Une déesse contre le monde moderne
On entend parfois dire que le chat
aurait neuf vies. A découvrir le portrait de Maximiani Portas, alias
Savitri Devi, tracé par son biographe Franck Buleux, il semble que cette
caractéristique puisse aussi s’appliquer à cette femme inclassable,
déroutante et excentrique.
Née à Lyon en 1905 d’un père grec et
d’une mère anglaise, Maxiamiani Portas est française. Dès 1907, ses
parents lui offrent un animal de compagnie… un chat. Titulaire du
baccalauréat en 1921, elle voyage déjà beaucoup, en Italie, puis en
Grèce. Elle obtient une licence ès lettres et une maîtrise en
philosophie en 1925, retourne en Italie et en Grèce un an plus tard et
renonce à la nationalité française pour acquérir la nationalité grecque.
En 1931, Maxiamiani Portas obtient une
licence ès sciences, puis une maîtrise de chimie. Elle voyage en Grèce,
en Egypte et s’installe en Inde, à Calcutta, après le décès de son
père. Elle obtient deux thèses de doctorat (philosophie et sciences) en
1935 et prend le nom indou de Savitri Devi, qui signifie « déesse du
soleil ». L’admiratrice d’Alexandre le Grand, de l’empereur Julien et
d’un certain… Adolf Hitler maîtrise sept langues et devient enseignante à
New Delhi.
La fervente hélléniste, mariée au
brahmane Mukherji en 1939 et fréquentant les nationalistes hindous,
entame alors son œuvre littéraire, laquelle comporte une vingtaine de
titres, où elle expose ses idées : la « philosophie de l’histoire » (l’homme dans le temps, l’homme au-dessus du temps, l’homme contre le temps),
le culte de la Nature et la défense de la condition animale, le
sentiment religieux, la défense de l’aryanité et la théorie cyclique
aryenne de l’histoire, l’ésotérisme national-socialiste. Savitri Devi
publie également des essais sur les Hindous ou le pharaon Akhenaton,
fils du Soleil.
Après guerre, elle se partage entre la
Scandinavie, l’Allemagne, l’Inde, l’Egypte, la France (où elle est
professeur dans les années 60), l’Angleterre et la Grèce.
Savitri Devi finit son existence
entourée de chats, animaux sacrés de l’Egypte antique, et s’éteint en
Angleterre, en 1982. C’était la dernière vie d’une femme contre le temps.
Arnaud Robert.