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mardi 31 mars 2015

Militarisme, guerre et cinéma US


Laurent Bodenghien

 Militarisme, guerre et cinéma US


Intervention militaire directe, soutien logistique à des gouvernements ou à des groupes armés, ou activités de déstabilisation opérées par ses services secrets : depuis sa création le 4 juillet 1776 jusqu’à nos jours, les États-Unis d’Amérique, chantre de l’interventionnisme, ont été impliqué directement ou indirectement dans  plus d’une septantaine de conflits armés.
Coup d’État contre le gouvernement du premier ministre iranien Mossadegh en 1953, intervention non officielle contre le régime cubain en 1961, mise en place d’une junte militaire au Brésil en 1964, guerre du Vietnam, mise à mort du socialiste chilien Salvador Allende en 1973 et cooptation du dictateur sanguinaire Pinochet, intervention militaire dans la Libye de Kadhafi : les États-Unis, « nos libérateurs », ont fait des guerres injustes et scélérates leur spécialité…
Si l’on s’en tient à une grossière règle d’arithmétique, tous les trois ans les États-Unis jouent « les va-t-en guerre ». Un record à la mesure du budget alloué à la défense nationale qui s’élevait à plus de 1750 milliard de dollars pour l’année 2012, hissant le pays au rang de leader mondial en terme de dépense militaire.

La plus grosse industrie du cinéma au service de la plus grande puissance militaire

Que ce soit au nom de la défense d’intérêts bien sentis ou pour la préservation des valeurs de la « démocratie », l’appareil d’ État américain n’hésite pas à investir des sommes astronomiques dans le domaine militaire au dépend d’un meilleur système social dans un pays où vivent plus de 46 millions de pauvres.
Afin de réaffirmer sa suprématie, pour légitimer ses tendances au surarmement, à l’ingérence et à la guerre « humanitaire », les États-Unis ont systématiquement recours au support cinématographique.
Le Pentagone, quartier général de la défense, participe matériellement et financièrement à la réalisation de films de guerre à la condition que ceux-ci soient conformes à l’image de respectabilité que l’appareil militaire tient à véhiculer. Comme le disait à juste titre David L.Robb, journaliste d’investigation américain, auteur de Hollywood Pentagone:
De la même manière qu’un produit bénéficiant d’une bonne image publicitaire se vend mieux, l’image positive de l’armée au cinéma, empreinte d’héroïsme, de camaraderie et de patriotisme, lui permet de mieux se vendre ».
De Pearl Harbor à Rambo 3 en passant par Apocalypse now, Hollywood répond aux commandes de l’administration en produisant des films aux budgets colossaux et d’une redoutable efficacité.
Le film Top Gun ne constitue-t-il pas à lui seul un remarquable exemple d’outil promotionnel pour le recrutement d’aspirants pilotes de chasse ?  Ce qui amène David L.Robb à légitimement s’interroger :
Je me demande combien de soldats américains tués en Irak se sont engagés parce qu’ils ont vu un film quand ils étaient mômes et qu’ils s’étaient dit : C’est génial l’armée, je vais m’engager ».
Abstraction faite du bouleversant Let there be light de John Huston, tourné en 1946 et censuré jusqu’en 1980, film documentaire évoquant les séquelles psychologiques subies par les soldats durant la Seconde Guerre mondiale et quelques œuvres cinématographiques majeures dénonçant les atrocités de la guerre grâce  au travail de réalisateurs soucieux de vérité ( pensons à  Outrages  de Brian de Palma, le peu connu Catch-22  de Mike Nichols ou encore Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino), le cinéma américain  n’a pratiquement jamais cessé de présenter sa soldatesque sous une perspective glorificatrice.
Au-delà de l’apologie et de la légitimation des armes, la propagande cinématographique n’a jamais eu d’autre intention que de faire approuver le « séculaire » interventionnisme américain et de faire accepter dans l’inconscient collectif les nécessités de la guerre tout en nous désignant, implicitement ou non, l’ennemi actuel ou en devenir. Une guerre souvent abordée avec simplisme et manichéisme au point de nous faire oublier que derrière le point de vue des vainqueurs, il n’y a que souffrance, sang et mort.

Source : Diktacratie

 

La Chine rachète tranquillement l'Europe



La Chine rachète tranquillement l'Europe
La Chine rachète des entreprises en Europe sans que les gouvernements européens tentent d'endiguer ce processus. Une indifférence qui s'explique en premier lieu par les bénéfices rapportés à ces entreprises par les exportations de produits "made in China" et par les capacités grandissantes du marché chinois.

Les milieux d'affaires chinois continuent à racheter des entreprises européennes. PSA, IBM, Club Méditerranée, l'aéroport de Toulouse, le port du Pirée et désormais le géant italien Pirelli sont passés sous leur contrôle. L'Europe ferait bien de réfléchir aux conséquences de ce processus, estiment les experts.

Selon le site d'information français Atlantico, le légendaire producteur de pneus Pirelli s'est retrouvé entre les mains de la China National Tire & Rubber qui a racheté 26,2% des actions du groupe italien et compte ensuite acquérir les autres titres en circulation.

D'après Atlantico, on a appris il y a quelques jours qu'un groupe de sociétés chinoises allait racheter un ensemble de 18 immeubles à Berlin pour 1,5 milliard d'euros. Or, les Européens n'ont pratiquement pas réagi à cette nouvelle.

Selon le président d'AB Marchés, Antoine Brunet, "l'indifférence se situe d'abord et avant tout au niveau des gouvernements occidentaux, qu'ils soient grecs ou italiens, français ou britanniques, allemands ou américains".

"Depuis maintenant vingt ans, la Chine mène avec succès une grande stratégie offensive multidimensionnelle qui vise dans un même mouvement à déstabiliser les pays occidentaux et à ravir progressivement l'hégémonie mondiale aux Etats-Unis", a déclaré M. Brunet dans une interview au site Atlantico.

Il a souligné que l'inertie des pays européens s'expliquait par le fait que leurs grandes entreprises exercent un "lobbying permanent en faveur de la Chine". Cette attitude n'a rien d'étonnant, car "une bonne partie de leurs profits provient des énormes marges sur l'exportation de produits made in China et du dynamisme de leurs ventes sur le marché intérieur chinois".

Dans ce contexte, "une réaction de mauvaise humeur du Parti-Etat chinois à l'égard de leur pays pourrait compromettre brutalement l'évolution de leurs profits, de leurs cours de bourse et des bonus de leurs managers; c'est pourquoi elles s'emploient préventivement à ce que leur pays ne soit jamais en conflit avec Pékin", constate le président d'AB Marchés.

Selon lui, en rachetant une part substantielle des actifs physiques d'un pays, la Chine plonge ce dernier dans la régression.

"On voit déjà la Chine tourner comme un vautour autour de pays qui sont notoirement en très grande difficulté: le Venezuela, le Nicaragua, Cuba, l'Argentine, la Grèce… Autant de pays qui sont au bout du rouleau et qui, s’étant lourdement endettés et n'ayant pas ou plus d'actifs à vendre, n'ont plus qu'à négocier le moins mal possible l'abandon de leur souveraineté à une grande puissance, la Chine, la Russie ou les Etats-Unis…Mais c'est la Chine qui a les poches les plus profondes et qui a le plus de chances de les inscrire dans son orbite géopolitique", conclut Antoine Brunet.

Source:

Sputniknews.com

Pourquoi le Sud-Ouest reste un bastion de la gauche



Pourquoi le Sud-Ouest reste un bastion de la gauche
 Eugénie Bastié
 
 
La carte des résultats des départementales montre que ce territoire n'a, à l'exception d'un département, pas changé de couleur entre 2011 et dimanche soir. Zone rebelle ? Absence de crise ? Panorama des explications.

Toute la France est submergée par la vague bleue. Toute? Non! Car une région peuplée d'irréductibles résiste à la droite. Dans le Sud-Ouest, la gauche affiche sa bonne santé, à l'inverse du reste du pays. La Haute-Garonne, par exemple, est le département le plus à gauche de France avec 24 cantons sur 27. Quelles sont les raisons de cet ancrage électoral?

• Une terre historiquement rose

Certains départements n'ont jamais été à droite sous la Ve République, comme l'Ariège, la Haute-Garonne, les Landes, le Tarn-et-Garonne ou les Hautes-Pyrénées, à gauche depuis la Libération. «Traditionnellement lors des périodes de fort repli de la gauche au niveau national, le quart Sud-Ouest se révèle un bastion tenace», observe Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d'Opinion Way.

Comme le note le sondeur, «le département des Pyrénées-Atlantiques, qui a basculé à droite dimanche soir, constitue une exception de part la présence et l'influence forte du catholicisme». En effet, culturellement et historiquement, le Sud-Ouest est une terre plutôt laïque et de gauche.

Le Sud-Ouest a toujours été un territoire frondeur vis-à-vis de Paris, volontiers décentralisateur. Gascons, Cathares et protestants se sont succédé en rébellion contre l'Eglise et l'État, ce qui pourrait expliquer un certain ADN «révolutionnaire» de gauche de la région.

«La gauche politique est très fortement ancrée localement et ce depuis la IIIe République. Ce n'est pas un hasard s'il s'agit d'un des seuls territoires où le Parti Radical, parti datant de la IIIe République, est encore vivant», note Bruno Jeanbart.

• L'ancrage local du Parti radical de gauche (PRG)

Le score très élévé de la gauche lors de ces départementales s'explique aussi par des raisons plus conjoncturelles. Une gauche non socialiste très ancrée localement, comme le PRG, n‘a pas eu à subir le vote anti-majorité. Il s'agit moins d'une résistance idéologique que d'une capacité à jouer sur les enjeux locaux plus que nationaux, comme le montre le score de Jean-Michel Baylet (PRG) dès le premier tour (50.72% des voix) dans son canton du Tarn-et-Garonne.

«Le Front national a historiquement du mal à percer dans cette région, mais une des surprises du premier tour fut sa progression forte dans certains départements (Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Lot, notamment). Dans ce territoire, où le rapport gauche/droite est tellement déséquilibré, le score du FN a davantage profité à la gauche (droite affaiblie ou éliminée).» explique le sondeur.

• Un territoire économiquement préservé


La non-percée du FN et le faible désaveu de la gauche au pouvoir pourraient également s'expliquer par des raisons économiques. En effet, le marché local de l'emploi est moins tendu qu'ailleurs. L'industrie y a été plus préservée qu'ailleurs de la délocalisation, et peut être parfois florissante, comme aux alentours de Toulouse (Airbus, aéronautique). Cela est moins vrai dans le monde agricole, qui a subi dans les années 1980 la concurrence de l'Espagne et du Portugal introduite par l'Union européenne.

Le poids important de la fonction publique en fait également une zone plus protégée. Le Sud-Ouest est une des régions qui emploie le plus de fonctionnaires, comme le relevait une carte établie par L'Express en janvier 2014.

• Une sociologie particulière

Comme l'ont montré Hervé Le Bras et Emmanuel Todd dans leur livre L'Invention de la France (Gallimard, 1981), la famille de type communautaire et égalitaire (où les frères et soeurs sont égaux, contrairement à la famille autoritaire et son système d'héritage), correspond à un des points de force de la gauche. Or ce type de famille prévaut dans le Sud-ouest, contrairement à d'autres territoires comme le Nord où c'est la famille de type autoritaire qui domine, et qui sont donc historiquement plus marqués à droite.

L'immigration reste forte dans le Sud-Ouest, beaucoup plus que dans le Nord-Ouest par exemple. Pourtant il résiste davantage à la poussée du FN. «Il n'existe pas forcément de corrélation entre le taux d'immigrés et le vote FN, il y a même parfois même dé-corrélation», rappelle Bruno Jeanbart. «Le peuple du Sud-Ouest n'a pas le même rapport aux questions identitaires que le Sud-Est, qui était historiquement à gauche avant l'arrivée des Pieds Noirs dans les années 1960. Le rapport à l'immigration est très différent dans le Sud-Ouest par rapport à la région PACA, avec des écarts qui vont jusqu'à dix points dans les enquêtes d'opinion sur les questions migratoires» observe le sondeur. Autrement dit, le drame de la guerre d'Algérie, qui reste très vivace dans les mémoires du Sud-Est de la France, est moins présent dans le Sud-Ouest, ce qui expliquerait un rapport moins dramatique à la question migratoire et identitaire. 
 
Source:

Le Figaro

La crise du symbolique et la nouvelle économie psychique


Anne Bussière


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La crise du symbolique et la nouvelle économie psychique
par
Ex: http://fortune.fdesouche.com


En passant de l’économie industrielle du XIXè siècle à l’économie financière du néolibéralisme, nous sommes passés d’une économie de la névrose, bâtie sur le refoulement, à une économie de la perversion fondée sur la jouissance.
L’économie industrielle s’achève en août 1971 avec la fin de l’étalon or et l’auto-régulation du Marché. Simultanément, on constate au niveau sociétal un effacement de l’étalon phallus – cette instance symbolique qui régule le manque et permet la subjectivation de l’individu – dont le déclin, il convient de le dire, s’est amorcé au siècle des Lumières ; l’individu doit désormais s’auto-réguler en dehors de toute référence symbolique, ce qui génère une nouvelles économie psychique donnant libre cours à la jouissance aux dépens du désir. On constate que les mêmes mécanismes sont à l’œuvre dans l’économie financière et dans la nouvelle économie psychique, soit le déni du réel au profit du virtuel et de l’imaginaire.
Cependant, cette thèse concernant la nouvelle économie psychique, partagée par la majorité des freudo-lacaniens, est remise en question par un certain nombre de psychanalystes. Ces derniers contestent la prééminence de l’étalon phallus dans la construction de la subjectivité et pointent l’instrumentalisation de ce concept en vue de préserver la domination masculine. Dans cette perspective, les détracteurs de l’étalon phallus dénoncent une stratégie qui consiste à transformer un fait historique et culturel en donnée anthropologique universelle ; ils annoncent la fin du dogme paternel et plaident pour de nouvelles formes de paternalité.
On remarquera la contradiction dans laquelle se trouvent les détracteurs du néolibéralisme économique qui, par ailleurs, plaident pour la suppression de l’étalon phallus et pour une économie psychique émancipée de toute référence symbolique au manque. Soutenir une telle posture c’est ignorer le rapport entre l’infra structure et la super structure
La question du patrimoine et de la transmission qui nous occupe aujourd’hui engage celle du père. Chacun sait que dans la société traditionnelle patriarcale le patrimoine est transmis par le Père. Or, il se trouve que la figure paternelle est sérieusement mise à mal dans notre société dite postmoderne. Il est donc légitime de se poser les deux questions suivantes : le père est-il encore en capacité de remplir sa fonction de transmission ? Dans le cas contraire, quelles sont les conséquences de ce déficit sur l’économie psychique du sujet ?
Le discours sur le déclin du Père, ses causes et ses conséquences, fait l’objet depuis un certain nombre d’années d’un débat animé opposant les psychanalystes freudo-lacaniens de stricte obédience et les psychanalystes dissidents, les philosophes, historiens, sociologues et bien évidemment les mouvements féministes ; pour les uns : « il y aurait péril en la demeure », car ce déclin signerait la fin du monde, pour les autres, ce discours ne serait en fait qu’une stratégie de défense destinée à voler au secours d’un patriarcat chancelant sur le point de perdre le trône qu’il occupe depuis plusieurs siècles.
Avant d’aborder ces deux thèses adverses, je voudrais mettre l’accent sur le lien de cause à effet existant entre la dérégulation financière qui caractérise l’économie de ces cinquante dernières années et la dérégulation de l’économie psychique. On observera en effet que le néolibéralisme économique, dans sa phase ultime d’économie financière, comme le montre Edmond Cros (Voir, dans les mêmes Actes : « Du capitalisme financier aux structures symboliques – Á propos de deux idéologèles [ Temps réel, Réalité virtuelle] ») se fonde sur la disparition de l’étalon-or ; cette dernière entraîne la dérégulation des monnaies, la soi-disant auto-régulation des marchés et la mutation profonde de l’économie que l’on peut désormais qualifier de financière et virtuelle.
Simultanément, on constate les effets produits sur la super-structure et notamment sur l’économie psychique de l’individu par cette mutation de l’infra-structure. De fait, la disparition de l’étalon-or entraîne celle de son équivalent psychique que je nommerai « l’étalon-phallus », soit l’instance phallique ou encore la fonction paternelle ; on observe, en l’absence de ces repères, une dérégulation des normes sociales et culturelles et, à la suite, ce que les uns qualifieront de dysfonctionnement de l’économie psychique du sujet, tandis que d’autres n’y verront que de simples mutations historiques.
On observe que les deux thèses s’accordent quant au constat sur le déclin du Père, mais qu’elles en tirent des conclusions opposées. Je m’attacherai donc à développer successivement les deux argumentaires en mettant l’accent sur l’essentiel du débat, à savoir : quelle part, dans ces bouleversements ou simples évolutions, selon le point de vue, revient à la dimension anthropologique de l’être humain ou à sa dimension historique et culturelle ? Quel est l’objet de la transmission dans la société patriarcale ? Le Père assure-t-il cette fonction dans la société actuelle dite post-moderne et si non, quelles sont les conséquences et les effets produits sur l’économie psychique de l’individu ?
Le_cigare_de_Lacan.gifRappelons que pour les psychanalystes freudo-lacaniens l’instance phallique ou encore le langage instituent, régulent et transmettent le manque. En effet, la théorie de Jacques Lacan, et c’est là l’essentiel de son apport à la théorie freudienne, développe la thèse du rôle fondateur du langage dans la subjectivation du sujet. Dans cette perspective, le langage médiatise le rapport du sujet au monde et à soi-même ; il est mis en place non par l’objet mais par le manque de l’objet, le premier objet qui vient à manquer étant la mère. Le renoncement à l’objet aimé est donc la condition pour que l’être parlant puisse s’accomplir, il institue une limite qui entretient le désir. Il s’en suit que tout être humain doit s’accomoder d’une soustraction de jouissance, ce renoncement servant de fondement au désir et à la Loi. Dans l’expérience de la castration, en effet, l’enfant doit renoncer à la « Toute- jouissance » de la mère et donc à sa propre « Toute –puissance ».
Dans ces conditions, ce qui assure la transmission chez l’être humain c’est non seulement les gènes mais les signifiants dont le réseau instaure une distance irréductible par rapport à l’objet, un vide qui constitue le sujet (Lebrun :2007 p.55). Pour Lacan, le langage n’est pas un simple outil, il est ce qui subvertit la nature biologique de l’humain et fait dépendre notre désir de la langue. L’aptitude à la parole se paye d’un prix : parce qu’il doit passer par le défilé des signifiants, le désir humain est condamné à la seule représentation. Le langage donc inscrit la perte, il met fin au rapport fusionnel avec la mère et au régime de la jouissance ; il fonde l’économie du désir et ouvre à l’altérité. « L’étalon phallus », soit encore le langage, ou la métaphore paternelle, a pour mission de transmettre du manque, d’imposer une soustraction de jouissance.
La postmodernité et l’absence de transmission :
Or, les freudo-lacaniens observent un décrochage entre ce statut anthropologique du langage et les pratiques et discours de notre société postmoderne ; selon eux, ce décrochage affecte l’équilibre psychique de l’individu. Tout se passe comme si notre société ne transmettait plus la nécessité du vide, de sorte que l’objet se substitue à sa représentation et la jouissance au désir.
En effet, nous avons intériorisé le modèle du Marché qui ne connaît pas de limites à l’expansion exponentielle et globalisée du cumul des richesses. De nos jours, pas plus l’économie financière que l’économie psychique collective et individuelle ne font sa place au vide. La société de consommation issue du néo-libéralisme économique cherche avant tout à créer des consommateurs et, dans ce but, elle reproduit le lien fusionnel à la mère en situant le sujet, si tant est que l’on puisse parler de sujet, sous le régime de la dévoration dont le tableau de Goya : « Saturne dévorant ses enfants » est la métaphore parfaite.
L’urgence consommatrice nourrit et remplit sans sevrage, générant le processus de l’addiction, c’est-à-dire la jouissance indéfinie et absolue de l’objet sans médiatisation symbolique. L’objet est possédé et détruit dans l’instant, sans aucun différé, la jouissance s’est substituée au désir et c’est toute la dimension temporelle qui s’en trouve bouleversée. De fait, ce régime suppose l’effacement du futur mais aussi du passé, de l’historicité et donc de la transmission symbolique d’une génération à l’autre : « L’oralité dévorante qui s’est emparée de notre société évoque la rage de se remplir, la crainte du vide. » (Barbier : 2013 p. 169).
Charles Melman à son tour souligne le lien entre l’économie néo-libérale et la nouvelle économie psychique en ces termes : « l’expansion économique a besoin de lever les interdits pour créer des populations de consommateurs avides de jouissance parfaite. On est désormais en état d’addiction par rapport aux objets » (Melman, 2005 p. 71).
Dominique Barbier souligne que le lien social se délite ; ce n’est pas pour autant le triomphe de l’individualisme qui marque notre époque, mais bien plutôt celui de l’égoïsme grégaire. L’égoïste ne cherche que la satisfaction de ses pulsions, alors que l’individu doit être capable de les assumer et de les réfréner en les convertissant en une forme symbolique viable. De nos jours, au sein de la famille, la métaphore paternelle ne fonctionne plus, de sorte que le passage à l’âge adulte est repoussé indéfiniment et la subjectivation compromise ; l’enfant, plus tard l’adolescent, est incapable de renoncer à la Toute-jouissance et à la Toute-puissance. Dominique Barbier parle à ce propos d’une attitude familiale fusionnelle où les places ne sont pas définies par la triangulation oedipienne.
mendelgéreard.jpgGérard Mendel, promoteur de la sociopsychanalyse, observe dans la famille postmoderne le même type de dysfontionnement concernant la traditionnelle triangulation oedipienne. Il analyse le déclin de l’image du père mise en évidence par le mouvement de mai 68 et l’attribue au développement incontrôlé de la technologie dans notre société néo-libérale.
Selon lui, la puissance technologique est ressentie par l’adolescent comme Toute-puissance, ce qui le renvoie aux expériences vécues avec la mère dans la première phase archaïque ; il se trouve que l’image paternelle, traditionnellement associée aux institutions qui fondent la société, est elle aussi indissociable de la puissance technologique ; or, de nos jours, cette dernière est plus forte que les institutions, lesquelles ne défendent plus les valeurs traditionnelles (droit, justice,vérité, liberté). L’adolescent ne dispose donc pas de deux images parentales bien différenciées, l’image du père étant infiltrée par les éléments archaïques de la mère (le chaos, l’inconnu, l’arbitraire) ; en l’absence d’une médiation paternelle, l’adolescent se retrouve dans l’impossibilité d’affronter le conflit oedipien et de renoncer à la Toute-jouissance (Mendel : 1974).
Dans cette perspective, la société de consommation, issue de l’économie néo-libérale et de la dérégulation produit des effets désastreux sur l’équilibre mental des individus. Selon Charles Melman : « nous passons d’une culture fondée sur le refoulement des désirs, et donc de la névrose, à une autre qui recommande leur libre expression et promeut la perversion » (Melman, 2003, p.17).
On a pu constater que le discours sur la perversion fait désormais florès dans les medias : en témoignent les titres de la littérature psychanalytique, psychologique et sociologique : La perversion ordinaire, La fabrique de l’homme pervers et les articles consacrés au pervers narcissique qui envahissent les pages des revues. C’est pourquoi il convient de définir le concept de perversion qui tend à se diluer dans un usage indiscriminé et de revenir à Freud. Ce dernier, en ce qui concerne la perversion fétichiste, arrime le concept au déni de la réalité de la différence des sexes et donc de la castration.
Alors qu’elle perçoit la réalité, la personne qui la dénie se comporte comme si la réalité n’existait pas. A partir de là, on voit bien comment s’articule la perversion sur la non- transmission du manque. Lebrun observe que les nouveaux sujets postmodernes et le pervers stricto sensu ont en commun le même fonctionnement, à savoir le déni du manque : « Ils veulent récuser la modalité de jouissance prescrite par le langage pour pouvoir en prôner une autre non soumise à tous ces avatars qui limitent ladite jouissance […] un mode de jouir où le lien à l’objet n’est plus médiatisé par le signifiant » (Lebrun : 2007, 339). Il souligne encore au sein de la famille une forme de complicité entre les parents et les enfants dans le but de dénier le manque, de l’éviter. Les parents cherchent à éviter le conflit et les enfants en profitent, ils refusent la soustraction de jouissance, revendiquent la Toute-puissance et transgressent la Loi.
mel41JOeYYpanL.jpgSelon Charles Melman, la nouvelle économie psychique consiste dans un rapport spécifique du sujet à l’objet : chez le névrosé, tous les objets se détachent sur fond d’absence, le pervers, quant à lui, se trouve pris dans un mécanisme où ce qui organise la jouissance est la saisie de ce qui normalement échappe. Le comportement addictif en est un symptôme : pousser le plaisir tiré de la possession de l’objet jusqu’à l’extrême de la jouissance (Melman, 2003, 64). En outre, le pervers est intolérant à la frustration, d’où une attitude agressive et des passages à l’acte impulsifs, il ne reconnaît pas l’autre, le manipule ou le détruit comme s’il s’agissait d’un objet ; on constate chez lui des éléments de la structure paranoïaque : la haine de la différence et du sexe opposé qui entraîne fréquemment des passages à l’acte. Rien d’étonnant donc à ce que pervers narcissiques et psychopathes alimentent la chronique noire des tabloïdes.
De nos jours, les progrès de la science et de la technoscience, en matière notamment de procréation, ne connaissent pas de limites, pas plus que l’économie financière, ils repoussent indéfiniment les limites de la morale, bouleversent le statut de la famille triangulaire et, en matière de sexualité, font triompher le fantasme sur le réel. C’est ainsi que dans la nouvelle économie psychique, chacun est invité à inventer son propre sexe. Le concept de genre s’est substitué à la réalité de la biologie, et la sexualité nourrit le sentiment de Toute-puissance.
A partir de ce tableau de la psychopathologie de notre société, (déni de la réalité et fuite dans l’imaginaire), on voit apparaître les effets produits conjointement par la perte de l’étalon-or et de ce que j’ai dénommé l’étalon-phallus : l’économie néo-libérale, qui vise l’accroissement indéfini des richesses, nourrit la jouissance sans fin, elle est en rapport avec un objet qui vient combler et apporte une satiété en tuant le désir. Pour J.P. Lebrun, le mensonge consumériste nous fait croire que nous pouvons être remplis. Il ne nous aide pas à élaborer le vide qui est en nous.
Le règne du virtuel  :
La fin de l’économie réelle signe le règne de l’économie virtuelle. De la même façon, dans la sphère socio-culturelle de famille, la T.V., ce troisième parent, ne transmet pas le manque mais le plein et le néo-libéralisme utilise ce media comme vecteur de conditionnement. C’est ainsi que Patrick Le Lay, haut responsable de programmes T.V. déclare cyniquement : « le but est de rendre le cerveau des téléspectateurs ‘disponible’, c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages » (in Barbier : 2013, 176).
Discurso-televisivo-1ª-A.jpgDans cette perspective, J.G. Requena a exploré le discours de la T.V. comme discours de la postmodernité (G. Requena : 1988). Il y voit une structure en miroir qui s’organise autour de la relation imaginaire et de la séduction, c’est-à-dire autour de la plénitude de la Toute-jouissance qui caractérise la relation duelle avec la mère.
Il dénonce dans le spectacle télévisé le déficit de symbolique dû au fait que le signe iconique, contrairement au signe linguistique, présente une forte résistance à la représentation et par conséquent suppose un fort indice de Réel, c’est-à-dire de hasard, de singulier. Ce Réel non symbolisé, il le désigne sous le terme de : « lo radical fotográfico », en rappelant que les images télévisuelles sont issues de la photographie qui a révolutionné la représentation au XIXe siècle ; en effet la photographie, en montrant l’objet, en l’exhibant, substitue la présentation à la représentation. C’est pourquoi l’image télévisuelle, telle qu’elle se donne à voir dans le « reality show » et le film pornographique, constitue le degré zéro de la représentation, sans travail de mise en scène, sans essais, sans direction d’acteurs : « se ofrece la pura huella salvaje de lo real en primer grado ».
On remarquera que G. Requena prend soin de distinguer le Réel de la réalité. Le Réel, en référence aux trois ordres lacaniens (Réel, Imaginaire, Symbolique), se distingue de la réalité. En effet, la réalité c’est la part du monde que nous manipulons, qui nous est intelligible, dans la mesure où elle est médiatisée par le Symbolique, alors que le Réel, c’est l’Autre, ce qui résiste, l’hétérogène, la pulsion. Ces images-là relèvent d’une économie psychique clairement psychotique, elles témoignent de ce que González Requena nomme « lo siniestro », c‘est-à-dire : « la cualidad psíquica de la psicosis », ou encore comme l’irruption du Réel dans la réalité en l’absence de fondation symbolique .
Selon lui, ces images sont issues de la perte de l’étalon phallus et du déficit de la fonction paternelle. En l’absence de tiers terme, rien ne met fin à la relation duelle, la subjectivation n’a pas lieu et l’individu est livré à son délire, c’est-à-dire à l’expansion illimitée de l’imaginaire qui anéantit la réalité. C’est le cas du psychotique sans cesse menacé par le réel de la pulsion.
Cependant, on constatera que les analyses de González Requena concernant la nouvelle économie psychique sont sensiblement différentes des précédentes ; en effet, le dérèglement mental induit par la société postmoderne relève, selon lui, non pas de la perversion mais de la psychose dans la mesure où il implique le concept de forclusion élaboré par Lacan. C’est ainsi qu’il procède à une analyse approfondie des structures communes aux discours télévisuel et psychotique. Dans cette perspective, il observe une prédominance de la structure en miroir dans laquelle le présentateur regarde dans le champ off hétérogène où se situe le téléspectateur. La fonction référentielle susceptible de rendre compte de la réalité se trouve alors éliminée au profit des fonctions conative et expressive grâce auxquelles l’énonciateur établit une relation exclusive avec l’énonciataire, de sorte que la paire JE/TU élimine le troisième terme IL/ELLE bouclant hermétiquement le circuit de la communication.
A cela s’ajoute l’effet produit par une fonction phatique dominante assurant un contact permanent entre énonciateur et énonciataire au détriment du sens ; ce type de communication ne manque pas de rappeler le bavardage vide, la logorrhée sans fin du psychotique. Il faut parler à tout prix, remplir toutes les plages de silence, ce qui, une fois de plus, relève de l’économie du plein.
On aura compris que cette pseudo-communication reproduit la relation imaginaire duelle en jouant le rôle d’un cordon ombilical : “Este mundo a la vez fragmentado y totalizador ofrecido a la mirada voraz del espectador en una relación dual, imaginaria, escópica, se parece inquietantemente a ese otro mundo a la vez fragmentado, seductor y absoluto que lo construyera todo para el individuo en el comienzo de su existencia. El psicoanálisis lo llama la madre primordial.” ( Requena :1988,113) Cette forte dominante d’une économie psychotique González Requena la retrouve dans le corpus filmique de la postmodernité, notamment dans El Club de la lucha qu’il qualifie de Apoteosis del psicópata (Requena : 2008). Il analyse l’évolution du processus psychotique chez le personnage en le mettant en rapport avec le déclin de la fonction paternelle associé au retour de l’imago maternelle archaïque. Le personnage de ce film n’accède pas au statut de sujet et vit dans l’univers spéculaire de la relation duelle. Il n’a pas d’identité, pas de nom, puisqu’il ne peut se différencier de l’autre, de sorte que dans le miroir il ne rencontre que son double. G.R. insiste sur l’univers dé-réalisé dans lequel baigne le personnage ; ce sentiment de perte de la réalité et de l’identité est alimenté par le contexte dans lequel il vit où règne la production en série. En l’absence de langage c’est la pulsion qui parle et provoque finalement la conduite suicidaire du héros/psychopathe. Ce dernier est totalement soumis au discours du Marché : on le voit feuilleter un catalogue d’IKEA et commander la totalité des meubles et objets qui y figurent. On retrouve la même standardisation dans les espaces qu’il traverse au cours de ses voyages : avions, aéroports, hôtels – durant lesquels il se nourrit de portions individuelles uniformement calibrées – forment une série indistincte.
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Pour reprendre les propres termes de G.Requena, la société postmoderne a engendré « un ser seriado, intercambiable, abstracto » au lieu de « un individuo real, irrepetible, singular ». Ce vécu de dé-réalisation généralisé débouche sur la question de la jouissance. Dans l’incapacité de vivre une expérience « réelle » en l’absence d’une médiation symbolique, le personnage, rivé au registre imaginaire, n’a d’autre solution que le passage à l’acte qualifié par l’auteur de « violencia máxima como única vía de acceso a la experiencia de lo real ». Il bascule ainsi de l’aliénation à la jouissance illimitée caractéristique d’une société de consommation qui dénie le manque, à la décharge pulsionnelle qui fait voler le moi en éclats.
A propos de la dénomination psychopathe attribuée au personnage, on est en droit de se demander quelle est la différence entre le psychopathe, le psychotique et le pervers. Amaya Ortiz de Zárate (1996, pp.123-126) précise la distinction entre les deux premiers : si les trois présentent un dysfonctionnement au niveau de la gestion du manque, le psychopathe et le pervers quant à eux souffrent d’un trouble de la personnalité qui n’affecte pas leur lucidité au moment où ils passent à l’acte, contrairement au psychotique qui, d’ailleurs, est jugé irresponsable par les juges. Comme nous pouvons le constater, les structures mentales du psychopathe sont sensiblement les mêmes que celles du pervers : dans les deux cas, il y a déni de la réalité, alors que le psychotique est affecté par le processus de forclusion, privé donc de la dimension symbolique du langage. En ce qui concerne le protagoniste de EL club de la lucha , l’un des traits distinctifs qu’il partage avec le pervers est l’absence totale d’empathie, le mépris devant la souffrance de l’autre et la jouissance qu’il tire de ce spectacle : « esa ausencia de empatía constituye sin duda el rasgo más evidente del psicópata » (G. R. :2008, 69). González Requena fait encore remarquer que ce type d’économie psychique est une constante du cinéma post-classique hollywoodien dans lequel les figures du psychopathe et du psychotique se substituent de façon récurrente au héros mythique ; c’est le cas du film El de Buñuel dont le protagoniste est un paranoïaque délirant, aliéné à la Diosa Madre, substitut de l’imago maternelle.
tort782081207080.jpgLe psychanalyste Michel Tort, pour sa part, s’élève contre le discours freudo-lacanien que je viens de développer, ce discours qui, selon ses propres termes, condamne la faillite des pères incapables de dire non, prescrit la nécessité absolue de renoncer à la jouissance sous peine d’abandonner le pouvoir aux mères et à leurs fils non castrés. Il dénonce une régression de la psychanalyse lacanienne par rapport à ses fondements freudiens, dans la mesure où la fonction du père, selon Freud, n’est pas de séparer l’enfant de la mère mais de construire le sur-moi du sujet. Il rappelle les thèses de Lacan pour les combattre, notamment celle sur le déclin de l’image social du père qui entraînerait des effets dévastateurs sur le psychisme de l’individu, à savoir la forclusion chez le psychotique, soit l’impossibilité d’accéder à la subjectivité. Il cite les propos de Lacan sur le nouveau pouvoir des mères : « La mère est une femme que nous supposons arrivée à la plénitude de ses capacités de voracité féminine » ou : « cette mère inassouvie, insatisfaite, autour de laquelle se construit toute la montée de l’enfant dans le chemin du narcissisme » ou encore : « la femme accède difficilement au symbole et donc à la famille humaine, mais par contre, elle accède facilement au primitif et à l’instinctuel, ce qui l’établit dans un rapport direct à l’objet non plus de son désir mais de son besoin » (in Tort, M : 2005, 126 ). Il ne fait aucun doute que les sentences lacaniennes concernant la femme et la mère ont de quoi faire frémir les oreilles d’un auditoire féministe. Michel Tort reprend le schéma de l’Œdipe selon Freud et Lacan en observant qu’il ne relève pas d’une donnée anthropologique mais d’une construction idéologique et non anthropologique. Ce schéma, je le rappelle, établit la prévalence initiale de la mère comme objet dans une relation fusionnelle, puis le passage à la prévalence du père qui intervient comme tiers pour séparer la mère de l’enfant. Cet ordre chronologique supposé universel : « la mère puis le père » correspond à la division traditionnelle des sexes et à leur rôle dans l’éducation. A la mère les premiers soins, au père la relation « à la réalité ». Or ce système, soutient M.T., n’est pas fondé en nature, c’est une donnée historique. Si le père, jusqu’à nos jours intervenait peu dans l’éducation des tout petits, cela relève d’un phénomène culturel ; si à l’origine entraient en jeu des facteurs biologiques, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
En effet, à l’orée du XXI° siècle, observe Michel Tort, les progrès des techno-sciences, les revendications et les luttes féministes, la nouvelle place des femmes dans la société, rendent caduques ces arrangements historiques. De fait, il est devenu fréquent de faire grandir un fœtus en milieu artificiel ; dans ces conditions, pourquoi la personne chargée des premiers soins serait-elle nécessairement une femme ? La réalité prouve qu’un homme fait aussi bien l’affaire et que cette dernière solution écarte le danger d’une supposée omnipotence maternelle et par conséquent la nécessité d’un père séparateur. Donc, Michel Tort soutient que le schéma traditionnel du patriarcat associe de façon arbitraire l’aliénation à la mère et la subjectivation par le père. Il poursuit son entreprise de démolition de la thèse freudo-lacanienne en proposant d’inverser les termes : « Pourquoi la mère, la femme ne serait-elle pas sujet à part entière, capable de donner son autonomie à son enfant ? Pourquoi la fonction paternelle défaillante serait-elle à l’origine des violences des jeunes, des toxicomanies, des conduites à risque, des violences sexuelles ? » (Tort, M. : 2005, 200). Le psychanalyste fait encore remarquer qu’au lieu de déplorer les effets catastrophiques du déclin sur la nouvelle économie psychique, que ce soit le déni ou la forclusion, il vaudrait mieux constater l’émergence d’une nouvelle figure, celle du père de l’enfant, au lieu du père de famille.
En conclusion de ce bref exposé du débat qui oppose ceux qui déplorent la crise du symbolique et ceux qui célèbrent la fin du dogme paternel, et pour revenir au lien de cause à effet entre la disparition concomitante de l’étalon- or et de l’étalon- phallus, il me semble intéressant d’évoquer les commentaires de Jean -Claude Michéa concernant la double pensée, terme qu’il emprunte à Georges Orwell. Le philosophe met en lumière la contradiction dans laquelle s’enferment de nos jours les intellectuels de gauche qui prennent pour cible le libéralisme économique effréné alors qu’ils prennent la défense d’un libéralisme culturel émancipé de toute référence symbolique au manque et qu’ils œuvrent pour le triomphe des droits illimités de l’individu ; cette gauche moderne s’oppose farouchement au capitalisme financier et simultanément en appelle à transgresser toutes les frontières et toutes les limites culturelles ou morales établies, ce qui revient à soutenir simultanément deux thèses incompatibles. (Michéa : 2008).

dimanche 29 mars 2015

Le salariat béat

Philippe Devos


 Il en est de certains salariés comme de ces animaux de compagnie en état de dépendance affective vis à vis de leur maître.


Après tout, leur patron leur reverse un salaire, et ils leur doivent donc les bienfaits qui en découlent : confort matériel et position sociale, tout ce qui constitue une vie bien remplie et épanouissante de petit boy-scout docile.
A chaque fin de mois, notre salarié béat découvre avec une joie non feinte la précieuse enveloppe contenant sa fiche de paie dans sa boîte aux lettres, l’ouvre avec émotion, la déplie fébrilement, et tandis qu’il caresse du regard le montant tout en bas d’argent fictif qui va venir gonfler son petit pécule numérique sur son compte en banque, il ne peut s’empêcher d’ajouter d’une voix intérieure vibrante de reconnaissance : « merci patron ! ».
Merci patron d’accepter que je te vende ma force de travail au prix du marché, que je puisse à mon tour participer à la vie de la fourmilière, en occupant à ton service quelques tâches parasites.
Que deviendrais-je sans toi, gentil patron, sinon l’un de ces fainéants laissé pour compte qui vit des minimas sociaux et qui ne connaît pas la joie d’un quotidien articulé autour du temps de présence en entreprise.
Merci patron bien aimé de me permettre de vivre cette passionnante aventure humaine consistant à empiler des chiffres dans des colonne, à modéliser des schémas, à inventer de nouveaux acronymes.
Il est de ces gens qui élèvent des menhirs pour d’autres et pour se sentir fier à l’idée d’avoir participé à l’érection d’un cailloux. Il est de ces gens pour construire des pyramides pour que d’autres y enfouissent leur trésor, et pour pleurer de joie quand on leur tend une écuelle en remerciement de leur servitude, avec l’assurance que leurs enfants pourront peut-être un jour, pour prix de leur servilité, devenir contre-maître et manier le fouet à leur tour.
Il est de ces gens pour développer des trésors d’imagination afin de faire de ce monde un monde où tout est figé, où rien d’autre n’est possible que de reproduire éternellement la dépendance à l’échange et à l’aliénation marchande.
Un rêve de patron dont nos silhouettes courbées sous l’apathie ou la la résignation tapisse les parois d’une vaste caverne aux allures d’open-space, un monde de citoyens désengagés où l’économie fait l’histoire et où le bonheur est devenu la représentation du bonheur, où l’on vit par procuration à coup d’écrans interposés. Une vaste officine de pharmaciens où l’on vient chercher sa dose d’anxiolytique lors d’inévitables crises existentielles, car malgré tout ce que feint de croire notre salarié béat :
Le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue » Bob Kennedy.
Un monde où heureusement, envers et contre toutes nos prisons mentales, tout demeure possible.

Source : Diktacratie

samedi 28 mars 2015

Sommet arabe: les chefs d'Etat planchent sur une force jointe



Sommet arabe: les chefs d'Etat planchent sur une force jointe
Les chefs d'Etat arabes ont clamé samedi à l'ouverture de leur sommet annuel qu'ils oeuvraient à la création d'une force unie pour combattre les "groupes terroristes" dans la région, considérant comme un "test" l'opération militaire conjointe en cours au Yémen.

Depuis plusieurs semaines, à l'unisson de l'organisation panarabe qui l'avait placé en tête de son agenda pour ce sommet, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi réclamait avec le plus d'insistance cette force arabe pour lutter contre les groupes "terroristes". En particulier l'organisation Etat islamique (EI), qui multiplie les atrocités en Irak et en Syrie et gagne du terrain en Libye et en Egypte.

Mais plus que le groupe extrémiste sunnite, c'est la crainte de voir le grand rival iranien chiite, principal soutien de la milice yéménite des Houthis, étendre son influence dans la région qui paraît obliger les pays arabes à surmonter leurs dissensions. Et entériner dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le Sinaï, la création d'une force militaire conjointe.

Conduite par Ryad, une coalition impliquant neuf pays arabes dont l'Egypte, a lancé jeudi des frappes aériennes au Yémen pour stopper l'avancée des Houthis qui tentent de s'emparer de la totalité du pays.

- 'Menaces sans précédent' -

Dès l'ouverture du sommet, qui doit durer deux jours, M. Sissi, qui préside pour un an la Ligue arabe, a clamé qu'il fallait accélérer la formation d'une force arabe pour "faire face aux menaces sans précédent pour l'identité arabe" que constituent "les groupes terroristes" et la multiplication des conflits.

Avant le sommet, l'Egypte avait mentionné la possibilité d'envoyer au Yémen des troupes au sol, si nécessaire.

Le roi Salmane Ben Abdel Aziz d'Arabie saoudite lui a emboîté le pas en s'appuyant sur l'exemple de l'intervention militaire conjointe que son pays dirige au Yémen, assurant qu'elle durerait jusqu'au rétablissement de la sécurité dans ce pays.

Le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi a estimé, lui, que l'opération aérienne devrait continuer jusqu'à la "reddition" de ces derniers. Mais elle doit aussi constituer un "test pratique" pour une future force arabe, a-t-il martelé.

Le sommet de Charm el-Cheikh se tient alors que plusieurs pays de la région sont ravagés par les conflits, principalement le Yémen, la Syrie, la Libye ou l'Irak, mais aussi confrontés à la menace de l'EI.

Les chefs d'Etat devraient donc adopter un projet de résolution égyptien déjà approuvé par les chefs de diplomatie arabes jeudi, indiquant que la force, regroupant des troupes des Etats membres, sera chargée de mener "des interventions militaires rapides" pour parer aux menaces sécuritaires.

L'Egypte --qui dispose de l'armée la plus nombreuse et parmi les mieux équipées du monde arabe-- s'affiche comme le fer de lance de cette force au moment où son aviation et sa marine participent à l'intervention au Yémen.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, également présent au sommet, a appelé à une résolution "pacifique" du conflit au Yémen et a par ailleurs dit sa "honte" devant l'"échec collectif des communautés internationale et régionale à mettre un terme au carnage en Syrie".

L'émir du Koweït, les rois de Jordanie et du Bahreïn, les présidents de la Tunisie et de l'Autorité palestinienne, le chef du Parlement libyen reconnu par la communauté internationale, participaient également au sommet placé sous haute sécurité.

Des patrouilles de police et de l'armée sont déployées dans les rues, tandis que des avions militaires survolaient la station balnéaire.

- L'Iran, priorité de Ryad

Pour Mathieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à l'université de Toulouse (France), l'opération au Yémen représente "un coup d'essai pour la future force arabe d'intervention rapide".

Mais les divergences de points de vue entre les 22 membres de la Ligue pourraient ralentir le processus.

"Il est important que cette force ait des objectifs spécifiques, ainsi qu'un plan et un programme clairs", avertit un diplomate yéménite s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Oraib al-Rentawi, directeur du centre Al-Qods pour les études politiques, estime ainsi que si la priorité de Ryad reste de "faire face à l'influence grandissante de l'Iran dans la région", l'Egypte et la Jordanie veulent en revanche "lutter contre le terrorisme".

"Pour l'instant, l'EI passe au second plan face à la menace d'extension du pouvoir chiite au Yémen, qui risque de modifier profondément la géopolitique de la région", estime M. Guidère.
 
Source:

afp via l'express

Tripartisme : oui, mais lequel ?



Tripartisme : oui, mais lequel ?
 Childéric Fonteney (Voxnr)
 
Peu fut dit et à fortiori explicité le soir des élections départementales puisque aussi bien Tf1 que France 2 préférèrent que les politologues, rapidement, cèdent la place dans les deux cas, à un film, audience oblige, c'est à dire dictature du chiffre. Comme si ces deux films ne pouvaient être programmés un autre jour.

Et ce n'est certainement pas les déclarations partisanes effectuées sur les plateaux qui purent réellement informer les Français. On ne retint de cette courte intervention avant le passage au ludisme très contemporain que le succès de la droite et l'échec moins catastrophique que prévu de la gauche. Le score pourtant exceptionnel du Front National fut passé sous silence et l'on comprend mieux pourquoi un sondage très récent nous apprend que 43% des Français considèrent, bien à tort, que c'est la droite qui a gagné : la désinformation a donc porté ses fruits.

Or, quand bien même l'on additionne toutes les composantes de la droite que l'on obtient que 36% alors même que cette droite était située dans une situation favorable puisque dans l'opposition. Ces 36% sont à comparer avec les résultats de la droite des années 80 qui faisaient alors entre 42 et 47% des suffrages. Alors même donc qu'à l'époque la droite rassemblait alors près d'un électeur sur deux, elle n'en obtient aujourd'hui qu'un peu plus d'un tiers, ce malgré un enracinement local depuis toujours.

Je ne suis pas de ceux qui considèrent que seuls doivent être pris en compte les résultats de l'Ump. A cela une raison que chacun peut comprendre. Les divers droite et divers « divers droite » peuvent être rattachés à l'Ump. Contrairement à la gauche, s'il y a aussi pluralité d'étiquettes à droite, l'accord sur presque tout est flagrant. Il existe donc aujourd'hui à droite, à condition que de façon relative on exclut le modem, un véritable bloc, même si les appellations diffèrent.

A gauche, le constat ne peut qu'être différent. Non seulement, il y a pluralité des étiquette mais, de surcroît, celles ci font le plus souvent sens. Non seulement parti communiste, parti de gauche, et une des tendances des écologistes ne peuvent être inclus dans l'actuelle majorité, mais en plus ils sont ouvertement d'opposition au gouvernement en place. D'où l'absurdité d'évoquer la gauche en additionnant toutes ses composantes, ce que Manuel Valls a fait. Ce que l'on appelle majorité dans la France d'aujoud'hui, ce à l'aune des résultats du premier tour des départementales, ce n'est environ que 27.5% des suffrages. On mesure dès lors la vigueur de l'opposition aujourd'hui dans notre pays et écrire que dans la France contemporaine la majorité est minoritaire, relève du doux euphémisme.

Il n'est pas impossible que l'on s'achemine vers un tripartisme qui n'est pas celui habituellement présenté par les commentateurs. On peut très bien imaginer ainsi une refonte de la gauche comme de la droite. Il y aurait alors émergence un grand centre incluant aussi bien une partie de la gauche et de la droite (le parti du Système) attaqué aussi bien par un axe incluant une partie de la droite (celle favorable à l'alliance avec le Front National) associée donc au Front national, et un autre axe constitué par ceux qui sont réellement de gauche.

Livre : Parution : Les amazones de la terreur



Livre : Parution : Les amazones de la terreur
 
 Fanny Bugnon
 
Les éditions Payot viennent de publier un essai de Fanny Bugnon intitulé Les « amazones de la terreur » - Sur la violence politique des femmes de la Fraction armée rouge à Action directe. Docteur en histoire, Fanny Bugnon enseigne à l'université de Rennes.

" Durant le dernier tiers du XXe siècle, de nombreuses femmes rejoignirent les rangs d’organisations politiques violentes comme la Fraction armée rouge allemande, les Brigades rouges italiennes ou Action directe en France. Certaines tuèrent. Les médias surpris de cette violence féminine les appelèrent "amazones de la terreur" et créèrent pour elles une nouvelle catégorie, celle de la "femme terroriste". Dans ce livre pionnier, croisant les mutations du militantisme de l’après-68 et l’essor de la deuxième vague féministe, Fanny Bugnon propose une réflexion de fond sur le sujet encore tabou de la violence politique des femmes et une étude sur les mouvements révolutionnaires radicaux qui offre des résonances très actuelles, en particulier avec l’engagement des femmes dans les attentats sur tous les fronts. "
 
Source:

Metapoinfos

Les USA et les Saoud au secours de Daech et Al Qaeda au Yémen



Les USA et les Saoud au secours de Daech et Al Qaeda au Yémen
 
 
Dans le monde arabe et musulman, rien de nouveau. On se bat entre Arabes et musulmans au plus grand bonheur de leurs ennemis américains et israéliens. Les USA et les Saoud sont à l’offensive dans tous les pays qui leur résistent principalement en Syrie, en Irak et au Yémen.

En Syrie, les forces saoudiennes attaquent sur 2 fronts : le Nord et le Sud.
Au Nord, la ville loyaliste et majoritairement sunnite d’Idlib est encerclée par des milices liées à Al Qaeda. Ces milices utilisent des armes américaines notamment des missiles TOW pour venir à bout de la résistance de l’armée syrienne et des forces populaires qui défendent leur ville et leurs terres. L’un des commandants Al Qaeda de l’opération d’Idleb est un cheikh saoudien dénommé Abdallah al Mouhaisni.

Au Sud, c’est la ville antique de Bosra al Cham au cœur de laquelle trône un amphithéâtre romain, qui vient de tomber aux mains d’une coalition de groupes djihadistes pilotés par le Front al Nosra, filière d’Al Qaeda en Syrie.
Alors que le commandement US se gargarise de discours antiterroristes, aucun avion de l’Axe US/UE/CCG n’a été aperçu dans le ciel syrien au-dessus d’Idleb ou de Bosra al Cham.

Comme le révèle la dépêche Reuters du 23 mars dernier signée Tom Perry, les armées occidentales ont même intensifié leurs livraisons d’armes à Al Qaeda sur le Front Sud. C’est par la frontière jordano-syrienne que ces armes, pour la plupart offertes par l’Arabie saoudite, le plus grand importateurs d’armes au monde, parviennent à la coalition anti-Assad du Front Sud. Israël n’est pas en reste puisque des sources officielles reconnaissent désormais fournir de l’aide aux forces anti-Assad dont Al Qaeda dans le Mont Bental sur le plateau du Golan (Yaroslav Trofimov, Wall Street Journal, 12 mars 2015).

Ainsi donc, nos belles âmes occidentales éprises d’art et de raffinement, celles-là même qui se lamentent des destructions des musées et du patrimoine de l’Orient par les djihadistes de Daech ont offert à al Qaeda, Bosra al Cham, une ville antique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

En Irak, les USA sentent qu’ils perdent pied dans la résistance contre Daech. Forces kurdes, chiites et sunnites appuyées par le voisin et allié iranien ont réussi à former une alliance antiterroriste qui porte ses fruits.

Plusieurs villes et villages des provinces de Salaheddine et Anbar ont ainsi pu être libérés de la présence terroriste. Craignant cette unité supra-ethnique et supra-confessionnelle, l’aviation US a bombardé cette nuit les positions de Daech dans la ville de Tikrit par crainte de perdre pied dans ce pays devenu allié de l’Iran.

Cette intervention US à Tikrit a été conspuée par les milices chiites qui rejettent toute forme d’alliance avec Washington.

Certains miliciens liés à l’Armée du Mahdi de Moqtada Sadr et aux Brigades du Hezbollah irakien ont même décidé de se retirer des combats.
Sur le front de Tikrit, il y a donc non pas assistance comme le laissent entendre de nombreux analystes mainstream mais concurrence entre l’Iran et les USA, un peu comme celle qui exista entre l’Armée soviétique et les troupes du général Patton face à l’Empire hitlérien.

Par hostilité atavique envers l’Iran, les Saoud ont longtemps encouragé Daech. Aujourd’hui, la dynastie wahhabite cultive l’attentisme avec une crainte grandissante face au prestige accumulé par Téhéran parmi les populations de Syrie et d’Irak vivant sous le joug de Daech.

C’est finalement au Yémen, leur arrière-cour, que les Saoud ont décidé de lancer leurs bombardiers contre la résistance anti-Daech.
Naguère terrain d’affrontement entre marxistes et panarabes d’une part et forces réactionnaires pro-Saoud d’autre part, le Yémen est aujourd’hui le théâtre d’une guerre entre les milices houthistes d’inspiration chiite d’une part.

Ces derniers jours, les milices houthistes d’Ansar Allah ont mené une avancée spectaculaire vers Aden, la grande ville du Sud du Yémen où s’est refugié le président déchu et agent soudien Abd Rabbo Mansour Hadi.
Contrairement à ce qu’affirment les médias occidentaux, les milices houthistes ne mènent pas une politique confessionnaliste mais remplissent une mission patriotique.

Malgré leur identité confessionnelle, ils cultivent une vision panislamique et panarabe, gagnant ainsi de la sympathie d’une large frange de l’armée nationale yéménite, y compris de la Garde républicaine et de nombreuses tribus sunnites, ce qui explique leur incroyable progression.

Alors que Daech a massacré près de 200 chiites dans une quadruple attaque kamikaze visant les mosquées vendredi dernier, alors qu’Al Qaeda dans la Péninsule arabique (AQPA) massacre à tour de bras, cette nuit, le régime wahhabite a lancé une opération militaire aérienne contre les forces rebelles du Yémen.

Ce n’est pas le ministre saoudien de la défense, le prince Mohammed Bin Salman ou le Roi d’Arabie saoudite Salman Ben Abdel Aziz qui a annoncé l’entrée en guerre de son pays contre la souveraineté du Yémen mais l’ambassadeur saoudien à Washington. Le scénario est digne d’un film arabe de série B.

Pour l’heure, les médias arabes, notamment Al Mayadeen, parlent d’une vingtaine de civils yéménites massacrés par les bombardements saoudiens.
Du temps du héros tiers-mondiste égyptien Jamal Abdel Nasser, le régime collabo et décadent des Saoud combattait les forces de gauche arabes (marxistes, nationalistes, panarabes) avec l’appui US.

Après avoir détruit les derniers vestiges du socialisme arabe, les Saoud s’en prennent à présent aux seules forces de résistance panarabes encore debout, du Hezbollah libanais à Ansar Allah yéménite en passant par le Baas syrien.
Dans un article alarmiste paru dans le Washington Post le 23 novembre 2012, la secrétaire d’Etat US de l’ère Bush Condoleezza Rice qualifiait l’Iran de « Karl Marx d’aujourd’hui ».

Si l’Iran équivaut à Marx comme l’affirme la fauconne de l’impérialisme US, le régime des Saoud, lui, incarne depuis sa création en 1744 la contre-révolution et la tyrannie d’Adolphe Tiers, le fossoyeur de la Commune de Paris.
notes
Source initiale : Mondialisation.ca
source
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Israël applaudit le partenariat stratégique avec l’Arabie Saoudite



Israël applaudit le partenariat stratégique avec l’Arabie Saoudite
 
 
"Le partenariat stratégique entre Israël et l'Arabie Saoudite" est un titre majeur qui occupe ces jours-ci la une des médias sionistes. Avec le déclenchement de l'offensive saoudienne et des pays alliés contre l'opposition au président yéménite sortant Abd Rabbo Mansour Hadi, experts et personnalités israéliens n'hésitent plus à parler ouvertement de la convergence des intérêts avec le royaume saoudite.

La dixième chaine de télévision israélienne a ainsi souligné la présence d'un tel partenariat entre Israël et Riyad contre l'axe de la résistance.

Commentant les derniers développements au Yémen, le journal israélien Yediot Aharonot a qualifié de "bonne nouvelle" pour Israël l'intervention saoudienne au Yémen contre les Houthis, souhaitant la victoire de Riyad dans cette offensive.

Un expert dans les affaires internationales, Meïr Lipnik, insiste sur l'importance de ce partenariat face à l'axe de l'Iran-Hezbollah qui représente le plus grand danger pour Israël.

Selon lui, "tout ennemi à l'Iran est nécessairement un ami pour Israël".
Pour l'orientaliste israélien Guy Bakhor, "les pays de la modération arabe ne prêtent plus attention à la question palestinienne, parce qu'ils ont besoin d'Israël en face de l'Iran. Ces pays sont devenus le médiateur entre Israël et l'Europe. Sachant qu'Israël a recours à l'Arabie Saoudite pour influencer la position européenne à son égard, alors que Riyad et ses alliés coopèrent secrètement avec Israël parce qu'ils se sentent menacés", révèle-t-il.

A cet effet, le Yediot Aharonot a interviewé des personnalités saoudiennes sous le couvert de l'anonymat. Ces dernières ont assuré le sort commun que partagent Israël et les pays du Golfe face à l'axe de la résistance dans la région.

Ledit journal a affiché des craintes israéliennes quant au contrôle houthi du détroit stratégique de Bab-el-Mandeb, ce qui facilitera le transit d'armes à la Bande de Gaza et affectera la navigation israélienne.
De son côté, le journal Maariv a évoqué des risques économiques prévus en Israël vu que la majorité des navires commerciaux sionistes naviguent par ledit détroit.

Et de souligner les dangers sécuritaires que représente la prise du contrôle par les Houthis du détroit de Bab el-Mandeb sur l'action des navires militaires et des sous-marins israéliens.
 
Source:

al manar

UMP, PS, FN: le triple test



UMP, PS, FN: le triple test
 
 Jean-Baptiste Garat
 
La droite rêve d'une victoire historique sur la gauche aux départementales, tandis que le parti de Marine Le Pen cherche à concrétiser son implantation locale en vue de 2017.

Appels à la mobilisation tous azimuts. À vingt-quatre heures du second tour des départementales, droite, gauche et FN ont tiré leurs dernières cartouches pour faire la différence dimanche. «S'abstenir, c'est monter dans une voiture sans même donner son avis sur le conducteur», a expliqué Nicolas Sarkozy à Perpignan jeudi. «Je lance un appel à tous les électeurs, de gauche et républicains, pour qu'ils se rassemblent autour du candidat de gauche au second tour et bien sûr, dans les autres cantons, se rassemblent face à l'extrême droite autour du candidat républicain», a lancé Manuel Valls, vendredi sur i-Télé. Dans un message vidéo, Marine Le Pen a, elle, exhorté les électeurs du Front national à donner «une jolie fessée électorale» à ses adversaires.

Ces messages classiques de mobilisation de l'électorat prennent un sens particulier à l'issue du premier tour. D'abord parce que la participation a été plus importante qu'attendue: les instituts de sondages tablaient sur une abstention autour de 55 % ; elle s'est finalement établie à 49,8 %. À droite, où l'union dès le premier tour était la règle, c'est chez les abstentionnistes que l'on recherche un coup de pouce. Valls tente lui de se concilier les électeurs du Front de gauche et des Verts tout en espérant un surcroît de mobilisation de la part des électeurs qui ont boudé les urnes dimanche dernier.

Ces appels se justifient également en raison des résultats de premier tour moins tranchés que l'espéraient ou le craignaient les états-majors des trois grandes formations. Dimanche dernier, les candidats de l'UMP et des centristes sont arrivés en tête du premier tour avec 29,4 % des suffrages, devant ceux du Front national (25,2 %) et leurs concurrents PS et alliés (21,9 %). Pour Nicolas Sarkozy, la première satisfaction a été de voir les alliances qu'il a conclues avec l'UDI et le MoDem prendre la tête du premier tour. Mais pour transformer ce résultat en raz-de-marée, les experts électoraux de l'UMP misaient sur une élimination plus systématique des candidats de gauche dès le premier tour.
Des triangulaires dans près de 15 % des 1 905 cantons encore à pourvoir

«La gauche pourrait être absente du second tour dans un canton sur deux laissant nos candidats seuls face au Front national et donc avec de bonnes chances de transformer les départementales en razzia», pronostiquait-on rue de Vaugirard la semaine dernière encore. De quoi permettre la prise de trente à quarante départements. Au final, le PS et ses alliés concourent pourtant dans 70 % des cantons encore à pourvoir au second tour. Autre surprise, le retour des triangulaires: un nouveau record d'abstention et le seuil des 12,5 % des inscrits pour pouvoir participer au second tour devaient en limiter le nombre. Finalement, les électeurs devront départager trois binômes dans près de 15 % des 1 905 cantons encore à pourvoir.

Si certains objectifs qui auraient transformé la victoire de la droite en succès historique (le Pas-de-Calais, les Landes ou la Loire-Atlantique par exemple) semblent hors de portée, l'UMP et ses alliés sont en mesure de faire basculer au moins une vingtaine de départements dimanche. La droite et le centre se retrouveraient à la tête d'environ deux tiers de ces exécutifs. Ce serait une deuxième grande victoire, après les municipales de 2014, qui permettrait de tourner la page sur une décennie de revers électoraux aux scrutins locaux.

Une déroute pour le PS ?

Malgré une progression de 10 points depuis les cantonales de 2011, le Front national a manqué son objectif principal: décrocher à nouveau le titre de premier parti de France, dix mois après les européennes. Les rêves de conquête de présidences de département se sont dissipés entre les deux tours, bien que le FN préserve encore quelques chances dans l'Aisne et le Vaucluse. Ces déceptions signent-elles pour autant une contre-performance? Non, car le parti de Marine Le Pen pourrait engranger plusieurs dizaines d'élus, voire une centaine à l'issue de ces élections quand en 2011 l'extrême droite n'avait obtenu que trois conseillers généraux au total.

À gauche, à l'inverse, on s'est beaucoup félicité d'une meilleure résistance au premier tour que le promettaient les sondages. Des départements sur lesquels la droite avait fondé des espoirs pourraient finalement conserver une majorité de gauche, se félicite-t-on rue de Solferino. Parmi ceux-ci, les Pyrénées-Orientales, l'Ille-et-Vilaine ou la Somme. Il sera cependant difficile pour l'exécutif de ne pas reconnaître une défaite. À la tête de 61 départements aujourd'hui, la gauche pourrait ne plus en diriger qu'une grosse vingtaine dimanche. Dans cette déroute, son unique espoir de conquête est placé en Lozère, bastion de la droite en Languedoc-Roussillon.
 
Source:

Le Figaro

Départementales: la droite rêve de majorité, le FN de victoires, la gauche d'un sursaut



Départementales: la droite rêve de majorité, le FN de victoires, la gauche d'un sursaut
 
 Baptiste Pace
 
La droite, qui devrait devenir majoritaire dans les conseils départementaux, et le Front national, qui espère conquérir un ou plusieurs départements, abordent en dynamique le second tour des départementales dimanche face à une gauche tardivement unie et menacée d'une lourde défaite.

La presse de samedi appelle à la "mobilisation" pour voter et annonce déjà une "défaite" pour la gauche.

Environ 40 millions d'électeurs sont convoqués dimanche pour ce second tour dans les 1.905 cantons non encore pourvus. La gauche aligne 1.334 binômes, la "droite républicaine" 1.602, et le Front national, arrivé en tête dans 43 départements dimanche dernier, en aligne 1.107. Ces binômes s'affronteront dans 1.614 duels et 278 triangulaires.

Au minimum, le scrutin devrait inverser le rapport de force entre les départements: 60 pour la droite, 40 pour la gauche. Si les deux camps ont franchi le premier tour à un étiage voisin (38,1% pour la gauche, 36,61% pour la droite selon les chiffres officiels), les listes UMP-UDI (28,75%) ont pris un ascendant certain face aux binômes impliquant le PS (21,47%), dont 520 ont été éliminés.

"Rien n'est joué" pour ce second tour, a cependant assuré Manuel Valls vendredi sur iTELE. "Juste avant le premier tour, on nous prévoyait une abstention massive. Elle a été importante mais plus d'un Français sur deux est allé voter. On prévoyait un effondrement du PS et de ses alliés, ils ont réalisé 26 à 27%". Un enthousiasme que ne partagent pas les Français, qui selon un sondage Odoxa pour iTélé dévoilé vendredi sont 13% à voir dans le premier tour de cette élection une "sanction" pour M. Valls et surtout 64% à l'interpréter ainsi pour François Hollande.

Voulant mobiliser, le président de la République a justement arpenté vendredi le terrain, louant la "reprise" économique qu'il entrevoit en se rendant dans une usine du groupe PSA Peugeot-Citroën en Moselle dont l'activité vient d'être confortée. Une reprise ? "Mensonges", a dénoncé son prédécesseur Nicolas Sarkozy sur France 3.

Manuel Valls s'est également félicité du "rassemblement" d'une gauche éclatée dimanche dernier. Les échanges de bons procédés ont débuté jeudi avec une distribution commune de tracts des patrons du PS et du PCF Jean-Christophe Cambadélis et Pierre Laurent dans le Val-de-Marne, un des deux départements, avec l'Allier, encore détenu par le parti communiste.

L'exercice s'est poursuivi jeudi soir en Seine-Saint-Denis avec un meeting rassemblant Claude Bartolone (PS), Pierre Laurent et la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse.

- 'Résistance' au FN -


Alors qu'EELV, profondément divisée sur sa stratégie, était majoritairement alliée avec le Front de Gauche au premier tour, "la porte reste ouverte" pour leur retour au gouvernement, a répété M. Valls, qui ne se voit toujours pas quitter Matignon même en cas de revers cuisant.

Le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon n'a en revanche donné aucune consigne de vote.

Le Premier ministre s'est beaucoup impliqué dans cette campagne, ciblant successivement le FN --il a encore appelé vendredi soir dans le Gard à la "résistance" contre ce parti--, puis Nicolas Sarkozy, accusé de commettre une "faute morale et politique" en refusant le désistement en faveur de la gauche là où le FN menace de l'emporter et d'entretenir une "polémique nauséabonde" sur les menus de substitution dans les cantines scolaires.

L'ancien président n'est pas en reste, lui qui a brocardé les "leçons de morale" d'un PS accusé de double langage. Gérald Darmanin, député-maire de Tourcoing, a dénoncé le maintien de la gauche "dans 68 triangulaires" alors qu'elle "est en 3e position dans 89 triangulaires."

Après la vague bleue des municipales, la droite ambitionne notamment de conquérir les Bouches-du-Rhône, détenues par le PS depuis plusieurs décennies, l'Isère, l'Allier, les Pyrénées-Orientales, sans compter la très symbolique Corrèze, terre d'élection de François Hollande.

"L'alternance est en marche, rien ne l'arrêtera", avait lancé l'UMP au soir du premier tour.

Le Front national, de son côté, croit fermement à sa victoire dans le Vaucluse, terre élective de Marion Maréchal-Le Pen où le parti d'extrême droite est arrivé en tête dans 11 des 17 cantons. Les ambitions du FN se portent également sur l'Aisne, voire le Pas-de-Calais et le Gard. Assuré de sa présence au sein des futurs conseils départementaux, le parti de Marine Le Pen a d'ores et déjà --légèrement-- augmenté son résultat historique des européennes de 2014, à plus de 25%.
 
Source:

Afp via yahoo