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samedi 14 mars 2009





La voix de l'opposant: la recherche

Philippe Delbauvre



La voix de l'opposant: la recherche
Il est particulièrement aisé de faire passer des vessies pour des lanternes auprès de personnes insuffisamment informées, toujours faciles à duper. Ainsi, lorsque Nicolas Sarkozy déclare, sans aucune gêne, que les chercheurs britanniques publient 30% de plus que leurs homologues français, il sous entend implicitement que nos compatriotes sont soit limités intellectuellement, soit payés à ne rien faire. Ce qu’il se garde bien de dire, c’est que les publications effectuées en France sont de bien meilleure qualité. Cela s’explique très bien : puisque payés à la pièce, les britanniques effectuent pour chaque novation une publication unique alors que les frenchies, rémunérés au forfait, n’hésitent pas à cumuler plusieurs avancées sur une seule feuille, ce que s’est bien gardé de rappeler ce président sensé être le nôtre.

Le désintérêt pour la recherche fondamentale qu’a pratiquée l’auteur de ses lignes s’explique par des moindres rémunérations ainsi que par le peu de considération des chercheurs. L’exil des cerveaux n’est d’ailleurs pas un mythe et si nombre de prix nobel sont américains, une partie non négligeables d’entre eux, née à l’extérieur des Etats Unis, a été achetée. La privatisation de ce secteur s’avère donc être une erreur majeure montrant la méconnaissance de ce que sont et la logique de la recherche théorique et celle de l’entreprise qui s’avèrent antinomiques.

L’entreprise a pour but de faire du profit : en ce sens tous les travaux de recherche doivent se traduire dans les faits par une rapide concrétisation dans le secteur de l’entreprise considérée. Voilà de facto expliqué l’intérêt majeur des entreprises pour la recherche appliquée et le dédain pour l’aspect fondamental des travaux qui, le plus souvent, ne sont pas financés. Réciproquement, le chercheur peut rester, et il est le premier humainement à en souffrir, plusieurs mois voire plusieurs années avant de parvenir à un résultat tangible. L’image de la page blanche n’est malheureusement pas un mythe et il est fréquent d’emprunter plusieurs impasses avant de trouver la voie royale.

Voilà pourquoi l’Etat doit jouer son rôle de régulateur et prendre à sa charge tous les esprits novateurs soucieux de faire prospérer l’héritage transmis par Poincaré qui est considéré par lez épistémologues contemporains comme le véritable inventeur de la relativité.