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mercredi 19 août 2015

Ce que révèle la « non-affaire » des Mistral



 Philippe Rodier
 
Dormez bien, bonnes gens… Le gouvernement veille et défend vos intérêts avec une grande attention et un souci permanent de l’intérêt de la nation et de ses citoyens.

Erreur



L’annulation de la vente des deux porte-hélicoptères Mistral est un non-événement, un fait divers, un épiphénomène. Hollande l’a négocié fermement au téléphone avec le tsar Poutine et, grâce à ses incroyables talents de négociateur expérimenté, doublés d’un prestige et d’une autorité naturelle qui l’ont servi efficacement, chacun y trouve son compte. C’est une opération à somme nulle pour les contribuables. Tels sont, à quelques mots près, les éléments de langage du pouvoir en place sur cette affaire. Car cela en est bien une.

D’abord, l’argument évoqué par le gouvernement selon lequel nous n’aurons pas de mal à les revendre, car il y a foison de nouveaux acquéreurs potentiels qui sonnent au portillon pour nous racheter ces deux navires, est ridicule. Outre le fait que ces deux bateaux embarquent de nombreux équipements russes qu’il faudra démonter et restituer, ils ont été aussi adaptés pour des opérations maritimes dans les eaux froides de l’océan Arctique, ce qui ne correspond pas forcément aux attentes de nouveaux acheteurs tropicaux évoqués tels que l’Arabie saoudite, l’Inde ou le Brésil. De plus, s’il y a tant de demandes pour ce type de navire, pourquoi n’y a-t-il pas eu, jusqu’alors, d’autres commandes ? Et même si un nouveau client se porte acquéreur, ce ne sera pas en plus, mais à la place de la commande russe. La France aura donc, néanmoins, perdu un marché. Il faut vraiment avoir fait l’ENA pour ne pas avoir un juste raisonnement commercial et industriel, mais au contraire tenir un tel raisonnement aussi fallacieux. Ou être un personnage politique incompétent et démagogique.

Ensuite, vient le fait que l’annulation de ce contrat pourrait coûter bien plus cher qu’officiellement annoncé, puisque selon Le Canard enchaîné, la facture s’élèverait à 2 milliards et non pas 1,2, ce qui semble logique étant donné les investissements que la Russie a dû engager chez elle pour l’accueil, l’intégration et l’armement de ces deux bâtiments dans leur flotte. Mais il est bien connu que pour nos gouvernants, surtout lorsqu’ils sont socialistes, l’argent ne compte pas lorsque ce n’est pas le leur.

Enfin, pourquoi Hollande n’a-t-il pas les mêmes scrupules lorsqu’il vend des Rafale au Qatar, démocratie exemplaire et pays qui mène une lutte acharnée contre le terrorisme islamique, comme chacun sait ? Ou lorsqu’il signe et honore des contrats avec la Chine, qui se comporte au Tibet comme les Russes ne le font pas en Ukraine ?

Pendant ce temps, les États-Unis signent des contrats de coopération avec la Russie !

Vraiment, comme jamais, la France est aux ordres des États-Unis… Nous avions Sarko l’Américain, nous avons aujourd’hui son clone de gauche.

Le changement, ce n’est pas maintenant !