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lundi 13 août 2007

Lettre ouverte à un ami (II)

Dimanche, 12 Août 2007
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La question de savoir pourquoi on continue à s’intéresser à la politique après la post-adolescence relève de l’analyse personnelle que je n’ai guère envie de pratiquer sauf à creuser afin d’atteindre la psychologie des profondeurs. Comme à l’accoutumé je reprendrais le point de vue de mon philosophe de prédilection qu’est Schopenhauer qui énoncerait que bonne ou mauvaise chose pour moi, cet engagement m’apparaît comme un plus. Si d’aventure, la balance venait à pencher de l’autre côté, comme c’est le cas pour tant d’hommes dans leur couple, je divorcerais de cette éthique politique que j’ai fait mienne.

J’aurais bien sur pu invoquer le soucis du bien commun, la lutte contre un adversaire passablement agressif, l’intégrité, le respect de la parole donnée, la continuation d’une attitude déjà mienne voilà un quart de siècle, la fraternité des combattants de l’esprit qui est d’autant plus forte que nous sommes peu, etc…

Il y aurait eu là du vrai mais aussi une façon de se présenter sous un jour favorable ce qui n’est pas un procédé des plus heureux.

Va donc pour mon bien être ou supposé tel.

Evidemment, dans nos milieux, nos choix de politique étrangère laisse froid ou plus exactement glacent. Me voici donc derrière l’Iran islamiste et le Vénézuela chavezien ; sans compter l’une des Corée – celle que l’on qualifie de non fréquentable – qu’à plusieurs reprises j’ai pourtant défendue.

Bigre !

L’islamisme, le nationalisme de gauche et le communisme constituent trois idéologies différentes. C’est là bien la justification - puisque l’on ne peut se réclamer des trois simultanément – qu’il ne s’agit pas de choix d’approbation (ce qui ne veut pas signifier que tout ce qui est fait dans ces pays est à priori contestable) mais de répulsion face à un mal que j’ai considéré être d’une plus grande importance.

Je ne souhaite donc pas d’un régime communiste en France – je me suis suffisamment battu (fait battre) contre – pour changer d’avis aujourd’hui.

Je n’ignore pas que la France est terre d’Europe et donc non musulmane et qu’en conséquence, si les déclarations en politique étrangère du président iranien me sont souvent sympathiques, j’aime les entendre de chez moi et venant de chez lui.

En ce qui concerne Hugo Chavez, la sociologie de son pays n’est absolument pas la nôtre, et si son modèle sous certaines conditions est exportable, la France n’est pas le territoire le mieux approprié pour servir de terrain d’expérimentation.

Tu me dis que j’aime les arabes. Mais non. Que je ne les aime pas. Non plus. Je dis oui à la Syrie, à la Palestine, à l’Irak, mais … non à la Jordanie, au Koweit, à l’Arabie. Non aussi à la Libye depuis que son chef d’Etat a de mauvaises fréquentations.

Tu me dis que j’aime l’Islam. Celui des études universitaires sérieuses assurément. Mais j’aime aussi toutes les religions. Que je serais plutôt shîite si je venais à me convertir. Suite à la lecture d’Henry Corbin c’est possible. Mais sunnite ou shîite je juge sur le terrain. Plutôt shîisme iranien qu’irakien par exemple.

En fait ma grille de lecture en politique étrangère passe toujours par le choix de ceux qui se trouvent de l’autre côté des barbelés. Ceux là mêmes qui nous enserrent ici même dans une Europe dont nous ne voulons pas. Je ne vais pas utiliser des grands mots dont je sais – à juste titre – que tu ne les aimes pas et c’est pourquoi je vais m’exprimer très simplement.

Partout où nos ennemis se trouvent, je défends leurs adversaires. Est-ce intelligent pour nous d’aller critiquer Chavez ou qui sais je d’autre ? Doit-on attendre que tout le monde soit tombé sous la même domination pour espérer faire valoir nos droits ? Il serait alors trop tard et c’est justement maintenant qu’il faut agir. Dans le cas où la balance revenait à l’équilibre, il serait toujours tant d’être plus sélectif. C’est justement ce que pratiquement personne ne veut comprendre.

D’où notre soutien également à la Russie et à la Chine que nous sommes pourtant loin de considérer comme des modèles. La Chine, et tout le monde aura compris, mais pas le Japon.

De gauche l’Iran ou la Russie ? Certainement pas. Pour nous, cela n’a d’ailleurs pas d’importance.

Et puis pour finir et à l’usage de tous un petit cours de logique.

Les amis de mes amis sont mes amis : pas forcément !
Les ennemis de mes amis sont mes ennemis : pas forcément !
Les amis de mes ennemis sont mes ennemis : pas forcément !
Les ennemis de mes ennemis sont mes amis : pas forcément !

L’axe américano-sioniste dans sa politique étrangère comme dans sa politique intérieure est notre ennemi : sûrement !