Mardi, 6 Novembre 2007 |
Les vices privés font les vertus publiques
Philippe Delbauvre | Politique |
Ah, mais c'est qu'on nous l'avait dit, et juré, et craché, et ce à l'aide d'un de ces raisonnements définitifs ayant valeur de preuve dont les économistes libéraux – comprenez capitalistes – ont le secret: en faisant jouer la concurrence, on parvient tout naturellement à faire baisser les prix et ce pour le grand bien grand bien de tous. C'est ainsi que, forcément, « les vices privés font les vertus publiques », pensée de cigale dans le monde et sous le règne des fourmis.
La concurrence entre les distributeurs devrait en effet, théoriquement, conduire ceux ci à se livrer à une guerre sans merci de manière à ce que chaque produit soit vendu au prix le plus bas du marché, l'enseigne victorieuse étant celle qui épargnerait le plus la bourse du consommateur, tout ravi de l'aubaine.
Pour ce faire, il est nécessaire, puisque les vendeurs sont en fait des revendeurs, de se procurer les produits initiaux au prix le plus bas chez les fournisseurs: c'est ce qui est fait - et c'est le premier hic dans cette histoire - grâce aux délocalisations où l'on fait appel ailleurs à une main d'oeuvre moins onéreuse entraînant de facto du chômage ici et donc une baisse de pouvoir d'achat. C'est le premier effet pervers d'un système censé nous apporter davantage.
Chacun des revendeurs doit également minimaliser ses coûts médians, ce qui le pousse à pratiquer la stagnation des rémunérations de la majeure partie de ses employés, mais aussi à ne pas employer voire à licencier à l'aide de l'optimisation de l'aménagement interne. Voici le second effet pervers de ce système où là encore, les employés paient littéralement la diminution du coût.
A ce stade, rien ne serait perdu si la guerre entre enseignes se faisait conformément aux principes libéraux: « concurrence pure et parfaite » dixit la bible en ce domaine. Ici encore, mensonge: ce n'est pas parce que l'entente illicite n'est pas prouvée qu'elle n'existe pas. Au contraire, les prix sont alignés puisqu'il n'est pas difficile d'aller constater ceux pratiqués chez le concurrent. La marge bénéficiaire n'est donc pas tirée à la baisse mais à la hausse, ce que la ménagère sait très bien et quoiqu'en disent les économistes, ceux là mêmes qui nous affirment que nous n'en sommes qu'à deux millions de chômeurs, ce que chacun sait très bien être faux. C'est là, le troisième vice de forme.
D'où ces abonnements proposés par les Fai où les prix avancés sont approximativement les mêmes malgré de gros bénéfices. D'où les désastreuses conséquences de la privatisation du service des eaux se traduisant par une envolée des tarifs d'autant plus perverse que cette privatisation s'accompagne d'une absence de concurrence. D'où un système de santé où l'absence d'intervention de l'Etat se traduit par des zones où le corps médical est en situation de surnombre alors qu'en d'autres lieux il y a carence.
On ne peut ici que constater la faillite d'une idéologie politique faisant l'apologie d'un Etat simplement cantonné à ses tâches régaliennes.
Le pis est que le mouvement ne vient seulement de se mettre en marche que récemment. Voilà qui promet !
Article publié sur: http://www.voxnr.com
La concurrence entre les distributeurs devrait en effet, théoriquement, conduire ceux ci à se livrer à une guerre sans merci de manière à ce que chaque produit soit vendu au prix le plus bas du marché, l'enseigne victorieuse étant celle qui épargnerait le plus la bourse du consommateur, tout ravi de l'aubaine.
Pour ce faire, il est nécessaire, puisque les vendeurs sont en fait des revendeurs, de se procurer les produits initiaux au prix le plus bas chez les fournisseurs: c'est ce qui est fait - et c'est le premier hic dans cette histoire - grâce aux délocalisations où l'on fait appel ailleurs à une main d'oeuvre moins onéreuse entraînant de facto du chômage ici et donc une baisse de pouvoir d'achat. C'est le premier effet pervers d'un système censé nous apporter davantage.
Chacun des revendeurs doit également minimaliser ses coûts médians, ce qui le pousse à pratiquer la stagnation des rémunérations de la majeure partie de ses employés, mais aussi à ne pas employer voire à licencier à l'aide de l'optimisation de l'aménagement interne. Voici le second effet pervers de ce système où là encore, les employés paient littéralement la diminution du coût.
A ce stade, rien ne serait perdu si la guerre entre enseignes se faisait conformément aux principes libéraux: « concurrence pure et parfaite » dixit la bible en ce domaine. Ici encore, mensonge: ce n'est pas parce que l'entente illicite n'est pas prouvée qu'elle n'existe pas. Au contraire, les prix sont alignés puisqu'il n'est pas difficile d'aller constater ceux pratiqués chez le concurrent. La marge bénéficiaire n'est donc pas tirée à la baisse mais à la hausse, ce que la ménagère sait très bien et quoiqu'en disent les économistes, ceux là mêmes qui nous affirment que nous n'en sommes qu'à deux millions de chômeurs, ce que chacun sait très bien être faux. C'est là, le troisième vice de forme.
D'où ces abonnements proposés par les Fai où les prix avancés sont approximativement les mêmes malgré de gros bénéfices. D'où les désastreuses conséquences de la privatisation du service des eaux se traduisant par une envolée des tarifs d'autant plus perverse que cette privatisation s'accompagne d'une absence de concurrence. D'où un système de santé où l'absence d'intervention de l'Etat se traduit par des zones où le corps médical est en situation de surnombre alors qu'en d'autres lieux il y a carence.
On ne peut ici que constater la faillite d'une idéologie politique faisant l'apologie d'un Etat simplement cantonné à ses tâches régaliennes.
Le pis est que le mouvement ne vient seulement de se mettre en marche que récemment. Voilà qui promet !
Article publié sur: http://www.voxnr.com