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vendredi 3 août 2007

Les méfaits ont la même origine

Jeudi, 2 Août 2007
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Adolescent, mon père m'expliqua comment conduire une voiture de manière intelligente. Au plus grand effroi de ma mère, il tentait de se garer entre deux véhicules, chose impossible selon elle compte tenu du peu d'espace disponible, et y parvenait après quelquefois quelques dizaines de braquages. Il m'indiquait aussi que l'on pouvait juger de l'intelligence du chauffeur sachant qu'elle est inversement proportionnelle à l'utilisation faite du klaxon et des pédales de frein. Je constatais que mon père ne se faisait entendre que très rarement sur la route et qu'il minimisait l'usage du frein. La vue de la route, la négociation d'un virage se traduit pour un bon conducteur par une bonne gestion de l'accélérateur qui à lui seul permet d'éviter le recours au frein.Durant les années soixante dix et le début des années quatre vingt, nous fûmes des habitués des séjours dans l'Embrunais, ce qui nous obligeait à emprunter la route Napoléon. Ce fut l'occasion de nouvelles remarques ayant trait à la conduite en montagne ; on est censé descendre à la même vitesse que l'on monte et surtout en ce qui concerne le premier cas, on doit utiliser ses freins moteur. Il m'expliqua qu'à force de s'en servir tout au long de la descente, la probabilité pour que les friens classiques finissent par lâcher augmentait d'autant plus que la descente était longue. L'épisode récent de Laffray m'a remis en mémoire ces souvenirs qui commencent à dater mais dont les enseignements devraient être connus de tous.

Le problème est ailleurs. Comment expliquer qu'autant de camions empruntent cette route alors qu'ils n'en ont pas le droit ? Comment se fait- il que la police ou la gendarmerie locales qui voient les faits n'interviennent pas ou, à tout le moins, ne transmettent pas un rapport auprès de la hiérarchie ? Ils sont suffisamment nombreux les Français à se plaindre d'une omni-surveillance sur les routes par les forces de contrôle, y compris à des endroits où l'on sait que l'on va prendre du poisson bien inoffensif, alors que dans d'autres secteurs et pour des raisons bien plus graves on constate un vide de présence. Pourquoi mobilise t-on des forces de police pour verbaliser ailleurs et non à cet endroit pourtant bien dangereux ? La raison est d'ordre économique. On verbalise pour faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat et on ignore de surveiller Laffray pour favoriser l'économie. Dans les deux cas, c'est une question d'argent. Les victimes polonaises au même titre que celles qui les ont précédées sont des victimes du libéralisme. S'il est utile parce que démagogique de déclarer que l'on va dresser la carte de France des endroits périlleux, on peut déjà s'attendre lorsqu'il y aura un choix entre la facilitation du trafic c'est à dire la réduction des coûts, et la sécurité publique, à ce que la première soit privilégiée aux dépens de la seconde. Les véhicules vont au plus court, ou plus exactement au plus rapide. Les routiers sont d'ailleurs les premiers à se plaindre du manque de déontologie dans la profession parce que tout est histoire de rendement chez leurs employeurs. Ils mettent donc non seulement en jeu leur propre vie - 'c'est ça ou la porte' - mais aussi celles des autres.

Il y a peut être moins de substances toxiques dans le corps d'un vieux junkie que dans celui d'un jeune coureur. Fatalement, tous les ans, la même rengaine nous promettant un tour propre et fatalement, tous les ans, le même phénomène ressurgit. Une première mise au point s'impose : un coureur déclaré négatif au contrôle n'est pas forcément sain ; cela signifie simplement que les tests réalisés n'ont rien détecté et c'est une nuance qu'il ne faut pas perdre de vue. On sait très bien que le tour est sale. Et pas que le tour. Ainsi, lors de la dernière coupe du monde de football, le président de la fédération internationale a trouvé le moyen d'exprimer sans rire que le football étant un sport technique, le dopage n'avait pas de raison d'être. D'une part le football, tout comme le cyclisme est à la base un sport physique, d'autre part le geste technique ne peut être réalisé qu'avec un minimum de fraîcheur physique. Pour considérer un sport que j'ai bien connu à savoir le tennis, plus on arrive vite sur la balle et mieux on parviendra à réaliser son geste. Réciproquement, on sait très bien ce que donne généralement, un coup réalisé en catastrophe. C'est ainsi que dans presque tous les sports - je conviens que l'on en arrive à des évidences mais à qui la faute ? - l'aspect physique est essentiel.

Les enjeux des compétitions valent autrement plus que les jeux.

Les sportifs quoique l'on puisse en penser ne sont pas trop payés. En effet l'entreprise qui les emploie sait très bien ce que tel sportif peut leur apporter. Il ne lui viendra pas à l'idée d'offrir davantage que ce qu'il rapporte. C'est justement en quoi ces salaires mirobolants peuvent donner une indication de ce qui peut être rapporté. Comme de plus, le joueur ou l'équipe sont liés à la marque, nécessité est faite de gagner et ce par tous les moyens. En ce qui concerne le cyclisme les équipes portent le nom de la marque. Il existe d'autres exemples de sport fonctionnant de la même façon. Sincèrement, votre serviteur s'imagine mal suer pour Mac Donald, Subutex et autres.

Voilà, si j'ose écrire les choses ainsi, de l'actualité brûlante. Dans les deux cas, les méfaits ont la même origine, à savoir la subordination de l'humain au règne, non de la technique, mais de la finance qu'à tort certains qualifient de cosmopolite. Comme s'il pouvait aujourd'hui en être autrement !