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dimanche 12 mars 2006

Droite et gauche, des typologies obsolètes érigées en dogme

Dimanche, 12 Mars 2006
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Droite et gauche, des typologies obsolètes érigées en dogme

Philippe Delbauvre

Politique
Droite et gauche, des typologies obsolètes érigées en dogme
Il est une mode, que l’on rencontre de plus en plus fréquemment dans les milieux que les spécialistes traditionnellement classent à droite, qui consiste à se définir comme étant de gauche. Encore faudrait t-il définir la notion, ce qui n’est jamais effectué, enfin à tout le moins jamais de façon consensuelle. Bizarre, dans ces conditions que de vouloir impérativement appartenir à ce que qu’à l’ évidence personne ne connaît.

Peut être faudrait t-il effectuer un grand bon dans le temps : nous voici ainsi revenu aux années 1960 et 1970 où l’appartenance à la gauche – avec ses goulags – était le grand sésame qui permettait d’entrer dans les milieux très selects où l’on était d’office gratifié des qualités d’intelligence, d’ouverture d’esprit … et de visionnaire (sic).

Tout le monde a évidemment le droit de se tromper (même si à l’origine, l’homme de gauche avait par définition raison). « Ah l’autogestion ! » s’exclame encore aujourd’hui Cohn Bendit, « Ah les contradictions du capitalisme qui allaient le mener à l’échec », peut t-il dire lui aussi ou l’un de ses pairs.

Amusante toute cette rhétorique aujourd’hui, maintenant que nous bénéficions du recul.

Je ne leur en veux pas. Ils étaient jeunes, croyaient penser de façon autonome, alors qu’ils n’étaient que le fruit d’un déterminisme générationnel. Comme pour chaque classe d’âge, cela va de soi.

Ce qui m’embarrasse davantage, c’est qu’au moment où les sociologues reconnaissent que la France, mais aussi l’Europe ont davantage changé en vingt ans qu’en un siècle, beaucoup sont restés sur le quai de la gare, et à l’image de la vache dans son près, semblent soucieux d’attendre un train qui est déjà passé et ne passera plus. Un tel comportement pour les plus anciens peut se comprendre. En effet, il est d’autant plus difficile de renoncer à ce à quoi on a longtemps espéré que l’on y a cru longtemps. S’expliquent peut être là, l’âge moyen du militant du parti socialiste (52 ans) ou du parti communiste (?).

Là où cela devient inquiétant, c’est lorsque des jeunes, qui par définition, n’ont pu connaître sérieusement l’atmosphère des années 60 où à tout le moins des années 70 s’en viennent ressortir du réfrigérateur, que l’on avait éteint durant quelques semaines au retour de je ne sais quelles vacances intellectuelles, une assiette de viande crue devenue forestière, que la décence interdirait de donner à n’importe quel animal de compagnie.

A l’évidence, le désintérêt pour la gauche qui frappe le pays n’a pas été compris. Que l’on ait pu y croire en 1981 (« les 23 ans d’opposition »), c’est tout à fait logique, mais qu’aujourd’hui et ce après un quart de siècle de gestion du pouvoir partagée par alternance avec la droite, on ait pu conserver le même point de vue, cela montre que l’on est passé de la croyance à la foi.

Cela fait bien longtemps que j’ai laissé à ceux qui le souhaitaient le qualificatif de gauche. Pas mécontent de l’opération, et pour cause.

Il n’a plus de droite ou de gauche : leurs adeptes sont devenus des libéraux.

Voilà très exactement le nouveau clivage : les libéraux ou les autres.

Bien peu l’ont compris.