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mercredi 26 août 2015

Le Front national à la conquête de la droite



Le Front national à la conquête de la droite
 Georges Michel
 
Ce matin, L’Express titrait sur Internet : « L’exclusion de Jean-Marie Le Pen n’incite pas les Français à voter FN. » À la suite de ce titre racoleur et tellement rassurant pour ceux qui craignent tant pour les « valeurs de la République », les non-abonnés peuvent lire en ligne : « Selon un sondage publié dans Le Figaro ce lundi, 85 % des Français n’ayant pas voté FN en 2012 ne comptent pas le faire davantage aux prochaines élections. » Une lecture hâtive conduirait à la conclusion tout aussi expéditive que 85 % des Français ne veulent pas du FN et que le sacrifice du vieux leader n’aurait pas été d’une agréable odeur, propice à satisfaire l’opinion. D’abord, 85 % des Français qui n’ont pas voté FN en 2012, ce n’est pas 85 % des Français ! Et les 15 % de ces 85 % – excusez du peu – qui n’ont pas voté FN en 2012 et qui seraient disposés à voter, on ne les oublie pas un peu rapidement ?

En effet, faisons un peu de mathématiques, la rentrée approchant, cela ne fera pas de mal. Marine Le Pen a obtenu 18,3 % des suffrages en 2012. Donc, 81,7 % des Français n’ont pas voté pour le FN. 85 % de ces 81,7 % ne seraient toujours pas disposés à voter FN : cela fait 69,44 % des Français. Allez, faisons bon poids : 70 %. Quel est le complément de 70 % ? La réalité est bien là : le FN capitalise bien, grosso modo, le tiers des intentions de vote. La péripétie estivale, quant à elle, n’affecte pas le capital acquis mais le consoliderait plutôt.

Du reste, Le Figaro précise qu’entre 14 et 19 % des électeurs qui ont voté Nicolas Sarkozy en 2012 seraient prêts, désormais, à voter pour le FN. 14 à 19 % de 30 %, c’est entre 4 et 6 % de « grattés » à la droite républicaine, ce qui est énorme lorsque l’on se tient à peu de choses. Journée noire, écrivais-je il y a deux jours dans ces colonnes pour cette droite. Certains ont pu me trouver excessif. En tout cas, ce sondage conforte mon opinion. Il va donc falloir beaucoup d’énergie et d’imagination à Nicolas Sarkozy pour arrêter ce siphonnage et en inverser le flux. Une exclusion de NKM, peut-être…

Mais avant 2017, il y a 2015 avec les régionales, notamment dans les régions gagnables par le Front national, comme PACA. Si ces chiffres sont transposables à l’échelon régional, les choses peuvent devenir très inquiétantes pour M. Estrosi, qui n’obtenait au dernier sondage en juin dernier que 29 % d’intentions de vote au premier tour, contre 32 % pour Marion Maréchal-Le Pen. Là aussi, il faudra bien plus que des tweets et des têtes de gondole pour conforter sa stature de « presidentiabile ».

D’autant que Marion Maréchal-Le Pen montre que la sagesse politique n’est peut-être pas le monopole exclusif des âges mûr et canonique. En effet, dans le conflit qui oppose le père et la fille, la petite-fille a su tout à la fois condamner les excès de son aïeul et lui conserver le respect qui lui est naturellement dû.

Sagesse, respect filial, intelligence politique – et sans doute aussi du cœur – sont des vertus auxquelles un électorat traditionnel de droite peut ne pas être insensible, d’autant que l’opportunisme et l’« agitatisme estrosien » finiront peut-être par lasser sous le soleil azuréen.

Le Front national peut se lancer à la conquête de la droite.

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