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mercredi 16 septembre 2015

Pour Cambadélis, le front républicain n’est plus possible



 Philippe Bilger
 
Il y a si longtemps, Guy Mollet avait qualifié la droite de l’époque de « la plus bête du monde ».

La gauche a fait des progrès et l’a rattrapée et même dépassée.

En effet, pour être socialiste, la bêtise qui remplace trop souvent les bonnes idées par les bons sentiments ne perd rien de son implacable assurance.

Il faut remercier Jean-Christophe Cambadélis pour les illustrations qu’il nous permet et les exemples qu’il nous donne : sans lui, nous serions parfois à court.

Ne vient-il pas de déclarer que « les déclarations extrémistes de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand sur les réfugiés empêchent désormais le front républicain » ?

Le premier n’a jamais été un foudre de mesure quand le second, candidat à la primaire LR de 2016, a le courage démocratique de s’engager dans un combat difficile et nécessaire pour la conquête de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Les mêler dans le même opprobre est déjà une absurdité !

Continuer à présenter le front républicain comme une panacée, une avancée politique et une victoire morale relève d’un pur exercice d’autopersuasion quand l’expérience a démontré le contraire de ce qu’il prétendait promouvoir.

Certes, il est parvenu longtemps à enfermer la droite classique dans un intolérable étau grâce auquel la gauche, qui n’avait pourtant aucune leçon à dispenser, a joué à bon compte les professeurs de République, d’une République réduite à ses seuls intérêts.

Le front républicain non seulement n’a pas diminué d’un pouce – je compte pour rien les succès de certains seconds tours dus à des alliances opportunistes et si peu conformes aux convictions de chacun – l’influence populaire du Front national ni, globalement, ses scores électoraux mais a permis à celui-ci de cultiver une image de dissidence, de « seul contre tous » qui est aux antipodes de ce que révèlent ses pratiques traditionnelles.

Le front républicain, une arme, un mensonge, une manipulation qui ont instillé, dans l’opinion et contre la droite, que les Républicains n’étaient qu’à gauche.

Parce que Xavier Bertrand n’aurait pas sur les réfugiés qu’une position compassionnelle alors que le cœur facile, confortable et impuissant surabonde dans le camp socialiste, il serait extrémiste.

Parce que le réel est dur et que les migrants, instrumentalisés ou non par Daech – Michel Sardou a-t-il tort quand il soupçonne l’exploitation ? -, vont constituer de plus en plus un défi humain, politique, social et économique à la longue insupportable, Xavier Bertrand ne devrait-il pas être félicité, au contraire, pour son audace extrémiste, l’extrémisme qui, contre les tièdes, vient couronner souvent la liberté, la lucidité et la responsabilité ?

Surtout, comment peut-on être aussi péremptoire, et à la fois aussi inepte, quand des esprits qui valent celui de Cambadélis s’interrogent ? Qu’ils ont des scrupules, des hésitations et des reculs, quand l’Allemagne, après avoir ouvert les vannes par apparente générosité, les referme par un pragmatisme qui ne la déshonore pas, quand la France, après avoir pourfendu les quotas, les avalise maintenant avant peut-être demain de s’en repentir, quand la Hongrie est traitée de fasciste mais qu’il est trop commode pour nos pays en partie protégés d’avoir de la mansuétude jusqu’au dernier Hongrois ou Autrichien ?

Le premier secrétaire du PS aurait mieux fait de se taire. […]

Encore un effort, et la gauche vantée, soutenue, imposée par Cambadélis sera en effet devenue la plus bête du monde.

Notes

Extrait de : La gauche la plus bête du monde ? : http://www.philippebilger.com/blog/2015/09/la-gauche-la-plus-bête-du-monde-.html

Source