.

.

mardi 6 janvier 2009




Ni keffieh, ni kippa

Philippe Delbauvre


Ni keffieh, ni kippa
Si la formule « Ni keffieh, ni kippa » est bien connue au sein de la mouvance, elle est aussi utilisée à satiété à différentes fins.

Je me propose donc de l'étudier, d'autant plus que l'actualité brûlante s'y prête.

Ce slogan postule que le conflit qui oppose israéliens et palestiniens est indifférent aux Européens au motif qu'aucune des deux parties en présence n'est européenne.

Analyse.

Il n'est pas douteux que les deux forces en présence ne soient pas européennes sachant que le lieu d'affrontement est la Palestine, territoire situé hors d'Europe. Pourtant, cet argument d'extraterritorialité n'est plus recevable sachant que ceux qui s'en réclament sont les mêmes qui firent preuve très récemment d'une tibétophilie manifeste face à la Chine. En quoi le Tibet est-il européen ? Est-il plus proche géographiquement de l'Europe que ne l'est la Palestine ?

Ce qui est vrai du Tibet l'est aussi pour d'autres pays situés hors d'Europe, sujets à tensions ou conflits, qui furent ou sont des motifs à prise de positions partisanes par ceux qui paradoxalement prônent une indifférence européenne: le Tibet n'est donc pas d'un cas isolé.

L'argument d'extraterritorialité n'étant plus désormais recevable puisque réfuté dans les faits par ceux qui en font l'apologie, il est désormais nécessaire d'aller plus avant dans la réflexion : en quoi le conflit israélo-palestinien intéresse t-il les nationalistes mais aussi les gouvernants ?

Après avoir consulté une carte, on ne peut que constater la proximité géographique entre Palestine et Europe. Si les juifs se furent installés ailleurs, à Madagascar par exemple puisque cette solution fut envisagée, le problème devrait être considéré différemment. Tel n'est pas le cas.

C'est ainsi que s'il y avait un embrasement au Tibet ou une révolte des pingouins au pôle, cela ne concernerait pas ceux qui se définissent essentiellement comme Européens. En revanche, le problème des adhésions de la Turquie comme d'Israel à l'Europe est aujourd'hui posé comme en témoigne les prises de positions des uns et des autres, qui, aux plus hauts sommets, tant à droite qu'à gauche, ont signifié leur intérêt pour l'entreprise.

Dans cette optique, la pacification du Proche Orient est une condition sine qua non afin de permettre le succès du projet euro-méditerranéen ainsi que l'adhésion des deux pays susnommés. Cela suppose évidemment l'éradication de la résistance palestinienne.

En quoi les Européens doivent-ils faire preuve de neutralité quant à l'adhésion de la Turquie et d'Israel, conséquence directe de l'adoption du très célèbre et non consensuel « ni keffieh, ni kippa » ?

Il va de soi que ces adhésions devront être justifiées aux yeux de l'opinion. Rien de tel pour se faire qu'une alliance israelo-ottomane, d'ailleurs logique en terme géopolitique, afin de normaliser le Liban et dirigée militairement à l'encontre des Palestiniens et des Syriens, présentés comme ennemis à abattre.

Il n'est pas difficile d'imaginer l'argumentation :

Comment pourrait-on refuser aux israéliens l'entrée dans l'Europe sachant le passé qui est le leur, dont les Européens ont la responsabilité, qui motive le mea culpa que l'on nous assène et dont tous les Français sont conscients ?

Comment oublier le rapport privilégié entre le Liban et la France, cette dernière étant appelée là bas « la grande sœur » ?

A la lumière de cet éclairage géopolitique, on comprend mieux au passage le pourquoi de la haine que subissent Faurisson et ses alliés de la part du pouvoir en place, constructeur zélé du nouvel ordre mondial, puisque les thèses du professeur vont à l'encontre de la très grande Europe souhaitée.

On passe, par l'intermédiaire de la neutralité vis à vis d'Israël, de l'Europe de l'Atlantique à l'Oural à la célébration du grand tout, s'étendant du souk au marché.

On ne peut donc pas être indifférent à ce combat.

Il va de soi que le différentiel démographique entre Palestiniens et Israéliens va jouer un rôle croissant. Les américains, omniprésents dans la région, en ont conscience et ne laisseront pas faire éternellement : si d'aventure Israël était menacé, les Usa frapperaient.

Il y a une autre remarque à formuler, sous la forme d'une question, qui est cette fois ci d'ordre idéologique :

Comment peut-on contester le nouvel ordre mondial (NOM) et prôner l'indifférence lorsqu'un de ses principaux vecteurs (Israël ) est partie prenante ?

Là encore, l'incohérence est la règle.

Le « ni keffieh, ni kippa » est un nouveau jugement de Ponce Pilate, avec les conséquences que l'on sait.