Nous vivons vraiment une période extraordinaire. Alors qu'auparavant les cafés étaient des lieux de rencontre et de sociabilité, nous sommes désormais obligés de passer par l'intermédiaire d'internet, en l'occurrence Facebook, afin de ne pas rester seul pour prendre un apéritif. C'est ainsi que dans les grandes villes de France, des rassemblements assez conséquents - jusqu'à plus de 10 000 personnes - ont lieu, où chacun apporte suivant soif une ou plusieurs boissons afin de trinquer avec des inconnus qui n'ont pas d'autres motivations.
On pourrait croire le phénomène marginal si les sites de rencontre permettant de trouver l'âme soeur ou l'aventure d'un soir n'avaient autant de succès. Là encore, ce qui se faisait naturellement de par le passé semble être devenu impossible de nos jours.
Où est donc le malaise ?
Chacun sait que l'on est jamais aussi seul que dans une foule et que les grandes concentrations urbaines ne favorisent pas, paradoxalement, les contacts. L'individualisme imposé par une société consumériste où chacun doit protéger sa place au travail tant d'un subalterne que du chômage doit y être pour beaucoup. Il est vrai aussi que chacun revendique pour lui même, bien sur, des droits qui, conséquence imprévue, sont autant de barrières pour autrui. Paradoxalement, les droits des uns annihilent ceux des autres et réciproquement. Ainsi, les femmes ont demandé dans le cadre du travail aux Etats Unis à être davantage respectées par les messieurs, ce qui s'est traduit par l'introduction dans le code pénal de la notion de harcèlement au travail: en conséquence, il est arrivé que des hommes cessent de leur adresser la parole de peur d'être poursuivis en justice. Certains employeurs, conscients du danger, ont cessé d'embaucher des femmes. Las, tout ceci n'a pas empêché bien évidemment les promotions canapé. Le droit est un avoir (j'ai des droits) qui ne peut être donné à tous sous peine de les voir s'entrechoquer: tout avoir est une ponction personnelle parmi les avoirs collectifs possibles. En conséquence, chaque droit d'une personne, se fait aux dépens d'une ou plusieurs autres. Le phénomène est d'autant plus amplifié que des groupes d'intérêts catégoriels ont revendiqué des droits, qu'ils ont d'ailleurs obtenu, restreignant de facto les droits d'autres groupes. L'idée de sommation des droits est donc une erreur: c'est de soustraction dont il s'agit.
Il n'est pas certain qu'il faille considérer ces rassemblements bien inoffensifs au demeurant comme une donnée positive. Il semblerait que plus on avance dans le temps, plus la dynamique de groupe favorise les réjouissances; c'est le cas dans l'exemple que nous traitons ici, mais aussi dans le cas d'une victoire sportive que l'on fête à l'extérieur et de la même façon. En ce sens, les individus participant à ces réjouissances montrent de par leur comportement qu'ils ont bien été formatés par une société qui de toute évidence est totalitaire. L'impossibilité qu'ont de plus en plus nos contemporains de goûter à la solitude ou, à tout le moins, au groupe restreint est symptomatique d'une période qui est celle des masses. C'est un des thèmes récurrents chez Milan Kundera (1) que celui de la prohibition de la solitude dans les régimes totalitaires, dans lesquels chacun se doit de communier avec tous.
Il est cependant une note positive sur laquelle nous pouvons conclure, c'est que via internet, il est possible de faire sortir dans la rue très rapidement des milliers voire des milliers de personnes pour telle ou telle raison. Et politiquement, c'est intéressant.
On pourrait croire le phénomène marginal si les sites de rencontre permettant de trouver l'âme soeur ou l'aventure d'un soir n'avaient autant de succès. Là encore, ce qui se faisait naturellement de par le passé semble être devenu impossible de nos jours.
Où est donc le malaise ?
Chacun sait que l'on est jamais aussi seul que dans une foule et que les grandes concentrations urbaines ne favorisent pas, paradoxalement, les contacts. L'individualisme imposé par une société consumériste où chacun doit protéger sa place au travail tant d'un subalterne que du chômage doit y être pour beaucoup. Il est vrai aussi que chacun revendique pour lui même, bien sur, des droits qui, conséquence imprévue, sont autant de barrières pour autrui. Paradoxalement, les droits des uns annihilent ceux des autres et réciproquement. Ainsi, les femmes ont demandé dans le cadre du travail aux Etats Unis à être davantage respectées par les messieurs, ce qui s'est traduit par l'introduction dans le code pénal de la notion de harcèlement au travail: en conséquence, il est arrivé que des hommes cessent de leur adresser la parole de peur d'être poursuivis en justice. Certains employeurs, conscients du danger, ont cessé d'embaucher des femmes. Las, tout ceci n'a pas empêché bien évidemment les promotions canapé. Le droit est un avoir (j'ai des droits) qui ne peut être donné à tous sous peine de les voir s'entrechoquer: tout avoir est une ponction personnelle parmi les avoirs collectifs possibles. En conséquence, chaque droit d'une personne, se fait aux dépens d'une ou plusieurs autres. Le phénomène est d'autant plus amplifié que des groupes d'intérêts catégoriels ont revendiqué des droits, qu'ils ont d'ailleurs obtenu, restreignant de facto les droits d'autres groupes. L'idée de sommation des droits est donc une erreur: c'est de soustraction dont il s'agit.
Il n'est pas certain qu'il faille considérer ces rassemblements bien inoffensifs au demeurant comme une donnée positive. Il semblerait que plus on avance dans le temps, plus la dynamique de groupe favorise les réjouissances; c'est le cas dans l'exemple que nous traitons ici, mais aussi dans le cas d'une victoire sportive que l'on fête à l'extérieur et de la même façon. En ce sens, les individus participant à ces réjouissances montrent de par leur comportement qu'ils ont bien été formatés par une société qui de toute évidence est totalitaire. L'impossibilité qu'ont de plus en plus nos contemporains de goûter à la solitude ou, à tout le moins, au groupe restreint est symptomatique d'une période qui est celle des masses. C'est un des thèmes récurrents chez Milan Kundera (1) que celui de la prohibition de la solitude dans les régimes totalitaires, dans lesquels chacun se doit de communier avec tous.
Il est cependant une note positive sur laquelle nous pouvons conclure, c'est que via internet, il est possible de faire sortir dans la rue très rapidement des milliers voire des milliers de personnes pour telle ou telle raison. Et politiquement, c'est intéressant.
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