Philippe DELBAUVRE |
Elles sont bien factices et non dénuées d'intérêt les bisbilles au sein du parti socialiste et de ses alliés.
Par exemple, au sujet du prochain projet de loi de finances, les deux courants du parti socialiste "Maintenant la gauche" et "Un monde d'avance, mais aussi les clubs parlementaires de la "Gauche durable" et de la "Gauche populaire", ont décidé de présenter une "contribution commune" en date du mardi 2 juillet à l'Assemblée nationale, dont l'objet serait d'établir un ancrage à gauche, en opposition à un gouvernement jugé trop droitier.
Il y aurait donc, si l'on prend en considération la manœuvre, deux têtes au sommet de la majorité dont l'une serait réellement de gauche – depuis combien de temps n'existe t-il plus de gauche au parti socialiste ? - se livrant un combat dantesque pour l'exercice du pouvoir. Rappelons que les écologistes, eux aussi, nous jouent la même mélodie perfide . Quant à Delphine Batho, sachant qu'elle est la ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, elle n'est pas la mieux placée au motif de son poste, pour jouer les opposants mais pourtant feint de s'insurger contre le budget 2014:
"C'est un mauvais budget", "dans les jours qui viennent, nous puissions faire la démonstration que la volonté de faire de la France la nation de l'excellence environnementale, la transition énergétique, ne sont pas des variables d'ajustement". « Nous sommes dans un moment où les Français doutent, où (....) il y a une déception à l'égard du gouvernement, il y a un doute sur notre volonté de changement".
Qu'attendent-ils donc tous, au motif d'une éventuelle trahison du gouvernement de l'esprit de gauche, pour en bloc démissionner ? Qu'attendent-ils donc tous pour rejoindre le peuple écoeuré afin de lui venir en aide ? Jean-Pierre Chevènement avait bien résumé le problème naguère en déclarant qu'un « ministre devait fermer sa gueule ou démissionner », ce que lui, n'a pas manqué de faire, contrairement à ses pâles successeurs.
Ceux qui sont abonnés à une revue économique savent pertinemment que les milieux financiers ont été ravis d'apprendre que François Hollande serait le candidat du parti socialiste lors des élections présidentielles de 2012. C'est toute leur confiance qu'ils lui accordaient, contrairement à une personnalité comme celle de Martine Aubry, jugée par trop forte tête. En ce sens, personne à gauche ne peut être déçu du gouvernement Ayrault, si ce n'est ceux qui naïvement le considéraient, par manque d'information sans doute, comme de gauche. Dès lors où se voit acceptée la structure économique en place, il n'existe qu'une seule politique économique possible, celle justement pratiquée, aussi bien par les gouvernements Ayrault et Fillon: alourdir la pression fiscale sur les particuliers – de combien de taxes Nicolas Sarkozy a t-il la paternité ? - et désengager de plus en plus l'Etat. Comme si la tendance, dite de gauche, l'ignorait.
Le pourquoi de cette pseudo fronde s'explique par la volonté du parti socialiste de montrer qu'il existe plusieurs courants en son sein et que par voie de conséquence paradoxalement, une autre politique, issue des rangs mêmes du parti socialiste est possible. Celui qui n'a pas oublié les résultats du dernier scrutin au sein même du parti socialiste, est bien conscient que de loin, c'est la tendance droitière qui l'a emporté, l'aile dite de gauche, très minoritaire, étant comme ces soldats de Napoléon, grognards mais toujours suiveurs.
Et pour les personnalités de gauche qui fulminent, la raison d'être de cette râlerie est fort bien explicitée par l'une d'entre elles, Philippe Doucet:
"La technostructure de Bercy nous explique qu'une autre politique fiscale n'est pas possible, mais ce n'est pas elle qui devra rendre des comptes aux Français en 2017, c'est nous".
Autrement exprimé, la peur de ne pas être réélu, avec la perte que cela représente, tout simplement.