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lundi 24 mai 2010

De la burqa et de l'islamophobie


Philippe Delbauvre



De la  burqa et de l'islamophobie La loi dite sur la burqa m'apparaît ridicule. Déjà parce qu'elle ne concerne pas beaucoup de femmes musulmanes (quelques dizaines par département), ensuite parce qu'elle ne résoudra pas le problème fondamental qui est leur existence en France. On reconnaît d'ailleurs déjà que cette loi sera difficile à appliquer. Il y a des burqas en France parce qu'il y a de l'immigration: c'est le problème.

D'un point de vue politique, je n'ai jamais fait de l'islamophobie mon fonds de commerce. J'aurais eu plutôt tendance à temporiser. Il est de mon intérêt que plus aucun voile n'existe en France puisque cela ferait taire les zélateurs du choc des civilisations à commencer par le premier d'entre eux en France, j'ai nommé Nicolas Sarkozy. Et c'est vrai que pour beaucoup, s'il n'y avait plus de voiles et plus d'immigrés, ils n'auraient plus grand chose à exprimer: l'âge aidant, ils pourraient intégrer l'Ump.

Beaucoup de Français jugent que le voile est une marque ostentatoire d'adhésion à la religion musulmane. Certains le perçoivent même comme un signe d'agressivité. Or, dans la majorité de cas, il n'en est rien. D'ailleurs, il faut vraiment être très jeune pour ne pas avoir connu les femmes françaises munies d'un fichu sur la tête dès lors où elles sortaient de chez elles. Il faut aussi être ignare en histoire de l'art pour méconnaitre tous les tableaux où l'on voit des paysannes oeuvrant coiffées.

Il arrive, que dans certains films, on veuillent faire passer du statut de laideron à celui de beauté un personnage. Pour se faire, on lui fait libérer sa chevelure antérieurement tenue et ôter ses lunettes. Jamais vu ?

Les hommes aiment les femmes aux cheveux longs et cela n'est pas un hasard: c'est un instrument de séduction doublé d'un gage de féminité. Il faut d'ailleurs attendre les années quatre vingt, la postmodernité, pour voir se développer vraiment les cheveux courts chez les femmes.

Nulle question d'islam donc, le phénomène est sexuée et tout à fait naturel.

De nombreuses Françaises aimeraient être seins nus sur la plage s'il n'y avait opposition de leur compagnon. Est ce si surprenant ? On me répondra peut être que les seins ne sont pas la chevelure et l'on aura raison; il n'empêche, fut une époque où les jambes étaient masquées tout comme l'étaient les pieds des tables. Alors ?

Question de pudeur et d'habitude.

Le fait est que plus on monte dans l'échelle sociale, moins le voile est porté. Ou alors chez les classes moyennes supérieures, ce peut être une marque de snobisme. Il va de soi également que le chômage touche surtout les milieux à faible niveau culturel, là où est porté le voile. Réciproquement, à bon niveau de compétence, le poste est à responsabilité et le plus souvent à contacts humains, ce qui prohibe le voile.

Le côté frime n'est pas absent du contexte. Chacun se cherchant son identité (un des mots chers aux postmodernes), on se dit d'origine polonaise ou italienne. On peut également porter le voile pour se donner un genre. Sur le terrain il est d'ailleurs assez intéressant de questionner au sujet de l'islam des jeunes filles portant foulard et se revendiquant musulmanes. On s'aperçoit le plus souvent que le voile cache en fait une superbe ignorance.

Le voile peut aussi être ce qu'il fut à l'origine: une protection. La jeune fille voilée n'est alors pas embarrassée par ses coreligionnaires masculins. Jeunes hommes qui, au passage, n'ont aucun respect pour celles qui sont occidentalisées mais qui sont les premiers à en user et à en abuser.

Ce que je veux que le lecteur comprenne c'est qu'en ce domaine c'est la bêtise qui est omniprésente et ce bien plus que l'agressivité. Témoin, cette femme voilée aux ongles vernis (incohérent). Cette fille voilée qui parle à forte voix dans le métro (incohérent). Cette femme voilée et tatouée sur le visage (interdit). Ce musulman qui fume (interdit), qui boit (interdit), qui joue aux courses ou autres (ils sont nombreux – interdit).

Ceci étant exprimé, il ne faut pas omettre qu'il existe un islam radical qui touche aussi bien les hommes que les femmes. Que ce ne sont pas nécessairement des arabes d'ailleurs. Quant à leur nombre, je ne vais pas fournir un chiffre puisqu'on en est seulement au stade des estimations. Comme tous les radicaux, ils sont particulièrement dévoués et tentent de recruter aussi bien parmi le lumpenproletariat que parmi les étudiants de haut niveau. Ils sont peu nombreux et parviennent peu parce que ce qu'ils proposent se situe aux antipodes du monde contemporain de consommation auquel, hélas, musulmans ou pas, beaucoup de Français vouent un culte.

Dernier point, la communauté arabo-musulmane n'est que très peu organisée. Plus exactement, si les cadres existent, la masse, occidentalisée qu'elle est, ne suit pas. C'est ainsi que les manifestants, lorsqu'il y en a, sont peu nombreux. Sachant le martyr de la Palestine, on aurait pu s'attendre à quelque chose. Mais rien. Juste les chiffres silencieux des bénéfices de hypers. Idem pour l'Irak. L'Iran ne cesse d'être mis en cause et rien dans la communauté musulmane européenne.

Ah si: le foot. Sacrés révolutionnaires.