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mercredi 12 août 2015

La démocratie directe ne concerne pas que la Suisse



 
 Mia Vossen
 
L’esprit du 14 juillet, c’est l’esprit du référendum sur le modèle suisse. Il me faut pourtant bien avouer que je n’y croyais pas, à la démocratie sur le modèle suisse en France ou en Belgique : nos concitoyens ne se renseignent guère, se montrent blasés – « ça ne sert à rien » – n’ont pas le sens des responsabilités des Suisses, pas les mêmes connaissances que les Suisses.

Erreur


J’ai eu l’occasion de traduire quelques textes concernant ce système, textes connus aux Pays-Bas et en Flandre, et j’ai été convaincue de l’intérêt de la démocratie directe pour la France et la Belgique. Nous ne sommes pas moins responsables que les Suisses, nous avons juste été persuadés de notre ignorance, de notre incapacité de gérer nos propres affaires par des politiciens bien décidés à avoir une plus grande importance… que les politiciens suisses. La démocratie directe est le seul régime où le peuple décide réellement, où l’adjectif à droite du mot « démocratie » ne sert pas à annuler le sens du mot, comme dans « démocratie parlementaire » ou « démocratie populaire » ! En pratique, par le référendum, le peuple crée ou annule tout type de loi sans recours possible contre ses décisions et sans limitation possible de ses pouvoirs.

Soyons précis :

1) Les politiciens n’en savent habituellement pas plus que les citoyens. Dans la plupart des cas, les politiciens – au même titre que monsieur ou madame n’importe qui – se servent de « raccourcis » : les avis brefs de spécialistes de leur parti, d’associations intéressées, d’experts… Ces « raccourcis » sont fournis d’office aux Suisses quand un référendum se prépare. Ils présentent le « pour » et le « contre » sur un nombre égal de pages.


2) Il apparaît que la décision des électeurs est fort semblable, qu’ils aient été influencés par les vues synthétiques de la presse et des experts (« raccourcis ») ou qu’ils aient disposé d’une connaissance encyclopédique.

3) La Suisse nous montre que des citoyens responsabilisés se conduisent de manière sage.

4) Les opposants disent que le discrédit serait jeté sur le Parlement si les citoyens devaient voter autrement que ce Parlement à l’occasion d’un référendum. Aujourd’hui, le Parlement ne jouit plus de la confiance des citoyens et l’existence de la démocratie directe le rendrait, lui, certainement plus réfléchi.

5) La démocratie directe serait source de déséquilibre dans les finances publiques parce que les citoyens souhaiteraient diminuer les impôts tout en exigeant des avantages plus nombreux. Le contraire est vrai : les Suisses payent moins d’impôt parce que la gabegie au niveau du gouvernement est largement évitée.

6) La démocratie directe ralentirait l’action du gouvernement. La réponse est évidente : une démocratie par référendum assurerait un peu de calme, mettrait fin aux éternels changements au moment des changements de gouvernement.

7) On prétend que de petits groupes, riches ou bien organisés, pourraient obtenir ce qu’ils veulent grâce au référendum. Ces petits groupes existent et corrompent assez facilement nos « responsables ». Il est bien plus difficile de mettre sous pression ou corrompre une nation entière qu’un petit groupe de politiciens !

On peut estimer que la farce « démocratie » actuelle a assez duré, qu’il nous faut une vraie démocratie avec la participation directe de tous les citoyens, ceux qui vivent dans le monde et qui sont en contact avec des réalités que nos politiques ne voient plus depuis longtemps.