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samedi 18 février 2006

Le système politique français est en panne

Samedi, 18 Février 2006
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Le système politique français est en panne

Philippe Delbauvre

Politique
Le système politique français est en panne
On glose.

Une VI ème république.

Il y a après chaque élection législative un politique promu au perchoir dont la principale mission, nous explique t-il invariablement, est de rendre à l’assemblée sa liberté d’expression, de la favoriser et de la chérir. Et rien ne change.

Le chef de l’exécutif a vu sa fonction établie juridiquement en 1958 avant d’être confirmée en 1962. Le président de la république se situe au dessus des partis suite à une tradition solidement établie. Enfin, il est sensé l’être. Voici donc le premier problème constitutionnel et politique qui vient d’être posé. Il est malheureusement d’ampleur car il concerne directement le sommet de l’état et influe donc sur toutes les strates de la pyramide. Comment un homme politique, dont l’ascension a nécessité le passage par un ou plusieurs partis, pourrait t-il une fois élu à la magistrature suprême, oublier toutes les décennies de combats engagés au profit d’un camp ? Comment un tel homme, se choisissant un premier ministre politisé et appuyé par une assemblée qui ne l’est pas moins, pourrait t-il se placer dans la position du spectateur non engagé ? C’est déjà là pari impossible à tenir et aucun président n’a su se débarrasser de ses engagements politiques passés.

L’homme est homme. Ce qui est vrai pour le commun des mortels l’est aussi pour le président de la république. De Gaulle s’est représenté, Giscard aussi, et Mitterand, et Chirac. Pompidou est l’exception mais c’est la maladie qui en a voulu ainsi. Une élection se prépare, et à fortiori une réélection. Le président dès lors, tout en bénéficiant de sa majesté présidentielle, s’en retourne alors à ses premières amours politiciennes. Est ce conforme à ce que l’on attend de lui ? A cette position d’arbitre soucieux d’incarner la totalité du corps électoral. Dans la pratique, il faut éliminer les rivaux de son propre camp et choisir son adversaire du second tour, qui évidemment sera celui le plus facile à abattre. Qu’en pense t-on dans les chaumières ?

L’assemblée nationale prête elle aussi à sourire. A quoi bon réunir des députés issus de régions différentes sachant que leurs votes ne sera que celui de leur parti ? D’ailleurs, comme c’est le cas aujourd’hui, lorsqu’il existe une majorité absolue à l’assemblée, on peut tout à fait légitimement se demander à quoi sert le vote puisque avant même le dépouillement les résultats sont connus.

Je ne souhaite pas embarrasser les plus jeunes avec des exemples lointains, cela d’autant plus que la situation actuelle se prête à une analyse. La critique est facile, les propositions sont ardues tant à définir qu’à trouver.

Alors je vais me mouiller, quitte à finir trempé.

Un seul mandat pour le président de la république me semble chose nécessaire. Cela évitera l’amorce de campagne de réélection trois avant. Cela permettra aussi de prendre des mesures impopulaires qui sont quelquefois nécessaires.

Le scrutin proportionnel est une nécessité : on ne peut laisser sans représentants FN, LCR et LO qui ont totalisé 30 % des voix en 2002.

Mieux, l’assemblée élue en 2002 l’a été dans un cadre très particulier. Elle continue de fonctionner comme si l’électorat n’avait pas changé. C’est politiquement inadmissible. Si aujourd’hui, l’UDF, compte tenu du positionnement qu’elle s’est choisi, était nécessaire à la droite pour obtenir une majorité absolue, la situation serait toute différente. On peut songer au CPE par exemple.

En conséquence, une élection au suffrage universel direct, prenant en compte la proportionnelle et renouvelant l’effectif de l’assemblée par cinquième à raison d’une fois par an, rendrait aux députés des pouvoirs qu’ils n’ont pas.

Il ne s’agit là que de pistes qu’il faudrait approfondir. Je ne pense pas bénéficier de l’assentiment de ceux qui pourtant clament haut et fort leur volonté de changement.