Georges Feltin-Tracol
C’est devenu une banalité d’affirmer que
l’Union européenne va mal. La crise de sa monnaie unique, la mise en
tutelle d’États membres, la multiplication de nouveaux traités supposés
améliorer les précédents, leur ratification rapide hors de tout débat
public, la généralisation de normes qui, comme dans l’hôtellerie,
assassine les hôtels familiaux au profit de grandes chaînes hôtelières,
l’ouverture imminente de négociations avec les États-Unis afin de
constituer une aire transatlantique de libre-échange occidentale
ruineuse pour les ultimes secteurs compétitifs européens, etc.,
renforcent chaque jour un peu plus la défiance légitime de populations
désenchantées par une construction administrative qui aboutit au
cauchemar.
Montrant par leur inaction coupable un comportement de nabots, les européistes officiels sont comme tétanisés par la montée en puissance dans les opinions publiques d’un très vigoureux sentiment eurosceptique quand il n’est pas carrément anti-européen. L’actuel projet européen court à son échec final. Faut-il s’en féliciter ? Certainement pas assure Gérard Dussouy, professeur émérite à l’Université de Bordeaux qui a consacré une grande partie de ses cours à traiter des relations internationales et de la géopolitique. À l’encontre de la tendance dominante, le professeur Dussouy s’oppose à la fois aux souverainistes nationaux et aux européistes officiels, car il propose que les peuples et les États d’Europe fassent un « saut décisif » et cofondent une République européenne souveraine.
Comme d’autres auteurs avant lui, Gérard Dussouy part du constat que le monde européen doit relever plusieurs défis vitaux. Il perçoit une « convergence des crises en Europe (p. 25) » et pense, contrairement aux optimistes béats qui estiment la crise de l’euro derrière nous, que « les prochaines décennies vont voir les crises s’accumuler; une crise pouvant cacher une autre (p. 25) ». Leur succession rapide risque de tuer l’Europe comme idée civilisationnelle.
Pour le professeur Dussouy, la plus inquiétante demeure l’effondrement démographique. « Avec le taux de natalité actuel, en 2050, l’Union européenne comptera entre 401 millions d’habitants et 470 millions (p. 27) ». Cette population sera généralement âgée du fait du vieillissement constaté. Or ce phénomène « sclérose l’économie du continent, et […] amoindrit l’esprit de défense des Européens (p. 26) ». Le Système veut compenser cette pénurie humaine par un « recours toujours plus grand à l’immigration extra-européenne [qui] apparaît alors comme la solution de facilité pour compenser la déflation démographique. Mais elle entraîne une forte hétérogénéisation des populations et une décohésion des peuples européens par l’inclusion inévitable de diasporas multiples qui finissent par constituer des communautés territorialisées (p. 26) ». Il en résulte une nette paupérisation des États européens et accélère leur instabilité intérieure.
Par ailleurs, la désindustrialisation va se poursuivre. Quant au risque de banqueroute des États du Vieux Continent, son déclenchement provoquera à coup sûr une crise politique et sociétale de grande ampleur dont l’aboutissement logique serait une « nouvelle Guerre de Trente Ans » (expression de l’universitaire suisse Bernard Wicht). Ce bouleversement majeur signifierait la fin de l’exception historique européenne et donc son exclusion définitive. Déjà en raison du « renversement du monde » (Hervé Juvin), notre continent se retrouve en périphérie d’un nouveau monde dont le « centre de gravité […] [est] le Grand Océan, c’est-à-dire l’espace maritime formé par la réunion de l’océan Pacifique et de l’océan Indien (p. 63) ». En cours de marginalisation géographique, l’Union européenne peut rater, suite à de petits calculs politiciens, sa mutation tandis que s’affirment dans le même temps les États-continents. Or de tels ensembles sont les seuls capables d’encadrer une mondialisation déchaînée. L’auteur constate que « la marge de manœuvre de la politique économique de l’État-continent est d’autant plus grande qu’il dispose de grandes réserves de main d’œuvre, de personnels qualifiés, et d’un vaste marché intérieur. Il peut, selon le contexte, changer de politique commerciale (p. 65) ».
Un « duopole américano-asiatique (p. 68) » est en train de se mettre en place, ce qui marque la fin de l’hégémonie unipolaire des États-Unis qui conservent néanmoins toute leur puissance militaro-technologique. L’auteur ne le mentionne pas, mais le déclin de l’attractivité européenne pourrait à terme les inviter à retirer leur « parapluie » militaire et nucléaire qui protègent pour l’heure leurs vassaux colonisés. Ceux-ci se retrouveraient alors désarmés face à de terribles menaces dont un islamisme à visée mondialiste et une submersion migratoire africaine.
Dans ces conditions – Gérard Dussouy évoque aussi la crise climatique génératrice de tensions probables et le spectre de la pénurie des ressources naturelles énergétiques (on suppose qu’il ignore les travaux des décroissantistes en faveur d’une révolution économique et sociale à rebours du mythe mortifère de la croissance) -, « les Européens, s’ils entendent être partie prenante au jeu multipolaire qui s’organise entre les États-Unis et les puissances asiatiques, n’ont d’autre choix que de se réunir dans un État continental (p. 94) ».
Cet État européen doit impérativement se donner des frontières précises qui nient enfin l’intention mondialiste – cosmopolite de certains chantres d’une construction européenne bâclée, néfaste et « économicocentrique ». Gérard Dussouy pense que la Turquie n’est pas destinée à rejoindre le concert européen. Ce cas réglé, « le problème des frontières de l’Europe est immédiatement résolu par la géographie. Car ses frontières sont naturelles : à l’Ouest, l’océan Atlantique; au Nord, l’océan Arctique; au Sud, la Méditerranée, la mer Noire et le Caucase. À l’Est, potentiellement l’océan Pacifique, bien que beaucoup d’Européens voient l’Europe s’arrêter à la frontière de la Russie (p. 113) ». L’auteur n’adhère pas à ce dernier point de vue. Il ne rejoint pas non plus la thèse pour laquelle la Russie serait une civilisation spécifique, eurasienne. Pour lui, « l’option eurasiste (la Russie comprise comme un entre-deux mondes et autarcique) est un leurre, destiné à faire réfléchir les Européens. Car, agrémentée d’une alliance avec le monde musulman, elle semble très hypothétique et particulièrement aventureuse (p. 116) ».
Considérant plutôt qu’il y a « une complémentarité géo-économique totale (p. 118) », Gérard Dussouy envisage « une alliance, puis une union, entre l’Union européenne et la Russie, […] vitales, à toutes les deux, pour peser ensemble sur la répartition des forces mondiales (p. 117) ». Mais cela suppose en amont l’existence d’un État européen viable, cohérent et puissant.
« Il n’existera jamais “ une Europe ”, puissance internationale garante de la survie des nations culturelles qu’elle englobe, tant que n’existera pas un État européen (p. 137). » L’auteur réclame une « révolution supranationale fédéraliste » afin de susciter une souveraineté politique propre à l’Europe. Pour y arriver, il faut garantir à cet espace continental une forte cohésion sociale et territoriale rendue effective grâce à « une grande politique de cohésion et d’aménagement du territoire européen (p. 124) ». Abandonnant le dogme libéral, cette politique ambitieuse couplée à « l’harmonisation des fiscalités, des rémunérations et des conditions de travail (p. 125) » réaliserait enfin « de grands couloirs de communication : autoroutes et TGV transeuropéens, grands axes de voies navigables (axes Rhin – Danube, Rhin – Vistule – Dniepr, avec des “ barreaux ” de liaison intermédiaires) (p. 125) ».
On ne doit cependant pas se méprendre. La République européenne de Gérard Dussouy n’est pas un État centralisateur. Si la présence de communautés étrangères extra-européennes doit se résorber par l’organisation de leur retour dans leurs pays d’origine, la « multiculturalité » enracinée européenne, véritable diversité polyphonique et polymorphique du continent, exige des autorités de la République continentale la promotion de « la formule du fédéralisme régional, parce qu’elle intègre et respecte cette multiculturalité, [qui] nous semble, dès lors, la plus adaptée pour faire vivre ensemble tous les peuples européens dans un même cadre politique (p. 111) ». Gérard Dussouy a bien compris que « le principal défi de l’État supranational est […] de réaliser l’intégration en fondant une culture politique partagée qui ne s’oppose pas aux cultures et aux histoires nationales, mais qui les transcende dans un même mouvement communautaire. Le ressort de celui-ci est la survivance, tout simplement (p. 142) ».
Hostile aux États-Unis d’Europe ou à une Europe intergouvernementale, l’auteur préconise un État européen, « fédération de régions (p. 148) ». Notons au passage qu’il méconnaît ou dévalorise le concept traditionnel d’Empire dont il fait un contresens évident. C’est regrettable, car son approche de la Res Publica europensis coïncide largement avec l’idée impériale européenne.
Favorable tant au plurilinguisme enraciné qu’au latin comme langue officielle de la République européenne, Gérard Dussouy soutient une fédération continentale de fédérations intermédiaires de régions qui se regroupaient suivant des affinités géographiques, culturelles, ethniques, linguistiques, voire économiques. Jugeant en outre que « l’unification complète et simultanée de toute l’Union européenne n’est pas concevable (p. 161) », il reprend les propositions de 1994 des conservateurs atlantistes allemands Karl Lammers et Wolfgang Schäuble, puis du gépolitologue Henri de Grossouvre en faveur d’« un “ noyau dur ” ou une “ Avant-garde ”, comprenant la France, l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg (p. 162) ». Il préférerait néanmoins que ce noyau dur se constitue à partir de la zone euro et de son fédéralisme budgétaire.
L’auteur observe finalement que « la France a toujours refusé les plans d’unification politique de l’Europe (p. 163) ». Afin de l’« européaniser », il entend la régionaliser grâce à une réforme administrative radicale. Il supprime les départements, réduit à quinze le nombre des régions au pourtour modifié (rattachement à la Bretagne de la Loire-Atlantique, unification de la Normandie, réunion des deux Bourgognes dont la Franche-Comté…), impose aux élus le mandat unique et limite l’hypercentralisation parisienne. Ces mesures osées permettraient à cette nouvelle France, dégagée d’un Outre-mer pesant, d’intégrer pleinement l’État souverain européen. Celui-ci développerait par conséquent non pas un soi-disant « patriotisme constitutionnel », mais plus vraisemblement un « patriotisme géographique (p. 176) ».
Promouvoir les régions autonomes d’une France libre dans une Europe indépendante et souveraine est une belle ambition. On comprend pourquoi Dominique Venner a accepté de préfacer de manière excellente ce livre.
Montrant par leur inaction coupable un comportement de nabots, les européistes officiels sont comme tétanisés par la montée en puissance dans les opinions publiques d’un très vigoureux sentiment eurosceptique quand il n’est pas carrément anti-européen. L’actuel projet européen court à son échec final. Faut-il s’en féliciter ? Certainement pas assure Gérard Dussouy, professeur émérite à l’Université de Bordeaux qui a consacré une grande partie de ses cours à traiter des relations internationales et de la géopolitique. À l’encontre de la tendance dominante, le professeur Dussouy s’oppose à la fois aux souverainistes nationaux et aux européistes officiels, car il propose que les peuples et les États d’Europe fassent un « saut décisif » et cofondent une République européenne souveraine.
Comme d’autres auteurs avant lui, Gérard Dussouy part du constat que le monde européen doit relever plusieurs défis vitaux. Il perçoit une « convergence des crises en Europe (p. 25) » et pense, contrairement aux optimistes béats qui estiment la crise de l’euro derrière nous, que « les prochaines décennies vont voir les crises s’accumuler; une crise pouvant cacher une autre (p. 25) ». Leur succession rapide risque de tuer l’Europe comme idée civilisationnelle.
Pour le professeur Dussouy, la plus inquiétante demeure l’effondrement démographique. « Avec le taux de natalité actuel, en 2050, l’Union européenne comptera entre 401 millions d’habitants et 470 millions (p. 27) ». Cette population sera généralement âgée du fait du vieillissement constaté. Or ce phénomène « sclérose l’économie du continent, et […] amoindrit l’esprit de défense des Européens (p. 26) ». Le Système veut compenser cette pénurie humaine par un « recours toujours plus grand à l’immigration extra-européenne [qui] apparaît alors comme la solution de facilité pour compenser la déflation démographique. Mais elle entraîne une forte hétérogénéisation des populations et une décohésion des peuples européens par l’inclusion inévitable de diasporas multiples qui finissent par constituer des communautés territorialisées (p. 26) ». Il en résulte une nette paupérisation des États européens et accélère leur instabilité intérieure.
Par ailleurs, la désindustrialisation va se poursuivre. Quant au risque de banqueroute des États du Vieux Continent, son déclenchement provoquera à coup sûr une crise politique et sociétale de grande ampleur dont l’aboutissement logique serait une « nouvelle Guerre de Trente Ans » (expression de l’universitaire suisse Bernard Wicht). Ce bouleversement majeur signifierait la fin de l’exception historique européenne et donc son exclusion définitive. Déjà en raison du « renversement du monde » (Hervé Juvin), notre continent se retrouve en périphérie d’un nouveau monde dont le « centre de gravité […] [est] le Grand Océan, c’est-à-dire l’espace maritime formé par la réunion de l’océan Pacifique et de l’océan Indien (p. 63) ». En cours de marginalisation géographique, l’Union européenne peut rater, suite à de petits calculs politiciens, sa mutation tandis que s’affirment dans le même temps les États-continents. Or de tels ensembles sont les seuls capables d’encadrer une mondialisation déchaînée. L’auteur constate que « la marge de manœuvre de la politique économique de l’État-continent est d’autant plus grande qu’il dispose de grandes réserves de main d’œuvre, de personnels qualifiés, et d’un vaste marché intérieur. Il peut, selon le contexte, changer de politique commerciale (p. 65) ».
Un « duopole américano-asiatique (p. 68) » est en train de se mettre en place, ce qui marque la fin de l’hégémonie unipolaire des États-Unis qui conservent néanmoins toute leur puissance militaro-technologique. L’auteur ne le mentionne pas, mais le déclin de l’attractivité européenne pourrait à terme les inviter à retirer leur « parapluie » militaire et nucléaire qui protègent pour l’heure leurs vassaux colonisés. Ceux-ci se retrouveraient alors désarmés face à de terribles menaces dont un islamisme à visée mondialiste et une submersion migratoire africaine.
Dans ces conditions – Gérard Dussouy évoque aussi la crise climatique génératrice de tensions probables et le spectre de la pénurie des ressources naturelles énergétiques (on suppose qu’il ignore les travaux des décroissantistes en faveur d’une révolution économique et sociale à rebours du mythe mortifère de la croissance) -, « les Européens, s’ils entendent être partie prenante au jeu multipolaire qui s’organise entre les États-Unis et les puissances asiatiques, n’ont d’autre choix que de se réunir dans un État continental (p. 94) ».
Cet État européen doit impérativement se donner des frontières précises qui nient enfin l’intention mondialiste – cosmopolite de certains chantres d’une construction européenne bâclée, néfaste et « économicocentrique ». Gérard Dussouy pense que la Turquie n’est pas destinée à rejoindre le concert européen. Ce cas réglé, « le problème des frontières de l’Europe est immédiatement résolu par la géographie. Car ses frontières sont naturelles : à l’Ouest, l’océan Atlantique; au Nord, l’océan Arctique; au Sud, la Méditerranée, la mer Noire et le Caucase. À l’Est, potentiellement l’océan Pacifique, bien que beaucoup d’Européens voient l’Europe s’arrêter à la frontière de la Russie (p. 113) ». L’auteur n’adhère pas à ce dernier point de vue. Il ne rejoint pas non plus la thèse pour laquelle la Russie serait une civilisation spécifique, eurasienne. Pour lui, « l’option eurasiste (la Russie comprise comme un entre-deux mondes et autarcique) est un leurre, destiné à faire réfléchir les Européens. Car, agrémentée d’une alliance avec le monde musulman, elle semble très hypothétique et particulièrement aventureuse (p. 116) ».
Considérant plutôt qu’il y a « une complémentarité géo-économique totale (p. 118) », Gérard Dussouy envisage « une alliance, puis une union, entre l’Union européenne et la Russie, […] vitales, à toutes les deux, pour peser ensemble sur la répartition des forces mondiales (p. 117) ». Mais cela suppose en amont l’existence d’un État européen viable, cohérent et puissant.
« Il n’existera jamais “ une Europe ”, puissance internationale garante de la survie des nations culturelles qu’elle englobe, tant que n’existera pas un État européen (p. 137). » L’auteur réclame une « révolution supranationale fédéraliste » afin de susciter une souveraineté politique propre à l’Europe. Pour y arriver, il faut garantir à cet espace continental une forte cohésion sociale et territoriale rendue effective grâce à « une grande politique de cohésion et d’aménagement du territoire européen (p. 124) ». Abandonnant le dogme libéral, cette politique ambitieuse couplée à « l’harmonisation des fiscalités, des rémunérations et des conditions de travail (p. 125) » réaliserait enfin « de grands couloirs de communication : autoroutes et TGV transeuropéens, grands axes de voies navigables (axes Rhin – Danube, Rhin – Vistule – Dniepr, avec des “ barreaux ” de liaison intermédiaires) (p. 125) ».
On ne doit cependant pas se méprendre. La République européenne de Gérard Dussouy n’est pas un État centralisateur. Si la présence de communautés étrangères extra-européennes doit se résorber par l’organisation de leur retour dans leurs pays d’origine, la « multiculturalité » enracinée européenne, véritable diversité polyphonique et polymorphique du continent, exige des autorités de la République continentale la promotion de « la formule du fédéralisme régional, parce qu’elle intègre et respecte cette multiculturalité, [qui] nous semble, dès lors, la plus adaptée pour faire vivre ensemble tous les peuples européens dans un même cadre politique (p. 111) ». Gérard Dussouy a bien compris que « le principal défi de l’État supranational est […] de réaliser l’intégration en fondant une culture politique partagée qui ne s’oppose pas aux cultures et aux histoires nationales, mais qui les transcende dans un même mouvement communautaire. Le ressort de celui-ci est la survivance, tout simplement (p. 142) ».
Hostile aux États-Unis d’Europe ou à une Europe intergouvernementale, l’auteur préconise un État européen, « fédération de régions (p. 148) ». Notons au passage qu’il méconnaît ou dévalorise le concept traditionnel d’Empire dont il fait un contresens évident. C’est regrettable, car son approche de la Res Publica europensis coïncide largement avec l’idée impériale européenne.
Favorable tant au plurilinguisme enraciné qu’au latin comme langue officielle de la République européenne, Gérard Dussouy soutient une fédération continentale de fédérations intermédiaires de régions qui se regroupaient suivant des affinités géographiques, culturelles, ethniques, linguistiques, voire économiques. Jugeant en outre que « l’unification complète et simultanée de toute l’Union européenne n’est pas concevable (p. 161) », il reprend les propositions de 1994 des conservateurs atlantistes allemands Karl Lammers et Wolfgang Schäuble, puis du gépolitologue Henri de Grossouvre en faveur d’« un “ noyau dur ” ou une “ Avant-garde ”, comprenant la France, l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg (p. 162) ». Il préférerait néanmoins que ce noyau dur se constitue à partir de la zone euro et de son fédéralisme budgétaire.
L’auteur observe finalement que « la France a toujours refusé les plans d’unification politique de l’Europe (p. 163) ». Afin de l’« européaniser », il entend la régionaliser grâce à une réforme administrative radicale. Il supprime les départements, réduit à quinze le nombre des régions au pourtour modifié (rattachement à la Bretagne de la Loire-Atlantique, unification de la Normandie, réunion des deux Bourgognes dont la Franche-Comté…), impose aux élus le mandat unique et limite l’hypercentralisation parisienne. Ces mesures osées permettraient à cette nouvelle France, dégagée d’un Outre-mer pesant, d’intégrer pleinement l’État souverain européen. Celui-ci développerait par conséquent non pas un soi-disant « patriotisme constitutionnel », mais plus vraisemblement un « patriotisme géographique (p. 176) ».
Promouvoir les régions autonomes d’une France libre dans une Europe indépendante et souveraine est une belle ambition. On comprend pourquoi Dominique Venner a accepté de préfacer de manière excellente ce livre.
Notes: |
Gérard Dussouy, Contre l’Europe de Bruxelles. Fonder un État européen, Tatamis, 2013, 187 p., 10 €. |
Source: |
Europe Maxima