La fin de l’homme blanc de Martin PELTIER(320 pages, éditions DIE, 2018), au prix de 27 € port compris (au lieu de 5,40 €) pour les abonnés de Jeune Nation, en envoyant un chèque de 27 € à l’ordre de DIE à l’adresse suivante : Diffusion International Edition – 24, Le FAY – 36170 PARNAC
Martin Peltier est une des personnalités majeures, depuis des décennies, de la droite nationale. Il a notamment dirigé National-Hebdo, et signe actuellement, toutes les semaines, dans Rivarol, sous le pseudonyme d’Hannibal, une truculente chronique de réflexions sur l’actualité. Martin Peltier a écrit de nombreux essais et romans. Au-delà du fond, intéressant, de la forme, plaisante, il faut bien reconnaître que Martin Peltier appartient à cette génération, qui a été à l’école dans les années 1950-60, lorsque l’on y apprenait des choses, qui sait écrire, c’est-à-dire bien écrire. Sa maîtrise exquise de la langue française est étonnante, et, il faut le déplorer, pratiquement disparue. Martin Peltier a donc écrit un roman historique La fin de l’homme blanc.
LA FIN DE L’HOMME BLANC, UN ROMAN HISTORIQUE SUR LE DEBUT DE SA FIN (DES LE DEBUT DU XXe SIECLE)
Le titre La fin de l’homme blanc pourrait certes faire penser à un essai racialiste contemporain ; il y aurait matière à dire à ce sujet, du reste significativement dangereux dans le régime de liberté très surveillée pour les idées vraiment dangereuses pour le Système. Or, ce n’est pas de cela qu’il s’agit, ou alors de manière très indirecte. L’auteur a écrit une forme de roman russe, avec une grande galerie de personnages, dont l’essentiel de l’action se déroule entre l’Exposition universelle de 1900 à Paris et la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Il faut saluer sur ces deux épisodes majeurs, la rigueur de l’effort de documentation, et le talent de la plume du conteur : les épisodes militaires terrestres et navals de la guerre russo-japonaise constituent des morceaux de bravoure qui placent Martin Peltier parmi nos plus grands écrivains contemporains. L’auteur protesterait certes, avec sa modestie coutumière, en alléguant de la nullité de la concurrence…Mais le fait demeure, le lecteur sent avec plaisir un véritable maître de notre langue à l’œuvre.
Cette période, du début du vingtième siècle, bien oubliée, il faut bien le reconnaître, a été marquée, du fait de la défaite inattendue de la Russie par le Japon, par le début des débats sur la « fin de l’homme blanc », qui pourtant paraît encore à cette époque dominer le monde. L’homme jaune, comme l’on disait franchement à l’époque, est donc très capable de vaincre l’homme blanc. Il en résulté des débats intenses en leur temps : ne s’agit-il que d’un phénomène ponctuel marginal, avec une armée russe trop loin de ses bases, aux confins de la Chine et la Corée, et mal commandée, face à des Japonais eux bien ravitaillés –par la mer- et correctement commandés ? Le Japon n’est-il pas lui-même un pays très particulier unique, et certainement pas un modèle reproductible ? On sait depuis que l’homme blanc peut être vaincu, souvent par manque de volonté après 1945.
Force est de constater, avec le recul, que l’homme blanc s’est livré à un suicide collectif, en particulier à l’occasion des deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945), puis n’a cessé depuis de capituler, en combattant de moins en moins, face aux agressions des autres races…Ainsi s’égrènent des holocaustes volontaires peu compréhensibles, comme ceux des Blancs d’Afrique du Sud (démantèlement de l’Apartheid de 1989 à 1994), ou la passivité totale de notre race face aux invasions massives en cours en Europe comme en Amérique du Nord blanche. Le narrateur s’arrête au seuil de ces drames les plus contemporains. Les épisodes les plus récents du roman évoquent la mort de l’héroïne, jeune sportive en 1900, seule et très âgée, dans les années 1970. Elle est alors une forme de fantôme d’un temps déjà très ancien et disparu, et qui n’en finit pas de vivre, d’une humeur variable. L’auteur joue dans son roman sur les différentes époques, avec jusqu’à un enquêteur des années 2000 –hommage aux romans policiers qu’il affectionne-, mais ce n’est que le prétexte à des traits d’humour, du reste réussis, notamment sur les adresses internet ridicules –voulues drôles- typiques de ces années-là.
HORTENSE, UNE HEROINE TRAGIQUE
Le roman suit une architecture complexe. Mais il reste facile à suivre. Le lecteur se passionne pour les aventures d’Hortense, le personnage principal. Introduite, ou s’introduisant elle-même, via le patronage de son parrain, le général Mollet-Laprune, chef de la maison militaire du président de la république Loubet (1899-1906), qui l’a élevée, elle a connu la bonne société internationale en 1900. Ces rencontres du gotha de l’Europe permettent des développements intéressants sur les élites et dirigeants de nombreux pays, comme la France, la Russie, le Royaume-Uni, l’Allemagne. Le portrait de Guillaume II, l’empereur d’Allemagne, inspiré de descriptions d’époque, s’avère particulièrement réussi. Ce personnage, par bien des aspects pittoresques, et au fond sympathique, a tout de même fait preuve d’une légèreté bien coupable à l’été 1914 en assurant l’Autriche-Hongrie de son plein et entier soutien, jusqu’à la guerre européenne. On sait ce qu’il est advenu.
De même, les hautes sphères politiques françaises de la Troisième République ne sont nullement épargnées : la France est dirigée, et conduite à l’abyme, par une franc-maçonnerie particulièrement sectaire. Le bon général Mollet-Laprune, qui se veut apolitique, loyal, démontre toute l’étendue de sa sottise politique ; cette cécité volontaire, commune chez les militaires, n’a pas cessé. Les radicaux au pouvoir sont des affairistes médiocres. L’époque est aussi celle de l’Affaire Dreyfus. Déjà, la gauche gouvernementale se définit comme le « camp de la Justice, du Bien », etc., excommuniant laïquement ses adversaires conservateurs. La fausse-droite tente déjà de s’excuser de ne pas être complètement de gauche, entamant un processus sans fin. Quant à la vraie opposition nationale, elle est déjà animée par quelques curieux sujets, comme cet Arthur Meyer, patron de presse, un « Juif patriote », espèce singulière, mais en 1900 (1901 précisément), bien sûr, converti au Catholicisme et antidreyfusard, autant de chose impensables de nos jours…
Hortense, comme il se doit dans un roman, a eu des amours tumultueuses. Le parrain militaire a été, malgré une affection et un dévouement sincères, un très mauvais modèle en ce domaine ; confier l’orpheline sous sa responsabilité, à sa vieille maîtresse, n’était vraiment pas une bonne idée. En creux, l’auteur prône évidemment la famille stable, traditionnelle. Et l’exemple est en effet décisif dans la bonne éducation des enfants. Hortense, jeune et belle, intelligente, déterminée, grande sportive, paraît en mesure de séduire n’importe qui. Mais réussira-t-elle à conquérir pour autant le choix de son cœur ? Et ce choix est-il du reste pertinent ? Les caprices du cœur peuvent égarer, et les hommes peuvent s’avérer à l’usage bien plus décevants que les apparences qu’ils composent.
Martin Peltier joue avec tous les codes du romanesque, du feuilleton à la mode 1900, ou des livrets des grands opéras de cette époque –on ne peut que songer à ceux de Puccini par exemple-. Outre les voyages, de la France à la Mandchourie, province chinoise provisoirement sous occupation russe, en passant par Madagascar et l’Indochine –colonies françaises-, Hortense et ses soupirants se rencontrent par des hasards prodigieux, et le récit connait des développements annexes étonnants, avec des histoires de substitutions et d’hommes masqués. Gaston Leroux, auteur de cette époque, n’est pas très loin. En montrant subtilement son érudition, renvoyant à une culture populaire disparue et oubliée, Martin Peltier s’amuse manifestement, et amuse ses lecteurs, ce qui est essentiel.
UN ROMAN A LIRE
La fin de l’homme blanc est un roman d’aventure très réussi. Sa composition complexe, avec différentes époques, différents styles de narration, et même des lettres –un roman épistolaire, moins ennuyeux que chez Rousseau, est inclus dans l’ensemble-, propose un puzzle agréable à reconstruire, et, ce qui est remarquable, sans effort. Nous nous permettrons seulement de conseiller une lecture continue, dans toute la mesure du possible, ce qui permet de ne pas perdre le fil directeur du récit. Quant au cœur politique du propos, force est de constater que l’auteur a raison.
Scipion de SALM
La fin de l’homme blanc de Martin PELTIER(320 pages, éditions DIE, 2018), au prix de 27 € port compris (au lieu de 5,40 €) pour les abonnés de Jeune Nation, en envoyant un chèque de 27 € à l’ordre de DIE à l’adresse suivante :
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