Isabelle Lasserre
Dans son discours devant les ambassadeurs, le président de la République a évoqué une barbarie terroriste sans précédent.
De toutes les crises qui secouent le monde aujourd'hui, c'est la guerre en Syrie qui suscite le plus d'inquiétudes chez le président français. Si François Hollande lui a consacré une partie importante du traditionnel discours annuel aux ambassadeurs, mardi, c'est parce que «la planète est confrontée à un terrorisme qui n'a jamais atteint ce niveau de barbarie ni cette gravité depuis des semaines» et que le terrorisme «se nourrit du chaos», et donc de la guerre. Et parce que les crises migratoires auxquelles est confrontée l'Europe, et qui n'ont «pas d'équivalent depuis la Seconde Guerre mondiale, sont les tragiques conséquences des conflits qui s'accumulent», notamment celui qui ravage la Syrie depuis plus de quatre ans.
Mais c'est aussi sans doute parce que Paris a toujours été engagé, dès le début de la crise, dans le dossier syrien. La France «avait donné l'alerte dès le départ», en 2012, en déclarant son soutien à l'opposition modérée. «J'avais été le premier à la considérer comme la seule représentante légitime du peuple syrien», rappelle François Hollande. Le président français avait aussi été le premier à se préparer à punir militairement le régime syrien en août 2013, lorsque Bachar el-Assad avait franchi la ligne rouge sur les armes chimiques. Le recul de Barack Obama, qui avait renoncé à frapper au dernier moment, n'a jamais été digéré par les responsables français. «Le monde a mis trop longtemps à réagir», affirme François Hollande. L'inaction de la communauté internationale «a coûté très cher», rappelle le chef de l'État. «Daech, qui n'existait pas sous cette forme, s'est installé. Et Bachar el-Assad a continué à massacrer son peuple…»
Les choses pourraient-elles changer? C'est une source diplomatique qui le dit: «Les perspectives d'une nouvelle conférence de Genève sont plus fortes aujourd'hui qu'elles ne l'ont jamais été.» Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la semaine dernière une déclaration soutenant la nécessité d'une transition politique en Syrie. Et pour la première fois, la Russie s'y est associée. De Moscou à Téhéran, certaines lignes pourraient bouger dans les mois qui viennent. La signature de l'accord sur le nucléaire iranien, le 14 juillet, laisse entrevoir la possibilité d'une «nouvelle relation» entre Téhéran et les capitales occidentales. «Encore faut-il que l'Iran soit prêt à devenir un acteur constructif» dans la région, précise le chef de l'État.
Quant aux Russes, poursuit la même source diplomatique, «ils ont compris que si Bachar n'avait pas perdu, il ne gagnerait pas… Et tout en restant alliés à l'Iran chiite, ils ont repris une relation avec les sunnites, notamment avec l'Arabie saoudite. Aujourd'hui, l'idée d'une coalition anti-Daech réconcilie tout le monde.»
Le président français met cependant trois conditions à la reprise des négociations. La «neutralisation de Bachar el-Assad», de solides garanties à l'opposition modérée et aux Kurdes, et l'implication des principaux acteurs clés de la région, notamment les pays du Golfe, l'Iran et la Turquie, qui frappe davantage les Kurdes que les djihadistes de l'État islamique. Il considère que «Daech est le plus grand danger», mais que les «emprises terroristes» doivent être réduites «sans préserver Assad». «Le terrorisme, affirme-t-il, menace tous les acteurs de la région et toutes les puissances. Le règlement de la crise syrienne exige la participation de tous.» François Hollande appelle à «une prise de conscience générale».
En attendant, la France continuera à soutenir «l'opposition modérée», même si celle-ci a presque disparu du terrain syrien. À participer à la coalition «en veillant à améliorer son efficacité» mais sans envisager de frapper en Syrie. Et à soutenir le gouvernement irakien. «Bref, à faire ce qui n'a pas été fait il y a quelques années en Libye et que nous payons aujourd'hui très cher», rappelle François Hollande, évoquant le sanctuaire terroriste qu'est devenu ce pays depuis l'intervention militaire franco-britannique et le renversement du colonel Kadhafi.
Jugée courageuse et morale par les uns, irréaliste et inefficace par les autres, la politique française en Syrie - ni Bachar el-Assad ni Daech - «ne pouvait pas réussir sans le soutien des États-Unis», estime une source diplomatique. Elle pourrait néanmoins, surtout depuis qu'elle a été assouplie et déclarée compatible avec «des éléments du régime syrien», trouver une place d'honneur dans un futur règlement de paix. La question, formulée par l'ambassadeur français à Washington, Gérard Araud, lors d'une table ronde pendant la conférence des ambassadeurs, dépasse largement la France et la Syrie. «Il s'agit de savoir comment rétablir un équilibre géopolitique dans la région.»
De toutes les crises qui secouent le monde aujourd'hui, c'est la guerre en Syrie qui suscite le plus d'inquiétudes chez le président français. Si François Hollande lui a consacré une partie importante du traditionnel discours annuel aux ambassadeurs, mardi, c'est parce que «la planète est confrontée à un terrorisme qui n'a jamais atteint ce niveau de barbarie ni cette gravité depuis des semaines» et que le terrorisme «se nourrit du chaos», et donc de la guerre. Et parce que les crises migratoires auxquelles est confrontée l'Europe, et qui n'ont «pas d'équivalent depuis la Seconde Guerre mondiale, sont les tragiques conséquences des conflits qui s'accumulent», notamment celui qui ravage la Syrie depuis plus de quatre ans.
Mais c'est aussi sans doute parce que Paris a toujours été engagé, dès le début de la crise, dans le dossier syrien. La France «avait donné l'alerte dès le départ», en 2012, en déclarant son soutien à l'opposition modérée. «J'avais été le premier à la considérer comme la seule représentante légitime du peuple syrien», rappelle François Hollande. Le président français avait aussi été le premier à se préparer à punir militairement le régime syrien en août 2013, lorsque Bachar el-Assad avait franchi la ligne rouge sur les armes chimiques. Le recul de Barack Obama, qui avait renoncé à frapper au dernier moment, n'a jamais été digéré par les responsables français. «Le monde a mis trop longtemps à réagir», affirme François Hollande. L'inaction de la communauté internationale «a coûté très cher», rappelle le chef de l'État. «Daech, qui n'existait pas sous cette forme, s'est installé. Et Bachar el-Assad a continué à massacrer son peuple…»
Les choses pourraient-elles changer? C'est une source diplomatique qui le dit: «Les perspectives d'une nouvelle conférence de Genève sont plus fortes aujourd'hui qu'elles ne l'ont jamais été.» Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la semaine dernière une déclaration soutenant la nécessité d'une transition politique en Syrie. Et pour la première fois, la Russie s'y est associée. De Moscou à Téhéran, certaines lignes pourraient bouger dans les mois qui viennent. La signature de l'accord sur le nucléaire iranien, le 14 juillet, laisse entrevoir la possibilité d'une «nouvelle relation» entre Téhéran et les capitales occidentales. «Encore faut-il que l'Iran soit prêt à devenir un acteur constructif» dans la région, précise le chef de l'État.
Quant aux Russes, poursuit la même source diplomatique, «ils ont compris que si Bachar n'avait pas perdu, il ne gagnerait pas… Et tout en restant alliés à l'Iran chiite, ils ont repris une relation avec les sunnites, notamment avec l'Arabie saoudite. Aujourd'hui, l'idée d'une coalition anti-Daech réconcilie tout le monde.»
Le président français met cependant trois conditions à la reprise des négociations. La «neutralisation de Bachar el-Assad», de solides garanties à l'opposition modérée et aux Kurdes, et l'implication des principaux acteurs clés de la région, notamment les pays du Golfe, l'Iran et la Turquie, qui frappe davantage les Kurdes que les djihadistes de l'État islamique. Il considère que «Daech est le plus grand danger», mais que les «emprises terroristes» doivent être réduites «sans préserver Assad». «Le terrorisme, affirme-t-il, menace tous les acteurs de la région et toutes les puissances. Le règlement de la crise syrienne exige la participation de tous.» François Hollande appelle à «une prise de conscience générale».
En attendant, la France continuera à soutenir «l'opposition modérée», même si celle-ci a presque disparu du terrain syrien. À participer à la coalition «en veillant à améliorer son efficacité» mais sans envisager de frapper en Syrie. Et à soutenir le gouvernement irakien. «Bref, à faire ce qui n'a pas été fait il y a quelques années en Libye et que nous payons aujourd'hui très cher», rappelle François Hollande, évoquant le sanctuaire terroriste qu'est devenu ce pays depuis l'intervention militaire franco-britannique et le renversement du colonel Kadhafi.
Jugée courageuse et morale par les uns, irréaliste et inefficace par les autres, la politique française en Syrie - ni Bachar el-Assad ni Daech - «ne pouvait pas réussir sans le soutien des États-Unis», estime une source diplomatique. Elle pourrait néanmoins, surtout depuis qu'elle a été assouplie et déclarée compatible avec «des éléments du régime syrien», trouver une place d'honneur dans un futur règlement de paix. La question, formulée par l'ambassadeur français à Washington, Gérard Araud, lors d'une table ronde pendant la conférence des ambassadeurs, dépasse largement la France et la Syrie. «Il s'agit de savoir comment rétablir un équilibre géopolitique dans la région.»