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samedi 28 mars 2015

Départementales : et maintenant le tripartisme



Départementales : et maintenant le tripartisme
 
 Henri Vernet
 
PS, UMP et désormais FN : ce n'est plus une bipolarité droite-gauche mais un jeu à trois partis de force presque égale qui caractérise notre système politique.

Après les européennes de 2014, le nouveau succès du Front national au premier tour des départementales confirme un changement majeur pour notre système politique : l'entrée dans le tripartisme. Jusqu'ici, depuis ses débuts en 1958, la Ve République vivait au rythme de l'affrontement -- et de l'alternance au pouvoir -- des deux grands partis de gauche et de droite, le PS et l'UMP (ex-RPR).

Il faut désormais compter avec un troisième grand acteur, le FN. En retrouvant dimanche dernier son score de mai 2014, 25 % des voix, le mouvement lepéniste ne peut certes plus se proclamer premier parti de France, mais il fait jeu égal avec l'UMP (30 % avec ses alliés UDI et MoDem) et le PS (21,3 % avec les radicaux de gauche).Dans plusieurs centaines de cantons, ses candidats ont même éliminé du second tour ceux du PS ou de l'UMP. Plus qu'un phénomène, il y a là une nouvelle donne qui devrait bel et bien s'ancrer dans notre paysage politique, au vu de la progression régulière du FN, notamment depuis l'arrivée à sa tête de Marine Le Pen, scrutin après scrutin.

Pourtant, ce tripartisme gauche-droite-extrême droite ne satisfait pas entièrement les Français. En effet, selon notre sondage Odoxa (avec i>télé), près de la moitié des Français (48 %) ne se reconnaissent pas dans les trois grands partis. Soit qu'ils se sentent plus proches du bloc « autres partis » (sept partis de la gauche, du centre ou de la droite). Soit, et c'est plus embêtant, qu'ils ne se sentent proches d'aucune formation politique. « Avec 26 %, le premier parti de France est ainsi celui des sans-parti », commente Céline Bracq, directrice d'Odoxa. Autre enseignement de l'enquête, les trois grands ne représentent finalement que la moitié de la population (52 %). « Cela signifie que l'UMP, le PS et le FN ne suscitent pas d'engouement spontané », poursuit Céline Bracq. Dans notre sondage, PS et UMP apparaissent au coude-à-coude, ce qui peut paraître contradictoire avec les résultats du premier tour des départementales. Explication : il ne s'agit pas ici d'intentions de vote mais de sentiment de proximité avec telle ou telle formation.

Enfin, dernier point fort de l'enquête, le FN apparaît dans ce système tripartite comme celui qui satisfait le plus ses sympathisants. La preuve ? « Alors que 38 % des Français disent se sentir plus proches du PS, cela ne se retrouve pas dans ses scores, reprend Céline Bracq. Tout simplement parce que ces sympathisants socialistes, déçus par le manque de résultats du gouvernement, n'ont pas voté pour lui. Tandis que la totalité de ceux qui apprécient le FN -- 22 % -- vote pour lui. » Ce constat vaut avertissement pour les deux partis de gouvernement, PS surtout. S'ils veulent continuer à jouer les rôles principaux dans ce tripartisme, ils devront convaincre et mobiliser davantage leurs sympathisants.
 
Source:

Le Parisien