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mercredi 25 mars 2015

Le retour inattendu des triangulaires acte la tripolarisation de l'électorat


Le retour inattendu des triangulaires acte la tripolarisation de l'électorat
 
 Jean-Baptiste Garat
 
Le grand nombre de triangulaires après le vote du premier tour des élections départementales constitue une surprise.

LE PREMIER TOUR des départementales de 2015 a déjoué beaucoup de pronostics des instituts de sondages, des états-majors des partis et des politologues. L'une des grandes surprises est le nombre important de triangulaires après le vote de dimanche. Dans l'attente de la compilation des déclarations de candidatures et de retraits pour le second tour - qui devaient être enregistrées en préfecture avant 16 heures mardi -, les électeurs ont qualifié trois binômes concurrents pour le second tour dans 15 % des cantons.

Avec quelque 320 situations de triangulaires à l'issue du scrutin de dimanche, les départementales 2015 rappellent les cantonales de 2004 quand le premier tour avait conduit à 330 triangulaires et une dizaine de quadrangulaires. À l'époque, le seuil pour se qualifier au second tour - quand les candidats ne figuraient pas parmi les deux premiers - était de 10 % des inscrits. La crainte d'une multiplication des triangulaires et des quadrangulaires avait conduit le législateur à relever ce seuil à 12,5 % des inscrits en 2010. La majorité, après avoir hésité, a finalement maintenu ce taux en 2013.

Le résultat s'est ressenti dès les cantonales de 2011, quand le premier tour n'a produit que cinq triangulaires avec le Front national pour 2 026 cantons. À l'époque, pourtant, le FN était déjà en mesure de perturber le classique duel droite-gauche: les candidats de Marine Le Pen s'étaient imposés dans près de 400 seconds tours, dont des duels face aux candidats de la gauche dans deux tiers des cas. Par le jeu combiné d'une hausse de l'abstention et d'un seuil à 12,5 % des inscrits, le nombre de triangulaires était annoncé comme faible pour le cru 2015.

Différents scénarios

Finalement, le léger regain de participation, la relative tenue des candidats de gauche malgré l'éparpillement des candidatures ont conduit à multiplier les seconds tours opposant trois candidatures, la plupart du temps avec le FN. Pour les 800 duels dans lesquels les candidats d'extrême droite se sont hissés, la proportion est l'inverse de celle de 2011: dans deux tiers des cas, ils affronteront dimanche des candidats de droite. Au final, ces différents scénarios pour le second tour viennent confirmer l'intuition des experts électoraux sur au moins un point: la tripolarisation grandissante de l'électorat.

Selon un sondage Ifop mené dans la journée de dimanche, en cas de triangulaire gauche-droite-FN dans leur canton, les personnes interrogées voteraient à 39 % pour un binôme de droite, à 33 % pour celui de gauche et à 28 % pour les candidats d'extrême droite. Des résultats sensiblement proches de la répartition par bloc constatée dimanche: le pôle de droite et celui de gauche, toutes sensibilités confondues, ont recueilli 36 % des suffrages chacun, le FN 25 %.

Source:

Le Figaro