.

.

dimanche 13 septembre 2015

Victoire massive du radical Jeremy Corbyn à la tête du Labour party



Victoire massive du radical Jeremy Corbyn à la tête du Labour party
 Florentin Collomp
 
Le candidat de la gauche de la gauche a été élu avec 59,5% des voix nouveau leader de l'opposition. Une victoire qui fait grincer des dents au sein de son parti, où une majorité d'élus le jugent bien trop à gauche.

Une victoire sans appel. Jeremy Corbyn, 66 ans, est porté à la tête du Parti travailliste par 59,5% des voix des militants. L'outsider issu de la gauche de la gauche du parti, sur lequel personne n'aurait misé un penny il y a trois mois, enfonce ses trois rivaux Andy Burnham (19%), Yvette Cooper (17%) et Liz Kendall (4,5%). Il leur a rendu hommage dans son discours de victoire, signe de sa volonté affichée d'unir le parti, très divisé, derrière lui. Malgré le vote massif des militants en sa faveur, l'immense majorité des élus travaillistes lui étaient hostiles durant la campagne.

Corbyn compte maintenant miser sur l'extraordinaire essor du nombre de militants, qui a plus que doublé à l'occasion de cette élection du leader, pour replacer un Parti travailliste fermement ancré à gauche sur l'échiquier politique. La page du «blairisme» est désormais refermée. La gauche britannique laisse de côté le pragmatisme réformiste pour renouer avec une vision ferme sur ses principes.

Une «société meilleure et plus juste»

Dans un discours passionné devant un congrès spécial du parti à Londres, le nouveau leader antiaustérité a plaidé pour une «société meilleure et juste pour tous». «Les gens en ont marre des inégalités, des injustices, de la pauvreté. Les Tories ont utilisé la crise économique de 2008 pour imposer un terrible fardeau sur les gens de ce pays. Ce n'est pas juste, ce n'est pas nécessaire, et cela va changer», a-t-il promis. Le pacifiste s'est également enflammé pour la «paix dans le monde» et pour un accueil digne et généreux des réfugiés du Moyen-Orient. Il prévoyait de rejoindre dans l'après-midi une manifestation de soutien aux migrants à Londres.

Corbyn, qui avait exceptionnellement revêtu un costume pour l'occasion, s'en est aussi pris aux médias, accusés d'attaques «vicieuses» contre son prédécesseur Ed Miliband, déjà surnommé «Ed le rouge» alors qu'il incarnait une vision autrement plus rose pâle que le socialisme pur et dur assumé de Corbyn. Il appelle le Labour, défait aux élections législatives de mai, à repartir à l'offensive pour reconquérir le pays, y compris en Ecosse, d'où il a été éradiqué par le Scottish National Party.

Rébellion

Dans la salle de conférence, les mines étaient parfois tendues chez les caciques du parti. Ces derniers vont devoir avaler les couleuvres s'ils ne veulent pas entrer tout de suite en rébellion contre le leadership. Certains ne cachent pas leurs intentions de résister à cette nouvelle direction et ne misent pas sur la longévité du chef élu samedi. Il va désormais s'atteler à trouver suffisamment d'alliés pour composer son «shadow cabinet», le gouvernement fantôme de l'opposition.

Jeremy Corbyn est député du quartier d'Islington, au nord de Londres depuis trente-deux ans, durant lesquels il a voté à plus de 500 reprises contre la ligne du Parti travailliste. Il n'a jamais occupé de responsabilités nationales. Il affrontera David Cameron pour la première fois mercredi dans le traditionnel échange hebdomadaire entre premier ministre et leader de l'opposition à la Chambre des communes.