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vendredi 14 octobre 2005

Kafka en Corse

Vendredi, 14 Octobre 2005
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Kafka en Corse

Philippe Delbauvre

Politique
On ne comprend pas. D'ailleurs aucun nationaliste sensé ne peut comprendre ce qui vient d'arriver en Corse suite à la volonté gouvernementale de privatiser la SNCM. Entre nos soldats qui furent longtemps qualifiés "de la paix" (paisibles ?!!) et qui servirent, gros contingents à l'appui, l'ONU que De Gaulle à juste titre appelait le machin, en servant de cibles mais aussi par leur présence de caution, et les GIGN, commandos de marine (nageurs de combat) réquisitionnés pour chasser du syndicaliste, il n'y a plus rien à comprendre sur le moment. Dieu merci, l'analyse est là pour décrypter ce décalage où l'on trouve là où on devait trouver ce qui ne devait pas être et réciproquement. L'état peut être fort. Il vient de le montrer. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Les constantes reviennent: fort à l'intérieur comme il est faible à l'extérieur, davantage motivé par les problèmes de finance que par la sécurité publique. Il n'est pas besoin d'ouvrir un code pénal pour constater qu'un délit économique à l'encontre de l'état est bien plus sanctionné qu'un crime de sang. Paradoxalement, l'état qui laisse échapper ses prisonniers et se trouve dans l'incapacité à mettre fin aux agissements des groupes mafieux locaux, est le même qui vous envoie ponctuellement ses feuilles d'impôts et parvient à vous retrouver en cas de problème. La mémoire longue dans ce cas, plusieurs années après, des indus vous seront réclamés.

Le problème est ici tout autre quoique participant de la même logique. Quels sont les faits ? Une société nationalisée est privatisée comme c'est le cas pour beaucoup d'autres comme chacun aura pu le remarquer. Je préfère utiliser le terme de dénationalisation, même si dans mon esprit, il n'a pas ici de connotations économiques. Maurras écrivait que tout ce qui et national est notre. Voilà une phrase assez connue mais aussi consensuelle dans les milieux nationalistes. Ce que le gouvernement tente de faire, comme à l'accoutumé est de nous priver de ce qui est notre, bref de ce ce qui nous appartient.
Pourtant, il me semble que la mission des plus hautes instances de l'état ont pour mission de coordonner les actions des différents intervenants situés à différents stades afin d'assurer le bien commun de l'ensemble de la nation. Trahissant sa vocation naturelle, le gouvernement fut remplacé de facto par un groupe formé de nationalistes et de cégétistes, obéissant au principe de flagrance qui permet à tout national d'intervenir et de se substituer à l'état lorsqu'on se trouve en présence d'un délit.

Si les conditions d'application de ce principe légal ne sont pas valides dans le cas qui nous préoccupe, il n'en reste pas moins que, dans le principe, force est de constater, qu'en s'opposant à la privatisation, c'est la dénationalisation qui fut compromise et en conséquence une partie de notre bien à tous qui fut protégé. Ce qui est kafkaïen dans cet épisode où le gouvernement n'est une fois de plus pas sorti grandi, c'est outre l'envoi de troupes de choc, l'émergence d'une situation où les rôles sont inversés, l'état trahissant le pays et quelques particuliers devenant les garants de l'intérêt national.

Symptomatique.