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mercredi 2 septembre 2015

Présidentielle de 2017 : la balle au centre ?



Présidentielle de 2017 : la balle au centre ?
 Alexandre Vatimbella
 
Pour Alexandre Vatimbella, le vainqueur de la présidentielle de 2017 sera celui qui saura parler au plus grand nombre d'électeurs « centristes », dans le spectre allant de Valls à Juppé.

L'électorat central devrait faire la prochaine présidentielle. Lors de la prochaine élection présidentielle, le premier tour, pour la première fois, sera décisif. Ainsi, le ou la finaliste face à la probable Marine Le Pen sera sûr de l'emporter.

Dès lors, comme nous le disent les sondages et, à moins d'événements dramatiques ou d'une situation particulièrement anxiogène, c'est l'électorat central qui fera le prochain hôte de l'Elysée.

Ce que j'entends par central, c'est l'électorat qui va d'Alain Juppé à Manuel Valls et qui est majoritaire dans le pays mais aussi dans chaque camp lorsque l'on regarde les enquêtes d'opinion actuelles, notamment la dernière réalisée par l'IFOP pour le JDD. Elle confirme ces prédécesseures en plaçant en tête Valls à gauche à 35% et Juppé à droite et au centre-droit à 40%.

Ainsi, à droite et au centre-droit, Alain Juppé devance Nicolas Sarkozy et les autres prétendants de la primaire LR plus marqués idéologiquement, tout comme le fait à gauche et au centre-gauche, Manuel Valls face à tous les autres socialistes.

Même le social-traître cher à Mélenchon et autres populistes de la gauche de la gauche, Emmanuel Macron, obtient de très bons scores en termes de soutien par la frange de l'électorat central qui se situe à gauche comme l'a révélé un sondage Odoxa pour Le Parisien, confirmant la place importante que cette frange tient et va tenir en 2017. Ce qui distingue ces électeurs, c'est leur refus des extrêmes mais aussi des radicaux.

Non seulement ils ne veulent pas voir au pouvoir l'extrême-droite et l'extrême-gauche, mais ils rejettent largement la radicalité à droite comme à gauche. On le voit bien, par exemple, avec la popularité d'Alain Juppé dans une partie non-négligeable de l'électorat central de gauche mais aussi de Manuel Valls, moindre il est vrai, chez l'électorat central de droite et du centre.

Donc, celui qui saura parler à tout cet électorat aura de grandes chances de l'emporter en 2017 si la situation actuelle perdure, c'est-à-dire si Marine Le Pen demeure haute dans les sondages et préempte une des places de finaliste et que la gauche radicale et extrémiste demeure à un étiage bas mais suffisant avec les écologistes populistes style Duflot, pour mettre des bâtons dans les roues du candidat socialiste.

Que ce soit, donc, à droite, à gauche (et au centre…), les prétendants à l'Elysée devront ratisser large au premier tour dans cet électorat central et, surtout, s'assurer par leurs programmes, qu'ils pourront récupérer tous les électeurs ou une grande partie d'entre eux positionnés centralement.

Si l'on estime que ce scénario est le plus plausible et non celui qui est d'aller chercher aux extrêmes les voix qui vont manquer (la stratégie de Nicolas Sarkozy de débaucher des électeurs du FN et celle de Hollande de miser sur les électeurs du Front de gauche pour faire barrage à Sarkozy), alors Alain Juppé à droite et Manuel Valls à gauche sont les deux candidats «naturels» de leurs camps.

On sait qu'Alain Juppé est candidat à la primaire de LR (et en indépendant si celle-ci n'est pas organisée honnêtement). Ce n'est pas le cas de Manuel Valls.

Au cas où François Hollande se représenterait, il partirait avec un handicap énorme puisqu'il n'est pas, actuellement, en position d'agréger une partie suffisante de cet électorat central face à Alain Juppé pour pouvoir espérer être présent au second tour. Quant à Nicolas Sarkozy, il peut bénéficier d'un rejet de la majorité actuelle pour s'imposer malgré tout comme le deuxième qualifié pour le second tour.

A moins que l'embellie économique continue, que le chômage baisse et qu'Hollande doive laisser sa place à Valls. Le constat de l'importance de cet électorat central montre, à l'inverse de ce qui se passe en Grèce ou en Espagne (aux dernières élections municipales), que les Français ne sont pas prêts à confier les clés du pouvoir à des démagogues populistes.

Et ceux qui, tant au PS qu'à LR, voudraient trop épouser leurs thèses à des fins électorales pourraient en payer le prix de la défaite.
notes
Alexandre Vatimbella est un journaliste français. Il est, depuis 2008, directeur de la rédaction de l'agence de presse LesNouveauxMondes.org, qui est spécialisée sur les pays émergents et la mondialisation. Il est également le directeur du Crec (Centre d'étude & de recherche du centrisme), un centre indépendant sur la pensée politique centriste, avec le site Le Centrisme. 

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