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dimanche 4 février 2018

Lire : SAVITRI DEVI qui suis-je? de Franck Buleux

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Une déesse contre le monde moderne

On entend parfois dire que le chat aurait neuf vies. A découvrir le portrait de Maximiani Portas, alias Savitri Devi, tracé par son biographe Franck Buleux, il semble que cette caractéristique puisse aussi s’appliquer à cette femme inclassable, déroutante et excentrique.

Née à Lyon en 1905 d’un père grec et d’une mère anglaise, Maxiamiani Portas est française. Dès 1907, ses parents lui offrent un animal de compagnie… un chat. Titulaire du baccalauréat en 1921, elle voyage déjà beaucoup, en Italie, puis en Grèce. Elle obtient une licence ès lettres et une maîtrise en philosophie en 1925, retourne en Italie et en Grèce un an plus tard et renonce à la nationalité française pour acquérir la nationalité grecque.
En 1931, Maxiamiani Portas obtient une licence ès sciences, puis une maîtrise de chimie. Elle voyage en Grèce, en Egypte et s’installe en Inde, à Calcutta, après le décès de son père. Elle obtient deux thèses de doctorat (philosophie et sciences) en 1935 et prend le nom indou de Savitri Devi,  qui signifie « déesse du soleil ». L’admiratrice d’Alexandre le Grand, de l’empereur Julien et d’un certain… Adolf Hitler maîtrise sept langues et devient enseignante à New Delhi.

La fervente hélléniste, mariée au brahmane Mukherji en 1939 et fréquentant les nationalistes hindous, entame alors son œuvre littéraire, laquelle comporte une vingtaine de titres, où elle expose ses idées : la « philosophie de l’histoire » (l’homme dans le temps, l’homme au-dessus du temps, l’homme contre le temps), le culte de la Nature et la défense de la condition animale, le sentiment religieux, la défense de l’aryanité et la théorie cyclique aryenne de l’histoire, l’ésotérisme national-socialiste. Savitri Devi publie également des essais sur les Hindous ou le pharaon Akhenaton, fils du Soleil.

Après guerre, elle se partage entre la Scandinavie, l’Allemagne, l’Inde, l’Egypte, la France (où elle est professeur dans les années 60), l’Angleterre et la Grèce.

Savitri Devi finit son existence entourée de chats, animaux sacrés de l’Egypte antique, et s’éteint en Angleterre, en 1982. C’était la dernière vie d’une femme contre le temps.

Arnaud Robert.

Origines et dangers du transhumanisme - Vidéo

Conférence au Cercle de l'Aréopage: ORIGINES ET DANGERS DU TRANSHUMANISME Par Père Jean Boboc

Nasrallah sur Trump et le terrorisme "islamiste" / Finkelstein sur Trump et Jérusalem

Hassan Nasrallah : les USA utilisent Daech pour légitimer l'Occupation du Moyen-Orient
Hassan Nasrallah répond à Trump : Il n'y a pas de terrorisme «islamiste»

Norman Finkelstein: Trump a reconnu Jérusalem capitale d'Israël pour récompenser ses donateurs



Hassan Nasrallah : les USA utilisent Daech pour légitimer l'Occupation du Moyen-Orient

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 19 janvier 2018, à l’occasion de la commémoration du décès du père des martyrs Jihad, Fouad et Imad Moghniyeh


Transcription:

[...] Quant aux questions régionales, j'ai deux mots à dire et je ne serai pas long. Ce qui s'est passé durant les derniers jours prouve de manière irréfutable tout ce que nous et d'autres avons dit au début des événements dans la région (en 2011) au sujet des objectifs américains.
Eh bien, hier, le Secrétaire d'Etat américain, Tillerson, a annoncé– bien sûr, il ne s'agit pas d'un Tweet de Trump : Tillerson s'est exprimé posément après une réunion avec son entourage, une réflexion poussée, etc., ce n'est pas un simple Tweet ; car pour sa part, Trump peut publier des Tweets (inconsidérés) –, (Tillerson) a annoncé que les forces américaines resteraient en Irak, et que les forces américaines resteraient en Syrie (durablement). Eh bien, pourquoi est-ce que vous voulez rester en Irak et en Syrie ? Alors que lorsque vous avez créé la coalition internationale, et que vous êtes venus en Irak et en Syrie, à l'époque, vous avez déclaré que vous n'aviez pas l'intention de rester – voyez donc l'hypocrisie des Etats-Unis –, que vous n'aviez pas l'intention de rester, mais que vous étiez seulement venus pour faire reculer Daech. Et les personnes qui ont le moins contribué à faire reculer et vaincre Daech, c'est bien vous, les Américains !
Eh bien, que dit maintenant (Tillerson) ? Il dit que les forces et les bases américaines resteront en Irak et en Syrie pour empêcher le retour de Daech. Magnifique. Je veux rappeler ce que nous avons dit il y a quelques années – vous pouvez consulter les archives. Lorsque nous avons dit – et pas seulement nous, beaucoup l'ont dit dans la région – que les Américains ont créé Daech pour avoir un prétexte et une excuse pour le retour de leur forces armées dans la région, et surtout en Irak, après que le peuple, le gouvernement et la résistance héroïque d'Irak les aient fait sortir, et que les Irakiens aient refusé que les Américains aient des bases militaires et que leurs soldats et officiers reçoivent une immunité diplomatique, (après quoi) Obama a pris la décision de se retirer. 
Eh bien, comment les Américains veulent-ils revenir en Irak ? Ils ont besoin d'un prétexte pour revenir en Irak. Ils ont donc créé Daech, pour revenir en Irak. Et aujourd'hui, au prétexte de Daech, ils veulent rester (durablement) en Irak. De même, au prétexte de Daech, ils sont venus en Syrie, et au prétexte de Daech, ils veulent rester (durablement) en Syrie. Alors que le monde entier sait bien, comme l'a reconnu Trump, que ce sont les Etats-Unis qui ont créé Daech.
Aujourd'hui, je peux dire aux Américains, pour qu'ils ne trompent pas l'opinion publique : vous voulez que Daech ne revienne pas ? Il suffit que vous ne le fassiez pas revenir, et Daech ne reviendra pas. Ne demandez pas à vos alliés du Golfe et de la région de lui donner de l'argent et des armes, et Daech ne reviendra pas. Ne demandez pas à différents pays du monde d'accorder des facilités aux takfiris pour qu'ils rejoignent Daech, et Daech ne reviendra pas. Empêcher Daech de revenir en Irak et en Syrie ne nécessite nullement de bases américaines ni de forces américaines. Les Irakiens se chargeront d'empêcher Daech de resurgir. Et les Syriens se chargeront d'empêcher Daech de resurgir. Et ce que prétend le Secrétaire d'Etat américain n'est que mensonges, hypocrisie, duperie et imposture à l'encontre des peuples de la région, il façonne de toutes pièces des prétextes spécieux pour maintenir les forces et les bases américaines dans la région, qui est le véritable objectif. Aujourd'hui, cela est clair et évident.
Bien sûr, en Syrie, le gouvernement syrien a annoncé sa position, et il est évident que les forces américaines ne se sont pas coordonnées avec les Syriens. Mais en Irak, on ne sait pas si le gouvernement américain a conclu un accord avec le gouvernement irakien pour le maintien de ces bases. Nous n'avons pas d'informations à ce sujet. Ou est-ce que les Américains se contentent d'informer l'rak et les Irakiens qu'ils vont rester sur leur territoire, sans leur consentement ou leur accord, qu'ils le veuillent ou non. Je considère que cela fait partie des grands défis auxquels doit faire face le gouvernement irakien, le peuple irakien et les dirigeants et forces politiques irakiens, le fait que les Etats-Unis veuillent imposer à nouveau, à leurs conditions, leur bases aux Irakiens au prétexte de Daech. [...]


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Hassan Nasrallah répond à Trump : Il n'y a pas de terrorisme « islamiste »

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 19 janvier 2018, à l’occasion de la commémoration du décès du père des martyrs Jihad, Fouad et Imad Moghniyeh

Dans cet extrait, Nasrallah réagit également au propos de Donald Trump selon lequel certains pays africains et Haïti seraient des « pays de merde ».



Transcription :

[...] (Je tiens) également (à évoquer) un autre point à ce sujet, (à savoir) la persistance de la fatuité, de la morgue, de l'arrogance,du mépris et du racisme des Etats-Unis à travers l'administration Trump et les déclarations que nous avons entendues. En ce qui concerne les musulmans et l'Islam, il ne leur a épargné aucun affront durant la campagne présidentielle et après qu'il ait remporté les élections. Et son insistance à employer l'expression « terrorisme islamiste » est l'une des preuves les plus flagrantes de sa grande hostilité pour l'Islam.

Il n'y a pas de « terrorisme islamiste ». Par exemple, serait-il acceptable que de notre côté, un musulman proclame que l'emploi de l'arme atomique au Japon par les Etats-Unis, à Hiroshima et ailleurs, constitue du « terrorisme chrétien » ? Est-ce que tous les massacres perpétrés par le passé et jusqu'à présent par les Etats-Unis dans de nombreuses régions du monde, parce qu'ils sont chrétiens, pouvons-nous dire que c'est du « terrorisme chrétien » ? Nous refusons de caractériser le terrorisme américain comme du « terrorisme chrétien ». Nous le refusons (catégoriquement). [Dans un discours précédent, Nasrallah a affirmé la même chose à propos d'Israël, rappelant que le Hezbollah dénonçait toujours le terrorisme « sioniste » et non pas « juif »].

Je ne dis pas ça pour flatter les chrétiens. Si nous disions que c'était là du terrorisme chrétien, nous agresserions injustement les chrétiens et la religion chrétienne. Ce n'est pas pour faire plaisir aux chrétiens (que je dis cela). Mais les chrétiens doivent eux aussi rejeter cette expression (« terrorisme islamiste »), et je vous affirme que Trump fait exprès de décrire le terrorisme comme « islamiste ». Il ne dit pas, par exemple, le « terrorisme takfiri », ou le « terrorisme wahhabite », car ce sont ses agents, ses alliés. Il ne dit pas le « terrorisme x ou y », il dit (sciemment) le « terrorisme islamiste », afin de salir l'Islam, la religion musulmane et le Prophète de l'Islam en les décrivant comme (intrinsèquement) terroristes.

Eh bien aujourd'hui, je vous dis davantage en ce qui concerne les musulmans : en plus de l'insulte adressée à 1,4 milliard de musulmans et des centaines de millions de chrétiens avec la question d'Al-Quds (Jérusalem, reconnue capitale d'Israël), (Trump) se met à insulter les pays d'Afrique ainsi qu'Haïti, avec les termes dégradants qu'il a utilisés à l'encontre de ces peuples [« pays de merde »]. 

C'est là une continuité de la fatuité, de la morgue,de l'arrogance des Etats-Unis, que certains dans le monde considèrent comme (la puissance) qui règle les problèmes, qui garantit le respect du droit, de la justice et des droits de l'homme... Si le Président de ce pays est un homme raciste, haineux, arrogant, méprisant à l'égard d'êtres humains, des enfants d'Adam, du fait de leur couleur, de leur langue, de leur religion ou de leur région géographique, sur qui comptent donc ces pro-américains ? [...]


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Norman Finkelstein: Trump a reconnu Jérusalem capitale d'Israël pour récompenser ses donateurs

Interview de Norman Finkelstein sur Democracy Now, le 10 janvier 2018 






Transcription:
Amy Goodman : Avant de parler plus longuement de Gaza, je voulais vous demander brièvement ce qui a selon vous motivé le Président Trump à reconnaitre Jérusalem comme capitale (d’Israël), déclarant qu'il déplacerait l'ambassade américaine de Tel Aviv, et ce que vous pensez de la réponse massive à l'ONU après que cette reconnaissance ait été annoncée, le vote écrasant contre les États-Unis, et le fait que les États-Unis ont menacé ceux qui ont voté contre eux.

Norman Finkelstein : Eh bien, le fonctionnement de la politique américano-israélienne est une question un peu compliquée. Mais en général, on pourrait dire que lorsque des intérêts nationaux majeurs sont en jeu, le lobby israélien a très peu de pouvoir. Nous l’avons vu, par exemple, lors des négociations sur l’accord avec l’Iran. C’était un intérêt national majeur pour les États-Unis. Le lobby y était radicalement opposé. Netanyahou y était radicalement opposé. Mais l’accord est passé. Et de nombreux partisans d’Israël – Dianne Feinstein, Nancy Pelosi, l’ensemble du gang – ont soutenu l’accord. Mais quand un intérêt majeur des États-Unis n’est pas en jeu, le lobby est assez puissant.

Donc dans ce cas particulier, il était clair que les Saoudiens, qui constituent un intérêt majeur pour les États-Unis, se fichaient de ce que les États-Unis feraient de Jérusalem. Ils ont donné le feu vert : « Si vous voulez la donner à Israël, ça ne nous pose pas de problème, on s’en moque ». Donc, aucun intérêt national américain n’était en jeu, et Trump a donc fait ce que tout le monde fait : il a récompensé ses donateurs. Dans ce cas, c’était Sheldon Adelson, le magnat des casinos milliardaire, qui soutenait fortement la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale indivise d’Israël. 

Mais nous devons garder à l’esprit que ce n’était pas seulement Trump. Vous savez, parfois les médias veulent accabler Trump. Et ils oublient qu’il ne s’agit pas seulement de Trump. Charles Schumer, l’actuel leader de la minorité sénatoriale, Schumer attaquait constamment Trump, juste après son élection : « Pourquoi ne reconnaissez-vous pas Jérusalem comme la capitale indivise (d’Israël) ? » Quand Trump l’a reconnue, Schumer, Charles Schumer,  a dit : « Il l’a fait grâce à moi, c’est moi qui l’ai poussé à reconnaître Jérusalem capitale d’Israël. » Voilà les propos du chef de la minorité sénatoriale.

Et pour la même raison, si vous regardez l’argent de Schumer, il l’obtient principalement des Juifs conservateurs de droite et de Wall Street, les mêmes sources d’argent que Trump, les mêmes financeurs. Et sur ces questions, beaucoup de démocrates, y compris Schumer – ou plutôt surtout Schumer, devrais-je dire – sont pires que Trump. 

Par exemple, après l’incident du Mavi Marmara en 2010, quand Israël a tué les passagers à bord du navire humanitaire, le Mavi Marmara, ils ont tué 10 passagers, Charles Schumer s’est rendu devant un groupe de Juifs orthodoxes et a déclaré : « Les habitants de Gaza ont voté pour le Hamas, ils ont voté pour le Hamas, et par conséquent, la strangulation économique est la voie à suivre. » Ayez bien conscience du fait que nous parlons d’une population, dont plus de la moitié est composée d'enfants, qui vit sous un siège médiéval. Et ce qu’il dit en substance, c’est que nous devrions continuer à les affamer, jusqu’à ce qu’ils votent contre le Hamas ou se débarrassent du Hamas. Que dire d’un tel personnage ?

Vous savez, Charles Schumer était dans le même lycée que moi, tout comme Bernie Sanders du reste. Je ne le connaissais pas. Il avait, je crois, quatre ans d’avance sur moi. J’ai assez bien connu sa sœur, Fran. Extrêmement intelligente. Vous savez, même maintenant, près d’un demi-siècle plus tard, je m’en souviens toujours aussi bien. Une jeune femme extrêmement brillante. Ils étaient décents, en fait. Chuck – on l’appelait Chuck –, son père était un exterminateur. Vous savez, c'est très marquant. C’était un spectacle impressionnant. C’était quelqu'un d'extrêmement brillant. Il était major de sa classe, et il était très en avance sur tout le monde, comme Fran, vous voyez ? Mais que dire de ce qu’ils sont devenus ? 

Il a grandi à Kings Highway à Brooklyn, tout près de l’endroit où Bernie [Sanders] a grandi. Je passais devant sa maison tous les jours, en allant à la piscine en vélo. Que peut-on dire d’une personne qui recommande d’affamer des enfants ? C’est ce qu’il a préconisé, vous savez. C’est un monstre moral. Et il faut reconnaitre ce fait. C’est un monstre moral. Et pourtant, tout le monde veut cracher sur Trump. Que dire de personnes comme Schumer ?

Amy Goodman : Eh bien, nous allons faire une pause, et ensuite, nous parlerons de la situation que vous décrivez à Gaza. Votre nouveau livre s'intitule Gaza: une enquête sur son martyre. Nous parlons avec l'auteur et chercheur Norman Finkelstein. Le livre vient tout juste d'être publié. Restez avec nous. [...] 

Traduction des deux dernières parties sur Gaza à venir sur dailymotion.com/Sayed_7asan.
 
 


Pourquoi Poutine « permet-il » à Israël de bombarder la Syrie ? (Le Saker)


Pourquoi Poutine « permet-il » à Israël de bombarder la Syrie ? (Le Saker)

Une fois n'est pas coutume sur ce site : un petit "cours" de géostratégie (traduction de l'anglais par nos soins)
Y.S.

Pourquoi Poutine « permet-il » à Israël de bombarder la Syrie ?


Par The Saker


Informationclearinghouse a récemment publié un article de Darius Shahtahmasebi intitulé « Israël continue de bombarder la Syrie et personne ne fait quoi que ce soit ». Suite à cette publication, j'ai reçu un courriel d'un lecteur me posant la question suivante : « Pourquoi Poutine permet à Israël de bombarder la Syrie ? Je suis choqué par les actions de Poutine - est-ce que Poutine soutient l'entité sioniste, comme si de rien n'était. J'apprécierais vos commentaires à ce sujet. Aussi - j'ai entendu, mais je n'ai pas pu confirmer, que les immigrants juifs russes en Palestine occupée sont les plus ardents persécuteurs des Palestiniens - il font beaucoup de choses pour devancer Netanyahu. Pouvez-vous commenter s'il vous plaît ? ». Dans son article, Darius Shahtahmasebi se demande pourquoi le monde ne fait rien pour arrêter les Israéliens (« Pourquoi l'Iran, la Syrie et/ou le Hezbollah au Liban n'ont-ils pas répondu directement ? »). Mon lecteur est plus spécifique et se demande pourquoi Poutine ( ou la Russie) ne fait pas que «permettre» à Israël de bombarder la Syrie, mais peut-être même soutient l'entité sioniste.

Je vois souvent ce genre de question dans les courriels et dans les commentaires, alors je voulais aborder cette question aujourd'hui.

Premièrement, nous devons examiner certaines hypothèses critiques impliquées par cette question. Ces hypothèses sont les suivantes:

> Que la Russie peut faire quelque chose pour arrêter les Israéliens
> Que la Russie devrait (ou même est moralement obligée) de faire quelque chose.

Permettez-moi de commencer en disant que je suis catégoriquement en désaccord avec ces deux hypothèses, en particulier la deuxième. Prenons-les une par une.

Hypothèse n ° 1: la Russie peut arrêter les attaques israéliennes contre la Syrie.

Comment ? Je pense que la liste des options est assez évidente ici. Les options russes vont de l'action diplomatique (protestations et condamnations privées ou publiques, tentatives de résolution du CSNU) à une action militaire directe (abattre des avions israéliens, les «balayer» avec un radar de combat pour tenter de les effrayer ou au moins, essayer d'intercepter des missiles israéliens).

Essayer de raisonner avec les Israéliens ou d'écouter l'ONU a été tenté par de nombreux pays pendant des décennies et s'il y a une chose qui ne fait aucun doute, c'est que les Israéliens se foutent de ce que quelqu'un a à dire. Donc, leur parler n'est qu'un gaspillage d'oxygène. Qu'en est-il de les menacer ? En fait, je pense que cela pourrait fonctionner, mais à quel risque et quel prix ?

Tout d'abord, alors que j'ai toujours dit que les forces terrestres de Tsahal sont plutôt mauvaises, ce n'est pas le cas de leurs forces aériennes. En fait, dans ce registre ils sont plutôt bon. Maintenant, si vous regardez où sont les défenses aériennes russes, vous verrez qu'elles sont toutes concentrées autour de Khmeimim et de Tartous. Oui, un S-400 a une portée très longue, mais cette portée dépend de beaucoup de choses, y compris la taille de la cible, sa section radar, ses capacités de guerre électronique, la présence d'avions spécialisés EW, l'altitude, etc. Les Israéliens sont des pilotes expérimentés qui sont très opposés au risque, donc ils font très attention à ce qu'ils font. Enfin, les Israéliens sont très conscients de l'endroit où se trouvent les Russes et où se trouvent les missiles. Je pense qu'il serait assez sûr de dire que les Israéliens s'assurent de garder une distance de sécurité minimale entre eux et les Russes, ne serait-ce que pour éviter tout malentendu. Mais admettons que les Russes ait une chance d'abattre un avion israélien - quelle serait la réaction israélienne probable à un tel carton ? Dans cet article, Darius Shahtahmasebi écrit : « Est-ce parce qu'Israël aurait bien plus de 200 armes nucléaires toutes « pointées sur l'Iran », et il y a peu de choses que l'Iran et ses alliés puissent faire face à une telle menace » Je ne vois pas les Israéliens utiliser des armes nucléaires contre les forces russes, cependant, cela ne signifie nullement que les Russes, lorsqu'ils traitent avec Israël, ne devraient pas considérer le fait qu'Israël est une puissance armée nucléaire dirigée par des mégalomanes racistes. Concrètement, cela signifie : « La Russie (ou tout autre pays) devrait-elle risquer un affrontement militaire avec Israël au sujet de quelques camions détruits ou d'une décharge d'armes et de munitions » ? Je pense que la réponse évidente est clairement «non».

Alors que c'est le genre de calculs que les États-Unis ignorent (du moins officiellement - d'où le chahut contre la RPDC), la Russie est gouvernée par un homme sain et responsable qui ne prend pas pour habitude de se laisser mener dans un conflit. Décision russe par exemple de ne pas riposter coup-pour-coup contre la destruction du SU-24 par les Turcs. Si les Russes n'ont pas riposté contre les Turcs abattant un de leurs propres avions, ils ne vont sûrement pas attaquer les Israéliens lorsqu'ils attaquent une cible non russe !

Il y a aussi des problèmes factuels à considérer : même certains systèmes de défense aérien russes sont très avancés et pourraient abattre un nombre X d'avions israéliens ; néanmoins, ils sont loin d'être assez nombreux pour empêcher toute l'armée de l'air israélienne de les saturer. En fait, Israël et le CENTCOM ont tout simplement un tel avantage numérique sur le contingent russe relativement petit qu'ils pourraient tous les deux dépasser les défenses russes, même s'ils subiraient des pertes dans le processus.

Alors oui, les Russes pourraient probablement arrêter une ou quelques attaques israéliennes, mais si les Israéliens décidaient de s'engager dans une campagne aérienne soutenue contre des cibles en Syrie, il n'y a rien que les Russes pourraient faire sans partir en guerre contre Israël. Donc, ici encore, un principe stratégique très fondamental s'applique pleinement : vous ne voulez jamais commencer un processus d'escalade que vous ne contrôleriez pas et que vous ne pourriez pas gagner. Cela signifie simplement que si les Russes ripostent, ils perdent, et les Israéliens gagnent. C'est vraiment simple et les deux parties le savent (ce n'est pas le cas du stratège de salon).

Et cela demande un regard critique sur la deuxième hypothèse:


Hypothèse n ° 2: La Russie a le devoir moral d'arrêter les attaques israéliennes contre la Syrie

C'est celui qui me déconcerte le plus. Pourquoi dans le monde quelqu'un pourrait-il penser que la Russie doit quelque protection que ce soit à n'importe qui sur la planète ?! Pour commencer, quand est-ce la dernière fois que quelqu'un est venu à l'aide de la Russie ? Je ne me souviens de personne au Moyen-Orient ayant offert son soutien à la Russie en Tchétchénie, en Géorgie ou, d'ailleurs, en Ukraine ! Combien de pays du Moyen-Orient ont reconnu l'Ossétie du Sud ou l'Abkhazie (ce que l'on peut mettre en perspective avec le cas du Kosovo !) ? Où était « l'aide » ou « l'amitié » musulmane ou arabe envers la Russie lorsque des sanctions ont été imposées et que le prix du pétrole a chuté ? Dite-moi - comment exactement les « amis » de la Russie lui ont-ils exprimé leur soutien par exemple au sujet du Donbass ou de la Crimée ?

Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi la Russie a une obligation morale envers la Syrie, l'Iran ou le Hezbollah alors qu'aucun pays musulman ou arabe n'a fait quoi que ce soit pour aider le gouvernement syrien à lutter contre les Takfiris ? Où est la Ligue arabe ? Où est l'Organisation de la coopération islamique ?!

N'est-ce pas un fait que la Russie a fait plus en Syrie que tous les pays de la Ligue arabe et de l'OCI combinés ?!

Où les Arabes et les Musulmans du Moyen-Orient ont-ils ce sentiment de droit qui leur enjoint qu'un pays lointain qui est confronté avec beaucoup de problèmes politiques, économiques et militaires doit faire plus que les voisins immédiats de la Syrie ?!

Poutine est le président de la Russie et il est d'abord et avant tout responsable devant le peuple russe à qui il doit fournir une explication pour chaque victime russe et même chaque risque qu'il prend. Il me semble qu'il a tout à fait raison lorsqu'il agit en premier lieu pour défendre les gens qui l'ont élu et personne d'autre.

Soit dit en passant, Poutine était très clair sur la raison pour laquelle il dirigeait une intervention militaire russe (très limitée) en Syrie : protéger les intérêts nationaux russes, par exemple en tuant des cinglés de Takfiris en Syrie pour ne pas avoir à se battre contre eux sinon dans le Caucase et le reste de la Russie. À aucun moment et en aucun cas, aucun officiel russe n'a fait référence à une quelconque obligation de la Russie envers la Syrie ou envers tout autre pays de la région. Certes, la Russie a soutenu le président Assad, mais ce n'était pas à cause d'obligations envers lui ou son pays, mais parce que les Russes ont toujours insisté sur le fait qu'il était le président légitime de la Syrie et que seul le peuple syrien avait le droit de décider de le maintenir à son poste ou de le remplacer. Et, bien sûr, il est dans l'intérêt national de la Russie de montrer que, contrairement aux États-Unis, elle se tient aux côtés de ses alliés. Mais rien de tout cela ne signifie néanmoins que la Russie est désormais responsable de la protection de la souveraineté de l'espace aérien ou du territoire syrien.

En ce qui me concerne, le seul pays qui a fait plus encore que la Russie pour la Syrie est l'Iran et, au lieu de gratitude, les pays arabes « remercient » les Iraniens en conspirant contre eux avec l'aide des USA et d'Israël. Hassan Nasrallah jour parfaitement son rôle lorsqu'il déclare que tous ces pays sont des traîtres et collaborateurs de l'Empire Anglo-sioniste.

Il y a quelque chose de profondément immoral et hypocrite dans ce gémissement constant, implorant que la Russie devrait faire plus alors qu'en réalité la Russie et l'Iran sont les deux seuls pays à faire quelque chose de significatif (avec le Hezbollah, bien sûr!).

Je vais tâcher de maintenant répondre à quelques questions type :

Question n ° 1 : mais la Syrie, l'Iran et le Hezbollah ne sont-ils pas des alliés russes ?

Oui et non. Objectivement - oui. Formellement - non. Cela signifie que si ces trois entités ont des objectifs communs, elles sont également indépendantes et ont des objectifs qui ne sont pas partagés par d'autres. De plus, elles n'ont pas de traité de défense mutuelle et c'est pourquoi ni la Syrie, ni l'Iran, ni le Hezbollah n'ont riposté contre la Turquie lorsque les Turcs ont abattu le SU-24 russe. Si certains en doutent, je dirais que cette absence de traité de défense mutuelle formelle est une très bonne chose ne serait-ce que parce qu'elle empêche les forces russes ou iraniennes en Syrie de devenir des forces « triphasées » qui, si l'une d'entre elles était attaquées, exigerait une réponse immédiate des autres. Dans une situation extrêmement dangereuse et explosive comme le Moyen-Orient, la flexibilité offerte par l'absence d'alliances formelles est un gros avantage pour toutes les parties impliquées.

Question n ° 2 : cela signifie-t-il que la Russie ne doive rien faire ou soutiendrait même Israël ?

Bien sûr que non ! En fait, Netanyahu s'est même rendu à Moscou pour faire toutes sortes de menaces mais il est rentré chez lui sans rien obtenir (les sources russes rapportent même que les Israéliens ont fini par s'accrocher avec leurs homologues russes). Rappelons ici quelque chose qui pourtant devrait être évident pour tout le monde : l'intervention russe en Syrie a été un désastre total et absolu pour Israël (j'explique cela en détail dans cet article). Si les Russes avaient eu une quelconque affection pour les intérêts israéliens, ils ne seraient jamais intervenus en Syrie ! Cependant, ce refus de laisser Israël dicter les politiques russes au Moyen-Orient (ou ailleurs) ne signifie nullement que la Russie puisse simplement ignorer le pouvoir très réel des Israéliens, non seulement à cause de leurs armes nucléaires, mais aussi à cause de leur de-facto contrôle du gouvernement américain.

Question n ° 3 : alors qu'est-ce qui se passe réellement entre la Russie et Israël ?

Comme je l'ai expliqué ailleurs, les relations entre la Russie et Israël sont très complexes et à plusieurs niveaux et rien entre ces deux pays n'est vraiment noir ou blanc. D'une part, il existe en Russie un puissant lobby pro-israélien auprès duquel Poutine s'est frotté au fil des années, mais seulement par très petites étapes et progressivement. La clé pour Poutine est de faire ce qui doit être fait pour faire avancer les intérêts russes mais sans déclencher une crise politique interne ou externe. C'est pourquoi les Russes font certaines choses, mais plutôt tranquillement.

Tout d'abord, ils rénovent les défenses aériennes syriennes vieillissantes non seulement avec des mises à jour logicielles, mais aussi avec du matériel plus récent. Ils entraînent aussi, bien sûr, les formations militaires syriennes. Cela ne signifie pas que les Syriens pourraient fermer leur ciel aux avions israéliens, mais que progressivement les risques de frapper la Syrie augmenteraient chaque mois. Premièrement, nous ne sommes peut-être pas capable de le remarquer, mais je suis convaincu qu'une analyse minutieuse du type d'objectifs que les Israéliens cherchent à atteindre diminueront en importance et perdront de la valeur, ce qui signifie que les Syriens deviendront de plus en plus capables de défendre leurs atouts les plus importants.

Deuxièmement, il est assez évident que la Russie, l'Iran et le Hezbollah travaillent en synergie. Par exemple, les Russes et les Syriens ont intégré leurs défenses aériennes, ce qui signifie que les Syriens peuvent maintenant « voir » beaucoup plus loin que ce que leurs propres radars leur permettraient de faire. En outre, considérons le nombre de missiles de croisière américains qui ne sont jamais parvenus à la base aérienne syrienne que Trump a voulu bombarder : il est plus ou moins admis maintenant que c'était le résultat des contre-mesures russes EW.

Enfin, les Russes « couvrent » clairement le Hezbollah et l'Iran politiquement en refusant de les considérer comme des parias, ce qu'Israël et les États-Unis ont toujours exigé. C'est pourquoi l'Iran est traité comme un acteur clé dans le processus de paix parrainé par la Russie alors que les États-Unis et Israël n'y sont même pas invités.

Donc, la vérité est simple : les Russes ne s'opposeront pas directement aux Israéliens, mais ce qu'ils vont faire, c'est renforcer tranquillement l'Iran et le Hezbollah, ce qui est non seulement beaucoup plus sûr mais aussi beaucoup plus efficace.

Conclusion

Nous vivons dans une société viciée et dysfonctionnelle qui, après des décennies de domination américaine, confond la guerre et l'agression avec la force, ce qui implique la notion qu'un « grand pays » puisse se livrer à des saccages violents sur une base tout à fait légitime. Selon cette notion, il faut toujours avoir recours à la force militaire pour riposter à toute attaque. Je soutiens que les dirigeants russes et iraniens sont beaucoup plus sophistiqués que cela. Il en va de même pour la direction du Hezbollah. Rappelez-vous quand les Israéliens (avec la complicité évidente de certains membres du régime syrien, d'ailleurs) ont assassiné Imad Mughniyeh ? Le Hezbollah a promis de riposter, mais jusqu'à présent, presque une décennie plus tard, ils ne l'ont pas fait (ou, du moins, pas officiellement). Certains diront que les menaces du Hezbollah étaient des mots creux - je ne suis pas du tout d'accord. Quand Hassan Nasrallah promet quelque chose, vous pouvez le confier à la banque. Mais les dirigeants du Hezbollah sont suffisamment sophistiqués pour riposter quand le moment est venu et selon leurs propres termes. Et pensez aux Iraniens qui, depuis la Révolution islamique de 1979, ont été dans le collimateur des États-Unis et d'Israël et qui n'ont jamais donné à l'un d'entre eux le prétexte d'attaquer.

Lorsque vous êtes beaucoup plus puissant que votre adversaire, vous pouvez être stupide et répondre par la force brute et stupide. Au moins pour le court à moyen terme. Finalement, comme nous le voyons aujourd'hui avec les États-Unis, ce genre de stupidité agressive se retourne contre l'agresseur et finit même par être contre-productive. Mais quand vous êtes plus petit, plus faible ou même juste en train de récupérer votre force potentielle, vous devez agir avec beaucoup plus de prudence et de sophistication. C'est pourquoi tous les adversaires de l'Empire anglo-sioniste (dont le Hezbollah, la Syrie, l'Iran, la Russie, la Chine, Cuba, le Venezuela) font tout leur possible pour éviter d'utiliser la force contre les Anglo-sionistes quand bien même elle serait amplement méritée. La seule exception à cette règle est Kim Jong-un qui a choisi une politique de menaces hyper-inflationnistes qui, bien qu'éventuellement efficace (il semble avoir déjoué Trump, au moins jusqu'à présent) est aussi très dangereuse à tel point qu'aucun des pays de la Résistance ne tient à y prendre part.

Les Russes, les Iraniens et le Hezbollah sont tous des adultes « cultivés » (en termes politiques), et Assad apprend très vite, ce qui fait qu'ils comprennent tous qu'ils ont affaire à un « singe avec une grenade à main » (cela vaut aussi bien pour Israël que pour les dirigeants américains) qui combine une personnalité désagréable, un caractère versatile, un cerveau primitif et une grenade à main assez grande pour tuer tout le monde dans la pièce. Leur tâche est de neutraliser ce singe avant qu'il ne puisse dégoupiller. Dans le cas des frappes israéliennes sur la Syrie, la responsabilité première engageant une réponse d'une manière ou d'une autre incomberait soit sur la cible des frappes (habituellement le Hezbollah), soit sur la nation dont la souveraineté a été violée (Syrie). Et les deux pourraient, en théorie, riposter (en utilisant des missiles tactiques par exemple). Pourtant, ils ont choisi de ne pas le faire, et c'est l'approche sage et correcte. Quant aux Russes, ce n'est simplement pas leur affaire.



Premier appendice :

Encore une chose. Ne vous méprenez pas : la propension israélienne (et américaine !) à utiliser la force comme substitut à la diplomatie est un signe de faiblesse et non de force. Plus précisément, leur usage de la force ou la menace de l'usage de la force est le résultat de leur incompétence diplomatique. Alors que pour l'esprit non averti, l'usage systématique de la force peut apparaître comme une expression du pouvoir, l'histoire montre que la force brutale peut être vaincue lorsqu'elle n'est pas contestée directement, mais par d'autres moyens. Ceci est, par nécessité, un processus lent, beaucoup plus lent qu'une « victoire rapide » (pour la plupart entièrement théorique), mais néanmoins inéluctable. En termes purement théoriques, l'utilisation de la force peut avoir à peu près n'importe lequel des résultats suivants : défaite, impasse, victoire coûteuse ou relativement indolore. Ce dernier cas est extrêmement rare et l'utilisation de la force suppose principalement l'un des autres résultats. Parfois, l'utilisation de la force est vraiment la seule solution, mais je soutiens que le dirigeant politique avisé n'y recourra que lorsque toutes les autres options auront échoué et que des intérêts vitaux seront en jeu. Dans toute autre situation, une « mauvaise paix est préférable à une bonne guerre ».
 

Deuxième appendice :

Contrairement aux hallucinations des néocons, la Russie n'est absolument pas une « URSS renaissante » et Poutine n'a aucun désir de reconstruire l'Union Soviétique. De plus, il n'y a pas de mesure constitutionnelle significative en Russie pour de tels plans « impériaux » (enfin, il y a toujours des fous partout, mais en Russie, ils sont, Dieu merci, une minuscule minorité sans pouvoir). En outre, la nouvelle Russie n'est certainement pas une « anti-USA » dans le sens où elle essayerait de contrer toute manœuvre impériale ou hégémonique américaine. Cela peut sembler évident à beaucoup, mais j'ai tellement de questions sur les raisons pour lesquelles la Russie ne fait pas plus pour contrer les États-Unis en Afrique, en Amérique latine ou en Asie que je pense qu'il est, hélas, important de rappeler à tous le droit international et le bon sens : les problèmes du pays X doivent être traités par le pays X. La Russie n'a pas plus de légitimité que les Etats-Unis pour « résoudre » les problèmes du pays X. En outre, les problèmes du pays X sont généralement mieux traités par les voisins immédiats de celui-ci, et non par les superpuissances messianiques mégalomanes qui estiment devoir « faire avancer le projet » parce qu'ils sont « indispensables » ou parce que le « destin manifeste » leur impose la responsabilité de « diriger le monde ». Toute cette terminologie n'est que l'expression d'une mentalité « impériale » [guillemets ajoutés par nous – NIL] pathologique et délirante qui a coûté à la Russie et à l'Union Soviétique un prix absolument terrifiant en argent, en énergie, en ressources et en sang (par exemple, l'intervention soviétique en Afghanistan était justifiée par le devoir internationaliste de l'Union Soviétique et du peuple pour aider une « nation fraternelle »). Alors que ce genre d'absurdité est encore à 100% d'actualité dans les pauvres vieux États-Unis, il est absolument rejeté dans la Russie moderne. Pour l'entière crédibilité personnelle de Poutine vis-à-vis du peuple russe, même s'il ne pouvait pas exclure d'intervenir militairement, il n'aurait jamais cherché à surveiller la planète entière, à moins que des intérêts vraiment vitaux ne soient menacés (la Crimée était un cas si rare). Certains déploreront cela, je m'en réjouis personnellement, mais la vérité est que « les Russes ne viennent pas ».


Franck Buleux : Les entretiens de Métamag : De quoi Savitri Devi est-elle le nom?

Franck Buleux Chargé d’enseignement, auteur, essayiste.
Interviewé par Michel Lhomme.

Michel Lhomme : Après l’Europe et l’éternel débat du fédéralisme européen, nous nous retrouvons pour un livre déroutant venant de votre part, une biographie sur l’indianiste Savitri Devi née à Lyon en 1905, figure connue du monde underground et qui a été la première à considérer Adolf Hitler comme un avatar, un dieu venu sur terre sous forme humaine pour restaurer l’Age d’Or. Alors de quoi Savitri Devi est-elle le nom ? Comment expliquer individuellement cet intérêt porté à une « païenne végan » pour parler comme l’époque ?
   

Franck Buleux: Écrire une biographie sur Savitri Devi, c’est surtout avoir la capacité préalable, et nécessaire, d’éloigner de son propre esprit la reductio ad hitlerum dont elle a fait – et fait toujours – l’objet et, il faut bien le dire, dans laquelle elle a baigné de son plein gré. Toutefois, refuser de réduire une personne à un mythe même convenu – et accepté -est l’essence même du respect de la nature humaine, par définition complexe.
Il n’est pas question de nier la proximité de cette femme avec les individus qui composèrent l’Internationale nationale-socialiste après la Seconde Guerre mondiale jusqu’à, et au-delà, de sa mort en 1982. Mais malgré cela, ses rencontres ne se sont pas limitées à des admirateurs du Führer allemand.

Véritable dépositaire de la défense animale, voire végétale et minérale, Savitri Devi consacra son existence aux être non-humains qu’elle considérait probablement mieux, car meilleurs, que ses propres congénères. Elle déifiait la Nature pour laquelle elle vouait un culte immodéré. Devenue hindouiste, elle n’écartait pas le phénomène de la réincarnation auquel elle n’appliquait aucune hiérarchisation (contrairement à la réincarnation traditionnelle qui privilégie une évolution vers la perfection humaine).
Intriguée aussi par le monde de l’occulte, elle affirma sa proximité avec de nombreuses sociétés secrètes, de la Rose-Croix, qui ira jusqu’à éditer certains de ses travaux sur le pharaon Akhenaton, jusqu’à la franc-maçonnerie en passant par la Société théosophique.
Érudite, titulaire d’un double doctorat, littéraire comme scientifique, cette femme complexe ne fut rien d’autre… qu’une femme libre. Libre à travers le temps et l’espace, née à Lyon, convertie à l’hindouisme en Inde, morte en Grande-Bretagne, inhumée à Arlington, en Virginie…
Elle manifesta cette liberté suprême par la défense des proscrits et des réprouvés.

Une femme libre mais sans enfants ?
Son regret ultime, ne pas avoir pu transmettre. Transmettre à un fils, une fille… à un être qui aurait pu continuer son combat, qui aurait pu tout simplement la comprendre. Mais comment mettre au monde lorsque l’on a pris l’option d’une union chaste ? Comment mettre au monde quand on a découvert des origines que l’on repousse?
Oui, je sais, cette femme solitaire peut susciter des polémiques mais elle ne manquera pas de vous intriguer, de vous déplaire comme de vous émouvoir. C’est ce que j’ai cherché à transmettre par ce court travail. Pour moi, à travers l’ordre établi du monde, Savitri Devi tenta de survivre à contre-temps et à contre-courant dans le monde du kali yuga.

Indubitablement effectivement, dans cette brève mais dense biographie, ni complaisante, ni assassine, vous découvrirez une femme en quête de ses propres repères mais son univers, le monde qui l’entoure n’est-il jamais que le reflet de son propre être ?
Certainement, Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux, cette inscription au seuil du Temple de Delphes reflète pour moi toute la vie de Savitri Devi. Née Maximiani Portas, elle s’était muée en Savitri Devi, tel le papillon abandonnant la chenille. Et la quête qu’elle entreprit, qui la mena jusqu’en Inde, est éternelle. Elle est aussi la nôtre.

Que découvrirons-nous alors dans cette biographie ?
Dans cette biographie, vous découvrirez:
– que Savitri Devi quitte l’Europe pour l’Inde avant l’arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne ;
– que Savitri Devi épousa un Brahmane pour éviter d’être expulsée d’Inde ;
– qu’elle fut la préceptrice, à Athènes, d’un futur intellectuel trotskiste ;
– qu’elle rentra en Europe, faute d’avoir pu être reconnue comme elle le souhaitait en Inde ;
– qu’elle eut des amitiés maçonniques avec lesquelles elle partagea des conceptions philosophiques ;
– qu’elle travailla pour l’Éducation nationale française (dont elle fut pensionnée lors de sa retraite) ;
– qu’elle séjourna au cœur de la Normandie chez la nièce de Christian Dior pour rédiger son autobiographie ;
et pourquoi elle ne souhaitait pas d’héritiers biologiques ?

En somme elle n’était pas une femme ordinaire ?
Oui et décidément, Savitri Devi ne fut pas une femme ordinaire. Trente-cinq ans après son départ, il est probablement temps de découvrir, un peu, cette femme qui se situait hors du Temps.

Pour notre part, nous avions lu il y a quelques années la biographie intellectuelle de 336 pages de Nicholas Goodrick-Clarke, “Savitri Devi, la grande prêtresse d’Hitler”. Dans cette biographie à l’anglo-saxone, Goodrick-Clarke s’intéressait à la formation intellectuelle de Savitri, au nationalisme hindou, aux réseaux clandestins d’après-guerre, à l’émergeance du révisionnisme, à l’internationale néo-nazie, à l’héritage idéologique de S. Devi au sein de divers mouvements nationalistes, écologistes et au cœur du New Age. Croyez-vous aussi que la doctrine de Savitri Devi soit comme une passerelle entre le mysticisme aryen associé à l’extrême droite et le paganisme du Nouvel Age ? Comment caractériseriez-vous finalement cette doctrine et en quoi peut-elle nous intéresser aujourd’hui ? De quelle religion avons-nous donc besoin ? Le livre que vous citez est issu d’une thèse universitaire et utilisant une technique relativement attrape-tout, à partir d’un mot-clé, il brode tout en oubliant le sujet principal, Savitri Devi, ce qui lui permet ainsi de « faire des pages ». Pour en revenir à votre question, Savitri Devi cherche la Vérité, c’est-à-dire une théorie absolue et transcendante qui lui permet d’affirmer que la Nature est éternelle s’incarnant dans différents éléments et l’Homme n’est qu’une espèce de parasite éphémère. Sa conception du monde nous renvoie à une prépondérance de Gaïa contre l’Homme, en cela les mouvements écologiques alternatifs (la « deep ecology ») rejoignent la pensée de Savitri Devi. Le politologue Stéphane François l’avait déjà relevé dans son livre “L’écologie politique“, paru en 2012 aux éditions du Cerf.
Il y a une permanence incarnée dans le monde naturel dans la pensée de Savitri Devi qui va bien au-delà de la perception de nos contemporains sur sa propre personne. Sa doctrine est, vous venez de le relever, beaucoup plus religieuse que politique. Ses rencontres, qu’elle n’a jamais rejetées, en firent un archétype de l’extrême-droite la plus radicale mais sa pensée, son mode de vie, la plupart de ses écrits nous ramènent vers un courant traditionnaliste universel en quête d’absolu et de vérité, où l’Homme moderne n’a guère sa place. Ses aspirations anti-modernistes et son apparence indianiste auraient pu faire de Savitri Devi une femme inspirant une dissidence sociale, voire religieuse mais notre époque l’a brusquement abandonné tout près de la jetée. Elle aurait préféré la haute mer. Elle restera donc un rocher contre le Temps, et comme elle s’auto-définissait, une femme « pure, dure, sûre »!

Franck Buheux, Savitri Devi, Collection Qui suis-je ? Pardès, 2017.
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Hassan Nasrallah : Trump va vers l'Armageddon / Norman Finkelstein sur le financement de l'UNRWA

Hassan Nasrallah : Trump va vers l'Armageddon, Israël sera vaincu plus facilement que Daech

Norman Finkelstein : l'aide US aux Palestiniens coûte moins qu'un yacht saoudien





Hassan Nasrallah : Trump va vers l'Armageddon, Israël sera vaincu plus facilement que Daech

Interview du Secrétaire Général du Hezbollah par la chaine Al-Mayadeen, 3 janvier 2018






Transcription :

[...] Journaliste : A la fin de la première partie de notre entretien, nous avons conclu sur deux points. Dans le premier point, tu as dit que les événements en Iran étaient sans conséquence et terminés, et le deuxième point dont on parle, le plus dangereux, est que Trump et Israël poussent la région vers une grande guerre, et pour le cas où cette guerre serait déclenchée, l’Axe de la Résistance s’y prépare et doit s’y préparer.  Et je te demandais, est-ce que Ton Eminence est vraiment inquiète et craint que cette guerre advienne ? Car je comprends de tes propos que la guerre est (une possibilité) réelle,  qu’ils vont peut-être la déclencher, et que vous allez être victorieux dans cette guerre.

Hassan Nasrallah : Ecoute, en ce qui concerne la possibilité d’une guerre, elle est réelle.  Quant à son degré de probabilité, on ne peut pas l’écarter un seul instant.  Car avec une telle mentalité, une telle administration... Et quoi qu’on dise, il ne s’agit pas seulement de Trump,  mais du vice-Président, de l’ensemble de l’administration présente, de leur vision sous-jacente...  Tu vois comme certains ont approché la cause d’Al-Quds. Il l’a approchée d’un point de vue religieux !  Ces choses sont liées à...

Si tu lis les déclarations des Américains et même des Israéliens, tu vois qu’il veut un Armageddon,  un (véritable) Armageddon qu’il prépare et vers lequel il se dirige avec force. Nous connaissons leur mentalité.

Journaliste : Ils sont soutenus par les sionistes chrétiens.

Hassan Nasrallah : Quoi qu’il en soit, il faut que nos yeux soient rivés sur cette possibilité, car  lorsqu’il détruit le processus de négociations,  ce qu’ils appellent le processus de paix, quels sont donc les choix qui restent ? Où veulent-ils amener la région (sinon à la guerre) ?  C’est pour cela que je dis que c’est une possibilité réelle.  Je ne dis pas plus que cela. Car pour affirmer plus que ça, il faut des preuves, et on va inquiéter les gens.

Journaliste : C’est vrai.

Hassan Nasrallah : Mais il ne serait pas juste que l’un d’entre  nous enjoigne les gens à être rassurés, avec Trump et Netanyahou, avec tous ces fous,  et affirme que la région va on ne peut mieux, qu’il n’y a rien à craindre, que la paix est garantie.  Où voit-on cela ? Il n’y a absolument aucun indice dans ce sens. C’est pourquoi il faut parler de possibilité permanente (de guerre).

Ici, la possibilité seule suffit, du point de  vue rationnel et quant à notre responsabilité, à nous pousser à prendre des mesures.  A savoir qu’on se doit de se préparer, de s’organiser, de renforcer notre front, notre Axe,  nos hommes, notre situation et nos capacités,  pour (la guerre) qui peut advenir (d’un jour à l’autre). Si elle n’advient pas, on n’aura rien perdu.  On se sera renforcés. Et si elle se  produit, on sera prêts à y faire face.

Journaliste : Eminent Sayed, vous vous préparez donc avec l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Liban et la Palestine ?  Tel est votre Axe (de la Résistance) à présent ?

Hassan Nasrallah : Fondamentalement, oui. Naturellement, on considère aussi comme inclus dans l’Axe,  car il ne s’agit pas nécessairement d’un Axe seulement militaire, toutes les personnalités, mouvements, partis et forces  des mondes arabe et musulman qui soutiennent cette voie. Nous les considérons  comme faisant partie de l’Axe (de la Résistance).  Mais les principales forces militaires sur  le front sont celles qu’on vient d’indiquer.

Mais permets-moi d’ajouter l’élément yéménite.  L’élément yéménite qui est actuellement agressé et attaqué. Lorsque j’ai annoncé que dans la guerre à venir, il n’y aura pas des dizaines mais des centaines  de milliers (de combattants qui viendront à nos côtés)  si tu te souviens, après quelques jours seulement, Sayed Abdel-Malik al-Houthi, dans un discours en direct,  a annoncé qu’il était prêt, et que des  forces djihadistes yéménites étaient prêtes à participer à cette guerre (contre Israël).

Je vais même te dire plus que ça.  A travers le contact permanent qui existe  entre nous d’une manière ou d’une autre,  j’ai reçu une lettre directement après mon discours, et avant que Sayed Abdel-Malik al-Houthi annonce cette position à la TV,  m’informant qu’ils étaient prêts, en cas de guerre, à envoyer des forces par  dizaines de milliers si on en avait besoin,  des dizaines de milliers de combattants, même si la guerre saoudo-américaine contre eux se poursuit.

Le Yémen aujourd’hui, ce qu’on désigne comme l’armée yéménite et les forces populaires qui y combattent,  font selon nous pleinement partie de l’Axe de la Résistance et du Front de la Résistance.  Et du reste, c’est l’une des raisons de la guerre menée contre le Yémen.

Journaliste : C’est vrai.
Eminent Sayed, afin qu’on ne dise pas directement après cette interview (comme c’est souvent le cas) que tu exagères dans tes propos (et qu’on se demande) comment (le Hezbollah) pourrait être victorieux dans cette guerre (à venir contre Israël) alors qu’il y a (en face) des Etats puissants, l’OTAN, la possibilité d’une guerre mondiale, et tu affirmes cependant que vous allez entrer (en Palestine occupée) au-delà de la Galilée durant la prochaine guerre si elle se produit. Peut-on imaginer raisonnablement que des combattants du Hezbollah vont envahir la Galilée et au-delà ?

Hassan Nasrallah : Si une grande guerre se produit... Maintenant, la question de la Galilée est distincte, c’est une question dont on a parlé par le passé, et nous avons toujours clairement dit que la position de base (annoncée) aux combattants de la Résistance est : « Soyez prêts pour le jour où les dirigean
ts de la Résistance pourront vous demander d’entrer en Galilée ou de libérer la Galilée ». Pour ce qui est d’aller au-delà de la Galilée, cela est lié à l’idée générale dont on est en train de parler. Si une grande guerre se produit dans la région, tout peut arriver.

Journaliste : Pourquoi as-tu la certitude d’être victorieux, Eminent Sayed ? Pourquoi cette certitude ?  Vient-elle de Dieu, (du monde) Invisible ? Ou bien y a-t-il de véritables données de terrain ?

Hassan Nasrallah : En ce qui concerne Dieu et l’Invisible, la question de la confiance en Dieu le Très-Haut et l’Exalté et en Sa Promesse, cela a évidemment une place fondamentale. Mais Dieu le Très-Haut, même lorsqu’il a assuré (les croyants) de Son aide et de Son soutien, a posé des conditions (matérielles) : « Préparez contre (vos ennemis) tout ce que  vous pouvez comme forces. » (Coran, 8:60) Et Il a dit : « Si vous assistez (la cause de)  Dieu, Il vous soutiendra. » (Coran, 47:7) La deuxième partie (nos propres efforts sur le terrain) est fondamentale.

Notre lecture de l’ennemi israélien à travers toutes les expériences et toutes les guerres est différente. Cet ennemi n’a pas de force en lui-même. Et il est possible de lui infliger une défaite. C’est le premier point. Ce débat était ancien mais nous y avons mis fin. Personne ne peut remettre en cause les réalisations de la Résistance au Liban et en Palestine. L’une des plus grandes réalisations de la Résistance sur les plans militaire, moral, culturel, psychologique et politique, c’est d’avoir brisé le mythe de l’armée israélienne invincible. (Nous avons démontré que) cette armée peut être vaincue.

Et je vais encore plus loin. Ceux qui sont capables d’infliger une défaite à Daech et aux forces takfiries en Syrie et en Irak sont bien plus capables d’infliger une défaite à l’armée israélienne.

Journaliste : Daech est plus difficile (à vaincre) que l’armée israélienne ?

Hassan Nasrallah : Bien sûr, cela ne fait aucun doute. L’armée israélienne n’a qu’un point fort, c’est son aviation. Mais la (seule) force aérienne ne permet pas de gagner la bataille. Si puissante soit-elle, la force aérienne ne permet pas de gagner la bataille.

Journaliste : Et cette force aérienne va s’affaiblir dans le futur (du fait d’une éventuelle capacité anti-aérienne du Hezbollah).

Hassan Nasrallah : Il faut qu’elle s’affaiblisse ! Le combat avec les forces takfiries est infiniment plus difficile que le combat (contre Israël). Tu vois, il y a une différence énorme entre le soldat et l’officier israélien et les combattants de ces forces (takfiries). Je ne suis pas en train d’exagérer la force (des takfiris), non. Mais je me dois d’être honnête.

Lorsque tu prends part à une bataille dans laquelle des centaines de kamikazes te font face. Je ne les considère pas comme des martyrs. Des centaines de kamikazes sur un véhicule contenant une ou deux tonnes d’explosifs, et qui s’attaquent à ta brigade, à ton bataillon ou à tes positions. Ils sont prêts à la mort, sans aucune limite. Indépendamment des raisons qui les y ont amenés (endoctrinement, drogue...). (Des forces, dont le Hezbollah, ont combattu) sur ce front très dangereux, durant  7 ans en Syrie, 3 ans et quelques en Irak, sont parvenues à infliger une défaite à Daech, et je t’affirme qu’il aurait été possible de les vaincre plus rapidement sans le soutien et la protection de Daech par les Américains. Cela doit être signalé.

Cette armée israélienne, Professeur Sami, ses soldats, rien que pour avancer, comme nous les avons vus en 2006, ainsi que dans la dernière bataille à Gaza (en 2014) à Shuja’iya, nous avons vu comment combattaient les troupes d’élite israéliennes : pour avancer, les soldats et officiers doivent être précédés de blindés, suivis d’ambulances de guerre, n’est-ce pas, des ambulances, et au-dessus d’eux, il doit y avoir des hélicoptères et la force aérienne. Sans tout ça, ils ne font pas un pas en avant.

Un tel soldat est vaincu (d’avance), c’est un lâche qui n’a aucune volonté de combattre, malgré tous les matériels et capacités fournis. Nous avons vu cela au Liban, à Gaza, et c’est cette réalité qui est présente à l’intérieur de la Palestine occupée. Aujourd’hui, nous sommes face à une armée israélienne qui sort de plusieurs défaites, et qui depuis 2006 ne fait que s’équiper, s’entrainer, faire des manœuvres, encore et encore...

Journaliste : Mais vous aussi.

Hassan Nasrallah : On ne dit pas le contraire. Mais eux, ils n’ont pas réglé leur problème. Car leur problème ne réside pas dans les tanks, les avions et les armes. Leur problème, c’est les hommes. L’équation fondamentale introduite par la Résistance, et dans laquelle l’Axe de  la Résistance a la main haute aujourd’hui, dans cette bataille, c’est l’équation de l’homme. Je fais partie des gens qui, assis à une table, affirment que 1 + 1 + 1 = 3, parce que le résultat est bien 3, je me base sur des données de terrain (incontestables).

Aujourd’hui, par exemple, l’un des points forts les plus importants, il faut que les gens le sachent, l’un de nos principaux points forts dans la grande bataille (qui se prépare) contre les sionistes, c’est qu’actuellement, il y a des centaines de milliers de combattants qui sont fin prêts à mener cette bataille sans aucune limite.

Journaliste : En abattant des avions ?

Hassan Nasrallah : Tu n’arrêtes pas de m’interroger sur (notre capacité à) abattre des avions.

Journaliste : Mais c’est l’équation...

Hassan Nasrallah : (Il y a des centaines de milliers) d’aspirants au martyre (prêts à combattre Israël). Tu vois, par le passé – quand on s’est réunis avec les différents mouvements de Résistance, on a évoqué le passé –, un jeune yéménite venait rejoindre  telle faction palestinienne, ou un jeune tunisien, algérien, égyptien.

Aujourd’hui, on ne parle plus de (quelques) jeunes venant d’ici ou de là. Nous parlons de forces véritables, de  formations militaires et djihadistes, qui ont combattu sur différents terrains, qui ont pris part aux batailles les plus difficiles, qui n’ont pas peur, qui sont extrêmement aguerris, qui ont confiance en Dieu et en eux-mêmes. Aujourd’hui, ils sont présents dans l’Axe de la Résistance.

Journaliste : Très bien. Tout ce que tu dis est très prometteur. Mais on pourra te rétorquer, Eminent Sayed, que tu affirmes pompeusement que vous allez vaincre Israël, l’envahir et traverser les frontières, mais Israël vous bombarde en Syrie, et vous ne faites absolument rien  en retour, vous n’avez pas riposté. Quelle en est la raison ?

Hassan Nasrallah : C’est dans l’intérêt de la préparation à la grande guerre.

Journaliste : C’est-à-dire ?

Hassan Nasrallah : Premièrement, au point où en sont les choses, on veille tous à ne pas être entrainé vers une escalade dans tel ou tel endroit, sauf s’il n’a pas le choix. En Syrie, Israël frappe certaines choses. Parfois ils réussissent, parfois ils échouent, ils ne réussissent pas à chaque fois. C’est une question de détail sur laquelle je ne m’arrêterai pas.

Mais ils n’ont pas réussi ni ne réussiront à empêcher – Israël le sait, je ne révèle pas là un secret – que les capacités, les moyens et la préparation de la Résistance au Liban augmentent. C’est une chose qu’on prend en patience, jusqu’à nouvel ordre, je ne dis pas qu’on le tolèrera indéfiniment. (On patiente) jusqu’à nouvel ordre, dans l’intérêt du grand objectif stratégique (vaincre Daech et préparer la grande guerre contre Israël). Et c’est cela que j’ai appelé  les règles d’engagement.

Journaliste : Très bien. Tu m’as averti que tu n’entreras pas dans les détails, mais permets-moi une question. Tout le bombardement israélien sur des positions, entrepôts ou usines d’armes ou de missiles du Hezbollah n’a pas empêché que les armes parviennent au Hezbollah ? C’est ce que tu veux dire ?

Hassan Nasrallah : Ils ne l’ont pas empêché et ne l’empêcheront pas. Et ils le savent très bien. Je ne te révèle pas là un secret, même si c’est peut-être la première fois que je le dis devant les médias. Mais les Israéliens eux-mêmes le savent.

Journaliste : Il y a également un dernier front (que je souhaite évoquer) avec ta permission avant qu’on aborde la question syrienne, Eminent Sayed, et c’est le front du sud de la Syrie. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet, et ont beaucoup inquiété les Israéliens, à savoir que le Hezbollah et l’Iran, naturellement avec l’aide et le soutien de l’armée syrienne qui a aussi combattu durant 7 ans, se préparent à une Résistance près de la frontière, depuis le Golan jusqu’à toute la longueur de la frontière sud. Est-ce que c’est vrai ? Y a-t-il une nouvelle Résistance contre Israël à la frontière syro-palestinienne ?

Hassan Nasrallah : Tu vois, c’est encore une chose dont il vaut mieux ne pas (trop) parler. En fin de compte...

Journaliste : C’est une interview muette (sans aucune révélation), Eminent Sayed.

Hassan Nasrallah : C’est parce que tu insistes sur les questions difficiles (secrètes). L’ennemi a tout à fait raison de s’inquiéter, je lui dis qu’il a raison de s’inquiéter. Car en fin de compte, ce qui s’est passé dans le sud syrien, c’est une expérience majeure qui est maintenant une possibilité pour les jeunes syriens et l’armée syrienne. L’armée en tant qu’armée nationale, et les jeunes syriens. Car tu sais qu’en Syrie, il n’y a pas que l’armée qui combat. Ceux que les médias syriens désignent comme les forces alliées, ce sont des formations populaires syriennes composées de jeunes gens des villages, des villes et des régions, chacun dans sa région, les jeunes d’Alep à Alep, ceux de Deraa à Deraa, ceux de Hama à Hama, ceux de Homs à Homs, etc., ceux de Soueïda à Soueïda, etc., ils ont combattu dans leurs provinces. Ces jeunes ont acquis une expérience grande et précieuse, surtout sur le front sud. Car la nature du combat sur le front sud avait tantôt une forme classique, tantôt  une forme de guérilla, des deux côtés. Concrètement, cela a créé une structure humaine, au niveau du mode de pensée, de l’expérience, de la préparation, qui peut être réunie en 24 heures. Il n’est pas nécessaire qu’une formation effective (permanente) existe.

Notre présence même dans le sud syrien, pour des raisons liées à la nature de la bataille en cours en Syrie, partout où nous nous trouvons, il est naturel qu’Israël soit inquiet, car il y a une opposition viscérale entre nous et les Israéliens. C’est pour cela que les Israéliens sont inquiets, au sujet de tout ce qui peut se passer au sud de la Syrie, et ils œuvrent, ils font pression, ils essaient de profiter des pressions américaines, ils essaient de parler avec la Russie, ils essaient de menacer, d’effrayer, ils poussent des cris, pour qu’il n’y ait aucune Résistance et aucun Résistant dans le sud syrien. Mais jusqu’à présent, ils n’y sont pas parvenus.

Journaliste : Cela s’est produit, il y a donc une présence de la Résistance, d’après ce que je comprends de tes propos, il y a des cellules résistantes prêtes à toute guerre prochaine contre Israël.

Hassan Nasrallah : La Résistance est présente dans le sud syrien, et quoi qu’il en soit, c’est une chose normale sur le plan défensif, et la Syrie a le droit que cette Résistance soit présente à son service, s’il y a des attaques contre elle, et elle a également le droit, n’importe quand, de prendre la décision de recourir à la Résistance populaire pour libérer le Golan (de l’occupation israélienne).

Et si tu te souviens bien, dans les dernières années qui ont précédé les événements en Syrie, le Président Bachar al-Assad y a fait référence de manière claire et explicite, déclarant qu’ils finiraient peut-être par opter pour ce choix. Et c’est un choix logique et naturel, que redoute fortement Israël. Israël a très peur de ça.

Journaliste : La Résistance populaire dont parlait le Président Bachar al-Assad était syrienne.

Hassan Nasrallah : Oui.

Journaliste : Mais actuellement, d’après ce que je comprends  de Ton Eminence, il y a une Résistance populaire syrienne et non syrienne sur le front sud.

Hassan Nasrallah : Oui. […]
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Norman Finkelstein : l'aide US aux Palestiniens coûte moins qu'un yacht saoudien

Interview de Norman Finkelstein sur Democracy Now, le 10 janvier 2018 









Transcription : 


Amy Goodman : Israël fait face à une éventuelle enquête de la Cour pénale internationale concernant des crimes de guerre durant son agression de 2014 contre Gaza et l’expansion persistante des colonies de peuplement en Cisjordanie occupée. Selon la chaîne de télévision israélienne Channel 10, le Conseil de sécurité nationale israélien a récemment averti les législateurs israéliens que la CPI pourrait ouvrir une enquête durant cette année. Malgré l’avertissement, le ministre israélien de la Défense a annoncé mardi qu’Israël approuverait la construction de centaines de nouvelles habitations en Cisjordanie. Les dirigeants palestiniens ont commencé à demander une enquête de la CPI peu après l’agression de 2014 contre Gaza, qui a tué plus de 2 100 Palestiniens, dont plus de 500 enfants.

Cela survient alors qu’Israël et les États-Unis sont confrontés à une condamnation internationale croissante pour leur traitement des Palestiniens. Le mois dernier, les Nations Unies ont voté 128 à 9 en faveur d’une résolution appelant les États-Unis à abandonner leur récente reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël. Dans le même temps, mardi, la Suède a critiqué l’administration Trump pour avoir menacé de couper des centaines de millions de dollars d’aide annuelle à l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU. L’ambassadeur de la Suède auprès des Nations Unies a déclaré que la coupure de l’aide « serait déstabilisante pour la région ». Le législateur palestinien Hanan Ashrawi a comparé la menace du président Trump de couper l’aide humanitaire à du chantage.

Hanan Ashrawi : Je dirais que les droits des Palestiniens ne sont pas à vendre, et nous ne céderons pas au chantage. Il y a des impératifs et des exigences pour la paix. Et unilatéralement, le Président Trump les a détruits. Il a même saboté nos efforts pour parvenir à une paix juste et obtenir la liberté et la dignité du peuple palestinien. En reconnaissant Jérusalem occupée comme la capitale d’Israël, il s’est non seulement disqualifié en tant que médiateur ou négociateur de paix en prenant parti et en devenant complice de l’occupation israélienne, mais il a aussi totalement saboté, totalement détruit, les fondements mêmes de la paix.

Amy Goodman : Une partie de l’argent de l’aide américaine va aux réfugiés vivant dans la bande de Gaza occupée, la zone la plus densément peuplée du monde. Depuis des années, les Nations Unies et les groupes humanitaires ont averti que les conditions à Gaza sont presque invivables en raison du blocus militaire israélien qui a duré une décennie et des multiples attaques israéliennes contre la région. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, sept personnes sur dix à Gaza vivent de l’aide humanitaire. Le taux de chômage est de 44 %. Les coupures d’électricité peuvent atteindre jusqu’à 20 heures par jour.

Gaza fait l’objet d’un nouveau livre de l’auteur et universitaire Norman Finkelstein. Il est intitulé Gaza : une enquête sur son martyre. Norman Finkelstein est le fils de survivants de l’Holocauste. Il est l’auteur de nombreux autres livres, y compris L’industrie de l’Holocauste : Réflexions sur l’exploitation de la souffrance humaine et On en sait trop : Pourquoi la romance des Juifs américains avec Israël arrive à sa fin.

Norman Finkelstein, nous sommes heureux de vous retrouver à Democracy Now ! Commençons par les dernières nouvelles de ce rapport d’une éventuelle enquête de la CPI – Cour pénale internationale – sur les crimes de guerre durant l’assaut israélien sur Gaza en 2014.

Norman Finkelstein : Eh bien, il y a des enquêtes de longue date de la CPI sur la conduite israélienne, et c’en est une autre phase, la presse israélienne rapporte que ça avance. Le Procureur en chef, Fatou Bensouda, a été très indulgente, tout comme l’ancien Procureur en chef de la CPI, quand il s’agit de poursuivre n’importe qui sauf les Africains. Depuis la fondation de la CPI en 1998, les seules personnes qui ont déjà été jugées sont des dirigeants africains ou des Africains accusés de crimes importants contre les droits de l’homme. Beaucoup d’États africains appellent la Cour Internationale du Caucase et non la Cour criminelle.

Qu’est-ce qui va sortir de tout cela, ce n’est pas clair. Il est possible que le Procureur en chef, Fatou Bensouda, utilise l’affaire de la Palestine pour démontrer que les Africains ne sont pas les seuls à être poursuivis, afin de démontrer qu’elle va mettre fin à cette situation de sans précédent. Je l’ai moi-même contactée parce que, comme je l’ai dit, c’est un processus qui s’est poursuivi sur une longue période, et ce qui s’est passé en 2014, dont je parle longuement dans mon livre, fait partie de l’enquête. Et des gens qui la connaissent et qui ont été enthousiastes à propos de mon manuscrit l’ont aussi contactée.

Je voudrais aussi faire une remarque. Bien sûr, une enquête serait une bonne chose. Bien sûr, une enquête est justifiée. Cependant, nous devons garder à l’esprit que les Palestiniens ont remporté de nombreuses victoires politiques et juridiques importantes. En 2004, la Cour internationale de Justice s’est prononcée en faveur des Palestiniens dans tous les domaines. Ensuite, il y a eu le rapport Goldstone, qui était une autre victoire importante. Le problème n’est pas que les Palestiniens manquent de victoires politiques et juridiques. Le problème est que les dirigeants palestiniens, ou soi-disant dirigeants, n’ont jamais traduit les victoires juridiques et politiques en quelque chose de concret sur le terrain. Et même si – et j’espère que cela arrivera – mais même s’il y a une victoire pour les Palestiniens à la CPI, même si cette possibilité lointaine se réalise, le problème est : que faites-vous avec cela ? Et les dirigeants palestiniens n’ont jamais rien fait avec leurs victoires.

Amy Goodman : Avant d’en venir à votre ouvrage sur Gaza, je voudrais également solliciter votre avis sur cette menace des États-Unis de couper des millions de dollars d’aide à l’UNRWA, l’agence pour les réfugiés palestiniens. Expliquez l’importance de cette agence et pourquoi les Palestiniens comptent tellement sur elle.

Norman Finkelstein : Ok. Tout d’abord, vous devez garder à l’esprit que 70% des Palestiniens à Gaza – appelons-les simplement les Gazaouis – 70% des habitants de Gaza sont classés comme réfugiés. Techniquement, cela signifie, des réfugiés réels et des enfants de réfugiés. Mais selon la catégorisation utilisée à Gaza, ils sont tous classés comme réfugiés. Ca fait donc 70%. Deuxièmement, la moitié de la population de Gaza, ou un peu plus, sont des enfants. Et vous avez donc cette population massive d’enfants réfugiée, et ils dépendent massivement de l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés (de Palestine).

L’UNRWA est financé entre 25 et 30% par les États-Unis, ce qui représente environ 300 millions de dollars par an. Par conséquent, la menace de couper l’argent à l’UNRWA serait dévastatrice pour une population déjà dévastée, dont une écrasante majorité d’enfants. Néanmoins, je voudrais garder les choses dans leur juste proportion. Ce serait sans aucun doute une catastrophe si l’UNRWA n’était plus financée par les États-Unis. Cependant, regardons les chiffres. Nous parlons de 300 millions de dollars par année. Mohammad bin Salman, le prince héritier d’Arabie Saoudite, a payé 500 millions de dollars pour un yacht. Cela aurait couvert toutes les dépenses américaines de l’UNRWA – la partie américaine –, pour plus d’un an. Il a payé 450 millions de dollars pour une peinture de (Léonard) de Vinci. Cela aurait couvert toutes les dépenses des États-Unis, encore une fois, pour plus d’un an. Il a payé 300 millions de dollars pour une maison à Versailles. Cela aurait couvert toutes les dépenses de l’UNRWA des États-Unis. Et Dieu seul sait combien d’argent il a payé pour la chronique de Tom Friedman dans le New York Times.

Amy Goodman : Eh bien, pourquoi n’expliquez-vous pas de quoi vous parlez, l’éditorial du New York Times à propos de Mohammad bin Salman, le prince héritier d’Arabie Saoudite ?

Norman Finkelstein : Il y a des jeunes gens ici, donc je dois faire attention à mon langage. Mais ce n’était rien d’autre qu’une très chère, c’était une…

Amy Goodman : Oui, faites attention. Pas de mots grossiers ici.

Norman Finkelstein : Non, ce ne sont pas des grossièretés. Mais c’était une très longue fellation verbale, probablement la plus chère de l’histoire du monde, qui a été administrée à Mohammad bin Salman, la colonne qu’il a écrite dans le Times. C’était le millésime Tom Friedman. Il se rend en Arabie saoudite pendant trois jours, dit que tout est merveilleux, parle à la sœur du prince héritier, qui est représentative du peuple saoudien, dit qu’ils sont tous très enthousiastes à son sujet, puis il s’en va et écrit cette chronique.

Amy Goodman : Mentionnant à peine, dans cette colonne, entre autres problèmes, le Yémen. Mohammad bin Salman, responsable de l’agression saoudienne soutenue par les États-Unis contre le Yémen.

Norman Finkelstein : Oui. Eh bien, le Yémen est… Vous voyez, le fait est que tous les mouvements réactionnaires et régressifs du monde arabe sont financés par les Saoudiens, que ce soit le Yémen, que ce soit le Bahreïn, que ce soit la Syrie ou l’Egypte. Partout, c’est l’argent saoudien. Et c’est aussi, incidemment, l’argent saoudien qui maintient l’Autorité palestinienne à flot. C’est pourquoi ils doivent tous rendre ho[mmage]… ils doivent tous faire preuve de déférence envers les Saoudiens. C’est un régime pourri et parasitaire.

Amy Goodman : Qu’en est-il de la relation de Jared Kushner avec Mohammad bin Salman ? Et comment influe-t-elle sur la situation ? Il est allé à plusieurs reprises en Arabie Saoudite. Jared Kushner, conseiller principal de son beau-père, le Président Trump, est apparemment responsable du processus de paix au Moyen-Orient. Et ils ont apparemment élaboré un plan – Jared Kushner et Mohammad bin Salman – pour la paix au Moyen-Orient.

Norman Finkelstein : Eh bien, tout d’abord, nous devons regarder le contexte : Jared Kushner ne connait rien à rien. Jared Kushner est seulement là parce qu’il est marié à la fille de Trump. Il est le fils de Charles Kushner. Charles Kushner est un magnat de l’immobilier, un milliardaire qui a la distinction d’avoir été arrêté et d’avoir passé du temps en prison. C’est quelque chose de très rare...

Amy Goodman : Par Chris Christie, quand il était procureur au New Jersey.

Norman Finkelstein : Oui. C’est très rare aux États-Unis pour un milliardaire de passer du temps en prison. Entre autres choses, il a embauché une prostituée et l’a fait photographier avec son beau-frère, puis a présenté la vidéo à sa femme lors d’une réunion de famille. Jared Kushner, il est entré à l’Université d’Harvard parce que l’année où il a postulé, son père a donné 2,3 millions de dollars à Harvard. Tout le monde était d’accord pour dire qu’il n’avait pas les résultats suffisants, il n’avait pas les résultats requis aux tests. Ce sont des gens qui profitent, qui profitent du profit de leurs parents. Personne n’a jamais entendu parler de la moindre connaissance qu’il possèderait au sujet du Moyen-Orient.

Et d’ailleurs, c’est la même chose avec Mohammad bin Salman. Son seul intérêt est… Il n’a qu’un seul intérêt. Et, bien sûr, l’intérêt est de maintenir son pouvoir. Mais le régime saoudien est un régime parasitaire. Littéralement, « travailler » en Arabie Saoudite, le mot « travail » est LE mot de quatre lettres (injure obscène). Si vous dites que vous avez un travail, que vous travaillez, la classe dirigeante saoudienne vous regarde avec mépris. « Vous travaillez ?! » Et donc, les Saoudiens savent que dans leur confrontation actuelle avec l’Iran, ils savent qu’ils ne pourraient pas l’emporter sur l’Iran sur le plan militaire, sur le plan stratégique. Vous savez, l’Iran est une civilisation vieille de 5 000 ans. C’est un endroit très impressionnant. Et ils espèrent que les États-Unis et Israël vont leur tirer les marrons du feu. Ils veulent donc qu’Israël et les États-Unis partent en guerre contre l’Iran. Et donc ils sont prêts à faire n’importe quoi. Vous savez, ils sont prêts à donner la Palestine. Ils donneraient ce studio. Ils l’achèteraient et le donneraient pour que les États-Unis et Israël fassent ce qu’ils veulent. Donc, nous ne parlons pas vraiment d’un plan de paix. Nous parlons de donner à Israël tout ce qu’il veut, en échange d’Israël et des États-Unis qui éliminent l’Iran.