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samedi 28 mars 2015

UMP, PS, FN: le triple test



UMP, PS, FN: le triple test
 
 Jean-Baptiste Garat
 
La droite rêve d'une victoire historique sur la gauche aux départementales, tandis que le parti de Marine Le Pen cherche à concrétiser son implantation locale en vue de 2017.

Appels à la mobilisation tous azimuts. À vingt-quatre heures du second tour des départementales, droite, gauche et FN ont tiré leurs dernières cartouches pour faire la différence dimanche. «S'abstenir, c'est monter dans une voiture sans même donner son avis sur le conducteur», a expliqué Nicolas Sarkozy à Perpignan jeudi. «Je lance un appel à tous les électeurs, de gauche et républicains, pour qu'ils se rassemblent autour du candidat de gauche au second tour et bien sûr, dans les autres cantons, se rassemblent face à l'extrême droite autour du candidat républicain», a lancé Manuel Valls, vendredi sur i-Télé. Dans un message vidéo, Marine Le Pen a, elle, exhorté les électeurs du Front national à donner «une jolie fessée électorale» à ses adversaires.

Ces messages classiques de mobilisation de l'électorat prennent un sens particulier à l'issue du premier tour. D'abord parce que la participation a été plus importante qu'attendue: les instituts de sondages tablaient sur une abstention autour de 55 % ; elle s'est finalement établie à 49,8 %. À droite, où l'union dès le premier tour était la règle, c'est chez les abstentionnistes que l'on recherche un coup de pouce. Valls tente lui de se concilier les électeurs du Front de gauche et des Verts tout en espérant un surcroît de mobilisation de la part des électeurs qui ont boudé les urnes dimanche dernier.

Ces appels se justifient également en raison des résultats de premier tour moins tranchés que l'espéraient ou le craignaient les états-majors des trois grandes formations. Dimanche dernier, les candidats de l'UMP et des centristes sont arrivés en tête du premier tour avec 29,4 % des suffrages, devant ceux du Front national (25,2 %) et leurs concurrents PS et alliés (21,9 %). Pour Nicolas Sarkozy, la première satisfaction a été de voir les alliances qu'il a conclues avec l'UDI et le MoDem prendre la tête du premier tour. Mais pour transformer ce résultat en raz-de-marée, les experts électoraux de l'UMP misaient sur une élimination plus systématique des candidats de gauche dès le premier tour.
Des triangulaires dans près de 15 % des 1 905 cantons encore à pourvoir

«La gauche pourrait être absente du second tour dans un canton sur deux laissant nos candidats seuls face au Front national et donc avec de bonnes chances de transformer les départementales en razzia», pronostiquait-on rue de Vaugirard la semaine dernière encore. De quoi permettre la prise de trente à quarante départements. Au final, le PS et ses alliés concourent pourtant dans 70 % des cantons encore à pourvoir au second tour. Autre surprise, le retour des triangulaires: un nouveau record d'abstention et le seuil des 12,5 % des inscrits pour pouvoir participer au second tour devaient en limiter le nombre. Finalement, les électeurs devront départager trois binômes dans près de 15 % des 1 905 cantons encore à pourvoir.

Si certains objectifs qui auraient transformé la victoire de la droite en succès historique (le Pas-de-Calais, les Landes ou la Loire-Atlantique par exemple) semblent hors de portée, l'UMP et ses alliés sont en mesure de faire basculer au moins une vingtaine de départements dimanche. La droite et le centre se retrouveraient à la tête d'environ deux tiers de ces exécutifs. Ce serait une deuxième grande victoire, après les municipales de 2014, qui permettrait de tourner la page sur une décennie de revers électoraux aux scrutins locaux.

Une déroute pour le PS ?

Malgré une progression de 10 points depuis les cantonales de 2011, le Front national a manqué son objectif principal: décrocher à nouveau le titre de premier parti de France, dix mois après les européennes. Les rêves de conquête de présidences de département se sont dissipés entre les deux tours, bien que le FN préserve encore quelques chances dans l'Aisne et le Vaucluse. Ces déceptions signent-elles pour autant une contre-performance? Non, car le parti de Marine Le Pen pourrait engranger plusieurs dizaines d'élus, voire une centaine à l'issue de ces élections quand en 2011 l'extrême droite n'avait obtenu que trois conseillers généraux au total.

À gauche, à l'inverse, on s'est beaucoup félicité d'une meilleure résistance au premier tour que le promettaient les sondages. Des départements sur lesquels la droite avait fondé des espoirs pourraient finalement conserver une majorité de gauche, se félicite-t-on rue de Solferino. Parmi ceux-ci, les Pyrénées-Orientales, l'Ille-et-Vilaine ou la Somme. Il sera cependant difficile pour l'exécutif de ne pas reconnaître une défaite. À la tête de 61 départements aujourd'hui, la gauche pourrait ne plus en diriger qu'une grosse vingtaine dimanche. Dans cette déroute, son unique espoir de conquête est placé en Lozère, bastion de la droite en Languedoc-Roussillon.
 
Source:

Le Figaro