Tirer toutes les conséquences de la conjoncture
Philippe Delbauvre |
On sait très bien ce que sont les motivations des militants de base. Principalement, préserver un héritage multiséculaire établi sur une homogénéité tant ethnique que religieuse. C'est bien souvent d'ailleurs la naissance d'une France composite qui les a poussés progressivement vers l'engagement politique. Il ne s'agit pas de porter un jugement de valeur, avec ou sans moraline, sur le bien fondé de leur motivation mais d'en prendre acte.
S'ils veulent voir leurs ambitions couronnées de succès, il faudra que l'un des leurs ou quelqu'un en qui ils se reconnaissent parviennent au pouvoir. Ils n'ont rien à espérer, et ils le savent, de ceux qui n'ont pas baigné dans leur terroir. Plus prosaïquement, nul espoir tant côté droit que côté gauche de l'échiquier politique.
Force est de constater pourtant que l'engagement politique n'est pas à la mode. Il suffit de comparer les chiffres attestant de la participation dans les fora nationalistes avec ceux indiquant le nombre d'inscrits sur les fora footballistiques. Chacun pourra vérifier. Ce qui est vrai du jeu de ballon l'est aussi pour des disciplines tout aussi futiles.
En conséquence, et compte tenu de l'état d'esprit général, si les nationalistes veulent accéder un jour au pouvoir, il leur faudra nécessairement biaiser. En effet, les thématiques qui sont chères aux militants nationalistes laissent les Français indifférents. Non pas que ces derniers n'y prêtent pas l'oreille de temps à autres, mais que plutôt leurs vies et leurs préoccupations sont ailleurs.
Il y a peut être un nombre non négligeable de Français qui regrettent le temps jadis de la France homogène suite aux problèmes qu'ils ont pu rencontrer quelquefois dans leur vie de tous les jours. C'est néanmoins le problème rencontré et non l'inhomogénéité dans ce qu'elle a de théorique qui les a quelquefois faits pester. La nuance est de taille.
Le Français, suite à son expérience personnelle, établit le constat bien connu que des allogènes, il y en a des bons comme des mauvais. Il sera très difficile voir impossible de le faire changer d'avis. C'est vrai pour la couleur, c'est vrai aussi pour le culte. Quand bien même on voudrait l'homogénéité, il serait ridicule et suicidaire de braver de tels vents contraires : le Français ne changera pas d'avis.
Le Français, suite à son expérience personnelle, établit le constat bien connu que nous sommes en démocratie. A savoir par exemple que ce que disent les journalistes est le plus souvent vrai. Les nationalistes savent très bien que c'est faux, et pour cause. Que la version officielle des attentats du 11 septembre soit un mensonge éhonté, nous le savons presque tous. Que la vérité puisse se savoir serait probablement une bonne chose pour les nationalistes. Pourtant, quand bien même cela serait le cas, le Français ne sortirait pas pour autant dans la rue afin d'entamer la révolution. Ce qui est vrai du WTC l'est tout autant pour d'autres mensonges. Simple question de bon sens.
En revanche, ce que le Français ne supporte pas, c'est que l'on touche à son portefeuille. Autre temps, autres mœurs, en effet.
Personne ne pourra contester le contraire. C'est donc la thématique économique qui doit devenir la clef de voûte de l'opposition au Système. Parce que les choses vont mal et qu'elles ne vont pas s'améliorer. Parce que l'histoire montre qu'ici ou ailleurs, les masses sont avant tout sensibles aux conditions de vie. La paupérisation des classes moyennes est un des éléments clés du basculement sociologique qui permet le renversement de l'ordre établi.
Le reste n'est que folklore à l'usage d'une petite minorité.
Il ne s'agit pas d'abandonner les objectifs initiaux, mais de se donner les moyens réels afin de les atteindre. Point de renoncement, donc. Juste une adaptation tactique à un système qui est un économisme et qui doit donc être combattu en tant que tel. Les masses rejoindront les nationalistes que si elles ont l'intime conviction qu'ils pourront résoudre les problèmes économique et sociaux qui se posent à elles. La quotidienneté de nos compatriotes doit donc être analysée bien davantage qu'elle ne l'est aujourd'hui. Une baisse de l'allocation logement, des revenus, des allocations familiales fait bien plus de mal au Système qu'un paysage polychrome auquel d'ailleurs le Français s'est habitué.
Ceux qui me connaissent seront peut être surpris de me voir rompre avec ce qu'il semblait être mes fondamentaux. Ce n'est qu'une apparence. Constatant que les anciens discours ayant autrefois mobilisés sont devenus aujourd'hui inopérants, j'adapte simplement mon tir à une cible qui a mu.
Seule la démarche change, le dessein est identique.