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dimanche 10 juin 2007

Il ne doit pas y avoir de désistement national

Samedi, 9 Juin 2007


Il ne doit pas y avoir de désistement national

Philippe Delbauvre

Politique
Le Front National ne manque pas d'atouts mais il les utilise mal. Dans le cadre d'une confrontation sportive individuelle, on joue en fonction de ce que l'on est, mais aussi en prenant en considération les forces et les faiblesses de l'adversaire. Puisque l'époque est au tennis, on peut considérer que deux joueurs pratiquant le même jeu - celui de fond de court par exemple - dont un est nettement inférieur à l'autre dans ce domaine, a toute chance d'être condamné avant le début de la confrontation s'il ne se décide pas à modifier son jeu habituel : le renversement ne s'effectuera au filet.

La donne n'est plus la même et Nicolas Sarkozy n'est pas Jacques Chirac. S'il n'est pas certain que celui là soit de droite, on peut admettre qu'il a été durant ses expériences ministérielles particulièrement décomplexé. Il a plaidé et il compte bien appliquer les recettes du libéralisme économique quant bien même la faillite de ce système est évidente sur le long terme. Il a repris la thématique du tout sécuritaire sans pour autant parvenir à obtenir des résultats probants si ce n'est une image positive dans ce secteur aux yeux de l'opinion.

Si Nicolas Sarkozy venait à apparaître comme l'homme de l'échec à l'issu de cinq années, ce serait alors vers la gauche que ce tournerait l'électorat déçu parce que celle ci n'aurait eu de cesse de dénoncer une politique libérale qui fatalement va engendrer l'exclusion sociale. C'est donc dès maintenant que le Front National doit emprunter ce discours afin d'être une alternative au vote à gauche dans les prochaines années. Si en revanche, il venait à entonner le credo libéral, toute défaite de l'Ump l'entraînerait dans sa perte sachant alors que le Front National puisque jouant dans le même registre en étant de surcroît plus radical ne pourrait que faire pire aux yeux de l'opinion.

Si au contraire Nicolas Sarkozy venait à réussir comme il vient de le faire, alors le Front National y compris en reprenant le thème du libéralisme ne servirait plus à rien tout comme les dernières élections viennent de le montrer : toute victoire de la droite ou définie comme telle est une catastrophe pour le Front. En revanche, en reprenant la thématique sociale, il pourrait concurrencer la gauche pour le titre de première force d'opposition.

Voilà pourquoi l'heure de l'offensive à l'encontre de l'actuel gouvernement a sonné. Voilà pourquoi la thématique principale de l'angle d'attaque doit être l'opposition au libéralisme sous toutes ces formes. Voilà pourquoi les élections législatives ne doivent pas être l'occasion d'une compromission.

Il ne doit donc pas y avoir de désistement national surtout au profit de candidats dont les chefs n'ont cessé d'être présentés comme non-nationaux. L'électorat ne comprendrait pas. En quoi l'Ump dont tous les sondages indiquent qu'elle va disposer de la majorité absolue peut-elle être intéressée par quelques alliances ponctuelles ? Sincèrement en rien. L'effet d'annonce aura pour simples conséquences d'une part l'injure que le refus de l'alliance constituera et d'autre part la légitimation de l'idée que le Front National n'est que la réserve d'essence de la voiture de droite que l'on utilise que lorsque le conducteur a fait preuve de négligence en attendant simplement. la prochaine pompe.

S'agit-il de faire barrage à la gauche et surtout aux communistes ? La première est laminée y compris dans sa version socialiste et les seconds sont politiquement morts. Où se trouve donc le péril alors que l'on sait qu'il n'y a nul danger de ce côté ?Serait-ce pour espérer obtenir quatre ou cinq députés de plus qui fondamentalement n'apporteront rien et qui passeront peut être par la suite au Mpf voire à l'Ump ?

Puisque la bande des quatre n'a cessé d'être dénoncée depuis si longtemps, tout en tenant compte de la disparition des communistes depuis, la ligne se doit d'être maintenue. Indépendance vis à vis des autres formations et désistement si cela présente un intérêt.

Aujourd'hui le désistement national pour des mouvements non nationaux dits de droite est contre-productif.