Vincent Lamigeon
A 190 milliards de dollars en 2015, les
dépenses militaires de Pékin représentent désormais quatre fois celles
de la France. Un positionnement stratégique plus offensif ?
La Chine sera-t-elle un jour la principale puissance militaire mondiale ? Si le scénario n’est pas encore à l’ordre du jour, Pékin s’impose chaque année un peu plus comme l’autre géant mondial de la défense, aux côtés des Etats-Unis. Selon une étude du cabinet d’analyses IHS publiée ce mercredi 2 septembre, les dépenses militaires chinoises auront doublé sur la décennie 2010-2020, de 134 milliards à plus de 260 milliards de dollars en 2020, soit un investissement total de près de 2.000 milliards sur la période. "Nous devrions voir une croissance moyenne de 7% par an", souligne Craig Caffrey, analyste chez IHS Jane’s Defence Budgets.
Défilé de 12.000 soldats
Pour parfaire sa démonstration de force, Pékin organise jeudi 3 septembre un défilé militaire géant pour fêter les 70 ans de la capitulation japonaise. 12.000 soldats, 500 pièces d'équipements, 200 avions militaires défileront devant 17 délégations d'Asie, d'Europe, d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du Nord et du Sud. 850.000 habitants ont été mobilisés pour patrouiller dans la ville de Pékin. Des faucons et des singes ont même été appelés à la rescousse pour éviter que les oiseaux ne troublent le défilé.
Certes, cette hausse des dépenses militaires est à mettre en perspective avec le PIB chinois : le budget de défense ne représente encore que 1,7% de celui-ci, un chiffre raisonnable, comparable au ratio constaté dans plusieurs pays de l’Otan comme la France ou le Royaume-Uni. Mais en valeur absolue, l’investissement chinois est impressionnant : avec 190 milliards de budget militaire en 2015, il représente à lui seul 11% des dépenses de défense mondiales, pèse quatre fois le budget de défense français (52 milliards selon IHS), et n’est devancé que par les 587 milliards de dollars du budget américain, encore intouchable.
Second porte-avions
Si le discours officiel martèle que les forces chinoises n’ont d’autre objectif que la défense du territoire national, le pays s’est engagé dans des programmes industriels qui musclent clairement ses capacités de projection. La Chine construit actuellement un second porte-avions, après avoir admis au service actif fin 2012 le Liaoning, issu d'un bâtiment inachevé vendu en 1998 par l'Ukraine, le Varyag. Elle développe deux programmes de chasseurs, le Chengdu J-20 et le Shenyang J-31, concurrent du F-35 américain. Le nombre de ses sous-marins (propulsion nucléaire et diesel confondus) a dépassé celui de l’US Navy, qui en possède 71, a reconnu le vice-amiral américain Joseph Mulloy en février dernier.
La presse chinoise a aussi évoqué en juillet un projet de bombardier stratégique furtif, qui afficherait un rayon d’action de 8.000 km et une capacité d’emport de 10 tonnes de bombes. Pékin a lancé une nouvelle génération de frégates furtives, dite type 56, un nouvel avion de transport militaire (Xi’an Y-20). Le pays développe également un nouveau missile stratégique balistique, le JL-2, dont les Etats-Unis estiment la portée à 14.000 km.
Dépendance à la Russie
Faut-il voir dans ces investissements une volonté de la Chine de devenir le nouveau gendarme du monde ? "Il n’y a pas de volonté chinoise de s’imposer comme une superpuissance à l’échelle planétaire, car le pays a trop de problèmes domestiques à gérer, assure Jean-François Dufour, directeur de DCA Chine-Analyse, spécialiste du pays. En revanche, cette montée en puissance correspond à une volonté de sécuriser ses approvisionnements en pétrole, et l’accès à ses ports via la mer de Chine du sud."
La puissance militaire chinoise est d’ailleurs à relativiser. Si Pékin met l’accent sur la production d’équipements nationaux, le pays dépend encore largement des importations. Elle est même passée du cinquième au troisième rang mondial des importateurs de 2013 à 2014, selon IHS. "La Chine continue de demander l’assistance de la Russie sur l’aéronautique militaire", pointe Paul Burton, analyste chez IHS Jane’s. Une sorte de double jeu, dans lequel Pékin achète des équipements militaires russes, mais ne se prive pas de les copier sans vergogne, comme elle l’a fait pour le chasseur Su-27.
La Chine sera-t-elle un jour la principale puissance militaire mondiale ? Si le scénario n’est pas encore à l’ordre du jour, Pékin s’impose chaque année un peu plus comme l’autre géant mondial de la défense, aux côtés des Etats-Unis. Selon une étude du cabinet d’analyses IHS publiée ce mercredi 2 septembre, les dépenses militaires chinoises auront doublé sur la décennie 2010-2020, de 134 milliards à plus de 260 milliards de dollars en 2020, soit un investissement total de près de 2.000 milliards sur la période. "Nous devrions voir une croissance moyenne de 7% par an", souligne Craig Caffrey, analyste chez IHS Jane’s Defence Budgets.
Défilé de 12.000 soldats
Pour parfaire sa démonstration de force, Pékin organise jeudi 3 septembre un défilé militaire géant pour fêter les 70 ans de la capitulation japonaise. 12.000 soldats, 500 pièces d'équipements, 200 avions militaires défileront devant 17 délégations d'Asie, d'Europe, d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du Nord et du Sud. 850.000 habitants ont été mobilisés pour patrouiller dans la ville de Pékin. Des faucons et des singes ont même été appelés à la rescousse pour éviter que les oiseaux ne troublent le défilé.
Certes, cette hausse des dépenses militaires est à mettre en perspective avec le PIB chinois : le budget de défense ne représente encore que 1,7% de celui-ci, un chiffre raisonnable, comparable au ratio constaté dans plusieurs pays de l’Otan comme la France ou le Royaume-Uni. Mais en valeur absolue, l’investissement chinois est impressionnant : avec 190 milliards de budget militaire en 2015, il représente à lui seul 11% des dépenses de défense mondiales, pèse quatre fois le budget de défense français (52 milliards selon IHS), et n’est devancé que par les 587 milliards de dollars du budget américain, encore intouchable.
Second porte-avions
Si le discours officiel martèle que les forces chinoises n’ont d’autre objectif que la défense du territoire national, le pays s’est engagé dans des programmes industriels qui musclent clairement ses capacités de projection. La Chine construit actuellement un second porte-avions, après avoir admis au service actif fin 2012 le Liaoning, issu d'un bâtiment inachevé vendu en 1998 par l'Ukraine, le Varyag. Elle développe deux programmes de chasseurs, le Chengdu J-20 et le Shenyang J-31, concurrent du F-35 américain. Le nombre de ses sous-marins (propulsion nucléaire et diesel confondus) a dépassé celui de l’US Navy, qui en possède 71, a reconnu le vice-amiral américain Joseph Mulloy en février dernier.
La presse chinoise a aussi évoqué en juillet un projet de bombardier stratégique furtif, qui afficherait un rayon d’action de 8.000 km et une capacité d’emport de 10 tonnes de bombes. Pékin a lancé une nouvelle génération de frégates furtives, dite type 56, un nouvel avion de transport militaire (Xi’an Y-20). Le pays développe également un nouveau missile stratégique balistique, le JL-2, dont les Etats-Unis estiment la portée à 14.000 km.
Dépendance à la Russie
Faut-il voir dans ces investissements une volonté de la Chine de devenir le nouveau gendarme du monde ? "Il n’y a pas de volonté chinoise de s’imposer comme une superpuissance à l’échelle planétaire, car le pays a trop de problèmes domestiques à gérer, assure Jean-François Dufour, directeur de DCA Chine-Analyse, spécialiste du pays. En revanche, cette montée en puissance correspond à une volonté de sécuriser ses approvisionnements en pétrole, et l’accès à ses ports via la mer de Chine du sud."
La puissance militaire chinoise est d’ailleurs à relativiser. Si Pékin met l’accent sur la production d’équipements nationaux, le pays dépend encore largement des importations. Elle est même passée du cinquième au troisième rang mondial des importateurs de 2013 à 2014, selon IHS. "La Chine continue de demander l’assistance de la Russie sur l’aéronautique militaire", pointe Paul Burton, analyste chez IHS Jane’s. Une sorte de double jeu, dans lequel Pékin achète des équipements militaires russes, mais ne se prive pas de les copier sans vergogne, comme elle l’a fait pour le chasseur Su-27.