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mardi 24 mars 2009

De l'Euramérique



Alain Rebours

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De l'Euramérique S’il est une notion qui me fait actuellement sourire, c’est bien celle d’euraméricanisme. Celle ci postule que les deux peules, Européens et Américains, sont en fait le même peuple mais présent sur deux continents et dont les destins sont inexorablement liés. C’est le mythe à destination des enfants qui présente un la Fayette volant au secours de Washington et des forteresses volantes lâchant des bonbons.

Il est d’abord un fait qui se doit d’être rappelé à savoir que les Européens eux mêmes ne forment pas un tout homogène ne serait-ce qu’en raison des différences linguistiques. Mieux, au sein de chacun des pays, on peut constater des différences de mentalité comme c’est le cas par exemple entre wallons et flamands, que cela soit en France ou en Belgique. Il en est de même aux Etats Unis où d’une région à une autre, l’état d’esprit varie. Quand bien même l’écart entre l’Allemand et le Français est aujourd’hui moindre de ce qu’il fut de par le passé, on ne peut pas pour autant affirmer que cette uniformisation s’effectue au profit d’une européisation. Au contraire, c’est la mentalité ainsi que le mode de vie américains que partagent de plus en plus les peuples européens et ce peut être en partie suite à l’influence des différents supports médiatiques. En cela, l’idée d’une existence d’euroricains situés de part et d’autres de l’Atlantique postule la reconnaissance et l’approbation du primat des valeurs américaines sur les valeurs européennes . Plus l’acceptation du modèle américain croît et plus cette notion à priori étrange pour un Européen fidèle à ses origines prend du sens. En ce sens, l’euraméricanisme est déjà la négation des valeurs propres à l’Europe.

L’Américain standard ne peut être qu’individualiste en raison du passé de ses ancêtres établis là bas : parce que l’Etat faisait à l’origine défaut, parce que l’on pouvait s’installer où bon semblait, chacun adoptait sa propre ligne de conduite, donnait à son territoire la superficie qu’il souhaitait en défendant le point de vue qui était le sien propre. Il va de soi que la débrouillardise ne pouvait être que la règle, les autorités étant lointaines et sur le terrain absentes. On comprend mieux l’opposition forte des Américains, tant à l’augmentation de l’impôt qu’à une interdiction des armes. La première apparaît comme un vol et la seconde comme attentatoire à la liberté individuelle, quand bien même lorsque c’est un facteur de sécurité collective. Il n’y a donc pas de société américaine stricto sensu puisque la négation de l’aspect social s’impose. Seul compte l’individu qui passe des contrats et ainsi fait l’apologie de la pensée stirnérienne. Evidemment, l’intérêt est primordial, d’où la force de certaines formules à l’emporte pièce telles « the only god I know is dollar » ou « time is money ».

La France, quant à elle et par opposition, est une extension progressive de la région centre où l’Etat se développe progressivement et incorpore chacun des peuples appelés à la constituer. Cet Etat de France auquel la gouvernance d’aujourd’hui de l’Europe en veut tant est justement un frein aux aspirations individuelles et communautaires telles qu’elles existent justement aux Etats Unis. Le verrou national, ici présent sous la forme de l’influence de l’Etat, se doit être combattu par Bruxelles en valorisant tout ce qui peut l’amoindrir au sein même de l’hexagone.

L’idée d’intérêt, prépondérant à la base, se retrouve présente aussi dans les plus hautes sphères intellectuelles puisque la philosophie anglo-saxonne n’est autre que le refus de la métaphysique spéculative continentale.

La citation ci dessous, extraite des essais sur l’entendement humain, résume assez bien ce détestable esprit :

« Si nous prenons un volume de théologie ou de métaphysique scolastique, par exemple, demandons-nous : contient-il un raisonnement abstrait concernant une quantité ou un nombre ? Non. Contient-il un raisonnement fondé sur l’expérience (…) ? Non. Livrez-le donc aux flammes, car il ne peut contenir que des sophismes et des illusions » David Hume

Ainsi donc, toute forme de pensée souveraine, toute démarche intellectuelle dont l’objectif est désintéressé se voit dès le départ prohibé. En cela, la philosophie analytique bien évidemment très prisée outre manche et outre atlantique privilégie l’intérêt pour la logique ou la sémantique, parce qu’elles sont utilisables. Qu’importe alors la critique qu’effectue justement Heidegger de la pensée calculante, la perception des essences préconisée par Husserl, ainsi que tous les travaux plaçant l’Homme au dessus sans doute au motif d’un monde ici bas, envisagé simplement sous son apparence phénoménale.

De même l’Europe, bien souvent, développe une pensée hiérarchique descendante où la base n’a qu’un rôle mineur alors que les Etats Unis se doivent d’obtenir l’approbation d’un peuple déjà là avant lui. Le peuple est aux Etats Unis souverain dans la mesure où il se suffit à lui même et se donne lui même pour objectif. Dans le cadre européen, le peuple se donne pour objectif d’accéder à l’élite. Il n’est pour s’en convaincre de regarder les émissions de télévision d’importation américaine mettant en scène des citoyens lambda devenus le centre d’intérêt du jour. Réciproquement, avant l’invasion, le héros central français était un personnage hors du commun, donc supérieur, auquel chacun se devait de ressembler (Thierry la fronde).

Ce qui est le plus souvent omis, c’est que les Américains, d’où qu’ils viennent – mis à part ceux parqués dans des réserves – sont des émigrés. En aucun cas, ceux ci ne se sont expatriés afin de planter un drapeau européen sur l’autre continent. Leur motivation n’était autre que l’intérêt personnel. La voie américaine était et reste encore la possibilité de commencer une nouvelle vie, comme à la légion, et d’obtenir des conditions de vie dont on ne disposait pas en Europe. Et encore, le parallèle avec la célèbre unité au fanion vert et rouge présente ses limites puisqu’à la légion on y rentre pour servir alors que l’exil américain est mu par la volonté de se servir. A nouveau, on retrouve le distinguo entre mentalité communautaire et mentalité européenne.

Dans de telles conditions, il est tout simplement aberrant de prétendre l’existence d’un rapport affectif entre les deux contrées. Si nous avons désormais en commun entre autres le melting pot – on ne va pas les remercier de l’apport – ainsi que d’autres fléaux anciens et nouveaux, c’est justement parce que nous avons accepté un mode de vie qui n’est pas le nôtre. En ce sens, et une fois encore, on y revient, l’euraméricanisme n’est autre que l’acceptation tacite par ceux qui en font l’apologie, de l’Europe d’aujourd’hui et de la France sarkozyste en particulier.

lundi 23 mars 2009

Une campagne cathophobe


Philippe Delbauvre








Une campagne cathophobe
Ce qui est reproché à Benoit XVI, tant à droite qu’à gauche, n’est autre que son catholicisme. En effet, dès lors où le souverain pontife adopte des positions, quand bien même familières, qui vont à l’encontre du consensus posé à priori par la structure dominatrice, la curée est lancée.

Il va de soi que la marmite démocratique mise sous pression n’explosera pas tant que l’excès qui pourrait être explosif continuera d’être évacué. D’où l’intérêt de pousser nos compatriotes au divertissement sous toutes ses formes afin qu’ils oublient une vie sans grand intérêt au sein de la structure établie. Et c’est bien vrai qu’ils sont nombreux à se réjouir de voir se terminer la semaine de travail mais aussi de constater avec la plus grande satisfaction l’advenue des grandes vacances. Qu’importe d’ailleurs l’existence ou non de projets tant pour les deux derniers jours de la semaine que pour le séjour estival : que le quotidien cesse d’être suffit à les combler.

Le divertissement dont Pascal avait souligné le danger pour la condition humaine a depuis le grand siècle proliféré. Si l’élite s’est dans la dernière partie laissée contaminée par des comportements de prime abord basiques, juste retour des choses, le divertissement dont l’élite avait un quasi monopole alors, s’est généralisé aux masses qu’elle corrompt désormais. Ce n’est certes pas un hasard si la télévision ou le cinéma ont presque cessé toute fonction élévatrice. On ne va pas voir un film : on va au cinéma. La nuance est de taille.

La sexualité est à l’évidence une impasse si on la sépare de ce qu’elle est en tout premier lieu, à savoir une extrapolation de la tendresse. Considérée sous l’angle du plaisir, conséquence ici de la transgression, le divertissement sexuel exige toujours , comme toute drogue, un plus qu’hier et moins que demain, afin de rassasier celui qui l’utilise.

Ainsi, la fameuse partie à trois sur laquelle je ne veux pas porter de jugement subjectif, n’est que la continuité de ce que, lorsqu’on a rompu avec conditions nécessaires tendres et affectives, l’on peut appeler la partie à deux. Un trois qui quantitativement ne suffira pas et deviendra quatre ou davantage. La douceur disparue deviendra violence. Un échangisme deviendra mélangisme. Une telle sexualité n’a ainsi nullement de raison de rester spécifiquement humaine et deviendra zoophilie. De même, un rapport entre adultes pourra devenir intergénérationnel grâce à des enfants, consentants ou non.

Au final le dernier interdit pourra être bravé lorsque durant l’acte il y aura mort de l’autre, d’où l’apparition de snuff movies dans la très libérale Angleterre.

Loin de faire preuve de puritanisme, l’option catholique en matière de sexualité n’est pas si éloignée de celle de la pensée de son grand adversaire Nietzsche dans laquelle on considère que l’homme est quelque chose qui doit être surmonté. La masturbation, n’en déplaise aux jouisseurs n’est aucunement une marque d’appartenance à l’humanité : elle existe chez les animaux. Il n’y a donc rien de divin dans la sexualité, si ce n’est justement sa maîtrise appelée continence à laquelle appelle l’Eglise.

Ainsi, l’usage du préservatif en Afrique, n’en déplaisent aux bien pensants qui préfère cacher la vérité, a permis la prostitution infantile jusque là absente. Un message expliquant dès l’origine à chacun qu’il était libre de courtiser qui il voulait et de lui rester fidèle eut déjà permis d’éradiquer la maladie sur ce continent.

Ce que le préservatif n’a pas fait.


mercredi 18 mars 2009

Le choc ? C’est du toc !

Alain Rebours



Le choc ? C’est du toc !
Le 24 décembre mourait Samuel Huntington, politologue américain rendu célèbre suite à la parution de son livre intitulé le choc des civilisations.

Une formule euphémistique serait d’écrire que cet ouvrage n’a pas laissé indifférents les hommes intéressés par la géopolitique tant aux Etats Unis que dans le monde. Le livre, dont le titre originel est the clash of civilisations, avant de devenir par simplification une lecture d’affrontements inéluctables à venir, est une partition de la carte du monde en fonction de terroirs religieux qui lient les pays en des civilisations homogènes. Paradoxalement, alors que l’on s’accorde sur l’existence d’un monde unipolaire dominé par les Etats Unis, cette découpe entretient l’illusion de blocs homogènes dont certains doivent inévitablement s’affronter.

Afin d’éviter le colportage d’erreurs suite à la lecture d’articles par trop vite lus ou d’analyses volontairement ou non erronées, il est toujours préférable de s’en retourner à la source et de prendre le temps de lire plusieurs fois l’ouvrage. Voilà qui fut fait depuis longtemps tant ce concept de choc était primordial afin de comprendre une thématique chère aux écrivants ou polémistes de tous poils.

Evidemment le thème du choc (clash) est à l’image de toute l’imagerie hollywoodienne, toujours prompte à fasciner les spectateurs par l’intermédiaire d’effets de grossissement. Le même scénario n’avait-il pas été déjà développé par Ronald Reagan évoquant de façon eschatologique la lutte à mort entre les empires du bien et du mal dont nous n’avons jamais vu la couleur ? Avec ici une variante de taille : si les pays du pacte de Varsovie étaient tous communistes et d’une force similaire voire supérieure à ceux regroupés dans l’Otan, les Etats Unis n’ont plus aujourd’hui d’adversaire homogène et les quelques pays qui résistent au nouvel ordre mondial ont une puissance qui apparaît bien secondaire.

Postuler comme le fait l’auteur que l’Europe constitue un bloc catholique est à l’évidence risible. Cela fait déjà plusieurs décennies que même au sein du pays habituellement qualifié de fille aînée de l’Eglise, l’institution religieuse ne rythme plus la vie des Français. Y compris aux sein de la communauté des fidèles pratiquants réguliers où l’observance des exigences du carême n’est plus. En revanche, l’utilisation des moyens de contraception chez ces Catholiques est presque la règle malgré les interdictions répétées de l’Eglise. Quant à la confession, signe du rapport privilégié au prêtre et ainsi facteur de distinction du protestantisme, elle n’existe plus qu’à l’état résiduel. Il ne s’agit ici que de signes de pratiques religieuses auxquels on ne peut limiter l’influence du catholicisme dans la mesure où, à une certaine époque, les us et coutumes au sein du monde profane adoptés, y compris par certains anticléricaux, étaient d’inspiration religieuse. Aujourd’hui, il ne viendra pas à l’esprit d’un catholique standard de ne pas jouer à un jeu d’argent tel qu’on nous les propose à satiété ou à un agnostique de se culpabiliser d’avoir gagné. Il va de soi que la majeure partie des Français, Catholiques compris, trouvera et à tort, plus choquant de consulter une revue érotique plutôt que de lire un horoscope. Non catholiques, on ne tient plus compte des positions de l’Eglise ; Catholiques, on fait celui qui n’a pas entendu. Ce qui est vrai de la France l’est aussi des autres pays européens traditionnellement considérés comme catholiques et qui le sont de moins en moins.

Puisque grâce à Huntington, j’ai appris que l’Europe était catholique, j’en ai déduit que l’Allemagne l’était aussi. Et l’Angleterre. Et les Pays Bas. Et toute la scandinavie. Et tous les autres … Je sais que l’américain moyen a du mal à placer la France sur une carte du monde mais je m’attendais à un peu plus de perspicacité de la part d’un politologue.

Plus grave – si c’est possible – il n’y a donc aucune histoire spécifique, aucune géolocalisation, aucune économie particulière pour chacun des pays considérés.

Pourquoi les pays du nord de l’Europe ont-ils fait grise mine suite à l’annonce du projet euroméditerranéen lancé par le président français ? Pourquoi ceux du sud ont-ils apprécié ? N’est ce pas tout simplement parce que la géographie compte et que l’Allemagne, pour prendre un exemple, n’a nullement intérêt à voir le centre de gravité se déplacer vers le sud ?

Pourquoi l’Allemagne a t’elle des rapports si particuliers avec la Turquie ? Pourquoi la France avec les pays du Maghreb ? Ne s’agit-il pas d’histoire et non de religion ? Et cela d’autant plus que ces rapports privilégiés s’effectuent avec des pays d’un autre bloc.

Ce qui est vrai de l’Europe l’est tout autant pour les autres civilisations qu’Huntington veut rendre homogène au nom de la religion.

Le terroir musulman ? L’Arabie Saoudite est géopolitiquement côté américain. L’Iran est dans l’opposition. Lors de l’invasion de l’Irak, la Syrie était côté américain alors que selon Huntington elle aurait du être dans l’adversité. Qui méconnait les détestables relations entre Algérie et Maroc ? Qu’attend la musulmane Egypte pour affronter la juive Israël afin d’instaurer une musulmane Palestine ? Les Irakiens musulmans s’étripent tout comme l’ont fait entre eux si longtemps les catholiques Européens. Comment ignorer qu’il existe malgré les déclarations tonitruantes de part et d’autres une convergence d’intérêt entre Israël et Iran, ne serait-ce qu’au nom de l’opposition aux arabes ? Evidemment c’est un constat que l’on ne trouvera pas sur tous les sites en raison de la mise à mort du simplisme que cela implique.

Est-il besoin d’aller plus loin et d’étudier tous les terroirs religieux originels représentant autant de civilisations selon Huntington ? La coupe me semble d’ores et déjà assez pleine et il ne reste plus beaucoup de crédit au génial penseur auquel les stratèges américains ne doivent nullement croire. Eux qui savent très bien instrumentaliser les autochtones au sein de toutes les civilisations et dans toutes les religions. Et leurs adversaires aussi … quelquefois. L’objectif des américains étaient que les Européens croient au choc. C’est gagné.

Un Etat est un organisme vivant qui fuit ce qui peut l’atteindre et se rapproche de ce qui peut le valoriser. Sachant que l’histoire évolue, chaque pays est susceptible de modifier ses alliances et de poignarder dès le lendemain l’ancien ami d’hier. Si la religion peut faciliter les rapprochements, elle ne constitue ni une condition nécessaire, ni une condition suffisante. L’histoire européenne est riche d’amitiés ou d’inimitiés contre nature tout comme l’histoire musulmane. Ce que l’on a appelé civilisation musulmane, tout comme pour son homologue catholique, ne s’est elle pas considérablement affaiblie avec la naissance des états, fussent-ils embryonnaires ?

Le choc c'est du toc !


mardi 17 mars 2009

Contre le retour de la France dans l'OTAN

Philippe Delbauvre


Contre le retour de la France dans l'OTAN
L’Otan est cette structure militaire regroupant les pays occidentaux en vue de contrecarrer l’impérialisme communiste dont le pacte de Varsovie, disparu depuis vingt ans, est le vecteur. Elle n’a donc en tant qu’alliance dont l’objectif initial est défensif plus aucune raison d’être à l’époque actuelle marquée par un monde militaire unipolaire. En conséquence, on aurait pu logiquement s’attendre à sa dissolution ou, à tout le moins, à voir progressivement les différents pays la constituant la quitter. Paradoxalement, ce sont de nouveaux membres qui sont venus se joindre aux anciens dans un but qui ne peut être qu’offensif. Selon toute vraisemblance il s’agit d’instaurer un bonheur démocratique universel qui n’est pas sans rappeler un avenir radieux digne de celui qui fut promis à Travaillov après sa libération de l’exploitache (1) de Capitalistov. Démocratie qui, si on se souvient de la facilité avec laquelle le referendum sur l’Europe fut prestement atomisé, ne mérite plus son étymologie.

Bukowski déclarait qu’entre la démocratie et la dictature, c’est que dans la démocratie on vote d’abord avant d’obéir alors que dans la dictature on ne perd pas son temps à voter. On peut tout aussi bien noter que dans les pays communistes on disposait d’argent lorsqu’on se rendait dans des magasins vides alors qu’en France et pour de plus en plus de Français, la pléthore de marchandises est inutile sachant le portefeuille vide.

Objectivement et en tenant compte de la montée en puissance de l’univers rouge, le choix d’évacuer les forces militaires américaines de France et de prendre ses distances avec l’Otan par le général De Gaulle était sujet à contestation. L’avenir que nous connaissons aujourd’hui a fini par lui donner raison. Or, c’est paradoxalement dans un contexte où de nombreux fléaux d’importation américaine touchent la France et les Français (melting pot, délinquance, obésité, économisme, déliquescence de l’Etat, …) que le chef de l’exécutif juge positif d’engager notre pays dans une structure qui n’a plus désormais de raison d’être.

Un président qui à mes yeux n’est ni Français, ni Européen. Peu m’importe ses origines hongroises qui au demeurant pouvaient me le rendre, pour des raisons personnelles, sympathique. C’est ici que la notion couramment admise de « Français de papier » qui met l’accent sur une altérité dont l’origine est chromatique se doit d’être nuancée. Le Français de papier n’est pas celui qui dispose de la citoyenneté sans être blanc (Boudarel l’était)(2), mais bien celui qui la possédant trahit les fondements de la civilisation européenne. Là encore, une précision s’avère nécessaire : Nicolas Sarkozy n’a pas trahi. Il ne fait qu’appliquer une politique étrangère qu’il avait depuis si longtemps vantée. Il a parié sur une victoire américaine à long terme et veut se situer dans le camp des vainqueurs. En ce sens, sa démarche est cohérente et je ne le considère pas autrement que je ne le fais pour ses compatriotes de l’etablishment américain.

De même, je ne vois pas pourquoi je me scandaliserais de la position prise tant par Guillaume Faye ou par Jean François Touzé qui font office de voltigeurs de pointe de l’actuel locataire de l’Elysée. En effet, si on considère qu’il y a péril en la demeure et que le danger mortel arabo-musulman est pour notre civilisation l’ennemi prioritaire, alors il faut soutenir Israël et contribuer au renforcement de l’Otan. D’où la cohérence de ces trois acteurs politiques que je n’assimile pas à des abrutis comme je le fais pour d’autres, mais bien à des personnes sensées qui sont mes adversaires mortels.

Ce retour en fanfare contesté pour la forme ici ou là n’est en fait aucunement surprenant. Il ne s’agit que de la continuité d’une opération de formatage, cette fois ci militaire et diplomatique, qui s’apparente au mimétisme. Ainsi, la volonté de donner toujours davantage de marges de manœuvre au monde économique impliquait en elle même l’amputation de la fonction publique qui pourtant connaît dans certains de ses secteurs des carences d’effectifs flagrants. Aussi, le présidentialisme, c’est à dire le fait de voir transformé le chef de l’exécutif en un super premier ministre, mettait fin elle aussi à une structure constitutionnelle de type monarchique dont l’ascendance européenne était flagrante. Enfin, et pour prendre un dernier exemple, la disparition d’un modèle social établi à la libération mais pensé durant l’exercice du pouvoir de l’Etat français obéit à la même logique d’américanisation par l’intermédiaire de l’individualisation.

Je dois avouer ne plus espérer beaucoup d’une classe politique qui tient en main un système sans plus manifester la moindre gêne comme en témoigne les nominations à des postes enviés d’individus censés être des opposants. Avec cette réintégration dans l’Otan ce sont et le ministère des affaires étrangères, et le ministère de la défense appelé autrefois ministère de la guerre qui échappent à la France d’hier et donc de demain. Il ne s’agit pas cette fois ci de continuité ou plus exactement d’extrapolation mais plutôt, comme dans les autres secteurs, de rupture.

La France s’éclipse.

notes


1 - Les moins jeunes auront reconnu l’accent inimitable de Georges Marchais.

2 - Boudarel, Français tortionnaire de Français.

samedi 14 mars 2009





La voix de l'opposant: la recherche

Philippe Delbauvre



La voix de l'opposant: la recherche
Il est particulièrement aisé de faire passer des vessies pour des lanternes auprès de personnes insuffisamment informées, toujours faciles à duper. Ainsi, lorsque Nicolas Sarkozy déclare, sans aucune gêne, que les chercheurs britanniques publient 30% de plus que leurs homologues français, il sous entend implicitement que nos compatriotes sont soit limités intellectuellement, soit payés à ne rien faire. Ce qu’il se garde bien de dire, c’est que les publications effectuées en France sont de bien meilleure qualité. Cela s’explique très bien : puisque payés à la pièce, les britanniques effectuent pour chaque novation une publication unique alors que les frenchies, rémunérés au forfait, n’hésitent pas à cumuler plusieurs avancées sur une seule feuille, ce que s’est bien gardé de rappeler ce président sensé être le nôtre.

Le désintérêt pour la recherche fondamentale qu’a pratiquée l’auteur de ses lignes s’explique par des moindres rémunérations ainsi que par le peu de considération des chercheurs. L’exil des cerveaux n’est d’ailleurs pas un mythe et si nombre de prix nobel sont américains, une partie non négligeables d’entre eux, née à l’extérieur des Etats Unis, a été achetée. La privatisation de ce secteur s’avère donc être une erreur majeure montrant la méconnaissance de ce que sont et la logique de la recherche théorique et celle de l’entreprise qui s’avèrent antinomiques.

L’entreprise a pour but de faire du profit : en ce sens tous les travaux de recherche doivent se traduire dans les faits par une rapide concrétisation dans le secteur de l’entreprise considérée. Voilà de facto expliqué l’intérêt majeur des entreprises pour la recherche appliquée et le dédain pour l’aspect fondamental des travaux qui, le plus souvent, ne sont pas financés. Réciproquement, le chercheur peut rester, et il est le premier humainement à en souffrir, plusieurs mois voire plusieurs années avant de parvenir à un résultat tangible. L’image de la page blanche n’est malheureusement pas un mythe et il est fréquent d’emprunter plusieurs impasses avant de trouver la voie royale.

Voilà pourquoi l’Etat doit jouer son rôle de régulateur et prendre à sa charge tous les esprits novateurs soucieux de faire prospérer l’héritage transmis par Poincaré qui est considéré par lez épistémologues contemporains comme le véritable inventeur de la relativité.


lundi 2 mars 2009

La voix de l'opposant: la Guadeloupe


Philippe Delbauvre



La voix de l'opposant: la Guadeloupe
Je n’ai jamais cherché à cacher que mon engagement politique dépassait de loin la seule défense de la patrie. Mieux, je sais que France varie et qu’elle ne s’est pas toujours située durant sa longue histoire dans le camp que j’eusse choisi. J’avais déjà écrit, et je le souligne à nouveau, que le « right or wrong, my country », n’est pas ma devise de prédilection. Le combat politique est avant tout pour moi la promotion d’un modèle civilisationnel, malheureusement malmené en ces temps de recomposition géopolitique.(1)

Je hais le matérialisme tant sous sa forme communiste que sous son aspect capitaliste parce qu’il réduit l’homme à n’être qu’un agent économique dans une société d’échanges marchands. J’ai pris acte de la chute du mur de Berlin symbolisant la mort de l’hydre rouge. Je m’en suis à l’époque réjoui. Je viens aussi d’apprendre par l’intermédiaire de Jacques Séguéla que si l’on ne disposait pas d’une rolex à cinquante ans, on avait raté sa vie. Le publicitaire n’a fait qu’affirmer ce que pensent beaucoup, reléguant militaires et moines au statut de bons à rien. Voilà qui me fait écrire que la seconde tête de l’hydre se porte au mieux, justifiant à posteriori la poursuite de la lutte.

De la lutte, justement, il est ici question. Ce qui caractérise l’opposant, c’est son opposition : celui qui va au contact, qui se pose contre. Ce qui m’avait fait rugir à l’évocation de la formule « ni keffieh, ni kippa » (2), c’était, sachant que les gouvernements européens étaient engagés pour qui l’on sait, que la majorité des opposants aient pu trahir leur nom et biaiser.

Je sais très bien que l’histoire du monde et le devenir humain ne passera pas par le sort de la Guadeloupe en raison de sa situation géographique. Je sais aussi que les habitants de cette île doivent éprouver quelques difficultés à évoquer leurs ancêtres gaulois. Je sais également que ce dom est perfusé par des allocations diverses auxquelles ont droit tous les Français, sans distinction.

Néanmoins, en ce qui me concerne, je maintiens le cap (3), et reste avant tout un opposant qui donc … s’oppose. J’ai bien évidemment pris conscience de la position de beaucoup qui se font les zélateurs de l’abandon de cette coûteuse contrée. Outre qu’il s’agit là d’une réaction assez plébienne, c’est aussi un tir qui rate sa cible, dès lors où l’on est un opposant.

En effet :

Si le gouvernement était engagé dans un conflit où l’essentiel des débats portaient sur l’indépendance, on pourrait se positionner pour ou contre. Tel n’est pas le cas ici.

Que la Guadeloupe coûte, je ne le conteste pas. Mais le devoir de l’opposant est-il d’assainir les finances de l’actuel gouvernement ?

L’opposant ne doit-il pas être sur une ligne d’opposition et en conséquence soutenir les revendications des Guadeloupéens sachant le niveau des prix là bas ?

Enfin et c’est un comble, pourquoi un opposant irait-il prôner l’indépendance pour des insulaires dont la grande majorité souhaite rester française ?

Je souhaiterais que les opposants s’opposent. En Guadeloupe comme en métropole. Et sur tous les fronts. Cela me ferait plaisir. Aux autres Français aussi, peu ravis d’aller se jeter dans les bras d’Aubry ou de Besancennot.

Sinon …


notes


1 - « Ni trusts, ni soviets » ? Au fait, que reste t-il aujourd’hui ?
2 - http://www.voxnr.com/cc/politique/EkFEkZVpEVjJxwwcEW.shtml
3 - http://www.voxnr.com/cc/politique/EkkFAVEFFktBdpjpro.shtml