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dimanche 5 février 2006

Un conflit qui prêterait à rire...

Dimanche, 5 Février 2006
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Un conflit qui prêterait à rire...

Philippe Delbauvre

Étranger
Un conflit qui prêterait à rire...
Si les enjeux n’étaient pas si importants, le conflit larvé qui oppose l’Iran à l’Occident au sens où l’entend Alain De Benoist prêterait à rire. En effet, après avoir fait la guerre en Irak (sans l’avoir déclaré) en raison d’un arsenal puissant dont on sait aujourd’hui qu’il n’existait pas (cf le suicide de l’un des experts), voici que les Etats Unis et leurs complices se préparent à attaquer l’Iran pour une éventuelle possession d’armes qu’il pourrait le cas échéant avoir, mais qu’il n’a pas.

Sourire de l’homme lucide.

Il y a bien sur le fameux choc des civilisations nous expliquant un panarabisme envahisseur dont il serait préférable de nous prémunir en l’attaquant de manière préventive. A leur époque, le soviétiques utilisaient la même rhétorique : nous sommes pacifiques parce que communistes alors que le capitalisme a pour stade suprême l’impérialisme. Donc nous déclenchons la guerre pour nous protéger.

Cela ne peut se traduire à long terme si l’on souhaite la tranquillité communiste que par une domination planétaire. Le shèma américain est exactement le même.

Jamais les Etats Unis n’ont été aussi puissants, jamais leur modèle sociétal n’a été autant exporté.

Le problème est qu’ici il ne s’agit pas d’un pays arabe, la Perse n’étant pas de souche sémitique. Il me semble même qu’une longue guerre a opposé Irak et Iran dans un passé proche. Pour un européen qui raille l’américain ne sachant pas placer la France sur une carte, arabe et perse c’est la même chose. Qu’il aille donc demander leurs avis aux principaux intéressés. Il risque d’être mal reçu par les uns comme par les autres. Idem pour les turcs assaisonnés à la même sauce, à tort encore une fois, bien entendu. En conséquence le président iranien ne sera jamais un chef de file comme Nasser ou Khadafi qui ne purent jamais d’ailleurs concrétiser leurs rêves.

Penser d’ailleurs que nombre de pays arabes, sous prétexte qu’ils sont peuplés d’arabes, ont maintenu leur propre culture est un leurre : on ne compte plus les musulmans alcoolisés et si le porc est prohibé, il a ravi là bas bien des palais.

On trouve au sud de la Méditerranée des jeunes gothiques, des rockers, portable à la main qui se réjouissent à regarder des séries américaines. Ainsi dans l’Afrique du nord, on peut déjà considérer que l’implantation américaine est faite et qu’en conséquence un soulèvement arabe généralisé est impensable.

En conséquence, suite à la normalisation libanaise, la progression vers l’est se poursuit. Restent donc la Syrie, l’Irak et l’Iran. Voilà qui explique, et la guerre dans le pays de Saddam Hussein, et les pressions sur la Syrie qui vont crescendo, et enfin maintenant les menaces concernant l’Iran.

On a du mal à comprendre comment des puissances nucléaires s’arrogent moralement le droit d’interdire à un pays de bénéficier du même avantage. C’est un premier point qu’il fallait souligner. On imagine mal par ailleurs l’Iran frapper Israel nucléairement : d’une part parce que les palestiniens seraient eux aussi touchés, ceux là même qui viennent de porter le Hamas au pouvoir, d’autre part parce qu’une telle action engendrerait une riposte immédiate. On constate comme ce fut le cas pour l’Irak, l’absurdité de l’argumentation.

Dès lors il faut s’interroger sur la volonté perse de s’armer : on ne s’arme que si l’on se sent menacé, l’hypothèse d’une attaque iranienne étant écartée.

L’Iran c’est 10 % des réserves pétrolières, ce qui n’est pas peu. C’est également un pays frontalier de l’Afghanistan situé à l’est où les américains sont déjà présents. En prenant le contrôle du pays comme c’est le cas en Irak, l’isolement de l’Afghanistan et de la Syrie serait assuré. Ainsi, du Liban jusqu’au Pakistan toute l’étendue passerait sous contrôle américain. Mais l’Iran, c’est aussi la mer Caspienne et tous ses débouchés. Le Kazakhstan, le Turkménistan, la Georgie et la Russie via la Tchétchénie. On comprend mieux désormais l’acharnement de La Russie à Grozny où ailleurs afin de conserver cet accès qui est essentiel pour eux. Un heureux hasard fait que ces pays sont justement des zones pétrolifères. On comprend également que Moscou prête attention aux plaintes iraniennes. Le dirigeant du Kremlin n’a aucune envie de voir arriver les américains à leurs frontières, pas plus d’ailleurs de voir monter une éventuelle poussée de l’Islam dans son voisinage. D’où la valse hésitation moscovite.

Tout cela, les dirigeants perses en ont bien conscience. Je ne suis pas loin de penser que la déclaration du dirigeant souhaitant la destruction de l’entité sioniste ne soit qu’une mise en condition de son peuple afin de mieux le préparer à la guerre. Celle ci est désormais probable en raison des explications données ci dessus. Les déclarations fracassantes, l’Islam, le terrorisme ne sont que des prétextes brandis par les Etas Unis pour parvenir à leurs fins : Contrôler tout le flanc sud de la Russie, s’emparer de tous les gisements, mais aussi s’approcher de la Chine.

On en est là.