Renaud Camus
Le soupçon circulait au Front national,
avant les élections de dimanche, que les sondages excellents pour lui
étaient artificiellement gonflés par les sondeurs : d’une part pour
attiser la peur à son égard et provoquer un sursaut contre lui ; d’autre
part pour que la réalité, si favorable lui soit-elle quand elle se
présenterait, apparaisse comme une déception, voire comme un échec, au
regard des espérances ainsi fomentées.
Je ne sais si le premier de ces desseins a abouti, et si sursaut « républicain » il y eut, avec pour effet de limiter tant soit peu les pertes, pour nos amis socialistes ; mais pour ce qui est de la déception, et si j’en juge par mon propre cas, le plan a parfaitement fonctionné.
Ce n’est pas tant pour le Front national, que je suis déçu, d’autant que lui-même se dit fort satisfait : il fait remarquer à juste titre qu’il n’a jamais obtenu plus tôt de si bons résultats et se plaît à chanter victoire – je ne vais tout de même pas me montrer plus royaliste que le roi, ou plus frontiste que le front. Non, c’est à propos des forces antiremplacistes, anticolonialistes, anti-immigrationistes, remigrationistes, que mes espérances sont frustrées ; et cela dans la mesure où, parmi ces forces, le Front national est de très loin la plus importante, sinon la seule, pour le meilleur et pour le pire.
Que vingt-cinq pour cent des électeurs qui se sont exprimés aient apporté leur suffrage au parti de Marine Le Pen, qu’est-ce que cela signifie ? Eh bien cela signifie, entre autres choses plus plaisantes, que soixante-quinze pour cent des Français offrent encore leur voix aux différentes fractions, qu’elles soient de gauche ou de droite, du grand parti remplaciste : celui que les frontistes appellent non sans raison l’UMPS, plus ses alliés ou ennemis du centre et de l’extrême gauche ; celui qui veut et qui promeut le Grand Remplacement, la substitution ethnique, le changement de peuple et de civilisation ; ou qui du moins, suivant les nuances, selon ses diverses sous-parties – mais le résultat est le même -, n’est pas décidé à faire quoi que ce soit pour les empêcher.
On pourrait même être encore plus pessimiste et tenir compte du fait, que je rappelais ici même il y a quinze jours, que la ligne de partage entre remplacistes et antiremplacistes, désormais, passe au sein même du Front. Il est vrai que parmi ses militants et ses électeurs, l’immense majorité est du bon côté de la barrière, de mon point de vue, c’est-à-dire résolue à lutter contre l’immigration, pour l’identité nationale, peut-être même pour la remigration. Il ne semble pas, hélas, que la proportion soit la même à la tête du parti. Mais on aura beau jeu de me signifier que cela ne me regarde pas.
Il est tout de même difficile de se faire à l’idée que soixante-quinze pour cent des Français – moins ceux qui ne le sont que de papier, et pas de sentiment (mais ceux-là votent assez peu… ) – sont résignés à leur propre effacement, à la disparition par dilution de leur propre culture, à l’effondrement de leur art de vivre, à l’enterrement de la paix publique. On n’arrive pas tout à fait à croire que les trois quarts de nos compatriotes sont remplacistes, ou, ce qui revient au même, ne se rendent pas compte que le problème du Grand Remplacement se pose, ou en nient la réalité, alors que la chose est déjà tellement avancée, tellement visible, tellement sensible dans la vie quotidienne de tout un chacun. Ce n’est pas possible. Il doit y avoir un barrage quelque part, un détail qui empêche la prise de conscience, ou bien sa traduction en acte, en vote.
Ce détail, se pourrait-il que ce soit le Front national lui-même : son histoire, sa culture, sa politique économique, son hostilité à l’Europe et à l’euro ? Il fait un travail magnifique, pour lequel les antiremplacistes lui devront éternellement reconnaissance et loyauté. Mais je suis persuadé pour ma part, quitte à paraphraser encore une fois Clemenceau, que l’antiremplacisme est un sujet trop important (et c’est peu dire, car il s’agit d’une question de vie et de mort) pour être abandonné au seul Front national.
Ces élections le prouvent absolument : le parti de Mme Le Pen aura besoin d’une force d’appoint, à tout le moins, s’il entend décoloniser la patrie, et participer à la libération du continent. Cette force, il importe peu de savoir quelle forme elle doit revêtir et qui seront ses guides, ses chefs. L’important est qu’elle surgisse, et cela de toute urgence. Et qu’on ne vienne pas dire qu’elle n’aurait pas de programme : fin de l’immigration de masse, mise en œuvre de la remigration, abolition culturelle du multiculturalisme, restauration de l’identité nationale et européenne – c’est bien assez de programme pour une génération ou deux.
Je ne sais si le premier de ces desseins a abouti, et si sursaut « républicain » il y eut, avec pour effet de limiter tant soit peu les pertes, pour nos amis socialistes ; mais pour ce qui est de la déception, et si j’en juge par mon propre cas, le plan a parfaitement fonctionné.
Ce n’est pas tant pour le Front national, que je suis déçu, d’autant que lui-même se dit fort satisfait : il fait remarquer à juste titre qu’il n’a jamais obtenu plus tôt de si bons résultats et se plaît à chanter victoire – je ne vais tout de même pas me montrer plus royaliste que le roi, ou plus frontiste que le front. Non, c’est à propos des forces antiremplacistes, anticolonialistes, anti-immigrationistes, remigrationistes, que mes espérances sont frustrées ; et cela dans la mesure où, parmi ces forces, le Front national est de très loin la plus importante, sinon la seule, pour le meilleur et pour le pire.
Que vingt-cinq pour cent des électeurs qui se sont exprimés aient apporté leur suffrage au parti de Marine Le Pen, qu’est-ce que cela signifie ? Eh bien cela signifie, entre autres choses plus plaisantes, que soixante-quinze pour cent des Français offrent encore leur voix aux différentes fractions, qu’elles soient de gauche ou de droite, du grand parti remplaciste : celui que les frontistes appellent non sans raison l’UMPS, plus ses alliés ou ennemis du centre et de l’extrême gauche ; celui qui veut et qui promeut le Grand Remplacement, la substitution ethnique, le changement de peuple et de civilisation ; ou qui du moins, suivant les nuances, selon ses diverses sous-parties – mais le résultat est le même -, n’est pas décidé à faire quoi que ce soit pour les empêcher.
On pourrait même être encore plus pessimiste et tenir compte du fait, que je rappelais ici même il y a quinze jours, que la ligne de partage entre remplacistes et antiremplacistes, désormais, passe au sein même du Front. Il est vrai que parmi ses militants et ses électeurs, l’immense majorité est du bon côté de la barrière, de mon point de vue, c’est-à-dire résolue à lutter contre l’immigration, pour l’identité nationale, peut-être même pour la remigration. Il ne semble pas, hélas, que la proportion soit la même à la tête du parti. Mais on aura beau jeu de me signifier que cela ne me regarde pas.
Il est tout de même difficile de se faire à l’idée que soixante-quinze pour cent des Français – moins ceux qui ne le sont que de papier, et pas de sentiment (mais ceux-là votent assez peu… ) – sont résignés à leur propre effacement, à la disparition par dilution de leur propre culture, à l’effondrement de leur art de vivre, à l’enterrement de la paix publique. On n’arrive pas tout à fait à croire que les trois quarts de nos compatriotes sont remplacistes, ou, ce qui revient au même, ne se rendent pas compte que le problème du Grand Remplacement se pose, ou en nient la réalité, alors que la chose est déjà tellement avancée, tellement visible, tellement sensible dans la vie quotidienne de tout un chacun. Ce n’est pas possible. Il doit y avoir un barrage quelque part, un détail qui empêche la prise de conscience, ou bien sa traduction en acte, en vote.
Ce détail, se pourrait-il que ce soit le Front national lui-même : son histoire, sa culture, sa politique économique, son hostilité à l’Europe et à l’euro ? Il fait un travail magnifique, pour lequel les antiremplacistes lui devront éternellement reconnaissance et loyauté. Mais je suis persuadé pour ma part, quitte à paraphraser encore une fois Clemenceau, que l’antiremplacisme est un sujet trop important (et c’est peu dire, car il s’agit d’une question de vie et de mort) pour être abandonné au seul Front national.
Ces élections le prouvent absolument : le parti de Mme Le Pen aura besoin d’une force d’appoint, à tout le moins, s’il entend décoloniser la patrie, et participer à la libération du continent. Cette force, il importe peu de savoir quelle forme elle doit revêtir et qui seront ses guides, ses chefs. L’important est qu’elle surgisse, et cela de toute urgence. Et qu’on ne vienne pas dire qu’elle n’aurait pas de programme : fin de l’immigration de masse, mise en œuvre de la remigration, abolition culturelle du multiculturalisme, restauration de l’identité nationale et européenne – c’est bien assez de programme pour une génération ou deux.
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