Emmanuel Galiero
Durant l'université d'été du Front
national à Marseille, la députée du Vaucluse a expliqué pourquoi
elle croyait en l'engagement de Jean-Marie Le Pen en faveur d'un
apaisement des tensions
Marion Maréchal-Le Pen, députée du
Vaucluse et candidate aux élections régionales en Paca, n'a pas
semblé inquiète samedi face à l'hypothèse éventuelle d'une
dissidence de son grand-père. Tout au long de cette journée,
ponctuée d'interrogations sur le débarquement surprise de
Jean-Marie Le Pen, la question n'a pas cessé d'agiter les
conversations.
Dans la foule médiatique, la jeune
élue de Paca est apparue plutôt apaisée sur l'éventualité d'une
concurrence susceptible de gêner sa candidature régionale mais
également sur les ambitions du président d'honneur. «J'ai entendu
parler d'une potentielle liste dissidente, a-t-elle confié,
Jean-Marie Le Pen a confirmé, aujourd'hui encore, et il l'avait dit
publiquement, qu'il ne mènerait pas de liste dissidente. Je crois
que dans ces conditions, nous n'avons pas à craindre qu'il le
fasse.» Sans la présence de Jean-Marie Le Pen, la députée du
Vaucluse a affirmé ne pas voir «quel pourrait être le destin»
d'une telle liste en dissidence. «Surtout, a-t-elle ajouté, que je
ne suis pas convaincue que l'étendard «pas content-vengeance» soit
particulièrement mobilisateur.»
Le bébé et l'eau du bain
Marion Maréchal-Le Pen a réaffirmé
publiquement qu'elle n'était pas «en rupture» avec son grand-père
et qu'elle continuait à lui «parler», précisant: «Je fais la
distinction entre le conflit qui l'oppose aujourd'hui à la direction
du Front national et la personne. Je ne suis pas de celles qui
jettent le bébé avec l'eau du bain. Je sais ce qu'on lui doit en
Paca et même en France. Je sais ce qu'il a contribué à faire ici,
je sais le courage qui a été le sien. Et tout cela, j'assume
parfaitement d'en être l'héritière, la continuation, en espérant
pouvoir améliorer et aller encore plus loin.»
Marion Maréchal-Le Pen a semblé
convaincue d'avoir été entendue par le président du groupe
frontiste de la région, d'autant qu'elle s'était déjà exprimée
clairement sur le sujet la veille, lors de la présentation de sa
campagne à Marseille. Et parce que ses messages auraient été bien
perçus par le président d'honneur, celui-ci aurait misé samedi sur
l'apaisement des tensions.
Apaisement
«Je ne crois pas qu'il compte venir, a
ajouté la secrétaire départementale, il a parfaitement pris
conscience qu'aujourd'hui, il est dans un rôle d'apaisement et qu'il
en sort grandi.» La rumeur d'un accord concernant certaines
investitures en Paca soutenues par le fondateur du FN a circulé dans
les travées.
Certains fidèles historiques et
probables émissaires de Jean-Marie Le Pen, présents à l'université
du parc Chanot, ont confirmé que l'adhérent exclu du parti, était
plutôt dans une phase de conciliation. Ils considéraient cependant
que personne ne pouvait prédire l'avenir, ni les conséquences de
cette crise sur les esprits au sein du Front. Selon eux, Jean-Marie
Le Pen, «profondément meurtri», pourrait encore réagir à la
«moindre provocation» et chacun devait faire en sorte de «tenir
ses troupes» pour éviter de relancer une crise dont les ombres ont
hanté la première journée de l'université d'été du Front
national.