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samedi 22 mai 2010

Tous au scanner



Philippe Delbauvre


Je viens d'apprendre que les caméras dites de sécurité servaient d'autres buts que de prévenir le vol. Je n'ignorais certes pas qu'elles avaient vocation à surveiller si les employés mettaient de l'ardeur au travail mais j'ignorais qu'elles permettaient d'analyser le comportement des consommateurs face aux différents produits s'offrant à leurs regards : tous au scanner.

La surveillance est devenue en quelques années un secteur clé que l'on justifie un peu trop rapidement à l'aide d'une criminalité qu'il s'agirait d'endiguer. Et les caméras ou détecteurs de fleurir un peu partout comme autant de plantes vénéneuses pour la liberté individuelle.

Il est pourtant tout une sphère bien inoffensive en matière d'arrachage de sac à main ou de pratique de vitesse excessive qui est internet. Or, voici maintenant que l'espace de liberté que l'on nous avait promis libre est de plus en plus la cible des gardiens de l'ordre consumériste. Après les lois hadopi et loppsi, pensées puis déclarées au nom de notre liberté mais visant justement à la restreindre, voici qu'un sénateur estampillé à droite , soucieux de faire du zèle s'est décidé à franchir un nouveau cap dans ce qu'il faut bien appeler la répression.

Comme chacun sait, il est très facile de se construire un mini site internet que l'on appelle blog sur lequel chacun a loisir de s'exprimer comme il l'entend. Selon les goûts, on y trouvera des photos, videos, articles, poésies, etc... Bien évidemment le blog est référencé par un nom et chacun de manière anonyme peut ainsi créer librement. Or, ce que propose notre sénateur, Jean-Louis Masson, est de mettre fin à la vie privée en obligeant les blogueurs à faire figurer sur leur site leurs coordonnées personnelles, y compris le numéro de téléphone, afin de pouvoir éventuellement les poursuivre en justice en cas d'abus.

Mis à part émigrer à l'étranger afin d'y trouver un hébergement anonyme donc sécurisé pour l'internaute, on ne voit pas comment trouver une parade si cette proposition de loi venait à être approuvée.

Il va de soi que ce n'est nullement au nom de la répression que ce projet est présenté mais, tout comme pour les caméras, dans notre intérêt personnel d'internaute. Le sénateur déclare sans la moindre gêne qu'il est opposé à l'anonymat sur internet au motif que certains pourraient en abuser, notamment par la voie de la diffamation. Il souhaite donc que tous perdent leur anonymat, sachant qu'ils n'ont rien à se reprocher, en raison des quelques abus découverts ça et là.

Transposés dans le monde réel, le principe sénatorial revient à mettre tout le monde en prison au motif que quelques uns abusent du monde de la liberté.