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mercredi 12 août 2015

Pourquoi le Général de Gaulle défiait le suzerain américain



 
 Nicolas Bonnal
 
Je reçois des commentaires si grossiers chaque fois que je cite du de Gaulle que je vais… continuer. Cela marque bien la progression de ces temps de la fin, et le triomphe de ceux qui, hier ou aujourd’hui, veulent nous inféoder à l’Allemagne des konzerns ou à l’Amérique des trusts. On lira aussi avec appétit, à ce sujet, la très bonne interview du lucide et courageux Jean-Pierre Chevènement, publiée par Marianne le 10 juillet dernier, et qui nous met en garde contre le suzerain américain et tous ses agents de droite comme de gauche.

Erreur


Je continuerai donc sur de Gaulle, tant que mes gentils commentateurs me le permettront ! Cela donnera les propos suivants.

À propos du débarquement du 6 juin 1944, voici ce que de Gaulle déclare à Alain Peyrefitte en 1964 : « La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement. Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne (il appuie). »

Churchill, de mère américaine, aventurier dangereux de la guerre et de la politique qui fut l’homme des États-Unis avant d’être celui de l’Angleterre (chassé du pouvoir en 1945 sous les huées, il la laissa « victorieuse » mais surtout ruinée, soumise, sans empire), répond au Général : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! »

Et le Général de cingler de façon comminatoire : « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! »

Puis Charles de Gaulle donne sa version des faits, à considérer avec une grande attention : « Le débarquement du 6 juin a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne ! Ils avaient préparé leur AMGOT 1 qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis. » En effet, les billets de l’AMGOT commencèrent à circuler à cette époque d’occupation militaire. Ils annonçaient… l’euro. Et notre « animal verbal » de conclure : « Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mémoire que ça ! Il faut commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! Dites-le à vos journalistes. »
Notes

1 L’Allied Military Government of Occupied Territories (AMGOT), ou Gouvernement militaire allié des territoires occupés, était un projet de gouvernement provisoire pensé par les Américains en attendant l’établissement d’un gouvernement légitime élu par le peuple. Mais de Gaulle, qui était chef du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), s’y opposa. NDLR.  

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