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samedi 15 mai 2010
De la lutte contre l'islamisme
Philippe Delbauvre
La lutte contre l'islamisme est à la mode. Il faut bien avouer que déjà à une autre époque la masse s'était érigée en juge et bourreau, tondant des femmes le plus souvent innocentes pour le plus grand plaisir de la populace. Dans ce type de configuration la loi appartient aux plus nombreux qui sont, bien entendu, les plus forts mais nullement les plus intelligents.
Bienheureux pour les américains le temps où paradoxalement le communisme avait tissé sa toile sur une bonne partie de la planète. C'était l'époque où il suffisait d'agiter l'épouvantail communiste pour que chacun rentre dans le rang. C'était aussi vrai à l'échelle nationale où la perspective de l'arrivée au pouvoir des communistes faisait pencher l'électeur moyen vers la droite et ce, quels que soient ses griefs. Cela a assez bien fonctionné en France jusqu'en 1981 même si François Mitterrand avait pris soin de déclarer avant les législatives que des communistes au gouvernement, il ne fallait pas y compter: toujours le même réflexe tant l'électeur était terrorisé.
Dans le domaine de la géopolitique, il en fut de même. C'était l'époque où l'on était soit du côté américain, soit du côté soviétique. Quant aux non alignés, ils portaient mal leur nom, inféodés qu'ils étaient tant aux uns qu'aux autres. Exemple révélateur et chantre de la troisième voie, le général de Gaulle reconnut qu'en cas de guerre entre Est et Ouest, les forces françaises rejoindraient le pacte atlantique. On le voit, les velléités d'indépendance n'étaient en fait que des élans de superbe destinés aux électeurs lambda qui furent le plus souvent dupes.
Seulement voilà, depuis une vingtaine d'année le communisme et toute sa puissance militaire sont anéantis et les américains n'ont plus d'ennemis. Plus de murs, séparant deux armées avides d'en découdre, plus de dialogues entre les deux grands écoutés par la planète entière. La puissance américaine est dès lors apparue comme moins nécessaire militairement et peu de pays voient un quelconque intérêt à se placer sous tutelle américaine.
Puisque le communisme était le danger suprême, la fin du communisme signifiait tout simplement la fin du danger.
Voilà qui ne pouvait pas satisfaire les intérêts américains, soucieux d'expansion, qui au vu de la situation ne servaient plus à rien pour les autres pays. D'où le recours a une astuce aussi simple que géniale: fixer l'attention du monde entier sur une idéologie qui pourrait prendre la place du communisme et adapter au nouvel adversaire l'ancienne rhétorique conçue originellement contre le communisme.
C'est ainsi que naquit l'islamisme, paré de toutes les horreurs.
Détail amusant, c'est le régime le plus caricatural en matière d'islam qui fait office d'allié inconditionnel des américains; j'ai nommé l'Arabie Saoudite. Les femmes y sont cependant lapidées. Pourtant, on n'en entend guère parler et c'est plutôt l'Iran qui fait ici figure de repoussoir, cela en raison de choix géostratégiques. Evidemment, on utilise la même dialectique que contre les communistes: « l'empire du bien », « le monde libre », le droit de la veuve et de l'orphelin, etc...
On peut aussi s'interroger:
Les erreurs dans la propagande sont multiples; ainsi l'Iran présenté comme régime totalitaire fait l'objet de reportages où l'on voit des manifestants d'opposition dans les rues.
Les marines s'entrainent sur le sol algérien.
L'Algérie justement est pressentie pour entrer dans l'otan et devenir ainsi nos frères d'armes.
La flotte britannique mouille dans les ports du Maghreb.
La version officielle des attentats dits du World Trade center ne tient pas la route.
La plupart des pays arabo-musulmans ont désormais préféré Israël au combat des Palestiniens.
Les potentiels militaires tant des Iraniens que des Syriens sont dérisoires par rapport à l'armada atlantique.
Est déclaré islamiste tout pays musulman qui s'oppose aux Etats Unis.
On va tout de même pas reprocher aux Afghans de se battre en Afghanistan. Ni aux Irakiens de se battre en Irak. Ni aux Palestiniens de se battre en Palestine.
Les élites mondialisées qui ont les américains à leur tête ont un grand projet pour l'Europe: réunir les pays situés des deux côtés de la Méditerranée et cela pour des questions de cohérence géo-économiques.
Sont donc entrants dans l'Europe de demain : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Israël, Liban, Turquie.
Comme ces pays ne sont pas islamistes, il n'y a sur les papiers aucune contre-indication à leur entrée dans l'Europe. Quant au fait, qu'il ne s'agisse plus de l'Europe historique, cela n'a plus aucune importance puisque seul domine le marché. De plus, les américains ne vont certainement pas laisser émerger une Europe puissance.
Qu'il y ait un tel déballage au sujet des quelques centaines de burqas en France, tout à fait inoffensives d'ailleurs, montre que nous sommes entrés dans une phase où l'action psychologique est manifeste: il s'agit de montrer que nous prenons part, tout comme en Afghanistan, au choc des civilisations, expression que l'on croirait sortie de la guerre froide. Tout est fait pour que l'Européen moyen songe immédiatement à l'islamisme. Et il faut bien avouer que, sauf à consacrer longtemps à s'instruire, on tombe facilement dans le panneau.
Réfléchissez à deux fois avant de critiquer l'islamisme et ayez en tête l'envers du décor. Sinon,
Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Israël, Liban, Turquie en Europe.