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jeudi 10 septembre 2015

Daech ne concerne pas les USA, préoccupés de contenir Moscou



Daech ne concerne pas les USA, préoccupés de contenir Moscou
 Aristide Leucate
 
L’hypocrisie moralisatrice des Européens n’a d’autre borne que la duplicité tactique des Américains, transformant les uns en serviles laquais des autres qui n’hésitent à en demander davantage dans l’avilissement volontaire.

La Bulgarie et la Grèce auraient ainsi refusé à la Russie le survol de leurs États respectifs par ses avions, motif pris que ces derniers transporteraient des armes ou tout autre chargement « non humanitaire » à destination du régime honni de Bachar el-Assad. En d’autres termes, les États-Unis ne s’y prendraient pas autrement pour ralentir ou empêcher le régime syrien de ne pas succomber aux assauts quotidiens de l’État islamique. Précisons, pour être complet, que la Bulgarie est membre de l’OTAN depuis une dizaine d’année, tandis qu’après bien des vicissitudes, la Grèce l’a réintégrée en 1980.

De ce point de vue, Vladimir Poutine est fondé à fustiger l’Europe et son suivisme aveugle du Grand Sam. Ainsi, lors d’une conférence de presse en marge du Forum économique de Vladivostok, le 4 septembre dernier, le président russe a fermement condamné la « politique étrangère erronée » des Européens, « en particulier dans les régions du monde musulman, dans les régions du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord », « [cette] politique des standards qui sont imposés au mépris des particularités historiques, religieuses, nationales et culturelles de ces régions. C’est avant tout, bien sûr, la politique de nos partenaires américains. Et l’Europe suit aveuglément cette politique, dans le cadre de ses soi-disant obligations en tant qu’alliée. Et ensuite c’est elle qui en porte le fardeau. »

Bien que la vieille Europe soit en proie à toutes les sauvageries d’une déferlante migratoire sans précédent, celle-ci, par la voix de responsables à l’inconséquente pusillanimité, s’obstine à ressasser son dogme mortel des droits de l’homme, en prônant des mesurettes sans effets réels sur les théâtres d’opérations concernés. Ainsi, la décision élyséenne de bombarder Daech sans, d’une part, dépêcher un contingent armé sur place et sans, d’autre part, prendre utilement appui sur le pouvoir de Damas, revient à camper au milieu du gué.

Dans Le Figaro (8 septembre), Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Église en détresse et bon connaisseur de la région, s’interroge avec véhémence sur la volonté de l’Europe d’en finir définitivement avec l’État islamique : « Si on voulait résoudre le problème, il faudrait exiger de la péninsule Arabique, de la Turquie et de l’Occident qu’ils cessent de soutenir les djihadistes rassemblés dans le nord-est syrien et réunir autour de la table tous les acteurs de cette crise, y compris les Iraniens, les Russes et l’État syrien. »

C’est sans compter sur la Maison-Blanche, qui entend rester maître de ce jeu trouble au Moyen-Orient, profitant autant de la mollesse de l’Union européenne que de la nouvelle donne stratégique que constitue le rétablissement de ses relations avec l’Iran chiite. Soit une manière de conserver la Russie – alliée de l’État perse et de la Syrie – sous « contrôle » diplomatique et ne surtout pas lui laisser le moindre leadership. Pendant ce temps, la Turquie poursuit ses assauts contre les Kurdes et l’État islamique bombarde ses « migrants » sur l’Europe.

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