Marie Delarue
Lutter contre les discriminations, en finir
avec les inégalités… vaste chantier qui occupe à temps plein nos
politiques. Qu’ils disent.
Dans leur quête éperdue vers un homme-femme universel hétéro-gay-bi-trans et tout aussi uniformément d’un teint beige coloré surmonté de cheveux ni frisés ni lisses couleur mi-chameau mi-queue de vache, le chemin est long. De nécessaires étapes nous ont déjà été proposées, pas toutes aisément acceptées par les populations, mais c’est la dure loi des pionniers : « Le premier qui dit la vérité, etc. » chantait feu Guy Béart.
C’est dans cette généreuse optique, n’en doutons pas, que le ministère de Najat Vallaud-Belkacem a fait, en ce jour de grève des enseignants contre la réforme des programmes, une époustouflante proposition égalitaro-révolutionnaire : supprimer l’actuelle notation sur 20 pour la remplacer par un unique barème de 1 à 4, ou peut-être de 1 à 5, dont le zéro serait exclu. Cela de la maternelle à la troisième (sachant qu’après, on ambitionne de donner le brevet à tous ou presque et le bac itou, ça ne devrait plus s’imposer).
L’objectif, qui satisfait paraît-il grandement les parents, est « d’en finir avec la note sur 20, trop souvent calculée à la tête du client » (sic), ce barème en 4 points sans zéro discriminatoire apparaissant alors comme « un mode de notation plus juste et plus objectif » (resic).
Voilà qui va assurément faire plaisir aux enseignants qu’on prend ouvertement pour des jean-foutre. Ainsi ce professeur de lettres classiques qui, ce jeudi matin, ne décolérait pas au micro de RTL : « C’est la première fois de ma vie que je vais manifester. Je suis déjà écœurée par la réforme des programmes et voilà qu’on choisit cette journée de grève pour nous en rajouter ! » Outrée par l’idée qu’on l’accuse de noter au faciès, elle disait passer en moyenne 15 à 20 minutes par copie pour corriger minutieusement les rédactions des élèves, assurant qu’un 11 ne valait pas un 15, ni un 15 un 19 ! Quant à abandonner le zéro, ce serait la porte ouverte à tous les devoirs non faits non sanctionnés, disait-elle.
Les jeunes Français étant semble-t-il les plus anxieux, avec les Japonais et les Coréens, ce système aurait « l’avantage de ne plus classer les élèves du premier au tout dernier de la classe. Une dernière place souvent synonyme d’humiliation inutile », disent les pédagogues. Que les jeunes Français soient anxieux à l’école, c’est une évidence. Que cela soit dû à la notation n’est en revanche pas certain du tout. On peut imaginer que c’est, au contraire, l’abandon de la méritocratie autant que le refus de valoriser les filières d’apprentissage, ou de reconnaître l’excellence, par exemple, qui créent l’anxiété en envoyant le troupeau vers des fourre-tout abstraits ou beaucoup ne trouvent pas leur voie et perdent tout espoir d’avenir.
Au train de l’utopie folle où vont les choses, on peut aussi imaginer – à l’instar des CV anonymes réclamés par certains – un monde scolaire où les maîtres ne connaîtraient ni le nom ni le visage des enfants. Devoirs anonymes, enseignant séparé des élèves par une vitre opaque, classe en silence pour qu’aucun accent ne vienne trahir l’origine, pas de notes à l’arrivée… Mais, au fait, cela existe déjà : planquons tous les gamins derrière un écran, désignons les par un numéro et le tour sera joué !
Dans leur quête éperdue vers un homme-femme universel hétéro-gay-bi-trans et tout aussi uniformément d’un teint beige coloré surmonté de cheveux ni frisés ni lisses couleur mi-chameau mi-queue de vache, le chemin est long. De nécessaires étapes nous ont déjà été proposées, pas toutes aisément acceptées par les populations, mais c’est la dure loi des pionniers : « Le premier qui dit la vérité, etc. » chantait feu Guy Béart.
C’est dans cette généreuse optique, n’en doutons pas, que le ministère de Najat Vallaud-Belkacem a fait, en ce jour de grève des enseignants contre la réforme des programmes, une époustouflante proposition égalitaro-révolutionnaire : supprimer l’actuelle notation sur 20 pour la remplacer par un unique barème de 1 à 4, ou peut-être de 1 à 5, dont le zéro serait exclu. Cela de la maternelle à la troisième (sachant qu’après, on ambitionne de donner le brevet à tous ou presque et le bac itou, ça ne devrait plus s’imposer).
L’objectif, qui satisfait paraît-il grandement les parents, est « d’en finir avec la note sur 20, trop souvent calculée à la tête du client » (sic), ce barème en 4 points sans zéro discriminatoire apparaissant alors comme « un mode de notation plus juste et plus objectif » (resic).
Voilà qui va assurément faire plaisir aux enseignants qu’on prend ouvertement pour des jean-foutre. Ainsi ce professeur de lettres classiques qui, ce jeudi matin, ne décolérait pas au micro de RTL : « C’est la première fois de ma vie que je vais manifester. Je suis déjà écœurée par la réforme des programmes et voilà qu’on choisit cette journée de grève pour nous en rajouter ! » Outrée par l’idée qu’on l’accuse de noter au faciès, elle disait passer en moyenne 15 à 20 minutes par copie pour corriger minutieusement les rédactions des élèves, assurant qu’un 11 ne valait pas un 15, ni un 15 un 19 ! Quant à abandonner le zéro, ce serait la porte ouverte à tous les devoirs non faits non sanctionnés, disait-elle.
Les jeunes Français étant semble-t-il les plus anxieux, avec les Japonais et les Coréens, ce système aurait « l’avantage de ne plus classer les élèves du premier au tout dernier de la classe. Une dernière place souvent synonyme d’humiliation inutile », disent les pédagogues. Que les jeunes Français soient anxieux à l’école, c’est une évidence. Que cela soit dû à la notation n’est en revanche pas certain du tout. On peut imaginer que c’est, au contraire, l’abandon de la méritocratie autant que le refus de valoriser les filières d’apprentissage, ou de reconnaître l’excellence, par exemple, qui créent l’anxiété en envoyant le troupeau vers des fourre-tout abstraits ou beaucoup ne trouvent pas leur voie et perdent tout espoir d’avenir.
Au train de l’utopie folle où vont les choses, on peut aussi imaginer – à l’instar des CV anonymes réclamés par certains – un monde scolaire où les maîtres ne connaîtraient ni le nom ni le visage des enfants. Devoirs anonymes, enseignant séparé des élèves par une vitre opaque, classe en silence pour qu’aucun accent ne vienne trahir l’origine, pas de notes à l’arrivée… Mais, au fait, cela existe déjà : planquons tous les gamins derrière un écran, désignons les par un numéro et le tour sera joué !