.

.

mercredi 25 mars 2015

Elections départementales 2015 - 1er tour



Elections départementales 2015 - 1er tour
 
 Philippe Delbauvre
 
Je doute fort qu'après l'écoute des résultats énoncés sur les différentes chaînes de télévision par les journalistes, les Français aient été réellement informés de la réalité des faits, tant furent nombreuses les formulations caricaturales ou alambiquées.

Détail révélateur et emblématique, aussi bien sur la première chaîne que la seconde, la soirée électorale fut rapidement interrompue par un film. A l'évidence, les journalistes sont donc très mal placés pour fustiger l'abstention. On reconnaîtra que des élections à portée nationale – il y en a peu - méritent bien une soirée à part entière.

Les sondages – une fois de plus – se sont trompés et il n'est pas impossible que le Système, après avoir minoré longtemps les résultats du Front National, ait décidé des les majorer, ce probablement afin que les électorats de gauche et de droite se mobilisent par réaction.

Les seules élections, si l'on veut saisir l'évolution politique dans notre pays, à laquelle il faille comparer celles d'hier, ne sont autres que les cantonales de 2011. Les résultats s'avèrent dès lors assez éclairants.

Rappelons qu'il est une constante, savoir que le pouvoir en place subit presque toujours un revers dans le cadre d'élections organisées durant le mandat en cours. A contrario, elles bénéficient aux différentes oppositions.
Voilà pourquoi bien des candidats de la majorité, à commencer par des socialistes, sont très discrets durant leur campagne, sur leur appartenance politique. Réciproquement, les opposants brandissent fièrement leur drapeau.

Etude parti par parti.

1) Ump et assimilés

Si on se réfère aux élections cantonales de 2011, droite et centre droit représentaient alors :

(UMP 16,97%) + (Divers droite 9,32%) + (Majorité - Nouveau Centre 3,20%) + (Majorité 2,25%) soit (16,97+9,32+3,2+2,25)% = 31,74 %.

Alors même, si l'on se souvient, que la majorité de l'époque (la « droite ») déclenchaient l'ire de bien des Français, elle n'en obtenait donc pas moins environ 30% des suffrages. On peut donc considérer, tout au moins dans le cadre d'élections départementales ou cantonales, que 30% pour la « droite », cela représente les basses eaux.

Dans le cadre des élections départementales, droite et centre droit représentent aujourd'hui :

(Binôme Union de la Droite 20,94%) + (Binôme Union pour un Mouvement Populaire 6,51%) + (Binôme du Modem 0,36%) + (Binôme Union du Centre 0,29%) + (Binôme Union Démocrates et Indépendants 1,30%) + (Binôme Debout la France 0,40%) + (Binôme Divers droite 6,76%) soit (20,94+6,76+ 6,51+1,30+0,4+0,36+0,29)% = 36,56%.

Alors même que la « droite » est en situation très favorable – la majorité est aujourd'hui très impopulaire – elle obtient donc 36,56%. On peut considérer que 2011 et 2015 constituent deux extrêmes pour la « droite ». Basses eaux puis hautes. Le progrès de la « droite » entre basses et hautes eaux est donc de (36,56-31,74)/31,74 = 15,18%.

On constate donc, malgré le fait que le scrutin fut hier des plus favorables pour la « droite », sa progression (du plus bas vers le plus haut) n'est que de 15%.On voit bien que la déclarée victoire de la « droite » est des plus relatives. On peut même affirmer que le résultat de la « droite » constitue un échec, cette « droite » n'ayant pas su vraiment profiter de circonstances qui lui furent hier pourtant des plus favorables. La « droite » n'en est pas moins la première force politique dans le cadre de cette élection locale.

2) Parti socialiste et assimilés

Si on se réfère aux élections cantonales de 2011, parti socialiste et assimilés représentaient alors :

(Parti socialiste 24,94%) + (Europe Écologie – Les Verts 8,22%) + (Divers gauche 5,41%) + (Parti radical de gauche 1,48%) soit (24,94+8,22+5,41+1,48)% = 40,11%

On constate donc que dans des circonstances des plus favorables pour eux, Ps et assimilés atteignent 40% environ. Le sarkozysme était alors – en 2011 – à bout de souffle et en presque fin de législature et de mandat.

Dans le cadre des élections départementales, parti socialistes et assimilés représentent aujourd'hui :

(Binôme du Parti Socialiste 13,34%)+(Binôme Union de la Gauche 8,20%)+(Binôme Divers gauche 6,81%)+(Binôme d'Europe-Ecologie-Les Verts 2,03%)+(Binôme du Parti radical de gauche 0,31%) = (13,34+8,2+6,81+2,03+0,31)% = 30,69%

Par voie de conséquence, les basses eaux pour le parti socialiste et assimilés – c'est le cas pour les présentes élections – se traduisent par l'obtention de 30% des suffrages. On en déduit que ps et assimilés oscillent entre 40% (hautes eaux) et 30% (basses eaux). Au sujet du scrutin d'hier que l'on doit comparer avec celui de 2011, la baisse du parti socialiste associé aux assimilés, est de 30-40/30 = 33%. Ce que l'on peut appeler la gauche de gouvernement a donc baissé d'un tiers entre les deux suffrages. Cela peut sembler beaucoup si d'aventure on oubliait qu'il s'agit de deux scrutins extrêmes (hautes puis basses eaux). En ce sens, cette chute ne constitue nullement pour parti socialiste une catastrophe même si la baisse est nette. Donc, au même titre que le succès de la droite, la défaite de la gauche est à relativiser. Tout se passe donc comme si droite et gauche, frappées d'inertie, patinaient...

3) Front National

Si on se réfère aux élections cantonales de 2011, le Front National représentait alors :

15,06%

Hier, le Front National a obtenu :

25,19%

La progression du Front National est donc de (25-15)/15 = 66 %

C'est à dire que le Front National augmente de deux tiers ses suffrages. C'est bien du raz de marée dont il s'agit. Le Front National augmente deux fois plus ses suffrages que la gauche n'en perd et plus de quatre fois plus que la droite n'en gagne. Donc, à l'aune de ces chiffres, on ne peut douter que le grand vainqueur du scrutin d'hier n'est autre que le Front National. Surtout sachant que des élections dites locales sont censés défavoriser le mouvement de Marine le Pen.

4) Le tripartisme est désormais un fait établi.

Nous sommes désormais en France dans une configuration telle qu'il existe trois grandes tendances que sont droite, gauche et Front National, respectivement à hauteur, respectivement de 35%, 30% et 25%. La notion de basses ou hautes eaux ne fait pas sens pour le Front National puisque ce dernier n'a pas encore pour l'instant exercé le pouvoir. Même si l'aspect contestataire du vote Front National est un fait, on peut constater qu'il y a maintenant adhésion au Front National de la part d'une partie non négligeable de son électorat, y compris dans le cadre d'un enjeu local. Le quatrième mouvement en France, semble être le Front de gauche qui a obtenu hier moins de 5%. C'est bien trop peu pour que l'on puisse évoquer une forme quelconque de quadripartisme.

5) Décembre 2015 – les élections régionales.

Les élections régionales – autre consultation locale – permettront de savoir si les résultats des départementales représentaient une tendance lourde ou pas. La nouvelle configuration économique (baisse de l'euro par exemple) permettra peut être à la gauche de se refaire une santé même si les effets de cette nouvelle configuration risquent d'advenir bien après. Ce qui sera intéressant alors, ce sera de regarder de près les résultats du Front National. Dans le cas d'un bon résultat, l'implantation locale ne sera plus contestable. Ce succès à venir est déjà annoncé par les résultats d'hier.