n’étant plus, reste les trusts...
notes