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dimanche 30 octobre 2005

Les faux miroirs du système

Dimanche, 30 Octobre 2005
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Les faux miroirs du système

Philippe Delbauvre

Politique
Le gouvernement qui dirige la politique française est un gouvernement de coalition. Non pas que je fasse référence à l'UDF, groupement sur lequel je me suis déjà exprimé lors d'un article précédent (A quoi sert l'UDF ?), mais plutôt à l'UMP et à ses deux tendances principales incarnées par les présences de Sarkozy et de Villepin. Je ne pense pas qu'il s'agisse dans les deux cas de convictions sincères mais davantage de choix tactiques afin d'atteindre la plus haute marche de l'état. Le ministre de l'intérieur a choisi depuis longtemps le modèle américain sans chercher à le dissimuler. Après l'apologie du self made man, l'éloge de la culture américaine, le voici prônant la discrimination positive. Cela ne l'empêche pas pour autant de se déclarer favorable aux droits de vote des immigrés, façon de se démarquer à droite et d'embarrasser la gauche où les promesses dans ce domaine sont restées lettre morte. Nicolas Sarkozy oublie qu'outre atlantique il faut prêter serment pour adopter la nationalité américaine. Qu'importe, tout et bon pour troubler l'échiquier politique et faire parler de lui. Pourtant, les parlementaires ump ne l'entendent pas de cette oreille et semblent se demander comment va se terminer cette farce. Le ministre de l'intérieur est devenu un habitué des changements de cap: après avoir souhaité un passage au karcher, le même homme au même endroit est venu apporter des capitaux.

A moins d'être naif on ne peut faire confiance à cet homme là qui incarne la droite au sein du gouvernement. On peut aussi se demander si ce n'est pas pour lui que le vicomte De Villiers roule, soucieux de ratisser dès le premier tour des voix qui ne lui appartiennent pas. Nombre d'électeurs du front national sont soucieux de rétablir l'intégrité en politique, démarche noble qui ne passe par aucun de ces deux hommes.

Difficile de trahir plus d'ailleurs que ne l'a fait le maire de Neuilly.

Il en est de même en économie où toutes les voiles du vaisseau libéral sont déployées.

Ainsi on ne va pas assez vite dans les différents secteurs alors même que les français souhaiteraient une pause. Comme le faisait remarquer Devedjan, lieutenant de Sarkozy, il faut en finir avec le tout gratuit: là encore, il y a désaccord avec le peuple français qui veut voir disparaître la spirale du tout payant. Bref, avec ce courant au sein du gouvernement, c'est la droite qui s'exprime sans aucun complexe. C'est une autre mélodie qu'entonnent et Jacques Chirac et Dominique De Villepin, soucieux de représenter le juste milieu et la préservation de l'équilibre social. Ils représentent donc la gauche du gouvernement, soucieuse de mettre un bémol au libéralisme échevelé. Soyons honnêtes: dans les deux cas l'objectif reste le même, seul les moyens utilisés ainsi que le temps attribué aux réformes changent. L'équipage derrière Jacques Chirac représente la gauche tout simplement parce qu'il côtoie la droite libérale et patronale qui ne se cache pas derrière de déclarations de bonnes intentions. Et le parti socialiste me demanderez vous ? Et bien c'est la gauche chiraquienne. En effet, si François Hollande et ses amis sont aussi discrets dans l'opposition, on peut être certain qu'au pouvoir ils feront la même politique. Les surenchères gauchisantes voire gauchistes sont simplement liées à la proximité d'un congrès où devant les militants il faut faire bonne figure. Comme à l'accoutumé, ceux-ci crieront au scandale une fois les promesses oubliées. Ce qui est à retenir c'est ce resserrement de l'échiquier politique où comme outre atlantique on vote pour un homme, les partis démocrate et républicain n'étant que deux équipes jouant le même jeu.


vendredi 14 octobre 2005

Kafka en Corse

Vendredi, 14 Octobre 2005
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Kafka en Corse

Philippe Delbauvre

Politique
On ne comprend pas. D'ailleurs aucun nationaliste sensé ne peut comprendre ce qui vient d'arriver en Corse suite à la volonté gouvernementale de privatiser la SNCM. Entre nos soldats qui furent longtemps qualifiés "de la paix" (paisibles ?!!) et qui servirent, gros contingents à l'appui, l'ONU que De Gaulle à juste titre appelait le machin, en servant de cibles mais aussi par leur présence de caution, et les GIGN, commandos de marine (nageurs de combat) réquisitionnés pour chasser du syndicaliste, il n'y a plus rien à comprendre sur le moment. Dieu merci, l'analyse est là pour décrypter ce décalage où l'on trouve là où on devait trouver ce qui ne devait pas être et réciproquement. L'état peut être fort. Il vient de le montrer. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Les constantes reviennent: fort à l'intérieur comme il est faible à l'extérieur, davantage motivé par les problèmes de finance que par la sécurité publique. Il n'est pas besoin d'ouvrir un code pénal pour constater qu'un délit économique à l'encontre de l'état est bien plus sanctionné qu'un crime de sang. Paradoxalement, l'état qui laisse échapper ses prisonniers et se trouve dans l'incapacité à mettre fin aux agissements des groupes mafieux locaux, est le même qui vous envoie ponctuellement ses feuilles d'impôts et parvient à vous retrouver en cas de problème. La mémoire longue dans ce cas, plusieurs années après, des indus vous seront réclamés.

Le problème est ici tout autre quoique participant de la même logique. Quels sont les faits ? Une société nationalisée est privatisée comme c'est le cas pour beaucoup d'autres comme chacun aura pu le remarquer. Je préfère utiliser le terme de dénationalisation, même si dans mon esprit, il n'a pas ici de connotations économiques. Maurras écrivait que tout ce qui et national est notre. Voilà une phrase assez connue mais aussi consensuelle dans les milieux nationalistes. Ce que le gouvernement tente de faire, comme à l'accoutumé est de nous priver de ce qui est notre, bref de ce ce qui nous appartient.
Pourtant, il me semble que la mission des plus hautes instances de l'état ont pour mission de coordonner les actions des différents intervenants situés à différents stades afin d'assurer le bien commun de l'ensemble de la nation. Trahissant sa vocation naturelle, le gouvernement fut remplacé de facto par un groupe formé de nationalistes et de cégétistes, obéissant au principe de flagrance qui permet à tout national d'intervenir et de se substituer à l'état lorsqu'on se trouve en présence d'un délit.

Si les conditions d'application de ce principe légal ne sont pas valides dans le cas qui nous préoccupe, il n'en reste pas moins que, dans le principe, force est de constater, qu'en s'opposant à la privatisation, c'est la dénationalisation qui fut compromise et en conséquence une partie de notre bien à tous qui fut protégé. Ce qui est kafkaïen dans cet épisode où le gouvernement n'est une fois de plus pas sorti grandi, c'est outre l'envoi de troupes de choc, l'émergence d'une situation où les rôles sont inversés, l'état trahissant le pays et quelques particuliers devenant les garants de l'intérêt national.

Symptomatique.