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lundi 26 août 2019
mercredi 21 août 2019
Le citoyen-soldat, le seul système d'arme apte à restaurer la cité...
Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Bernard Wicht à l'Académie de géopolitique de Paris
dans lequel il évoque l’articulation entre puissance militaire et
légitimité politique et le rôle du citoyen-soldat. Universitaire,
historien des idées et spécialiste en stratégie, Bernard Wicht a
récemment publié Une nouvelle Guerre de Trente Ans (Le Polémarque 2011), Europe Mad Max demain ? (Favre, 2013), L'avenir du citoyen-soldat (Le Polémarque, 2015), Citoyen-soldat 2.0 (Astrée, 2017) et Les loups et l'agneau-citoyen - Gangs militarisés, État policier et citoyens désarmés (Astrée, 2019).
L’entretien de Géostratégiques : Bernard Wicht
Question : Pourriez-vous nous expliquer pourquoi votre démarche de stratégie prospective
se place le plus souvent au niveau des problématiques fondamentales de
l’articulation entre puissance militaire et légitimité politique, et la
question récurrente dans vos analyses du citoyen-soldat ?
Bernard
Wicht : Au plus tard avec les travaux de Clausewitz, la stratégie
moderne a opéré une distinction stricte entre armée / gouvernement /
population. Cette dernière est alors complètement passive ; elle n’est
plus un sujet mais seulement objet de protection.
Cette distinction trinitaire fonctionne tant que l’Etat-nation demeure
la forme d’organisation politique la plus appropriée pour faire la
guerre, c’est-à-dire pour combattre un autre Etat, un ennemi extérieur
commun au moyen d’armées régulières. Cette réalité est codifiée par la
formule clausewitzienne, « la guerre est la poursuite de la politique
par d’autres moyens ». En d’autres termes, la guerre est alors un acte
politique à la disposition exclusive de l’Etat. Ce dernier est désormais
pacifié à l’intérieur, toute forme de justice privée est bannie et le
crime est poursuivi par la police et la justice – l’ennemi est à l’extérieur et le criminel à l’intérieur.
Mais une telle situation est aujourd’hui caduque : avec l’effondrement
des nations européennes au cours de la tragédie
Verdun-Auschwitz-Hiroshima et, ensuite à partir de 1945, avec le
développement exponentiel de la guérilla, des guerres révolutionnaires
et des mouvements de libération populaire, le peuple maoïste ou
marxiste-léniniste fait son grand retour comme acteur central de la
stratégie. Il importe dorénavant de l’encadrer, de lui montrer la voie
de sa libération, de lui expliquer les raisons de son combat et de lui
fournir le récit idéologique correspondant. Il serait faux de croire que
la chute du Mur de Berlin, puis l’implosion du bloc soviétique ont mis
fin à ce tournant « populaire » de la stratégie et que celle-ci peut
revenir « tranquillement » au modèle clausewitzien de la guerre comme
acte étatique au moyen d’armées professionnelles, voire de mercenaires (contractors,
sociétés militaires privées). Daech et ses épigones, les gangs
latino-américains et les milices ethniques de tout poil en ont fait
malheureusement la « brillante » démonstration aux yeux du monde
entier : les techniques maoïstes ou marxistes-léninistes de prises en
main des populations se sont franchisées (au sens du franchising
commercial), elles se sont dégagées du message révolutionnaire, elles
sont au service du djihad ou tout simplement d’un contrôle des
populations (des favelas, des bidons-villes, des banlieues) par la
terreur. On a pu penser un temps que tout ceci ne concernait que le
« Sud », que les sociétés n’ayant pas le niveau de modernisation des
pays occidentaux. Avec les attentats, les fusillades et les tueries en
France, au Royaume-Uni, en Belgique, en Espagne et ailleurs, il a fallu
déchanter. Cette réalité a désormais franchi la Méditerranée ; elle est
désormais présente chez nous en Europe occidentale, dans les banlieues
des grandes métropoles et c’est la principale menace qui pèse
aujourd’hui sur nous …. et sur nos enfants – l’ennemi est à l’intérieur !
Après
cette longue entrée en matière, je peux répondre assez simplement à
votre question en disant que le paradigme clausewitzien n’est absolument
plus pertinent et qu’il est impératif d’en trouver un autre remettant
au centre de la réflexion stratégique l’interface armée/cité. C’est
pourquoi j’insiste tant sur l’articulation entre puissance militaire et
légitimité politique et, surtout, sur ce système d’arme qu’est le citoyen-soldat
parce qu’il est un acteur politique et militaire incontournable, le
seul et unique apte à restaurer la cité. On le retrouve chez des auteurs
aussi différents que Machiavel, Locke, Rousseau, Mirabeau ou Jean
Jaurès. En ce qui me concerne, je suis plutôt machiavélien : la res publica,
la liberté comme droit de participer à la gestion des affaires de la
cité et le peuple en armes. Je suis convaincu que le paradigme
machiavélien peut nous apporter des outils de raisonnement décisifs dans
le contexte actuel. N’oublions pas que le Chancelier florentin vit une
période assez semblable à la nôtre avec la lutte entre factions rivales
au sein de la cité, l’importance des intérêts privés au détriment du
bien commun et une importante fracture sociale entre citadins riches et
paysans pauvres.
Question : Comment expliquez-vous
la difficulté pour les Etats européens de canaliser par la motivation
et la mobilisation, le capital guerrier des jeunes générations ?
Bernard
Wicht : L’Etat-nation est en panne de cause. Le récit national est
clôt ; il n’est plus en mesure de fournir les repères nécessaires pour
se projeter « en avant » et, surtout, il n’est plus adapté pour opérer
la distinction ami/ennemi. L’Etat ne parvient donc plus à mobiliser les
énergies autour d’un projet commun. Par ailleurs, l’économiste italien
Giovanni Arrighi le dit clairement : « L’Etat moderne est prisonnier des
recettes qui ont fait son succès », c’est-à-dire l’Etat-providence.
Mais, il ne s’agit plus de l’Etat providence au sens bismarckien,
garantissant à chacun sa place dans la pyramide sociale sur le modèle
des armées nationales. La révolution de 1968, les crises économiques des
années 1970, la disparition de l’ennemi soviétique et la globalisation
financière ont complètement ébranlé cette pyramide. Aujourd’hui,
l’Etat-providence ne parvient plus à garantir « à chacun sa place » ; il
n’est plus qu’un distributeur d’aides et de subventions cherchant à
maintenir un semblant de stabilité sociale. Tout ceci explique que le
capital guerrier des jeunes générations ne s’investit plus dans les
institutions étatiques (l’armée notamment). L’historien britannique John
Keegan en faisait le constat dès le début des années 1980. De nos
jours, le capital guerrier des jeunes a plutôt tendance à migrer vers
des activités et des groupes marginaux, là où ils retrouvent un code de
valeurs, une forte discipline, la fidélité à un chef et d’autres
éléments similaires de socialisation. Le phénomène de radicalisation et
de départ pour le djihad en est une illustration particulièrement
frappante.
Question : Pourquoi l’organisation
militaire actuelle des Etats est de moins en moins adaptée à la
nouvelle donne stratégique ? Et pourquoi affirmez-vous que l’émergence
de nouvelles forces sociales est une rupture civilisationnelle ?
Bernard
Wicht : Les différents groupes armés qui s’affirment depuis la fin du
XXème siècle, représentent un modèle d’organisation politico-militaire
en adéquation parfaite avec la mondialisation parce qu’ils savent 1) se
brancher sur la finance globale (en particulier le trafic de drogue), 2)
s’adapter à la révolution de l’information en diffusant un récit et une
mobilisation des énergies via internet et les médias sociaux, 3) se
déplacer furtivement en se fondant dans les flux migratoires. Face à
cela, les armées régulières apparaissent comme des dinosaures d’un autre
temps : elles sont incapables de fonctionner sans infrastructures
lourdes (bases, aéroports, etc.), leurs chaînes de commandement sont à
la fois lourdes et excessivement centralisées. Elles n’ont aucune
liberté d’action au niveau stratégique. En revanche, les groupes armés
bénéficient d’une flexibilité remarquable leur permettant d’agir aussi
bien de manière criminelle que politique : c’est ce qu’on appelle
l’hybridation de la guerre. Ainsi, un groupe armé subissant des revers
sur le champ de bataille conventionnel est capable de basculer très
rapidement dans la clandestinité pour entreprendre des actions
terroristes. Il ne s’agit pas là d’un simple avantage tactique ou
technique, mais d’une mutation en termes structurels. En effet, la
formation de ces nouvelles formes d’organisation politico-militaire que
sont les groupes armés, relève d’une dynamique d’ensemble à contre-pied
de la mondialisation libérale : c’est la réponse-réaction des sociétés
non-occidentales qui n’ont pas réussi à accrocher le train de la
mondialisation – là où les structures étatiques se sont affaissées (les Etats faillis)
– et qui, par réflexe darwinien de conservation, se sont retournées
vers des modes d’organisation politique simplifiés et pré-étatiques
aussi rustiques que la chefferie et l’appartenance à une forme de
« clan » assurant protection. Cette dynamique n’est donc ni
irrationnelle, ni passagère ; elle révèle une mutation de l’ordre
mondial, une vague de fond. Forgés ainsi à l’aune de la survie, ces
groupes armés sont les nouvelles machines de guerre à l’ère de la
mondialisation, au même titre que la chevalerie a façonné le Moyen Age
et que les armées révolutionnaires françaises ont façonné l’époque
moderne. C’est pourquoi il est possible de parler de rupture
civilisationnelle. En outre, ces nouvelles machines de guerre ne
représentent pas qu’une adaptation réussie de l’outil militaire aux
conditions de la mondialisation. Elles s’inscrivent dans une dialectique
empire/barbares traduisant la résistance à l’ordre global.
Question : Pourquoi pensez-vous que la nouvelle forme de conflit n’est plus celle du choc classique de puissance mais bien une longue suite de conflits de basse intensité conduisant à l’effondrement progressif des sociétés européennes ?
Bernard
Wicht : Selon les théories du système-monde proposées par Immanuel
Wallerstein et d’autres auteurs à sa suite, les successions hégémoniques
d’une grande puissance à une autre sont généralement le fruit de ce
qu’ils appellent « une grande guerre systémique ». Typiquement, les
guerres de la Révolution et les guerres napoléoniennes accouchent de
l’hégémonie anglaise qui se maintiendra jusqu’en 1914. De même, la
Première- et la Deuxième Guerre mondiale accouchent de l’hégémonie
étatsunienne. Ceci présuppose cependant que le système international
soit dominé par plusieurs grandes puissances en concurrence les unes
avec les autres. Une telle situation disparaît au plus tard avec la
désintégration du bloc soviétique. Et, si aujourd’hui la super-puissance
américaine est en déclin, il n’y a aucun challenger digne de ce nom
capable de disputer l’hégémonie mondiale et, par conséquent, susceptible
de déclencher une guerre systémique de succession hégémonique comme
l’Allemagne l’a fait en 1914. De nos jours en effet, la Chine est
économiquement très dynamique, mais elle reste un nain en termes
financiers et son outil militaire n’est en rien comparable à celui des
Etats-Unis. C’est pourquoi, dans ces circonstances, certains historiens
de la longue durée émettent l’hypothèse que la prochaine grande guerre
systémique pourrait être, en fait, une longue suite de conflits de basse
intensité (guérilla, terrorisme épidémique, guerres hybrides, etc.). Or
cette hypothèse me paraît particulièrement plausible compte tenu de la
réalité actuelle de la guerre. A titre d’exemple, depuis la guerre
civile libanaise (1975-1990) le Proche- et Moyen-Orient s’est peu à peu
complètement reconfiguré sous l’effet de ce type de conflits :
d’anciennes puissances militaires (Syrie, Irak, Lybie) sont en pleine
déconstruction tandis que de nouveaux acteurs locaux-globaux (Hezbollah,
Hamas) s’affirment avec succès dans la durée ; longtemps acteur
stratégique central de cette région, Israël est aujourd’hui totalement
sur la défensive. A moyen terme, l’Europe risque fort de subir le même
sort. Car j’interprète les actes terroristes intervenus à partir de 2015
comme des signes avant-coureur d’un phénomène semblable ; la dynamique
enclenchée au sud de la Méditerranée a atteint dorénavant sa masse
critique. Pour reprendre une comparaison tirée de la médecine, la tumeur
cancéreuse moyen-orientale commence à diffuser ses métastases. C’est la
vague de fond, la mutation à laquelle je faisais référence
précédemment.
Question : Qu’est-ce que la « guerre civile moléculaire » ?
Bernard
Wicht : Pour tenter de conceptualiser la menace susmentionnée à
l’échelle de l’Europe, nous avons utilisé la notion de « guerre civile
moléculaire » empruntée à l’essayiste allemand Hans-Magnus Enzensberger.
Il me semble qu’elle est bien adaptée pour décrire la forme de violence
qui touche nos sociétés, à savoir au niveau de la vie quotidienne (sur
les terrasses, dans des salles de spectacle, dans des trains), en plein
cœur de la foule, employée par des individus seuls ou par de très petits
groupes (des fratries dans plusieurs cas) à la fois complètement
atomisés dans- et en complète rupture avec le corps social : d’où la
pertinence de cette notion mettant en évidence, d’une part, la dimension
civile de cette nouvelle forme de guerre et, d’autre part, l’échelle moléculaire
à laquelle elle se déroule. Ceci permet également de re-positionner
l’équilibre de la terreur. Ce dernier se place désormais non plus au
niveau étatique (équilibre militaro-nucléaire), mais à celui immédiat du
citoyen qui est devenu tant la cible que l’acteur de cet affrontement.
Autrement dit, le couteau, la hache ou le pistolet remplacent l’arme
atomique comme outil de dissuasion : d’où l’urgence de repenser le
citoyen-soldat dans ce contexte, non plus comme conscrit, mais comme
système d’arme à part entière, comme la nouvelle unité militaire de la
société. En ce sens, la diffusion du port d’armes et l’échelle du
citoyen armé ayant une existence politique et étant acteur stratégique,
redeviennent pertinentes face à la nouvelle menace C’est ce que nous
nous sommes efforcés d’expliquer dans ce petit ouvrage.
Question : Du
constat terrible que vous faites de la situation des sociétés
européennes, ne devrions-nous pas en tirer la conclusion de la nécessité
du « tout sécuritaire » ?
Bernard
Wicht : Selon la doctrine classique de l’Antiquité grecque, seul
l’hoplite peut restaurer la cité, c’est-à-dire dans notre cas le
citoyen-soldat. Comme je l’ai dit plus haut, c’est lui le système
d’arme, c’est lui le dépositaire des valeurs civiques de la communauté
politique. Aujourd’hui malheureusement, l’Europe prend exactement le
chemin inverse ; on assiste à une dérive pénal-carcéral de l’Etat
moderne dont la principale préoccupation est précisément le désarmement
de ses propres citoyens (voir la nouvelle Directive européenne à ce
sujet, élaborée rappelons-le à la demande expresse de la France suite
aux attentats de 2015). C’est une réaction typique, mais aussi une
grossière erreur que l’on retrouve presque systématiquement lorsque
l’Etat se sent menacé de l’intérieur. Plutôt que de chercher l’appui de
ses concitoyens, celui-ci se centralise au point de devenir un Etat
policier qui finit par s’aliéner toute la population précipitant ainsi, à
terme, son propre effondrement. Le spécialiste australien de la
contre-guérilla et du contre-terrorisme David Kilcullen qui a fait ses
classes sur le terrain au Timor oriental puis en Irak, souligne dans un
de ses derniers livres que l’Etat voulant absolument éradiquer le
terrorisme, va obligatoirement détruire l’essence même de sa substance, à
savoir la société civile et la démocratie. C’est aussi l’analyse que
fait le politologue israélien Gil Merom dans son ouvrage, How Democracies Lose Small Wars. Signalons que l’historien français Emmanuel Todd n’est pas très éloigné de telles considérations dans son étude intitulée, Après la démocratie.
Question : Votre ouvrage ne réduit-il pas exagérément le rôle de la relation politique dans la Cité ?
Bernard Wicht : Permettez-moi une réponse que vous jugerez sans doute iconoclaste. Hormis les utopies pacifistes du type flower power
considérant chaque individu comme un « petit flocon unique et
merveilleux », toute forme d’organisation politique viable est
généralement basée sur la relation protection contre rémunération. Hobbes est probablement le philosophe qui a le mieux décrit cette équation dans le cas de l’Etat moderne. Dans le Léviathan,
il poursuit sa réflexion en rappelant toutefois que le droit à la
légitime défense est un droit naturel de la personne humaine que
celle-ci récupère immédiatement si l’Etat ne remplit plus son obligation
de protection. Or c’est précisément la situation qui se met en place à
l’heure actuelle. Le problème, à mon avis, est que le discours politique
contemporain brouille complètement les cartes à ce propos : le citoyen
n’est plus présenté que comme un contribuable, le peuple qui vote contre
l’avis de sa classe politique est victime des sirènes du populisme,
toute solution durable ne peut venir que du niveau supra-national et, last but not least,
le défi sécuritaire posé par le terrorisme nécessite une limitation
drastique des libertés. Répétées en boucle, ces affirmations créent un
brouillard suffisamment dense pour laisser croire que la relation
politique dans la cité est devenue si complexe, si délicate à gérer, que
le citoyen n’est plus en mesure de la saisir et doit, par conséquent,
se contenter de payer ses impôts.
Bernard Wicht (Académie de Géopolitique de Paris, 10 juillet 2018)
vendredi 16 août 2019
Stahlgewitter - Ruhm und Ehre der Waffen SS - Aussi traduit en langue française
Helden sterben nie vergebens,
kannst du ihren Sieg nicht melden,
so entstehen neue Helden,
aus dem Opfer ihres Lebens.
Ruhm, und Ehre,
Ruhm, und Ehre,
Ruhm, und Ehre,
Ruhm und Ehre der Waffen-SS
Wo sie auch standen,
war immer ganz vorn,
ewige Treue hatten sie geschworen,
immer bereit, für Deutschland zu sterben,
den Feinden brachten sie Not und Verderben,
verwegen, tapfer, Heldenmut,
Idealisten kämpfen doppelt so gut,
ihre Gegner kamen nicht mehr zu Ruh,
Stahlhart im Kampf und der Teufel lachte dazu,
Für Deutschland und Europa,
fr ein freies Abendland,
seit dem das letzte in Berlin getreu dem Reich
noch widerstand,
gegen Bolschewismus,
und seine dunklen Mchte,
der Gott der Eisen machen lie
der wollte keine Knechte
ich weiss dass ihr sie nie vergesst,
Ruhm und Ehre der Waffen-SS,
ich weiss dass ihr sie nie vergesst,
Ruhm und Ehre der Waffen-SS
Ruhm, und Ehre,
Ruhm, und Ehre,
Ruhm, und Ehre,
Ruhm und Ehre der Waffen-SS
Für sie gab es nur nen Sieg oder Grab,
die besten Soldaten die es jemals gab,
wurde auch nur ihr Name genannt,
ist der Gegener oftmals schon gerannt,
ihre Taten werden vor der Ewigkeit bestehn,
sie wollten nur den Weg zur Freiheit gehn,
so kmpften sie in schwarzen Scharen,
sie wollten frei sein wie es die Väter waren
Für Deutschland und Europa,
für ein freies Abendland,
seit dem das letzte in Berlin getreu dem Reich
noch widerstand,
gegen Bolschewismus,
und seine dunklen Mchte,
der Gott der Eisen machen lie,
der wollte keine Knechte
ich weiss dass ihr sie nie vergesst,
Ruhm und Ehre der Waffen-SS
ich weiss dass ihr sie nie vergesst,
Ruhm und Ehre
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***
Les héros ne meurent jamais en vain,
Ne pouvez-vous pas rapporter leurs victoires ?
C'est ainsi que de nouveaux héros émergeront,
Sacrifiant aussi leurs vies
Gloire et Honneur
Gloire et Honneur
Gloire et Honneur
Gloire et honneur de la Waffen-SS
Où qu'ils fussent
Ce fut toujours en pointe
Ils avaient juré Fidélité Eternelle,
Toujours prêts à mourir pour l'Allemagne
Ce fut malheur et destruction pour leurs ennemis
Ils furent courageux et audacieux, Courageux et héroïques
Les idéalistes se battent deux fois mieux que leurs adversaires, n'étant pas venus pour se pavaner.
Faits d'acier dur dans la lutte, le diable en éclata de rire.
Pour l'Allemagne et pour l'Europe,
Pour un Occident Libre,
Jusqu'au dernier d'entre eux à Berlin, Toujours Fidèles au Reich
Toujours contre le bolchevisme et ses horreurs.
Dieu les a faits le fer.
Dieu ne voulait pas d'esclaves
Je sais que, Toi,tu ne les oublieras jamais.
Gloire et honneur des Waffen-SS,
Je sais que tu ne l'oublieras jamais,
Gloire et honneur de la Waffen-SS
La gloire et l'honneur
La gloire et l'honneur
La gloire et l'honneur
Gloire et honneur de la Waffen-SS
Pour eux, c'était la Victoire ou la Mort.
Meilleurs soldats de tous les temps
ils ont sanctifié leur Nom.
Leurs adversaires étaient terrorisés.
Leurs faits d'armes dureront pour toujours,
Souhaitant simplement créer le Chemin de la Liberté,
Ils se sont battus en masse noire,
Ils voulaient être libres comme leurs Pères.
Pour l'Allemagne et l'Europe,
Pour un Occident Libre,
Jusqu'au dernier à Berlin fidèles au Reich
Toujours contre le bolchevisme et ses horreurs.
Dieu les a faits de Fer
Dieu ne voulait pas d'esclaves.
Je sais que Toi, tu ne l'oublieras jamais.
Gloire et honneur de la Waffen-SS
Je sais que Toi, tu ne l'oublieras jamais.
Gloire et honneur
lundi 12 août 2019
vendredi 9 août 2019
Le système des castes
Le système des castes
Koenraad Elst
Mérites du système des castes
Le système des castes est souvent dépeint comme l’horreur absolue. L’inégalité innée est en effet inacceptable pour nous les modernes, mais cela n’empêche pas que ce système a aussi eu ses mérites. La caste est perçue comme une « forme d’exclusion », mais elle est avant tout une forme d’« appartenance », une structure naturelle de solidarité. Pour cette raison, les missionnaires chrétiens et musulmans trouvèrent très difficile d’attirer les hindous hors de leurs communautés. Parfois les castes furent collectivement converties à l’islam, et le pape Grégoire XV (1621-1623) décréta que les missionnaires pouvaient tolérer les distinctions de castes parmi les convertis au christianisme ; mais en gros, les castes restèrent un obstacle efficace à la destruction de l’hindouisme au moyen de la conversion. C’est pourquoi les missionnaires commencèrent à attaquer l’institution des castes et en particulier la caste des brahmanes. Cette propagande s’est épanouie en un anti-brahmanisme à part entière, l’équivalent indien de l’antisémitisme.
Chaque caste avait un grand espace d’autonomie, avec ses propres lois, droits et privilèges, et souvent ses propres temples. Les affaires inter-castes étaient résolues au conseil de village par consensus ; même la caste la plus basse avait un droit de veto. Cette autonomie des niveaux intermédiaires de la société est l’antithèse de la société totalitaire dans laquelle l’individu se trouve sans défense devant l’Etat tout-puissant. Cette structure décentralisée de la société civile et de la communauté religieuse hindoue a été cruciale pour la survie de l’hindouisme sous la domination musulmane. Alors que le bouddhisme fut balayé dès que ses monastères furent détruits, l’hindouisme se retira dans sa structure de castes et laissa passer la tempête.
Les castes fournirent aussi un cadre pour intégrer les communautés d’immigrants : juifs, zoroastriens et chrétiens syriaques. Ils ne furent pas seulement tolérés, mais assistés dans leurs efforts pour préserver leurs traditions distinctives.
Typiquement hindou ?
On prétend habituellement que la caste est une institution uniquement hindoue. Pourtant, les contre-exemples ne sont pas difficiles à trouver. En Europe et ailleurs, il y avait (ou il y a encore) une distinction hiérarchique entre nobles et roturiers, les nobles se mariant seulement entre eux. Beaucoup de sociétés tribales punissaient de mort le viol des règles d’endogamie.
Concernant les tribus indiennes, nous voyons les missionnaires chrétiens affirmer que les « membres des tribus ne sont pas des hindous parce qu’ils n’observent pas les castes ». En réalité, la littérature missionnaire elle-même est pleine de témoignages de pratiques de castes parmi les tribus. Un exemple spectaculaire est ce que les missions appellent « l’Erreur » : la tentative, en 1891, de faire manger ensemble des convertis des tribus de Chhotanagpur et des convertis d’autres tribus. Ce fut un désastre pour la mission. La plupart des indigènes renoncèrent au christianisme parce qu’ils choisirent de préserver le tabou des repas entre même tribu. Aussi énergiquement que le brahmane le plus hautain, ils refusaient de mélanger ce que Dieu avait séparé.
L’endogamie et l’exogamie sont observées par les sociétés tribales du monde entier. La question n’est donc pas de savoir pourquoi la société hindoue inventa ce système, mais comment elle put préserver ces identités tribales même après avoir dépassé le stade tribal de la civilisation. La réponse se trouve largement dans l’esprit intrinsèquement respectueux et conservateur de la culture védique en expansion, qui s’assura que chaque tribu pourrait préserver ses coutumes et traditions, y compris sa propre coutume d’endogamie tribale.
Les colonisateurs portugais appliquèrent le terme caste, « lignage, espèce », à deux institutions hindoues différentes : le jati et le varna. L’unité effective du système des castes est le jati, l’unité de naissance, un groupe endogamique dans lequel vous êtes né, et à l’intérieur duquel vous vous marriez. En principe, vous pouvez manger seulement avec des membres du même groupe, mais les pressions de la vie moderne ont érodé cette règle. Les milliers de jatis sont subdivisés en clans exogames, les gotras. Cette double division remonte à la société tribale.
Par contre, le varna est la division fonctionnelle typique d’une société avancée : la civilisation de l’Indus/Saraswati, au troisième millénaire avant JC. La partie la plus récente du Rig-Veda décrit quatre classes : les brahmanes érudits nés de la bouche de Brahma, les kshatriyas guerriers nés de ses bras ; les entrepreneurs vaishyas nés de ses hanches et les travailleurs shudras nés de ses pieds. Tout le monde est un shudra par la naissance. Les garçons deviennent dwija, deux-fois nés, ou membres de l’un des trois varnas supérieurs en recevant le cordon sacré dans la cérémonie de l’upanayama.
Le système du varna se diffusa à partir de la région de Saraswati-Yamuna et s’établit fermement dans l’ensemble de l’Aryavarta (du Cachemire au Vidarbha, du Sind au Bihar). Il était le signe d’une culture supérieure plaçant le pays central aryen civilisé à l’écart des pays mleccha barbares environnants. Au Bengale et dans le Sud, le système était réduit à une distinction entre brahmanes et shudras. Le varna est une catégorie rituelle et ne correspond pas pleinement à un statut social ou économique effectif. Ainsi, la moitié des souverains princiers en Inde Britannique étaient des shudras et quelques-uns étaient des brahmanes, bien que ce fût une fonction kshatriya par excellence. Beaucoup de shudras sont riches, beaucoup de brahmanes sont pauvres.
Le Mahabharata définit ainsi les qualités du varna : « Celui en qui vous trouvez véracité, générosité, absence de haine, modestie, bonté et retenue, est un brahmane. Celui qui accomplit les devoirs d’un chevalier, étudie les écritures, se concentre sur l’acquisition et la distribution de richesses, est un kshatriya. Celui qui aime l’élevage, l’agriculture et l’argent, qui est honnête et bien versé dans les écritures, est un vaishya. Celui qui mange n’importe quoi, pratique n’importe quel métier, ignore les règles de pureté, et ne prend aucun intérêt aux écritures et aux règles de vie, est un shudra ». Plus le varna est élevé, plus les règles d’autodiscipline doivent être observées. C’est pourquoi un jati pouvait collectivement améliorer son statut en adoptant davantage de règles de conduite, par ex. le végétarisme.
Intouchabilité
Au-dessous de la hiérarchie des castes se trouvent les Intouchables, ou harijan (littéralement « les enfants de Dieu »), ou dalits (« opprimés »), ou paraiah (formant une caste en Inde du Sud), ou Scheduled Castes [« castes répertoriées »]. Elles forment environ 16% de la population indienne, autant que les castes supérieures combinées.
L’intouchabilité a son origine dans la croyance que les esprits mauvais entourent la mort et les substances en décomposition. Les gens qui travaillaient avec les cadavres, les excréments ou les peaux d’animaux avaient une aura de danger et d’impureté, ils étaient donc maintenus à l’écart de la société normale et des enseignements et rituels sacrés. Cela prenait souvent des formes grotesques : ainsi, un intouchable devait annoncer sa proximité polluante avec une sonnette, comme un lépreux.
L’intouchabilité est inconnue dans les Védas, et donc répudiée par les réformateurs néo-védiques comme Dayanand Saraswati, Narayan Guru, Gandhiji [Gandhi] et Savarkar. En 1967, le Dr. Ambedkar, un dalit par la naissance et un critique acharné de l’injustice sociale dans l’hindouisme et dans l’islam, réalisa une conversion de masse au bouddhisme, en partie à cause de la supposition (non fondée historiquement) suivant laquelle le bouddhisme aurait été un mouvement anti-caste. La constitution de 1950 supprima l’intouchabilité et approuva des programmes de discrimination positive pour les Scheduled Castes et les Tribus. Dernièrement, le Vishva Hindu Parishad a réussi à faire entrer même les leaders religieux les plus traditionalistes dans la plate-forme anti-intouchabilité, pour qu’ils invitent des harijans dans des écoles védiques et qu’ils les forment à la prêtrise. Dans les villages, cependant, le harcèlement des dalits est encore un phénomène commun, occasionné moins par des questions de pureté rituelle que par des disputes pour la terre et le travail. Néanmoins, l’influence politique croissante des dalits accélère l’élimination de l’intouchabilité.
Conversions inter-castes
Dans le Mahabharata, Yuddhishthira affirme que le varna est défini par les qualités de la tête et du cœur, pas par la naissance. Krishna enseigne que le varna est défini par l’activité (le karma) et la qualité (le guna). Encore aujourd’hui, le débat n’est pas clos pour savoir dans quelle mesure la « qualité » de quelqu’un est déterminée par l’hérédité ou par l’influence environnementale. Et ainsi, alors que la vision héréditaire a été prédominante pendant longtemps, la conception non-héréditaire du varna a toujours été présente aussi, comme cela apparaît d’après la pratique de conversion inter-varnas. Le plus célèbre exemple est le combattant de la liberté au XVIIe siècle, Shivaji, un shudra à qui fut accordé un statut de kshatriya pour cadrer avec ses exploits guerriers. L’expansion géographique de la tradition védique fut réalisée par l’initiation à grande échelle des élites locales dans l’ordre des varnas. A partir de 1875, l’Arya Samaj a systématiquement administré le « rituel de purification » (shuddhi) aux convertis musulmans et chrétiens et aux hindous de basse caste, accomplissant leur dwija. Inversement, l’actuelle politique de discrimination positive a poussé les gens des castes supérieures à se faire accepter dans les Scheduled Castes favorisées.
Veer Savarkar, l’idéologue du nationalisme hindou, prônait les mariages inter-castes pour unifier la nation hindoue même au niveau biologique. La plupart des hindous contemporains, bien qu’à présent généralement opposés à l’inégalité de caste, continuent à se marier dans leurs jatis respectives parce qu’ils ne voient pas de raison de les supprimer.
Théorie raciale des castes
Au XIXe siècle, les Occidentaux projetèrent la situation coloniale et les théories raciales les plus récentes [de l’époque] sur le système des castes : les castes supérieures étaient les envahisseurs blancs dominant les indigènes à la peau sombre. Cette vision périmée est toujours répétée ad nauseam par les auteurs anti-hindous : maintenant que « idolâtrie » a perdu de sa force comme terme injurieux, « racisme » est une innovation bienvenue pour diaboliser l’hindouisme. En réalité, l’Inde est la région où tous les types de couleur de peau se sont rencontrés et mélangés, et vous trouverez de nombreux brahmanes aussi noirs que Nelson Mandela. D’anciens héros « aryens » comme Rama, Krishna, Draupadi, Ravana (un brahmane) et un grand nombre de voyants védiques furent explicitement décrits comme ayant la peau sombre.
Mais varna ne signifie-t-il pas « couleur de peau » ? Le véritable sens de varna est « splendeur, couleur », d’où « qualité distinctive » ou « un segment d’un spectre ». Les quatre classes fonctionnelles constituent les « couleurs » dans le spectre de la société. Les couleurs symboliques sont attribuées aux varnas sur la base du schéma cosmologique des « trois qualités » (triguna) : le blanc est sattva (véridique), la qualité typique du brahmane ; le rouge est rajas (énergétique), pour le kshatriya ; le noir est tamas (inerte, solide), pour le shudra ; le jaune est attribué au vaishya, qui est défini par un mélange de qualités.
Finalement, la société des castes a été la société la plus stable dans l’histoire. Les communistes indiens avaient l’habitude de dire en ricanant que « l’Inde n’a jamais connu de révolution ». En effet, ce n’est pas une mince affaire.
Traduction du texte anglais publié sur : http://www.geocities.com/integral_tradition/
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jeudi 8 août 2019
Paris Violence - Du futur faisons table rase - Document audio
Paris Violence - Nous sommes nés trop tard - Document Audio
Si la voix est rauque, les paroles sont le plus souvent raffinées, imprégnées qu'elles sont de littérature académique comme de références religieuses, historiques et politiques. Arebours.
Contre-insurrection
Paul Aussaresses
Charles Lacheroy
Paul-Alain Léger
Roger Trinquier
Pierre Sergent
La contre-insurrection, aussi appelée guerre contre-subversive, guerre contre-révolutionnaire, guerre contre-insurrectionnelle, contre-guérilla, guerre révolutionnaire ou encore COIN (de l'anglais Counter-Insurgency), est une doctrine militaire
qui vise à obtenir le soutien de la population dans le cadre d'un
conflit opposant un mouvement insurgé à une force armée gouvernementale
de contre-insurrection. Elle se fonde sur des actions civilo-militaires, le renseignement, la guerre psychologique et le quadrillage du territoire.
Si la doctrine de la contre-insurrection privilégie aujourd'hui des actions civiles, elle a longtemps été associée à un usage immodéré de la force et notamment de la torture. La contre-insurrection, menée par l'armée à qui des pouvoirs et des missions de police avaient été confiées, était pratiquée le plus souvent en dehors de tout cadre judiciaire.
Un des paradoxes de la guerre contre-insurrectionnelle est que plus on protège ses forces, moins on est en sécurité : « Le succès ultime est remporté en protégeant la population, pas ses propres forces. Si les forces militaires restent bloquées dans leurs bases, elles perdent le contact avec la population, donnent l'impression d'avoir peur et cèdent l'initiative aux insurgés. Des patrouilles doivent être menées, le risque partagé et le contact maintenu. »1
Si la doctrine de la contre-insurrection privilégie aujourd'hui des actions civiles, elle a longtemps été associée à un usage immodéré de la force et notamment de la torture. La contre-insurrection, menée par l'armée à qui des pouvoirs et des missions de police avaient été confiées, était pratiquée le plus souvent en dehors de tout cadre judiciaire.
Un des paradoxes de la guerre contre-insurrectionnelle est que plus on protège ses forces, moins on est en sécurité : « Le succès ultime est remporté en protégeant la population, pas ses propres forces. Si les forces militaires restent bloquées dans leurs bases, elles perdent le contact avec la population, donnent l'impression d'avoir peur et cèdent l'initiative aux insurgés. Des patrouilles doivent être menées, le risque partagé et le contact maintenu. »1
Sommaire
Guerre contre-révolutionnaire ou contre-insurrection ?
Par la suite, les militaires américains, aussi bien des États-Unis que d'Amérique latine, ont préféré parler de contre-insurrection ou de guerre contre-insurrectionnelle. En effet, selon les mots du lieutenant-colonel Carlos de Meira Mattos qui fut l’un des personnages importants de la dictature militaire après le coup d'État de 1964, « si nous laissons aux adversaires le nom de révolutionnaire nous nous prêtons à nous-mêmes la désignation de contre-révolutionnaires et ainsi, dialectiquement, nous commençons à perdre avant de combattre »2.
Genèse et diffusion de la doctrine
La (première) guerre d'Indochine, opposant les forces militaires françaises à la guérilla communiste du Việt Minh et finira par être perdue par les premières malgré leur supériorité en nombre et leur puissance industrielle et militaire, est l'emblème de la « guerre subversive », concept énoncé par l'état-major des forces françaises, sous l'action du colonel Lacheroy et après lecture du Petit Livre rouge de Mao Zedong.Outre Lacheroy, Jacques Hogard et Jean Némo élaborent différentes versions de la « doctrine de la guerre révolutionnaire » (DGR), mise en œuvre lors de la bataille d'Alger, qui devient un cas d'école enseigné dans les écoles de guerre3. David Galula contribue à la conceptualisation de ce domaine de guerre (Harvard, 19644) ainsi que Roger Trinquier dont La Guerre moderne (1961) est considéré comme l'un des manuels clés de la guerre contre-insurrectionnelle, soulignant l'importance du renseignement, de la guerre psychologique et du volet politique des opérations armées5.
Très vite, cette théorie est enseignée aux officiers des forces militaires sud-américaines à l'École de guerre à Paris. De nombreux attachés militaires, pour la plupart officiers français ayant participé à la guerre d'Algérie, sont également envoyés dans les pays de l'Amérique latine former les troupes contingentes. À l'intérieur de l'armée française, pourtant, la DGR est interdite par De Gaulle en 1961, en partie à la suite de l'intégration dans l'OAS d'un certain nombre d'officiers acquis à la DGR, bien qu'elle continue à garder une certaine influence6. En 1960, de Gaulle reprend en mains le Centre d'instruction pacification et contre-guérilla (CIPCG) situé à Arzew (Algérie), qui diffusait cet enseignement7.
Le succès des idées françaises en Amérique latine suscite très vite l'intérêt des États-Unis, qui reçoivent peu après nombre d'attachés militaires, dont le général Aussaresses, à l'École Militaire des Amériques (School of Americas, SOA) au Panama. Le passage à la pratique est réalisé dans un premier temps sur des prisonniers vivants de droit commun incarcérés au Panama[réf. nécessaire]. Aussaresses travaille ensuite au Centre d'instruction de la guerre dans la jungle de Manaus (Brésil)8, créé en 1964 par le maréchal Castelo Branco, qui a pris le pouvoir la même année par un coup d'État renversant Joao Goulart. De nombreux officiers latino-américains, notamment chiliens (dont des membres de la DINA, la police politique de Pinochet), argentins, ou uruguayens, se forment à l'école de Manaus8.
Les nombreux coups d'État en Amérique latine, notamment au Brésil (1964), en Argentine, au Chili (1973), en Uruguay et au Paraguay donnèrent l'occasion aux officiers des juntes au pouvoir de pratiquer à une grande échelle la doctrine de la guerre subversive, appelée par les militaires « guerre sale ». Pendant l'opération Condor, la chasse au communisme conduisit à une intense campagne d'épuration civile, et à de nombreuses disparitions toujours non élucidées. Si les escadrons de la mort pratiquaient ces actes en public dans les stades et les rues au Chili, les opérations d'épurations furent réalisées dans le plus grand secret en Argentine.
La France est alors en proie à la terreur de l'OAS. La plupart des lieutenants de cette formation paramilitaire composée d'ex-officiers de la guerre d'Algérie sont expatriés dans les dictatures sud-américaines pour y accélérer la diffusion de la doctrine de la guerre subversive, sous couvert d'une totale immunité. Ces opérations se font avec l'entière approbation des gouvernements français de l'époque et la participation de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et de la Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE)[réf. nécessaire].
L'application de cette doctrine provoqua plusieurs milliers de morts parmi les populations d'Amérique latine et centrale, ainsi qu'en Algérie et dans d'autres pays.
Certains milieux militaires français préconisent son utilisation dans la guerre menée en Afghanistan, ce qui a valu certaines critiques publiées par Rue896. Un document officiel de l'armée française, titré « Gagner la bataille, conduire à la paix, les forces terrestres dans les conflits aujourd’hui et demain [archive] » (2007), affirme ainsi :
« Il n’est pas un conflit où la population civile ne se retrouve au cœur des préoccupations militaires des parties en présence. Aussi, passant d’un monde où celle-ci constituait “l’arrière” - par opposition au front, zone militaire par essence - les forces armées agissent maintenant en son sein et en référence à elle. Les forces militaires sont entrées dans l’ère de la guerre au sein des populations.
Et puisque l’enjeu est la société humaine, sa gouvernance, son contrat social, ses institutions, et non plus telle ou telle province, tel fleuve ou telle frontière, il n’est plus de ligne ou de terrain à conquérir ou à protéger. Le front est multiforme et généralisé à l’ensemble du théâtre des opérations. Pour être efficace, l’emploi des forces ne peut être dissocié de ce qu’en attendent des populations plongées dans le désordre, le chaos ou l’arbitraire. »
Principes généraux
La théorie militaire de la contre-insurrection regroupe un ensemble de tactiques appliquées principalement par des forces terrestres, fortes en infanterie, appuyées parfois par des forces spéciales ainsi que la surveillance et frappes aériennes, et destinées à vaincre la guérilla en prenant en compte l'importance du soutien populaire aux insurgés.L'accent est ainsi mis sur « gagner les cœurs et les esprits », expression définie de la manière suivante par le général David Petraeus, dans le COIN Field Manual de 2007 (COIN étant l'acronyme de Counter-insurgency) : « Gagner les cœurs signifie persuader la population que leur meilleur intérêt est servi par les succès des contre-insurgés. Gagner les esprits signifie convaincre la population que la force peut les protéger et que la résistance est inutile ».
Le renseignement tient une place déterminante pour démanteler les cellules actives ou dormantes soutenant les insurgés au sein de la population civile aux belligérants, en pratiquant d'intenses opérations de répression, d'interrogatoires et de torture. Cette doctrine prévoit également un quadrillage des secteurs sous contrôle en zones et sous-zones confiées à des escouades, ou « escadrons de la mort », des réunions entre états-majors et éléments et une parfaite coordination des services. Enfin cette doctrine prévoit l'élimination discrète de tous les suspects, ayant avoué ou non, afin d'exercer une pression psychologique sur les populations civiles et les contraindre à stopper leur soutien aux belligérants.
Selon le théoricien Roger Trinquier, elle repose sur trois principes :
- Séparer la guérilla de la population qui la soutient ;
- Occuper les zones d'où la guérilla opérait auparavant, en les rendant dangereuses pour celle-ci et en en retournant la population contre celle-ci ;
- Coordonner ces actions sur une large étendue géographique et sur une longue durée, afin que la guérilla n'ait plus aucun accès aux centres de population qui la soutiennent.
Méthodes
- Tous types d'« action psychologique » ou de « guerre psychologique » :
- Désinformation ;
- propagande (tracts jetés par avion, affiche - voir par exemple, lors de la Seconde guerre mondiale, l'Affiche rouge, etc.) ;
- renseignement (interrogatoires utilisant, si besoin est, la torture, laquelle est aussi utilisée pour saper le moral de la population en la terrorisant ; l'historienne Raphaëlle Branche, auteure d'une thèse sur la torture pendant la guerre d'Algérie, écrit ainsi, parlant de la bataille d'Alger :
- Infiltration des maquis et de la direction de la guérilla via le « retournement » de membres de la guérilla, opéré par l'obtention d'avantages, par des techniques de lavage de cerveau et parfois dans des camps de rééducation (une méthode appelée bleuite pendant la guerre d'Algérie) ;
- Couvre-feu (permet de pratiquer des arrestations à domicile) ;
- Quadrillage (dispositif de protection urbaine du colonel Trinquier lors de la « bataille d'Alger » ; opération Indépendance décrétée par l'armée argentine dans la province de Tucumán au début de la « guerre sale », etc.).
- Formation de groupes spécialisés :
- création de patrouilles mobiles, largement autonomes, opérant en dehors de tout cadre judiciaire (« escadrons de la mort » arrêtant ou enlevant les suspects - desaparecidos -, avant de les interroger dans des centres de détention clandestins (la villa Susini à Alger ; la villa Grimaldi à Santiago de Chili ; le Garage Olimpo ou l'ESMA à Buenos Aires ; les sites noirs de la CIA ou les « détenus fantômes ») et ensuite de les exécuter - parfois en se débarrassant des corps : « crevettes Bigeard » ou « vols de la mort » - de les retourner ou, rarement, de les remettre aux autorités judiciaires) ;
- formation de groupes armés anti-guérilla au sein de la population (milices et groupes paramilitaires).
- création d'unités militaires mobiles, héliportées, capables d'exploiter immédiatement des renseignements pour harceler la guérilla dans les zones où elle se croit en sécurité : mise en place de contre-embuscades, attaques-surprises préparées par des opérations de désinformation et d'intoxication de l'ennemi afin qu'il baisse la garde, etc. (commandos de chasse gendarmerie)
« d'instituer des zones où le séjour est réglementé ou interdit ; d'assigner à résidence, surveillée ou non, toute personne dont l'activité se révèle dangereuse pour la sécurité ou l'ordre public ; de réglementer les réunions publiques, salles de spectacle, débits de boissons ; de prescrire la déclaration, ordonner la remise et procéder à la recherche et à l'enlèvement des armes, munitions et explosifs ; d'ordonner et autoriser des perquisitions à domicile de jour et de nuit ; de fixer des prestations à imposer, à titre de réparation des dommages causés aux biens publics ou privés, à ceux qui auront apportés une aide quelconque à la rébellion10. »
Concept de « pression dissuasive »
Le concept de « pression dissuasive » correspond à la nécessité de gérer au mieux la « pacification » en « tache d'huile ». Celle-ci repose en effet sur la constitution de zones sécurisées et génère donc une mosaïque de territoires différenciés selon leur niveau de sécurité pour les insurgés. Lors des opérations de ratissage puis d’installation au cœur des zones peuplées, il y a un temps incompressible pendant lequel les forces contre-insurgés ne peuvent immédiatement poursuivre leur progression, notamment sur les zones adjacentes.Il est donc nécessaire de harceler les zones de refuge et de préparation des insurgés pour l’empêcher de profiter de la faiblesse temporaire de la contre-insurrection dans les aires géographiques où sa présence est moindre. À terme, ces opérations de harcèlement préparent la prochaine étape de la « tache d'huile » en érodant les capacités ennemies (destruction de caches d’armes, démantèlement de réseaux, interdiction des voies de communication, etc.) Pour cela, les forces de police accompagnent l’action militaire, soit en première ligne (si l’insurgé ne se montre pas ouvertement), soit dans la continuité des militaires.
Sur le plan opératif, ce procédé tactique permet donc d’atteindre l’objectif de confinement de l’organisation insurgée. En effet, en limitant la liberté de manœuvre de l’ennemi entre ses zones refuges, ses zones de préparation et ses zones opérationnelles (mais aussi entre plusieurs sanctuaires), le harcèlement parfait l’action de séparation d’avec la population qui se tient simultanément dans les régions en cours de « pacification ».
Sur le plan stratégique, la « pression dissuasive » doit donc conduire à la désagrégation de l’insurgé. En effet, il est non seulement privé de l’initiative, mais également de structure coordonnée.
Quelques cas
- La manipulation et l'infiltration des maquis du FLN (une méthode appelée bleuite inventée par un officier parachutiste français, le capitaine Paul-Alain Léger, qui déclenche plus tard une série de purges inédite dans les rangs des combattants des wilayas).
- La prise de contrôle et la manipulation des groupes islamiques armés (GIA) au cours de la guerre civile algérienne par le département du Renseignement et de la Sécurité.
- Les opérations de la catégorie de l'opération Restore Peace III visant à obtenir la réconciliation entre les insurgés et le gouvernement durant la guerre d'Irak.
- Le gouvernement du président américain Bush a, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, légalisé le recours à des interrogatoires violents11.
Références
- ↑ Général David Petraeus : The US Army/Marines Corps Counterinsurgency Field Manual
- ↑ Lieutenant-colonel Carlos de Meira Mattos, dans un journal interne à l'état-major de l'Armée, décembre 1961. Cité par Maud Chirio, Le pouvoir en un mot : les militaires brésiliens et la « révolution » du 31 mars 1964 [archive], Nuevo Mundo, Mundos Nuevos, Número 7 - 2007, mis en ligne le 12 juin 2007, référence du 25 avril 2008 (fr)
- ↑ a et b Marie-Catherine Villatoux, Hogard et Némo. Deux théoriciens de la « guerre révolutionnaire » [archive], Revue historique des armées, no 232, 2003
- ↑ https://proeca-pantheon-sorbonne.com/2017/05/26/les-etudiants-du-master-2-pro-e-c-a-ont-lu-pour-vous-7/ [archive]
- ↑ Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p. 254 (entretien de l'auteur avec Carl Bernard)
- ↑ a et b David Servenay, Faire une « guerre révolutionnaire » en Afghanistan conduirait à l'échec [archive], Rue89, 7 septembre 2008
- ↑ https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2013-4-page-101.htm [archive]
- ↑ a et b Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.275 sq.
- ↑ . Raphaëlle Branche et Sylvie Thénault, « Justice et torture à Alger en 1957 : apports et limites d’un document » in Enseigner la guerre d'Algérie et le Maghreb contemporain - actes de la DESCO Université d'été octobre 2001 [archive], pp.44-57
- ↑ a et b Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.95
- ↑ Cinquante ans après la bataille d’Alger, le retour de la torture [archive], LDH, 7 janvier 2007
Bibliographie
- Mathieu Rigouste, L'ennemi intérieur : la généalogie coloniale et militaire de l'ordre sécuritaire dans la France contemporaine, éditions La Découverte, 2009
- Roger Trinquier, La Guerre moderne, éditions La Table ronde, Paris, 1961.
- Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions] (La Découverte, 2004)
- Gabriel Périès, David Servenay, Une guerre noire, Découverte, 2007
- Georges-Henri Bricet des Vallons (dir.), Faut-il brûler la contre-insurrection ?, Choiseul éditions, 2010
- David Galula, Contre-insurrection : Théorie et pratique
Filmographie
- Escadrons de la mort, l'école française, film documentaire de Marie-Monique Robin, produit par Idéale Audience, 2004.
- La Bataille d'Alger, Gillo Pontecorvo, 1966
Voir aussi
Articles connexes
- Subversion
- Escadrons de la mort, l'école française
- Le manuel de l'officier de renseignement
- Paul-Alain Léger
- Roger Trinquier
- Charles Lacheroy
- Bataille d'Alger
- David Galula
- Garde communale
- Compagnies de haut-parleurs et de tracts, créées par l'armée française pendant la guerre d'Algérie
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