Par Philippe DELBAUVRE |
La mémoire me fait défaut quant à savoir qui a
déclaré que lorsqu’un homme avait la tête dans la glace et les pieds
dans le feu, son corps était alors à une température statistiquement
moyenne. Ce qu’il faut en retenir, c’est que les chiffres qui
constituent une quantité, ne sont pas toujours appropriés pour décrire
une situation donnée, surtout lorsqu’elle est qualitative.
Que n’a t-on dit et ne dit-on au sujet de ce que l’on a désormais coutume d’appeler le miracle économique allemand ? Cela à tel point que beaucoup envient les données allemandes au point de vouloir appliquer la recette germanique à notre pays, la France. Il est vrai que les chiffres énoncés par les thuriféraires de l’intégrisme économiques plaident, en apparence, pour eux. C’est ainsi que le budget outre-Rhin est presque à l’équilibre, le chômage n’atteint que 6.8% de la population active et que la balance commerciale est excédentaire, à hauteur d’environ 5% du Pib.
Il faut savoir que ces résultats ont un coût : en détail...
Environ un cinquième des salariés touchent moins de 10 euros de l’heure et deux millions d’employés se situent au dessous de six euros. Encore ne s’agit-il aussi que de la partie occidentale (ex-Rfa) de l’Allemagne. La situation dans l’ex-Rda est encore plus catastrophique puisque là bas, un temps complet n’est rémunéré qu’à hauteur de 720 euros par mois. La particularité de l’Allemagne en Europe est de ne pas disposer de salaire minimum imposé par l’Etat. Les avantages sociaux ne sont octroyés que branche par branche, c’est à dire dans le cadre d’entreprises importantes où les négociations entre syndicats et patronat ont pu avoir lieu.
Depuis l’an 2000, c’est à dire une douzaine d’années, le nombre de travailleurs pauvres a augmenté de 2 millions. N’oublions pas l’impact de ce que l’on appelle les 1eurojob, travaux payés...1 euro de l’heure. Dans les faits, les Allemands, sont obligés d’accepter des emplois très peu payés et sous-qualifiés sous peine de perdre leur couverture sociale. Dans certains secteurs, les bas salaires représentent 75% des salariés et de façon générale, ils ne sont que 25%, les Allemands à disposer d’un Cdi. Quant à notre Rsa, qu’ils appellent Hartz IV (374 euros), il existe bien là bas mais touche 5 fois plus de bénéficiaires : représentatif de la détresse nationale en matière sociale. Même l’ascenseur culturel fait défaut puisque seulement 20% des jeunes ont un diplôme plus élevé que leurs parents : résignation ou coût par trop important des études ?
Le plan Hartz IV, élaboré en 2004, a considérablement fait évoluer le marché du travail. Selon le rapport de la conférence sur la pauvreté (Allemagne), 70% des chômeurs allemands disposent d’un revenu inférieur à 952 euros. Or, en dessous de 60% du revenu médian, un individu est dit en risque de pauvreté, et donc en 2010, 70 % des chômeurs allemands étaient en risque de pauvreté. Rappelons qu’ils ne sont que 45% dans l’union européenne et 33% en France.
Quant aux lois Hartz, elles ne peuvent être explicitées dans le cadre d’un seul article, méritant d’ailleurs la constitution d’un dossier. Pour autant, elles ont radicalement changé les codes au sein du monde du travail. A titre d’exemple, les chômeurs de plus d’un an bénéficient de ce qui est appelé « Social Hilfe » qui correspond à notre Rsa. Les chômeurs ont l’obligation d’accepter un travail moins bien rémunéré et en dessous de leur qualification. Existent aussi ce que l’on appelle minijob qui correspond à un temps partiel rémunéré à hauteur de 400 euros par mois mais qui ne permet l’accès ni à l’assurance maladie, ni au droits de retraite et bien évidemment ne permettent l’accès aux allocations chômage. C’est ainsi qu’entre 1999 et 2009, les formes de travail atypiques en Allemagne ont crû de 20%, les minijob de 47%, et l’interim de 134%.
Tous les catégories sont touchées puisque 660 000 retraités allient pension à minijob. On doit savoir que 4 millions de retraités allemands sont menacés de pauvreté. A titre d’exemple et de prospective, en 2030 un travailleur ayant effectué 35 années avec une moyenne de 2500 euros bruts ne touchera pas plus que le minimum vieillesse soit 688 euros par mois. Si on prend en considération le salarié ayant cotisé 40 ans avec un salaire brut de 2200 euros, il percevra lui aussi le minimum vieillesse. On ne doit ignorer que l’obtention de ce minimum vieillesse présuppose impérativement de ne pas être propriétaire ainsi que de ne pas avoir d’épargne. Il ne faut donc pas s’étonner que depuis l’an 2000 les minijobs ont augmenté de plus de 60% chez les plus de 65 ans. On en serait aujourd’hui à 761 000 retraités effectuant un minijob dont 120 000 ont plus de 75 ans. On s’en doutera, ce dispositif ne nuit pas à tout le monde, puisque les entreprises proposant des minijobs ne payent pas de charges...
Le processus est d’autant plus enclenché qu’en 2018, tout salarié devra au moins cotiser une année pour une retraite privée... Il est bon de rappeler que la nouvelle donne sociale est principalement l’oeuvre du chancelier socialiste Gerhard Schröder, qui sera probablement imité par ses homologues socialistes français. Quant à la droite, la dérégulation économique est son rêve avoué ; à l’extrême droite, bien souvent aussi...
Que n’a t-on dit et ne dit-on au sujet de ce que l’on a désormais coutume d’appeler le miracle économique allemand ? Cela à tel point que beaucoup envient les données allemandes au point de vouloir appliquer la recette germanique à notre pays, la France. Il est vrai que les chiffres énoncés par les thuriféraires de l’intégrisme économiques plaident, en apparence, pour eux. C’est ainsi que le budget outre-Rhin est presque à l’équilibre, le chômage n’atteint que 6.8% de la population active et que la balance commerciale est excédentaire, à hauteur d’environ 5% du Pib.
Il faut savoir que ces résultats ont un coût : en détail...
Environ un cinquième des salariés touchent moins de 10 euros de l’heure et deux millions d’employés se situent au dessous de six euros. Encore ne s’agit-il aussi que de la partie occidentale (ex-Rfa) de l’Allemagne. La situation dans l’ex-Rda est encore plus catastrophique puisque là bas, un temps complet n’est rémunéré qu’à hauteur de 720 euros par mois. La particularité de l’Allemagne en Europe est de ne pas disposer de salaire minimum imposé par l’Etat. Les avantages sociaux ne sont octroyés que branche par branche, c’est à dire dans le cadre d’entreprises importantes où les négociations entre syndicats et patronat ont pu avoir lieu.
Depuis l’an 2000, c’est à dire une douzaine d’années, le nombre de travailleurs pauvres a augmenté de 2 millions. N’oublions pas l’impact de ce que l’on appelle les 1eurojob, travaux payés...1 euro de l’heure. Dans les faits, les Allemands, sont obligés d’accepter des emplois très peu payés et sous-qualifiés sous peine de perdre leur couverture sociale. Dans certains secteurs, les bas salaires représentent 75% des salariés et de façon générale, ils ne sont que 25%, les Allemands à disposer d’un Cdi. Quant à notre Rsa, qu’ils appellent Hartz IV (374 euros), il existe bien là bas mais touche 5 fois plus de bénéficiaires : représentatif de la détresse nationale en matière sociale. Même l’ascenseur culturel fait défaut puisque seulement 20% des jeunes ont un diplôme plus élevé que leurs parents : résignation ou coût par trop important des études ?
Le plan Hartz IV, élaboré en 2004, a considérablement fait évoluer le marché du travail. Selon le rapport de la conférence sur la pauvreté (Allemagne), 70% des chômeurs allemands disposent d’un revenu inférieur à 952 euros. Or, en dessous de 60% du revenu médian, un individu est dit en risque de pauvreté, et donc en 2010, 70 % des chômeurs allemands étaient en risque de pauvreté. Rappelons qu’ils ne sont que 45% dans l’union européenne et 33% en France.
Quant aux lois Hartz, elles ne peuvent être explicitées dans le cadre d’un seul article, méritant d’ailleurs la constitution d’un dossier. Pour autant, elles ont radicalement changé les codes au sein du monde du travail. A titre d’exemple, les chômeurs de plus d’un an bénéficient de ce qui est appelé « Social Hilfe » qui correspond à notre Rsa. Les chômeurs ont l’obligation d’accepter un travail moins bien rémunéré et en dessous de leur qualification. Existent aussi ce que l’on appelle minijob qui correspond à un temps partiel rémunéré à hauteur de 400 euros par mois mais qui ne permet l’accès ni à l’assurance maladie, ni au droits de retraite et bien évidemment ne permettent l’accès aux allocations chômage. C’est ainsi qu’entre 1999 et 2009, les formes de travail atypiques en Allemagne ont crû de 20%, les minijob de 47%, et l’interim de 134%.
Tous les catégories sont touchées puisque 660 000 retraités allient pension à minijob. On doit savoir que 4 millions de retraités allemands sont menacés de pauvreté. A titre d’exemple et de prospective, en 2030 un travailleur ayant effectué 35 années avec une moyenne de 2500 euros bruts ne touchera pas plus que le minimum vieillesse soit 688 euros par mois. Si on prend en considération le salarié ayant cotisé 40 ans avec un salaire brut de 2200 euros, il percevra lui aussi le minimum vieillesse. On ne doit ignorer que l’obtention de ce minimum vieillesse présuppose impérativement de ne pas être propriétaire ainsi que de ne pas avoir d’épargne. Il ne faut donc pas s’étonner que depuis l’an 2000 les minijobs ont augmenté de plus de 60% chez les plus de 65 ans. On en serait aujourd’hui à 761 000 retraités effectuant un minijob dont 120 000 ont plus de 75 ans. On s’en doutera, ce dispositif ne nuit pas à tout le monde, puisque les entreprises proposant des minijobs ne payent pas de charges...
Le processus est d’autant plus enclenché qu’en 2018, tout salarié devra au moins cotiser une année pour une retraite privée... Il est bon de rappeler que la nouvelle donne sociale est principalement l’oeuvre du chancelier socialiste Gerhard Schröder, qui sera probablement imité par ses homologues socialistes français. Quant à la droite, la dérégulation économique est son rêve avoué ; à l’extrême droite, bien souvent aussi...
Article publié sur Voxnr